Allaitement et féminisme

Ca fait quelques jours déjà que ma belle-soeur m’a envoyé ce super article du Pr. Martine Erzog Evans intitulé :

Féminisme biologique, allaitement et travail, une nouvelle forme d’auto-détermination des femmes

J’ai super envie de vous en parler, parce que je le trouve génial, et il résume très bien ce que je pense en matière de féminisme et de condition de la femme dans la société actuelle. Cet article fait 16 pages, il est très très complet, je pense donc vous en faire un résumé condensé auquel j’ajouterai mes commentaires.

L’article commence fort, avec une citation : « L’allaitement est un truc que les hommes ont inventé pour e… les femmes », a un jour apparemment dit une femme.

[…] un certain féminisme présente l’allaitement comme étant l’adversaire des femmes, celui qui les astreint à la maison. Ce féminisme reprend actuellement de la vigueur en se dressant contre la femme « biologique », celle qui veut utiliser son corps dans toutes ses dimensions, non seulement sexuelle, mais encore en tant que gestante, parturiente et allaitante.

Mon incompréhension est totale face à ceux qui se réclament du féminisme tout en interdisant aux femmes d’user de leur condition de femmes comme bon leur semble. J’ai l’impression qu’une certaine branche du féminisme a pour but de transformer les femmes en hommes, en promouvant l’égalité des sexes, mais en passant totalement à côté du fait qu’une femme n’est pas un homme et que les hommes et les femmes ne sont pas du tout interchangeables… notamment dans le domaine de la parentalité.

Il existe plusieurs branches du féminisme, je fais recours à mon ami Wikipedia pour vous en parler :

Le féminisme libéral

Il prend place dans la seconde moitié du XIXe siècle (autant dire il y a des lustres) et militait pour l’égalité civile et politique des sexes, ainsi que dans le domaine du travail et de l’éducation. C’est ce féminisme qui a permis le droit de vote, et qui a donné des droits à la mère de famille sur ses enfants, ce qui n’est pas rien quand même.

Le féminisme radical

Ce féminisme voit le patriarcat (l’oppression des femmes au profit des hommes), comme le fondement du système de pouvoir qui régit toutes les relations humaines dans la société. Personnellement, je trouve que le système de pouvoir commence bien avant, par l’oppression des enfants notamment, mais là n’est pas le propos. « Avec d’autres, ce courant cherche à contester le modèle réformiste en rejetant les rôles sexuels archétypaux et en critiquant l’essentialisme, qui naturalise le rôle social de la femme en en faisant une donnée biologique, propre à sa constitution sexuelle. Il accompagne la libération sexuelle et le mouvement de libération des femmes aux États-Unis, en Angleterre, au Canada et en France. » nous dit Wikipedia.

 

Le féminisme radical différentialiste

Ce féminisme est souvent critiqué par les féministes radical-e-s comme étant un « anti-féminisme », puisqu’il part du postulat que la femme dans la société n’est jamais considérée que comme le pendant d’un homme : une épouse de, une fille de, une soeur de, une amie de, mais jamais un être à part entière. On prône dans ce féminisme, bien évidemment l’égalité des droits, entre tous les êtres humains, donc entre les hommes et les femmes. On y ajoute une valorisation des différences, de ce qui fait qu’une femme est une femme et un homme, un homme, en partant donc du principe que les deux ne sont pas les mêmes, et donc pas interchangeables.

source : Wikipedia

Revenons à nos brebis allaitantes.

Obstacles à l’allaitement

L’auteure explique que la culture française est très défavorable à l’allaitement, à travers des faits fondamentaux :

  • Le féminisme « collaborationniste »
  • Le mythe de l’interchangeabilité des sexes
  • L’érotisation moderne des seins
  • Le travail à l’extérieur de la maison
  • Le système capitaliste

Le féminisme « collaborationniste »

Les données biologiques de notre espèce sont claires: les humains, comme au demeurant les grands singes, doivent, pour atteindre une santé optimale, être allaités entre deux et sept années. Les travaux de préhistoriens montrent ainsi à partir de l’analyse de la dentition,
que les petits humains étaient allaités il y a encore peu de temps, en moyenne cinq années. Telle a été la norme pour notre espèce jusqu’à une époque très récente et, ce, sur tous les continents. Seule l’arrivée très tardive de substituts élaborés à partir de lait de vache a pu acculturer nos contemporains et leur faire oublier ces données encore valables il y a peu.

Comment a-t-on pu arriver à l’oublier ? On est quand même la seule espèce vivante à nourrir nos rejetons avec du lait d’une autre espèce… et à considérer ça comme la norme.

Tout commence donc avec les féministes radicales françaises, « menant finalement bien peu de luttes, [elles] se sont exclusivement focalisées sur la contraception, l’avortement, et le travail« . Ce féminisme donne l’idée que pour éviter tout problème à la femme, elle n’a qu’à pas faire d’enfants, ainsi elle peut se concentrer sur sa carrière. On sortait d’une époque où la femme n’avait pas le droit de travailler sans l’accord de son mari, je comprends donc que beaucoup de femmes se soient senties libérées en ayant le choix d’assumer ou pas une maternité, et de se concentrer ou pas sur leur carrière. Mais on a du coup laissé de côté toutes ces femmes qui voulaient concilier les deux, être femme, donc être mère et pouvoir également travailler.

En résumé, la tournure qu’a pris chez nous la lutte féministe a contribué à l’idée que la maternité constituait l’ennemi de l’autodétermination des femmes; que les intérêts de la femme et de l’enfant étaient opposés.

