Trop d’enfants chez le psy ?

Un timide retour sur les VI pour évoquer un sujet qui me parle : avons-nous trop recours au psy pour nos enfants ?

Question posée par le magazine Psychologies du mois de Novembre et qui m’a particulièrement interpellée à un moment où j’envisageais sérieusement de recourir à une consultation psy pour Numéro 3, deux ans et demi … C’est un peu désespérée que je pensais à cette solution puisque le fameux petit machin battait des records de nuits pourries (multiples réveils, pleurs et demande de présence). On avait un peu tout essayé et n’en pouvant plus, j’ai réussi à convaincre Musclor que foutu pour foutu, le psy c’est un peu comme l’homéopathie pour ceux qui n’y sont pas sensibles : « si ça fait pas du bien, ça peut pas faire de mal ».

Sur ces entrefaites, il se trouve que Musclor est parti seul avec les Numéros à l’autre bout de la France pendant les vacances, en pleine campagne et que Numéro 3 s’est mis à faire des nuits sans réveil pratiquement dés son arrivée sur les lieux … no comment. J’ai retrouvé un petit bidule en pleine forme, serein, grandi et qui ne s’est plus réveillé (ou de façon anecdotique pour cause de rhume) depuis près d’un mois. J’ai donc renoncé à consulter.

C’est dans ce contexte que je tombe sur ce sujet : trop d’enfants chez le Psy ? Bien sûr, la réponse est évidente : « ça dépend, ça dépasse » mais si l’article est surtout composé de témoignages, on y retrouve le postulat que les parents consultent beaucoup plus et plus facilement qu’une quinzaine d’années en arrière où la démarche correspondait plus à une nécessité face à des troubles du comportement importants, invalidants.

Je me suis totalement retrouvée dans ce que décrit Catherine Mathelin-Vanier, pédopsychiatre quand elle explique « rencontrer des parents noyés sous les conseils contradictoires des magazines, forums sur Internet ou Manuels d’éducation. Ce qu’elle entend le plus souvent aujourd’hui, c’est : on a tout essayé, une chose et son contraire. L’enfant a du mal à s’endormir ? Une fois on le laisse pleurer, une autre, on le prend dans son lit, on le berce, on le rassure, on le gronde … or les conseils ne marchent pas car aucun enfant n’a les mêmes raisons de ne pas réussir à s’endormir ». Clairement, c’est exactement ce que nous faisions avec Numéro 3, compulsant nous aussi les piles de conseils que nous entendions partout et de tout le monde.

Mais face à ce genre de difficultés, est-ce une bonne chose dans notre rôle de parents de recourir de façon aussi élargie à la consultation psy ? La pédopsychiatre pense que « la banalisation des consultations pour enfants est tout de même une très bonne chose. Autrefois, on laissait beaucoup de petits soucis s’aggraver alors qu’il suffit souvent de deux ou trois séances pour remettre un enfant sur les rails de sa propre vie ».

Pour compléter son idée, voici un extrait d’un entretien accordé par Georgy Katzarov, psychanalyste à Sarah Chiche, psychologue et écrivain transcrite sur son blog : « Un pédiatre m’a dit que « 9 fois sur 10 les demandes de consultation psy pour les enfants sont injustifiées quand elles viennent des parents et abusives lorsqu’elles viennent des établissements scolaires (enseignant, directeur, psychologue scolaire) ». Etes-vous de cet avis ?

Injustifiés… Abusives… Voilà des mots bien lourds d’implications! Il faudrait demander à celui qui le dit ce qu’il entend par là…
Est-ce qu’elles seraient injustifiés par le fait qu’on ne découvre pas neuf fois sur dix une formation caractérisée de psychose ou de névrose chez l’enfant qu’on reçoit en consultation? Et d’abord est-ce que cette statistique serait exacte? Je ne saurais le dire pour ma part… Certaines consultations peuvent parfaitement se justifier d’une angoisse, d’une inquiétude, sans pathologies consistantes et avérées chez l’enfant ou chez l’adulte, mais qui permettent de désamorcer une situation qui a un potentiel pathogène susceptible de se développer et d’éclore en symptôme plus tard. Et parfois « plus tard » ça peut vouloir dire aussi « trop tard »… Une demande est toujours justifiée, même si on ne comprend pas toujours immédiatement ce qui la motive… Je ne pourrais pas en tout cas travailler sans l’horizon d’une telle hypothèse. Si on pèse ses mots, il n’y a pas de demande injustifiée… ».

