Je viens de finir le récit Mère épuisée de Stéphanie Allenou et je suis impressionnée. Impressionnée par le courage qu’a eu cette mère de témoigner de sa descente aux enfers. Impressionnée par le nombre de situations qui correspondent parfaitement à ce que je vis. Puisqu’elle a écrit ce livre, c’est qu’elle s’en est sortie et c’est rassurant. Cela aide à supporter les passages très difficiles, j’ai été au bord des larmes plusieurs fois.

On parle de plus en plus de l’épuisement maternel mais on n’en parle pas encore beaucoup. Pourtant, cela aiderait tout le monde. On a l’air de croire que parce qu’on a voulu être mère, on n’a pas le droit de se plaindre. Mais là, il ne s’agit pas de plainte mais de véritable souffrance.

Tout d’abord, je dois dire que ce récit a eu de nombreux échos en moi, quand elle aborde, par exemple, sa relation à son aînée après la naissance de ses jumeaux. Elle a l’impression de lui faire « un sale coup », de l’abandonner. Ce sentiment de culpabilité contribue à l’épuisement…

Elle aborde plusieurs fois le problème de l’écoute des mères à la maternité. Peut-être que si on prenait plus en compte l’état mental de la jeune accouchée, on éviterait bien des baby blues et autres dépressions. Je cite :

J’ai l’impression de n’être qu’un incubateur à bébés, impression renforcée par le fait que l’attention du corps médical se porte exclusivement sur le développement des enfants, au mépris de mes propres états d’âme.

Dans cet environnement déprimant pour les mères, tout est fait pour les nourrissons ; la maternité dans sa dimension psychologique n’est absolument pas prise en compte.

La sortie est fixée principalement en fonction de l’état de santé de l’enfant, pas de l’état psychologique de la mère.

Ce qui est difficile au quotidien, c’est le manque de sommeil, on en parle beaucoup, c’est vrai. On le sait à l’avance qu’on aura de longs mois sans véritables nuits mais on ne se rend pas forcément compte à quel point c’est dur… Surtout quand on en vient à en vouloir à ses enfants.

Cette interdiction de repos me pèse tellement que j’en suis exaspérée. Je leur en veux de ne jamais me laisser tranquille.

Ce dont on parle moins, c’est la difficulté de supporter les cris.

J’essaie de prendre mon mal en patience, mais je sature vite au milieu de tous ces cris.

Pour moi qui suis déjà fatiguée, ces cris sont insupportables, donc je me lève.

Le cercle infernal est enclenché : on est fatiguée, on en veut à ses enfants, on ne supporte plus rien, on culpabilise, on se renferme sur soi et on se perd.

En somme, tout devient conflictuel. Rester chez moi est au-dessus de mes forces psychologiques – je me sens trop seule -, mais sortir dépasse mes capacités physiques.

Je me sens complètement étrangère à moi-même et en total décalage avec l’idée que je me fais d’une mère « suffisamment bonne ».

La maternité m’a atteinte dans mes réserves physiques et psychologiques.

C’est difficile de lire ça, de l’écrire, encore plus de le ressentir aussi. Personnellement, je suis en plein dedans, je me sens prise dans un tourbillon et je n’arrive pas à m’en sortir. Mais heureusement, ce récit se termine bien et l’auteur donne même des « pistes pour mieux vivre la maternité » :

Acceptez de ne pas être idéale, écoutez vos enfants, acceptez l’aide proposée ;

Le vrai enjeu, en réalité, n’est pas l’activité professionnelle ; c’est l’activité extérieure tout court, Le maître-mot pour aller mieux, c’est : sortir ! ;

Il y a mille manières d’être mère. Ce qu’il faut se demander, c’est : laquelle de ces manières va me rendre heureuse et me permettre de distribuer le bonheur autour de moi ?.

Clem la matriochka