L’idéal féministe classique transforme la femme en homme et fait donc de la maternité, et de l’enfant en lui-même, des obstacles à l’épanouissement de la femme… dans cette optique-là, la femme devrait pouvoir être « comme l’homme » : sans enfant, elle aurait donc la possibilité de gravir les échelons sociaux plus vite, de s’intégrer plus facilement, et donc d’être enfin l’égale de l’homme. J’ai l’impression que pour les femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfant, la vie n’est pas plus facile, et qu’elles ne sont toujours pas à l’égal des hommes… Le problème de l’égalité homme/femme dans la perception populaire est bien plus profond qu’une histoire d’épanouissement dans la maternité ou pas, c’est un arbre qui cache la forêt si on pense comme ça.

Le mythe de l’interchangeabilité des sexes

Il prend la forme d’une injonction faite aux pères de « couper le cordon » liant mère et enfants, un cordon, supposé être délétère et nuisible.

La racine du mythe de la mère fusionnelle, nuisible pour son enfant, et du rôle de tiers séparateur du père, dans le couple fusionnel mère/enfant, prend racine dans la psychanalyse. La femme devenue mère, après avoir fantasmé pendant neuf mois son bébé, cherche de la gratification et de la valorisation à travers son enfant, elle reporte également inconsciemment sa vie affective (et sexuelle) avec son partenaire (le père du bébé), laissée en « jachère » après l’accouchement, sur son bébé, qui peut alors vivre très mal cette proximité affective « incestueuse ». Le père doit donc revêtir le costume du Tiers Séparateur. Il doit couper le cordon, et veiller à ce que la dyade mère-enfant ne soit pas trop trop fusionnelle, à ce qu’on lui laisse une place… cela passe par : interdire l’accès au lit parental au nourrisson, à désapprouver l’allaitement à la demande – voire l’allaitement tout court -, qui est alors vu comme une mise au service du corps de la mère à son enfant, son corps n’étant alors qu’un corps de mère, et plus un corps d’amante, indisponible pour l’échange amoureux.

Or, à l’opposé exact de ces affirmations péremptoires dénuées de fondements, c’est précisément la fusion mère-enfant qui a assuré la survie de notre espèce depuis son origine. [L’]autonomie [de l’enfant] est certes un objectif ultime à atteindre ; toutefois, il ne peut l’être que si la sécurisation primitive a pu être réalisée. Celle-ci ne peut être obtenue que par un maternage proximal et prolongé durant ces années cruciales autant que fragiles, de construction cérébrale et affective

La sécurisation affective de l’enfant pendant ses premières années, notamment lors des phases cruciales du développement, est primordiale. Or elle ne peut pas être assurée de la même manière par le père et par la mère. Outre l’allaitement, qui ne peut être accompli que par la mère, on ne peut pas nier que l’enfant et sa mère ont un lien spécial que leur confère ces 9 mois passés ensemble, l’enfant à l’intérieur du corps de sa mère, intimement liés par les flux hormonaux, les apports nutritifs, le partage du placenta…

L’auteure parle notamment d’un élément du droit positif français, qui permet en cas de séparation du couple parental, la garde alternée, notamment des très jeunes enfants et des nourrissons.

Véritable jugement de Salomon à l’issue inverse de celle du mythe, nos contemporains choisissent là de faire primer le droit à l’enfant et sur l’enfant au droit de l’enfant à la survie psychique et, accessoirement, à être allaités.

Elle explique que dans le contexte d’une séparation, l’allaitement est souvent considéré comme un obstacle délibérément posé par la mère pour faire obstruction aux « droits du père ». (je me rends compte que sans faire exprès du tout j’ai quasiment dit mot pour mot ce qui est écrit dans le doc, ce n’est pas du plagiat, promis, apparemment on est sur la même longueur d’ondes…) Elle rappelle que de toute manière, sur la longue durée, peu d’enfants se satisfont de la garde alternée, même en grandissant, et préfèrent en général de plus longs séjours chez un seul de leur parent, pour plus de stabilité.

Érotisation contemporaine des seins

L’érotisation du sein est un phénomène très récent et très localisé : ce n’est que depuis peu de temps, et pas sur toute la planète, que le sein est couramment considéré comme un pendant de la vie sexuelle, à la fois dans la sphère privée, et dans la sphère publique. Deux fois plus d’obstacles pour mener à bien un allaitement épanoui.

Dans la sphère familiale, la femme qui allaite peut trouver sur son chemin son propre compagnon, lequel ne dispose souvent point des codes sociaux et sexuels lui permettant de négocier le maintien d’une sexualité épanouie alors que celle-ci allaite. Le père peut ici être soutenu par des porte-paroles célébrissimes tels M. Marcel Rufo, lequel a ainsi osé affirmer que « Lorsque la maman recommence à avoir des relations sexuelles – le plus tôt est le mieux – elle ne peut pas allaiter et se faire caresser un sein : ça ne se partage pas, un sein. »

J’ai du mal à comprendre comment on peut faire passer le désir d’un homme avant les besoins vitaux d’un nourrisson. Et je ne comprends pas non plus qu’on ne puisse pas « partager » un sein, comme si déjà il appartenait à qui que ce soit – mais quand même pas à la femme, si vous avez bien suivi, c’est assez comique. L’auteure souligne à juste titre que pendant des siècles, les hommes se sont très bien accommodés d’une vie sexuelle avec une partenaire allaitante : les enfants étaient rapprochés, les allaitement duraient facilement cinq ans, une femme pouvait allaiter pendant quinze années consécutives !

Étaient-ils condamnés, comme celles-ci [leurs épouses], à l’abstinence ? Bien évidemment non : le sein allaitant était tantôt mobilisé dans le jeu amoureux, tantôt laissé de côté, selon le fonctionnement sexuel du couple.

