Apprendre à nos enfants à manger sainement, tout un pari difficile à tenir.

L’obésité et le surpoids ne cessent de croître dans notre société et la réponse la plus évidente jusqu’ici, c’est le régime, au point qu’un livre, qui sera publié très prochainement en Grande-Bretagne, aborde la question du régime en s’adressant à des petites filles pré-adolescentes de 6 à 12 ans.

en parcourant les pages du quotidien belge La libre Belgique, je tombe sur cet article. Il parle de la publication prochaine d’un nouveau livre destiné aux petites filles de 6 à 12 ans et qui aborde le sujet du régime : « Maggie fait un régime ».

 

Voici un extrait de l’article en question :

L’histoire de Maggie est celle d’une fille en surpoids et peu sûre d’elle. Sa transformation physique va de paire avec une transformation de statut: confiante, elle devient la meneuse de jeu de l’équipe de foot de son école.

 

Lors d’une interview publiée hier, Czuba Laurence, psychologue et fondatrice du portail PsychoBienEtre estime que ce sujet intéressant car il met le doigt sur une problématique importante de notre société que sont l’obésité et le surpoids. Elle ajoute, néanmoins, que

Ce qui me dérange, c’est l’association que l’auteur a faite entre la minceur, l’intégration sociale, la réussite et le pouvoir et à contrario le surpoids, la non-intégration sociale, la non-confiance en soi. L’héroïne n’est perçue que sur son aspect physique comme si toutes autres qualités ou compétences ne pouvaient faire le poids face à cela. Prôner la minceur pour devenir « quelqu’un » au sein d’un groupe peut être très dangereux surtout si on considère que ce livre a pour cible les pré-adolescents. Une population très fragile sur le sujet de l’image de soi puisqu’ils sont dans une phase de construction de soi où l’image et le regard des autres tiennent une place importante. Ce livre pourrait donc avoir sur ces futurs lecteurs un effet néfaste en cautionnant les dictats de la mode et de la minceur prôné dans la société occidentale.

 

Je partage évidemment ce point de vue quant à l’image de soi. Mais, je ne peux pas ne pas réagir quant au fondement même de l’idée de faire régime.

Vous le savez, si vous me lisez régulièrement, j’ai découvert, il y a quelques mois le site du GROS et les fameux Docteurs Zermati et Apfeldorfer. Grâce à eux, j’ai découvert non seulement pourquoi je n’arrivais pas à maigrir durablement mais aussi pourquoi j’avais à ce point grossi.

La raison est simple : à force d’avoir fait régime, je n’ai plus conscience des mécanismes d’auto-régulation prévus par le corps pour maintenir mon poids à son équilibre, j’ai nommé la faim et la satiété. Les régimes m’ont mis dans un système de restrictions alimentaires qui ont, à leur tour, créé des obsessions alimentaires ce qui m’a mené à des crises hyperphagiques de compulsions alimentaires. Je reprends tout doucement le chemin dans le bon sens pour réapprendre à manger sainement, c’est-à-dire selon les besoins de mon corps et non les diktats de la diététique.

J’en veux aux adultes autour de moi de m’avoir mise au régime dès mon plus jeune âge. On a tout essayé pour me faire perdre du poids avant la fin de mon enfance (parce que les kilos que j’aurais au moment où je deviendrais adulte, je ne les perdrais JAMAIS, n’est-ce pas). J’ai goûté à l’aspartame, aux sachets Slim-fast, j’ai pesé mes aliments, mesuré le moindre gramme de nourriture, évalué la moindre parcelle de calories. Je connais encore tous ces chiffres par coeur, pour au final peser aujourd’hui 117 kilos !

J’entends souvent que des médecins disent à des mamans d’arrêter l’allaitement maternel pour passer au biberon avec de la farine pour épaissir le lait et faire grossir bébé. Comme si la nature n’avait pas été faite pour gérer ça. A ces mêmes mamans, deux ou trois ans plus tard voire 10 ou 15 ans plus tard, on va reprocher d’avoir laissé leur enfant trop grossir.

On essaie de faire entrer chaque enfant dans un moule concocté à base de moyennes et de statistiques, oubliant que la moyenne comprend celles et ceux qui la dépassent sans que cela ne soit un problème. Comme disait l’autre « mes mains sont gelées, mes pieds sont brûlés, donc, en moyenne, j’ai bon ».

Bien sûr qu’il y a un problème d’obésité et de surpoids de manière générale. Bien sûr que c’est un phénomène de société à analyser et à enrayer. Mais les mesures de contrôle, les mêmes depuis des années, ont fait la preuve de leur inefficacité. « Manger, bouger », dit TF1. « Cinq portions de fruits et légume par jour », dit la publicité.

Et si le problème était ailleurs ?

On ne prend plus le temps de manger. Les repas en famille sont devenus une exception. Il faut rentabiliser son temps. Alors, pour ne pas perdre ce fameux temps en mangeant, on en profite pour raconter ses malheurs de la journée, s’abreuver d’informations ou d’images télévisuelles ou encore jouer à répondre aux questions du présentateur du dernier jeu TV à la mode. Et parfois, les trois en même temps.

On doit rentrer dans une norme. On mange à telle heure et en telle quantité. T’as pas faim ? Tant pis, tu manges quand même. T’as faim avant ? Tant pis, tu attendras.

On oublie d’être à l’écoute de soi. Parce que c’est mal vu. Parce qu’on n’a pas le temps. Parce qu’on ne nous en laisse pas le temps.

Comment apprendre alors à nos enfants à faire ce qu’on ne se donne pas la peine de faire soi-même ? Comment apprendre à ses enfants à écouter leur corps quand on n’a même pas conscience que ce corps existe et nous parle, à nous aussi ?

Il y a un très gros travail à faire à ce niveau-là. Tant pour les adultes (profitons un peu de notre bonheur au lieu de vouloir courir toujours plus vite vers la perfection) que pour nos enfants, ceux de la génération d’après. Laissons nos enfants vivre leur enfance. Laissons la nature faire son oeuvre, tout en guidant nos enfants vers le chemin du bonheur. Laissons-nous du temps pour être là, ici et maintenant, à profiter de chaque instant. Parce que la vie, c’est ça, au fond. Ce n’est rien d’autre que ça. Être là et heureux. Trouver sa voie et profiter.

Miriam Ben Jattou