Il semblerait donc que non, on n’abuse pas du recours à la consultation psy. Pour autant, j’ai parfois l’impression qu’à trop vouloir écouter mes enfants, à trop vouloir tenir compte de leurs moindres ressentis, comprendre et analyser tous leurs propos et réactions, je leur donne un pouvoir qui est lourd à porter pour eux. Cela n’aurait-il pas tendance à les charger d’une responsabilité qui n’est pas de leur âge : celle de comprendre eux-mêmes et d’élaborer toutes les pensées qui les habitent et tous les actes qui les animent ?

Devons-nous tout comprendre et tout expliquer, tout mentaliser, au risque de perdre en spontanéité, de remettre un peu tout en question sous prétexte d’analyse, jusqu’à la place de chacun dans le schéma familial ? Ne devons-nous pas essayer de nous faire un peu plus confiance … tout simplement (ironie dans l’emploi du mot « simplement » …) ?

Maman-mais-pas-seulement

10 réflexions sur “Trop d’enfants chez le psy ?

  1. Dédramatiser le recours au psy c’est bien. Mais inutile de traiter les bobos quotidiens comme des pathologies : c’est la philosophie que j’essaie de suivre.

  2. HIIIIIIIII!!!!! Merci de cette contribution!!! Je suis toute contente de te relire à nouveau sur les VI!!
    Je partage assez le point de vue de Phypa, dédramatiser sans en faire son pain quotidien.

  3. Merci pour ce post très intéressant !
    Moi même je n’ai jamais songé au psy pour mes poulettes, mais me suis souvent posé cette question de « consulte t’on trop ? pas assez ? » bref « ça dépend, ça dépasse » ! (j’adore cette expression !)

    Je rejoins absolument ta conclusion et les commentaires des dames Phypa et D. D’ailleurs, une psy que j’interviewais la semaine dernière (guest à venir pour les VI, je fais du teasing… ;-)
    me disait « cessons de psychologiser toutes les situations avec les enfants ! À force d’analyser, de décortiquer, de parler des heures avec eux de leur comportement, du nôtre etc… nous mettons beaucoup trop de pression sur les épaules. Il faut accepter que tout ne se passe pas comme nous le souhaiterions mais que ce n’est pas pour autant grave et encore moins pathologique. »

    • j’ai hâte de lire cette interview de GUEST qui va tout à fait dans le sens de ce que j’ai en tête mais je trouve par ailleurs le témoignage qui suit fascinant !
      Et l’expression j’en suis fan aussi … c’est de saison (elle vient du Père Noël est une ordure :)

  4. Alors que je n’ai moi même jamais consulté de psychologue, nous y sommes allé cette année pour mon ainée (4ans). Pourquoi ? Elle avait de gros problèmes d’endormissements, les soirées étaient un enfer. Elle avait de gros problèmes de violences autant verbales que physique avec son frêre et sa soeur mais aussi envers nous.
    Elle avait déjà eu des phases comme ça, ça avait duré quelques semaines et puis on avait réussi à gérer la crise et c’était passé. Mais là, au bout de 3 mois, cela empirait, on ne gérait plus rien, les couchers étaient une éternelle crise, une angoisse que j’anticipais, et nous étions débordé par cette violence et nous mêmes nous devenions violent psychologiquement et physiquement. Nous avions besoin d’aide. Mais comme mon mari m’a dit, au final, ce n’est pas notre fille qui avait besoin d’aide, c’était surtout nous qui ne la comprenions plus et ne savions plus quoi faire. Nous avons demandé de l’aide au médecin qui la suivait et qui nous a orienté vers une psychologue.

    Au final, nous avons fait 3-4 séances, ma fille et moi. Ma fille ne voulant pas parler, c’est moi qui est parlé d’elle, et elle qui écoutait. La psychologue m’a aidé par ses questions à comprendre ce qui pouvait se passer dans sa tête. Mais j’ai aussi réfléchis sur ma propre enfance. Rien que la démarche nous a fait repartir dans la bonne direction. Depuis, on revit, et on a aidé notre fille à grandir.

    Je suis d’accord avec ce qui est dit dans cet article. A force de lire tout et son contraire sur les différents médias à notre disposition, on est perdu, on ne sait plus se concentrer sur l’individualité de notre famille. On fait tout et son contraire, et on envoie à nos enfants des signaux contradictoires.
    Aller voir un psychologue m’aura au moins permis de faire le point sur la mère que je voulais être, la mère que je voulais que mes enfants aient, ce que je voulais qu’ils voient en moi. Et cela n’avait rien à voir avec l’image que je pouvais donner.
    Aller voir un psychologue nous aura permis de mieux comprendre de quoi avait besoin notre fille, en quoi et comment on pouvait l’aider parce qu’elle a pris en compte les particularités de notre famille, la personnalité de notre fille et qu’elle a trouvé les mots pour dire à notre fille ce que nous ne savions plus dire.