J’ai envie de vous parler du complexe de la Mère et de la Putain… qui régirait la conception de la femme de la majorité des hommes. Une femme ne pourrait donc être qu’une Mère, idéalisée, placée sur un piédestal, gardienne du temple familial et auréolée de blancheur, pure et parfaite, à l’image de la Vierge, ou bien une Putain, une amante, débordante de sensualité et de sexualité. Encore une fois la femme est soit angélisée, soit démonisée, elle n’a pas d’entre-deux. Evidemment, dans la vie quotidienne, une femme ne peut pas être qu’une Mère ou qu’une Putain, elle est consécutivement les deux (attention, la Mère n’est pas forcément « mère » au sens littéral du terme, elle peut également être un élastique vers la mère de l’homme, être idéalisée comme l’a été la mère de l’homme. De même, le terme « Putain » ne désigne pas la femme comme étant une prostituée… c’est un terme utilisé dans ce contexte pour parler d’une femme sexuelle, désirée, désirante, active sexuellement), elle doit pouvoir explorer ces deux facettes de sa personnalité et de sa sensualité à tour de rôle, ainsi que toutes les autres facettes qui la composent.

Il apparaît cependant comme difficile pour un homme de concilier ces deux images de sa partenaire, d’en faire une mère ainsi qu’une amante, et de ne pas voir l’enfant comme un obstacle au retour de l’amante. D’ailleurs les nombreux articles à propos de la reprise des rapports sexuels après l’accouchement prouvent bien que c’est une question sensible.

Quant à l’érotisation dans la sphère publique, tout le monde a entendu parler de cette maman allaitante qui s’est fait jeter d’un Celio pour avoir osé dégainer son nichon en public… ce qui continue de faire hurler la communauté des mamans allaitantes : en quoi un sein nourricier, le plus souvent caché par la bouche du bébé, par les vêtements, bref, quelques centimètres carrés de peau à peine visibles, serait-il plus choquant que ces très nombreuses publicités mettant en scène des femmes dénudées, pour des motifs aussi cohérents que des voitures ? Allez, pour bien vous faire froid dans le dos, je vous montre un peu ce qui a secoué ma timeline Twitter il y a peu : les deux pubs pour une chemise unisexe d’American Apparel. La version « destinée aux hommes », et la version « destinée aux femmes » :

Ah oui donc du coup plus trop de rapport avec l’érotisation du sein en lui-même, mais j’avais envie d’être pas contente cinq minutes. Disons que le sein n’est pas le seul à être érotisé à tout bout de champ…

[…] rien ne permet de justifier l’exclusion des femmes allaitantes des lieux publics et ces actes doivent être combattus avec la plus grande fermeté. Celles-ci se voient parfois reprocher d’avoir commis un prétendu « attentat à la pudeur », notion qui a fort heureusement disparu du Code pénal depuis sa refonte en 1994.

Le terme a en effet été remplacé par la notion d’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public, ce qui ne peut plus s’appliquer, en aucun cas, à l’acte de l’allaitement.

Le monde du travail

Loin de chercher le retour à domicile, comme une vision purement essayiste dénuée de tout travail empirique l’affirme, les femmes allaitantes d’aujourd’hui, sont des femmes insé-rées socialement, dont l’objectif est de conjuguer réellement travail et maternage, d’une manière certes différente de celle de leurs aînées, laquelle inclurait les besoins de l’enfant et l’autodétermination quant à leur propre corps pris dans toutes ses fonctions.

Les femmes ont toujours travaillé, de tout temps. Certes, cela ne fait que peu de temps au regard de l’histoire de l’humanité qu’elles sont employées, reçoivent un salaire, et travaillent en dehors de la maison, mais elles ont toujours eu un emploi du temps chargé, des tâches à faire. Ce n’est donc pas tout nouveau que les femmes aient à concilier travail et allaitement. Ce n’est cependant pas forcément plus facile, le travail se faisant à l’extérieur, et étant rarement possible d’amener son enfant avec soi. (Skyler White le fait dans la série Breaking Bad, le Parisien en parle dans cet article)

Le biberon a longtemps été la solution pour les femmes désirant ou devant reprendre le travail rapidement après l’accouchement, parfois à un prix bien terrible, lorsque les préparations adaptées n’existaient pas encore, mais on sait maintenant qu’il est possible – bien que peu aisé parfois – de maintenir un allaitement tout en travaillant.

J’aime particulièrement cette citation :

L’allaitement, comme le maternage proximal, met en revanche plus nettement en lumière que le travail est un monde hautement masculinisé, défini par et pour les hommes: déjeuners s’éternisant et après-midi consécutivement interminable ; réunions fixées en fin de journée ; culture consistant à retarder autant que possible le retour au domicile et à rester entre soi, sans toujours être véritablement productif pour autant, etc. Plus largement, le monde masculinisé du travail ne laisse point de place aux temps de la vie : temps de la grossesse, temps de l’enfantement et du maternage, temps de l’enfant vulnérable et dépendant, temps aussi de la personne vieillissante, dont l’on se débarrasse au lieu d’adapter progressivement ses horaires. Il n’est finalement de place que pour le temps et le rythme de l’homme adulte mais jeune.

Quand les mères doivent reprendre le travail dans les premiers mois de la vie de l’enfant (le congé maternité pour un premier enfant est de 16 semaines, 6 semaines en prénatal et 10 semaines post-accouchement, soit environ 2,5 mois après naissance, soit rien du tout, pour être franche, et surtout pour un premier enfant, quand c’est un si grand bouleversement. Rappelons qu’en Suède le congé maternité dure un an et est rémunéré à 100% du salaire), il est naïf de croire que c’est sans effet sur l’enfant. A 2,5 mois, un bébé ne sait même pas que lui et sa mère sont deux êtres séparés. Je n’imagine même pas ce qui se passe dans le cerveau d’un bébé de deux mois et demi confié à une personne extérieure à la sphère familiale proche et qui ne voit pas sa mère de la journée.

