La table des négociations / Montessori

Une alternative à la punition ?

Comment aider les enfants à résoudre leurs petits conflits du quotidien, entre eux, en utilisant le langage, la pensée, la discussion ? Comment éviter que ces petits conflits deviennent un enjeu dans la fratrie ?

Tim Seldin, dans Éveiller, épanouir, encourager son enfant – pédagogie Montessori, propose une idée intéressante : la table des négociations, calquée sur le modèle de la diplomatie des adultes, mais avec plus de bon sens, de franchise et moins de contraintes.

La table des négociations est une table d’enfants équipée de deux chaises, d’une cloche et d’une fleur ou de n’importe quel objet décoratif symbolisant la paix (rose, rameau d’olivier ou colombe). Si vous manquez de place, utilisez simplement deux chaises ou un tapis dans le coin d’une pièce, ou même une marche d’escalier. Une fois que les enfants sont habitués à ce rituel, ils s’asseyent souvent d’eux-mêmes à la table des négociations, sans y avoir été invités ; parfois, c’est un parent ou un aîné ayant vu naitre le conflit qui va demander aux intéressés d’essayer de résoudre leur problème autour de la table des négociations.

On doit être tenté d’y faire sans arrêt appel, moi je serais plutôt d’avis d’attendre que les enfants en fassent la demande, ou alors que ce soit vraiment un pugilat dans la chambre … Disons que mes filles se chamaillent, mais il y a finalement peu de « vrais » conflits, et on essaie d’intervenir au minimum. Mais même pour le peu de disputes qu’il y a, c’est vraiment intéressant de développer son idée de la diplomatie dans sa relation aux autres.

Une fois réunis autour de la table, les enfants doivent suivre une procédure définie. Celui qui se sent particulièrement lésé met une main sur la table et l’autre sur le cœur pour indiquer qu’il dit la vérité, du fond du cœur. Il regarde ensuite l’autre enfant, dit son nom et explique ce qu’il ressent face à ce qui s’est passé et comment il voudrait que le conflit se règle.

J’aime l’idée que les deux enfants se confrontent face à face, y compris pour la victime potentielle. C’est important de ne pas toujours se réfugier dans les jupons de l’adulte référent, de faire face aux conflits, et de s’imposer devant son « agresseur ». Surtout quand il y a eu des coups portés dans le conflit !

Vient ensuite le tour de l’autre enfant, et le dialogue se poursuit jusqu’à ce qu’un accord ait été trouvé.

J’ai très envie de tester ça à l’école, même s’il y a très peu de conflits entre eux, je trouve l’idée de chercher seul une solution au conflit, en concertation, passionnante.

Si les enfants n’y arrivent pas tout seuls, un médiateur peut les y aider – cela peut être un ainé ou l’un des parents. Si le problème est trop compliqué, ils peuvent demander la réunion d’un conseil de famille : la famille entière écoute alors les versions respectives des enfants.

Et si j’étais une blogueuse sérieuse, qui avait plein de temps libre, j’aurais lu les billets à ce sujet sur les VI … Mais vous, vous aurez peut-être plus de temps que moi, c’est ici ;)

L’intérêt de la table des négociations est que l’enfant prend conscience que, quels que soient son âge, sa taille, sa position dans la fratrie, son point de vue sera entendu et qu’il ne sera pas traité de façon injuste. Il en tire la leçon que les conflits doivent se régler en toute franchise et avec de la bonne volonté, de manière à maintenir une atmosphère d’harmonie et de coopération à la maison.

Et j’imagine que plus on l’utilise, moins on en a besoin de cette table. Les enfants doivent finir par s’entendre seuls, avec ou sans la table.

Sinon, je viens d’apprendre qu‘il n’y a pas que Montessori dans la vie, snif …

Retrouvez d‘autres billets la pédagogie Montessori ici,

Elodie, du blog Conseils educatifs

 

14 réflexions sur “La table des négociations / Montessori

  1. J’aime l’idée de laisser les enfants régler leurs conflits seuls. Ma question a toujours était de savoir comment les amener à avoir cette démarche. Pour le moment ils se disputent peu mais d’ici quelques années heu!! que dis je quelques mois… la table des négociations est une idée très intéressante à développer.

  2. le livre « rivalités entre frères et soeurs » de Faber et Mazlish est bourré d’idées très intéressantes à ce sujet.

  3. Merci de ta contribution!!! Je suis assez d’accord avec Sandrine, F&M proposent une méthode de résolution des conflits assez proche de celle-ci, peut être un tantinet plus arbitrée par les adultes… les motifs qui conduisent à proposer cette résolution de problème y sont également évoqués: il est conseillé aux parents de laisser faire tant que les enfants n’en viennent pas aux mains, ou tant que l’un ou l’autre ne se retrouvent pas dans une situation visiblement douloureuse… dans ce cas, il faut intervenir pour dire stop… et proposer un atelier de résolution de pb…

    • Chez Faber et Mazlish, la résolution de pb est un dernier recours quand les enfants n’arrivent pas à régler le différent de façon moins formalisée.
      Avant ça, on encourage plutôt les enfants à régler le problème par eux-mêmes sans intervention de l’adulte.
      L’avantage de la résolution de pb de Faber et Mazlish est qu’elle n’a pas besoin de formalisme et que l’adulte peut très facilement et très simplement intervenir au fil de l’eau MAIS en position de médiateur et non d’arbitre, ce qui est fondamentalement différent dans l’esprit.

      • Oui, bien sûr on encourage… mais ce que je voulais signaler c’est que l’intervention des parents permettaient aussi dans ce cadre de réaffirmer le rôle protecteur des adultes ce que je trouve assez intéressant du point de vue de conflits d’enfants qui (notamment à l’école) peuvent parfois aller très loin dans le contrôle des plus forts sur les plus faibles…

  4. Merci pour cet article, je ne connaissais pas le principe… Je cherche à pousser mes enfants à résoudre leurs conflits calmement mais je n’avais pas pensé à les asseoir dans un lieu dédié à cet effet !

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