    Je crois qu’il ne faut pas forcément attendre qu’une pathologie s’exprime pour aller voir un psychologue. Je ne suis pas allé en voir une pour soigner ma fille, mais pour nous guider et nous aider à retrouver la bonne direction

    • Merci Madame Koala d’avoir pris le temps de ce commentaire qui est fascinant d’intérêt ! Plus intéressant que l’article lui-même ! Quel histoire passionnante et si bien expliquée, illustrée et analysée avec un recul impressionnant. Je te suis complètement dans ton idée et comme je visualise la situation, l’agressivité et la violence dont on finit par faire preuve parce qu’on craque, on bloque et c’est probablement là que le recours à un tiers, le psychologue en l’occurrence devient nécessaire.
      Merci encore de ce commentaire !

  5. Ayant actuellement un peu l’impression de me noyer moi-même dans la quête d’injections dans tel ou tel sens, parce que je veux bien faire pour le sommeil de ma fille, parce que je ne veux pas devoir lui tenir la main pendant 2 ans et demi comme pour mon fils, je crois que je suis en train de lui envoyer des signaux chaque jour contradictoire et qu’on s’y perd.
    Ca n’est pas l’objet initial de ton article mais les commentaires m’ont inspiré cette réflexion.
    Et puis j’avoue que d’un côté, ce que tu dis  » j’ai parfois l’impression qu’à trop vouloir écouter mes enfants, à trop vouloir tenir compte de leurs moindres ressentis, comprendre et analyser tous leurs propos et réactions, je leur donne un pouvoir qui est lourd à porter pour eux. » me parle énormément, me soulage, me décharge…. et d’un autre côté, je sais le pouvoir que peuvent avoir les mots et ce semblant de décorticage par moments.
    On ne saura jamais si l’on a agi au plus efficace et au plus adapté pour notre enfant mais il faut avant tout arriver à garder le cap comme on le ressent, sans être ni trop fermé aux suggestions (intérêt du tiers) ni trop perméable pour ne pas s’embrouiller.
    (et je trouve mon commentaire sans dessus dessous)

    • Je le trouve très cohérent ton commentaire moi ! Et je suis d’accord sur l’idée d’écouter ce qu’on ressent sauf que parfois on ne sait plus ce qu’on ressent comme ce soir où je suis obligée de constater que Numéro 3 repart en vrille, trop de nuits de suite qu’il se réveille de nouveau (les premières sur le compte du rhume puis de la mini gastro puis … ça continue) et fait le cirque pour s’endormir. Et de la même manière que je ne comprenais pas ce qui le perturbait avant qu’il parte en vacances avec Musclor, de la même manière que je n’ai pas compris comment une semaine l’a transformé, a transformé notre quotidien en ce qu’il devrait être normalement et de la même manière que je ne comprends pas ce qui le fait repartir dans ce fonctionnement.
      J’ai beau me dire que c’est forcément nous parents, qui généront ça (pour pas dire moi histoire de me finir), je ne vois pas et passé deux ans, je trouve que ça devient inhumain à supporter … bref je suis désespérée ce soir et fatiguée … de nouveau, la vie était tellement plus douce et facile ces derniers temps, on était tellement tous mieux …

      • Je suis bien placée pour te dire que les maladies, ça peut te foutre dedans royalement. Pti Tonique s’endormait seul en 5 min le soir à 8 mois. Puis à 11 mois il a eu la varicelle. Des nuits horribles, des angoisses. A nouveau endormissement dans les bras (mais en plus lourd !) puis endormissement avec caresses et en restant à côté de lui… et ce jusqu’à il y a 3 semaines (après qu’il soit LUI AUSSI parti seul en week-end avec son père ! Je crois qu’on tient un truc là !) ! Aaaarghhh, ça a fait long aussi…
        Alors est-ce un hasard le coup de la maladie ? Pourquoi il est pas reparti comme en 40 une fois celle-ci terminée, hein hein HEIN ???
        Si ça se trouve, c’est juste une mini rechute pour Numéro 3, on a connu.
        Plein de courage ma pauvre (et ne t’accable pas) !
        (décidément, c’est sûr, il sait lire !!)

        • Alors là exploit : tu as réussi à me faire rire ! Parce que c’est exactement ce à quoi j’ai pensé en me disant non mais je le crois pas, deux fois que je dis qu’il redort et hop il repart en travers, qui lui a donné l’adresse de mon nouveau blog ?!!
          Le problème niveau maladies c’est qu’il est en permanence enrhumé ou équivalent, avec sa potesse de nounou ils se fourguent tout, quand y’en a plus y’en a encore donc on est pas rendus ….
          Et à l’instant où je te parle son père rentre du bade et il s’endort, y’a pas d’justice quand même !!!!!!!
          Courage à toi et à bientôt j’espère !!!!! Sans mieuche …

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