Capitalisme

Encore une citation géniale, et qui j’en suis sûre plaît à ma belle-soeur préférée :

Le non-allaitement est souvent présenté comme constituant un choix de la femme. Encore ce choix devrait-il être éclairé par des données objectives, ce qu’il est rarement dans un contexte où la désinformation domine.

Et la société toute entière d’obstruer les faits : le non-allaitement augmente le risque d’allergies, de diarrhées, d’otites, de MSN, de mauvaise digestion, de mauvaise dentition, de cancer du sein et des ovaires pour la mère, d’obésité, d’infections bactériennes, d’infections virales, d’infections respiratoires, d’hospitalisation, de déshydratation, d’asthme, de problèmes vasculaires. Par exemple. Liste non exhaustive.

Mais l’industrie du lait artificiel a énormément de pouvoir en France. Bien que la publicité pour le LA soit interdite pour les produits destinés aux bébés de moins de 6 mois, les publicités vantant les mérites du lait « 2ème âge », ont un effet particulièrement pervers. A travers des slogans comme « Après le vôtre, probablement l’un des meilleurs laits » (Gallia), l’industrie fait croire :

  1. que le lait artificiel est quand même bon. Le lait maternel est meilleur, mais ça ne veut pas dire que le LA est nocif. Il est juste « un tout petit peu moins bon ».
  2. que le lait artificiel est une suite logique de l’allaitement. Les pédiatres et les pontes qui passent à la télé le disent : allaiter oui, bon, pourquoi pas, mais pas plus de 3 mois (parfois 4, si on est chanceux, 6 !), et ensuite, vous n’y couperez pas. De toute façon votre lait n’a plus aucun intérêt, tous vos anticorps sont passés, donc pourquoi vous embêter ? Faites confiance à Gallia ! (les anticorps se transmettent de la mère à l’enfant pendant des années…)

[…] En Occident, l’allaitement et spécialement l’allaitement long est avant tout une affaire de femmes éduquées, lesquelles occupent des emplois ; et non, bien au contraire, les femmes les plus pauvres et moins éduquées et ceci vaut dans des pays très divers.

Encore une fois c’est quand même une honte qu’il faille creuser, acheter des livres, pouvoir discuter, échanger, participer à des réunions et des rencontres, pour trouver la vérité, et pour être informéQuand on voit le prix d’une boîte de lait artificiel, et le nombre de femmes qui n’allaitent pas « parce que mon lait était pas bon », « parce que j’avais pas de lait », « parce que j’ai pas réussi » (autant dire : par manque d’info et de soutien), que d’argent perdu… Le lait maternel est gratuit !

Le renouveau de l’allaitement

Ces femmes ayant enfin à leur disposition une information qui leur avait été dissimulée jusque-là par l’alliance d’un corps médical, en grande partie il est vrai lui-même ignorant, et du grand capital, ont décidé de s’autodéterminer.

Petite pensée émue pour ma belle-soeur et ses discours enflammés contre le corps médical, contre la désinformation, contre le lobby du LA, qui m’a ouvert les yeux – et mieux vaut maintenant qu’une fois qu’il sera trop tard. Qui mène son allaitement avec un bébé allergique aux protéines de lait de vache (devenu bambin maintenant), avec un végétarisme tendant au véganisme, envers et contre tous les jugements que ça peut lui valoir.

La réapparition de l’allaitement remet sur le tapis le débat de la place du père : pour beaucoup de femmes, il n’est désormais plus question d’accepter le père comme une deuxième figure « maternante », mais de lui trouver une place « paternante », un soutien dans la dyade mère-enfant, un soutien dans l’allaitement, dans la fatigue, dans le ras-le-bol, et face aux regards extérieurs.

Un nouveau féminisme

Après avoir obtenu de faire « comme les hommes », les femmes veulent désormais en plus, être aussi respectées en tant que femmes et mères.

Loin d’être anti-féministes, les femmes qui cherchent à s’épanouir au travers de leur maternité, cessant de voir l’enfant comme un obstacle, cherchent à concilier les victoires du passé avec les revendications du présent. Elles ne nient pas les avancées notoires qu’ont été la contraception, l’avortement, pas plus qu’elles ne font de leur désir d’enfant un désir universel et un devoir pour toutes les femmes. Elle ne considèrent pas qu’une femme qui choisit de ne pas avoir d’enfant, de ne pas allaiter, n’est pas une vraie femme. Elles considèrent tout simplement avoir le droit de choisir, en leur âme et conscience, avec les infos dont elles disposent, et sans qu’on leur mette des bâtons dans les roues, sans qu’on leur dise qu’elles sont ignorantes, écervelées, incapables.

Le droit des allaitantes (et de leurs bébés)

Heureusement que les travailleuses allaitantes sont là ! Le droit des allaitantes a failli disparaître, considéré comme étant devenu « obsolète ». On y retrouve le droit à l’heure d’allaitement, ainsi qu’à la chambre d’allaitement. Mais ouf ! l’honneur (et les nichons) sont saufs :

L’article L 1225-30 de ce nouveau code [du Travail] dispose, sans changement que : « Pendant une année à compter du jour de la naissance, la salariée allaitant son enfant dispose à cet effet d’une heure par jour durant les heures de travail ». Cette disposition permet à la femme de bénéficier de deux pauses d’une demi-heure réparties dans la journée lui permettant d’allaiter durant le temps de travail.

Le droit à la chambre d’allaitement est quant à lui plus flou : les textes se contredisent, insinuent que les enfants peuvent rester sur place, mais en fait non, mais oui mais avec un berceau, bref… les textes parlent en sus des entreprises de plus de 100 employés, laissant entière la question de la condition de l’allaitement dans une petite entreprise, ainsi que du droit à allaiter (ou à tirer son lait) dans une pièce à l’abri des regards. Je pense que beaucoup de femmes allaitantes doivent aujourd’hui se confronter, aux patrons pas forcément ouverts à l’idée d’un allaitement (déjà à l’idée d’embaucher des femmes, ces éternelles fécondées reproductrices…), ainsi qu’aux regards des collègues. Pas facile j’imagine.

Ce que je retiendrais de ce long document (et de mon long article, du coup), c’est que beaucoup de chemin a été parcouru, mais reste aussi malheureusement à parcourir, pour remettre l’allaitement à sa place : la norme.

Les femmes ne sont vraiment pas aidées, pas informées, pas soutenues, dans ce choix. L’Etat ne fait pas grand chose non plus, pour promouvoir l’allaitement : la semaine mondiale de l’allaitement maternel se déroule du 1e au 7 août chaque année, mais la France décide bien gentiment de faire ça en octobre… et m’est d’avis qu’on ne verra pas un seul spot, une seule affiche émanant du ministère de la Santé : les cabinets des pédiatres sont déjà remplis de posters Guigoz, y’a plus de place…

Heureusement, il existe des organisations qui soutiennent et promeuvent l’allaitement maternel !

La Leche League (LLL)  est la plus connue d’entre elles. Vous pouvez également trouver du soutien, des conseils, ou des informations auprès de la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel (CoFAM), de l’Information pour l’Allaitement Maternel, de Solidarilait, et de votre sage-femme…

Merci d’avoir lu ce très long article qui me tenait beaucoup à coeur. Vous pouvez retrouver ce billet et bien d’autres sur mon blog : Élucubrations d’une jeune idiote.

Une jeune idiote

37 réflexions sur “Allaitement et féminisme

  1. j’adooore ! j’allaite depuis plus de 7ans ( pas le même enfant :o) !) ….et je dois encore continuer à me justifier… « t’allaites encore ???? » ben oui ducon
    merci

  2. Pingback: Culture de l’allaitement dans les pays Nordiques | Allaitement : Bonheur et Raison

  3. Je n’en suis qu’au début de l’article, mais je ne peux que bondir toutes les 2 lignes devant la caricature et les inexactitudes (pour être gentille) concernant le féminisme. Faire du féminisme radical une spécificité française étant à mes yeux la première. Ou dire que leur but est de parvenir à une identité de genre. Ou dire que « les féministes françaises se sont exclusivement focalisées sur la contraception, l’avortement et le travail. » Ou dire qu’elles n’ont jamais « investi scientifiquement les divers domaines du social ».
    Et ces inexactitudes ne concernent pas que le féminisme. Dire que la théorie psychanalytique est liée à une interchangeabilité des sexes me semble pour le moins étrange. Même chose avec l’idée que c’est le travail extérieur qui a contraint les femmes à mettre leurs enfants en nourrice.

    Autant je trouve ça important de rappeler le libre choix des femmes et que non, l’allaitement n’est pas anti-féministe, autant je trouve ça dommage de le faire avec cet article.

    • Je suis tout-à-fait convaincue que l’allaitement n’est absolument pas anit-féministe, mais je suis assez d’accord avec Lila, l’article m’est personnellement choquant par sa caricature du féminisme radical.

      Et puis je ne sais pas si je devrais me définir comme féministe radicale, mais j’ai beaucoup de mal à ne pas tiquer quand on parle sans pondération / réserve du lien spécial mère-enfant (sous-entendu, plus fort que le lien père-enfant du fait des hormones de grossesse etc.- c’est scientifiquement très controversé?), de la supériorité incontestable de l’allaitement au sein qui devrait être pratiqué au minimum 2 ans(encore une fois scientifiquement parlant, ce n’est pas évident – je ne crois pas être de parti pris ayant allaité mon fils plus de 2 ans), de la nocivité de la garde alternée (faut-il étendre ce point de vue au couple homosexuel d’hommes?)…
      Je pense que tout cela devrait être beaucoup plus nuancé.

      Ceci dit l’article a le mérite de soulever pleins de questions intéressantes et on ne peut pas dire que tu manques de convictions :)

        • Je pense que sur beaucoup de points (obésité, allergies en particulier), les études sont contradictoires. Que sur d’autres, il est très difficile d’interpréter les résultats compte-tenu de tous les facteurs confondants. Que sur les études qui montrent un résultat a priori significatif (je crois que cela se limite aux infections digestives), la différence est loin d’être assez importante pour être considérée comme vitale dans nos contrées (en revanche je ne conteste pas que l’allaitement est vital dans les pays en voie de dévelopement). Les mécanismes biologiques qui pourraient expliquer une différence sont encore très mal compris.

          Enfin, et c’est ce qui me semble le plus important, toutes les études portent sur le lait maternel en tant que substance. Pour reprendre ce que disait Mme Déjantée, la différence pourrait être significative en dehors de tout autre facteur, c’est-à-dire entre un biberon de lait maternel et entre un biberon de lait artificiel. Or pour beaucoup de femmes, la douleur de l’allaitement, les débuts difficiles, les dégoûts personnels, les circonstances psychologiques… font que l’allaitement peut ne pas leur convenir, et donc en devenir nocif pour le bébé au point de compenser les bienfaits de la substance elle-même, je pense.

          • Je suis désolée d’insister…les études en question (celles que j’ai en tête parce que j’en lis par paquets) réellement significatives ajustent en général (celles qui sont bien menées) les facteurs confondants…De plus, leurs résultats sont confrontés avec ceux d’autres équipes indépendantes pour avoir plus de poids.
            Effectivement c’est plus impactant pour les pays en voie de développement, mais chez nous aussi, surtout pour les bébés de petit poids.
            Je m’intéresse de près à la question, je fouille, je décortique… et je me méfie des études isolées
            http://allaiterbonheuretraison.wordpress.com/

            Ceci dit, je suis entièrement d’accord avec toi, sur le fait, que l’allaitement ne convient pas à toutes les mamans…et je le respecte (notamment pour toutes les causes que tu exposes et il doit y en avoir d’autres) ; Il nous faut composer avec énormément d’autres facteurs de nos vies…et le bien être du bébé et de l’enfant est au carrefour de tous ces compromis !

            • Je suis d’accord avec vous sur plein de sujets. Le but de l’article (celui du professeur) n’est cependant pas de dire qu’il FAUT allaiter en toute circonstance peu importe le vécu de la maman. Je pense qu’il est plus là pour souligner la difficulté qu’on peut avoir dans notre société actuelle à mener l’allaitement qu’on souhaite. Je suis d’avis que chaque femme doit pouvoir faire ce qu’elle veut, surtout dans ce domaine. Quand je parle des femmes qui n’allaient pas car peu d’infos, je généralise car ce n’est pas la raison de tous les non-allaitements, mais je n’oublie dans un coin de ma tête toutes celles pour qui l’allaitement ne leur convenait pas, pour plein de raisons. J’ai d’ailleurs assez peur moi-même de me rendre compte le moment venu que ce n’est pas du tout mon truc et que ça me dégoute, de rater mon allaitement pour une raison ou une autre… bref j’ai aussi ça en tête !

            • Je suis en train de lire « is breast best », donc je suis un peu marquée par le dernier truc que j’ai lu et ce sont proncipalement les études contradictoires qui y sont citée du coup ;)

              J’imagine qu’il y en a de nouvelles et mieux documentées, mais je crois qu’il faut quand même rester nuancé sur le sujet, on ne peut pas nier que beaucoup de résultats sont controversés / contestés / critiqués, même si les critiques peuvent elle-aussi faire l’objet de critiques quand elles viennent de chercheurs impliqués de près ou de loin dans l’industrie du lait maternel.

              • L’allaitement est pour moi un sujet qu’on prend typiquement dans le mauvais sens. Pour éviter de culpabiliser les unes, on va limiter l’information à toutes, quitte à en faire passer d’autres à côté du sujet… Le monde à l’envers !

                Pour moi, c’est comme le bio : je suis convaincue que c’est plus sain de n’ingérer aucun pesticide (ou le moins possible). Pour autant, est-ce que j’arrive à ne consommer que bio ? Non. Est-ce que je culpabilise ? Non ! Car j’assume les raisons qui m’amène à certains choix.

                Ce pourrait être la même chose pour l’allaitement, non ?
                Est-ce que le lait maternelle est supérieur au lait industriel ? Oui, puisqu’il lui sert encore de modèle ; Gu*goz et consort tentant de s’en approcher au maximum. C’est le modèle à suivre… et pour cause ! Est-ce que pour autant toutes les femmes doivent allaiter ? Non, aucune obligation, surtout dans les pays où l’on trouve de l’eau potable facilement ! Celles qui n’allaitent pas devraient donc culpabiliser ? Non ! Car elles peuvent assumer les raisons qui les ont amener à faire un choix.

                Je ne comprends pas trop cette culpabilisation constante des femmes sur ce sujet-là en particulier, mais il y en a d’autres. Avons-nous été éduquées comme ça ?

                Un super billet sur le thème : « informer sans culpabiliser, est-ce seulement possible » :
                http://www.poule-pondeuse.fr/2010/02/01/informer-sans-culpabiliser/

                • Oui j’adore ce billet! (je suis in love with la poule pondeuse)
                  Mais contrairement au bio, je pense qu’allaiter n’est pas incontestablement meilleur, la dimension psy joue beaucoup, et je crois peut compenser les bienfaits -supposés ou avérés- du lait maternel.

                  • Ah oui, je ne parle que de la « substance lait », pas de l’allaitement comme facteur d’attachement, modification du rapport au corps, ni dans sa dimension sociale ou physiologique.

                    Et je crois, sans vouloir parler pour elle, que c’est aussi le cas de l’auteur du billet, d’où peut-être une incompréhension.

                    On donne du lait maternel aux grands-prémas via une sonde : parce que c’est le meilleur, même s’il n’y a pas de peau à peau, ni l’odeur de la mère, ni la berceuse des battements du cœur, ni le massage facial du bébé dû à la succion, etc.

                    Mais il est évident qu’il vaut mieux un biberon donné avec plaisir qu’une tétée donnée avec dégoût, pour la mère comme pour l’enfant !

                • Je suis d’accord avec toi oops … mais je crois qu’on n’y peut rien, on culpabilise toujours un peu au fond de nous, cela doit être dans notre nature humaine, d’avoir une petite voix intérieure qui nous susurre « tu es sûre que tu as fait le bon choix ? » (un corollaire indésirable du fait qu’on réfléchisse beaucoup)…

        • Je suis d’accord avec toi Pascale72. Et a-t-on vraiment besoin de preuves scientifiques pour penser que ce qui est naturel est meilleur que ce qui est artificiel ?

        • Je suis d’accord avec toi Pascale72. Et a-t-on vraiment besoin de preuves scientifiques pour penser que ce qui est naturel et spécialement créé pour est meilleurs que ce qui est artificiel ?

      • Drenka, Pouvez-vous donner les références des études scientifiques dont vous parlez?? car les études récoltées par l’OMS et d’autres ont justement prouvé ce que vous mettez en doute. Sur lllfrance.org, vous pouvez retrouver ces études (évidemment puisque LLL soutient l’allaitement), mais si elles existent, j’aimerais bien voir les études scientifiques dont vous parlez.

  4. merci pour ce long article qui aborde plein de problématiques différentes (allaitement et travail, information, regard de la société…) : moi qui ne suis pas encore sure d’allaiter bébé 2 j’ai de quoi nourrir ma réflexion :)

  5. Super article !!!
    Moi, ce qui m’énerve le plus, c’est cette tendance à vouloir que les hommes et les femmes soient pareil, et maintenant aussi que les filles et les garçons soient pareil : moi, je dit : NON, un homme est un homme et une femme une femme, ont est différent et il n’y pas de mal à ça, mais OUI, on est tous égaux !!! »
    Concernant l’allaitement, ça me gave d’entendre qu’allaité c’est être à la bonne de son enfant : allaité ne m’a jamais empêcher de vivre ma vie (bon sauf pour l’alcool et encore on peut tirer son lait avant de boire et le donner en bib) et de dire que ça nuit à la place du père, certes, il ne donne pas à manger à son enfant, mais un bébé à plein d’autres besoin auquel peut répondre son père, et pleins d’autres moment de complicité à partager avec lui !!!
    Et concernant : le « rythme du travail fait pour les hommes », je pense que de nos jours beaucoup de papa aimeraient rentrer plutôt pour profiter de leur enfant.
    Bref beaucoup de choses à dire, sur ce bel article !!!

    • Je suis d’accord avec toi pour le papa qui souhaiterait rentrer plus tôt. Le problème n’est pas papa-esque mais entreprise-esque, les papas n’ont pas le droit d’être paternants, j’ai lu beaucoup de témoignages :
      Un papa qui veut aller chercher ses enfants à la sortie de l’école à qui on dit « mais t’as pas une femme pour faire ça ? »
      Et les regards quand un papa annonce qu’il prendra le congé parental… (du vécu, MON papa ^^)

  6. Un bon article et ayant des enfants grands (20 et 16 ans) allaités – euh longtemps ;)) – je peux vous dire qu’il y a eu du chemin de parcouru, déjà entre les deux je l’avais ressenti, mais il en reste encore !

  7. Super article, vraiment intéressant et qui a plein d’échos pour moi: poussine a un an, donc je rentre dans la catégorie des longs allaitements maintenant (bon depuis qu’elle a 2 mois dans le regard de certains…)
    Cela me conforte aussi dans l’idée que la société française souffre vraiment beaucoup de la place qu’on a donné à la psychanalyse et ça, pour s’en défaire, il y a encore du boulot…

  8. Merci beaucoup de ta contribution et de tes réflexions!!! Hé bien, on peut dire que tu as potassé ton sujet!!!
    J’aurais beaucoup à dire sur ton article et j’espère qu’on aura prochainement l’occasion d’en discuter de vive voix (les Rencontres??!!!) parce que je doute avoir la place ici de rebondir sur tout ce que je voudrais..!
    Tout d’abord, je me permets de te renvoyer à deux articles Guests de l’an dernier qui traitaient une problématique voisine de la tienne de façon assez complémentaire:
    Partie 1: https://lesvendredisintellos.com/2012/01/03/retour-sur-allaitement-et-feminisme-au-dela-du-conflit-partie-1-guest/
    Partie 2: https://lesvendredisintellos.com/2012/01/10/retour-sur-allaitement-et-feminisme-au-dela-du-conflit-partie-2-guest/
    Ainsi que sur un article synthèse de Claude Didierjean-Jouveau sur le même thème http://www.cairn.info/revue-spirale-2003-3-page-139.htm.

    Mon point de vue personnel sur la conciliation féminisme/maternité serait (en très résumé) le suivant: dans la très grande majorité des domaines les femmes et les hommes sont naturellement semblables et c’est la société qui nous fait croire le contraire; il est alors important de comprendre et déconstruire les stéréotypes sociaux à l’origine de ces préjugés (non, les filles ne sont pas « naturellement » moins douées en sciences que les garçons, non les filles n’aiment pas « naturellement » le rose et les garçons le bleu, non les filles ne sont pas plus « sensibles » que les garçons, etc etc etc etc…). Il existe quelques domaines sur lesquels nos rôles ne sont pas (pour l’heure du moins) interchangeables: la maternité en est un (mais pour être tout à fait rigoureuse, l’allaitement non: https://lesvendredisintellos.com/2012/05/10/le-sein-paternel/). Dans ce cas, je pense effectivement qu’il faut à la fois prendre conscience de la pression sociétale que subissent les femmes face à la procréation (cf.https://lesvendredisintellos.com/2013/08/30/faut-il-une-bonne-raison-pour-avoir-un-enfant-ou-ne-pas-en-avoir/) et en même temps garantir une réelle équité pour les femmes qui ont choisi d’avoir des enfants (poursuite d’études, avancement, retraite, etc…).

  9. J’ai eu du mal à trouver le temps de lire l’article mis en lien, je n’ai pas tout à fait terminé d’ailleurs, mais un grand merci pour ton résumé ! Je me permettrais de faire suivre, car c’est un débat qui anime souvent des discussions entre copines… et avec ma sœur… :)

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  13. «et le nombre de femmes qui n’allaitent pas « parce que mon lait était pas bon », « parce que j’avais pas de lait », « parce que j’ai pas réussi » (autant dire : par manque d’info et de soutien), que d’argent perdu…»

    Non. Il est vraiment possible que le corps ne suive pas et que l’allaitement ne se passe pas bien. Cela peut se présenter sous différentes formes:
    – du stress de la mère allaitante qui angoisse de n’être pas certaine que son bébé à assez à manger (les seins ne sont pas gradués et le débit de lait varie du tout au tout suivant les personnes, il existe des métabolisme qui font qu’il est faible et insuffisant, le bébé ne prends alors pas assez de poids.)
    – des problèmes de sensibilité (plaques et irritation dues aux tétées, qui peuvent êtres très douloureuses chez les peaux sujettes aux problèmes du genre)
    – des problèmes purement physiques, par exemple à la suite d’une opération du thorax: si les récepteur nerveux ont étés sectionnés et que la peau n’a plus la capacité d’envoyer des informations sensibles (si le sein est insensible au toucher) alors la stimulation de la tétée ne fera pas son office et le lait se tarit très vite: le bébé ne mange pas suffisamment.

    Un bébé qui ne mange pas suffisamment est mal, ne prend pas suffisamment de poids et pleure beaucoup, à tout le temps faim, est tout le temps demandeur de tétées qui n’en finissent jamais puisqu’il n’arrive pas à obtenir suffisamment de lait par ce biais. Résultat, l’allaitement se passe mal, et pour la mère, et pour le nourrisson.

    Les cas particuliers que j’ai donné ne sont bien sur pas une liste exhaustive, il peut y avoir bien des raisons qui font que l’allaitement ne passe pas. Dans ces cas, il est important que la mère ne soit pas culpabilisée par l’échec, en particulier quand elle a commencé l’allaitement avec l’idée enthousiaste de le poursuivre autant qu’il serait nécessaire pour son bébé. Car, évidemment, un allaitement qui se passe mal est souvent un premier enfant: ce moment ou l’on se retrouve avec cette petite chose que l’on a peur de casser, sans mode d’emploi, complètement fébrile, à vouloir faire tout bien mais en étant entouré de pleins de gens qui jugent, donnent leur avis sans sollicitation, se montre intrusifs et culpabilisants, etc: je ne vais pas détailler, si vous êtes mère vois voyez de quoi je parle.

    Bref, en conclusion: attention avec l’allaitement.
    Il est important de soutenir le choix de celles qui veulent allaiter, et de les laisser faire jusqu’aux 5 ans si elles le souhaitent, sans commencer à leur sortir des conneries à base de jugements freudiens. Mais il est également important de ne pas culpabiliser celles qui voulaient allaiter mais qui n’ont pas réussi. Et de même, respecter le choix de celles qui n’ont tout simplement pas envie d’allaiter, car ça existe, et c’est notre corps: c’est à chacune de choisir selon ce qui la met le plus à l’aise. On ne peut que respecter ce genre de choix très personnel.

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  15. Boom ! J’ai tout lu d’un trait :-) Je fais tourner ton article qui est très bien détaillé. Evengelisons l’allaitement !!!

  16. Franchement cet article me laisse perplexe… Bon je suis d’accord que l’allaitement au travail cest pas évident, qu’on pourrait faire un système de crèche en entreprise hyper pratique, qu’on voit des seins partout ds la pub mais qu’on accuse injustement les allaitantes de s’exhiber. Par contre en tant que féministe radicale je trouve la définition très incomplete, on lutte contre la culture du viol, l’excision, l’égalité des droits et oui on estime qu’il n’ya pas de différence entre les sexes. Cet article paraît beau, censé pour les femmes qui aiment materner mais celui-ci discrimine énormément les femmes qui souhaitent travailler, celles que la maternite épanoui pas autant que le travail, celles qui.sont heureuses de retourner travailler si tôt.. Cet article est également une insulte face aux pères qui decident de rester au foyer s’occuper de leur progéniture ou ceux qui souhaitent la garde alternée parce que cest trop court 4jours par mois avec leurs enfants.. La parentalite selon la manière dont on la vit peut-être un.obstacle au travail (je suis personnellement tiraillée entre le fait de m épanouir personnellement sans mon fils, et la peur d’être une mauvaise mère car l’impression qu’il est trop souvent gardé) Et puis cette histoire de fusion durant la grossesse ? Certaines ne.ressentent rien à part des nausees et des vergetures ^^ c’est joli tout ça, être mère c’est admirable je suis daccord mais il faut comprendre que nous avons chacune nos propres choix et il faudrait plutôt favoriser la parentalite bienveillante (respect du rythme enfant, possibilité de congé parental plus long selon la demande des parents mais ne rien obliger car pour certaines 2mois c’est déjà trop alors que d’autres 2ans c’est pas assez!!) Bref je vais terminer par le mythe de l interchangeabilite des sexes: c’est pas parce que vous êtes une femme que vous êtes condamnée à materner et un homme que vous pouvez pas rêver de donner à manger à votre tout petit, par exemple certains papas sont heureux que la diversification alimentaire commence pour donner des purées.. Dans l’article on accusé les féministes radicales d’enfermer toutes les femmes dans la case de carriéristes mais vous faites exactement pareil en les enfermant dans la case maternité ! Pour que.tout soit calir jai allaité deux ans, jai arrêté pendant 18mois mon travail pour.moccuper de mon fils et cela ne fait pas de moi une meilleure mère que ma collègue qui est retourné le travailler biberon en poche, jai simplement fait le choix égoïste de privilégié mon enfant au profit d’une carrière qui n’était pas spécialement épanouissante.. Évidemment il est normal que j’ai été défavorisée dans ma profession par rapport à elle..

  17. J’aurai bien aimé lire ton article jusqu’au bout, mais j’avoue que je me suis étranglée quand j’ai vu que tu as un peu tout mis sur le dos du féminisme… mais non, l’histoire de notre pays, les transmissions de mère en fille comptent bien autant que les discours féministes d’une époque… et dans notre histoire, en France surtout, il était courant de « mettre les enfants en nourrice « , et ça dès le XIX eme , dans toutes les couches de la société, et même chez les ouvrières aussi, et à cette époque, le féminisme n’était pas un courant d’idée reconnu comme aujourd’hui ou au XXe. Les femmes pensaient même à la campagne qu’elles n’avaient pas toutes assez de lait. Par la suite, avec l’arrivée du lait industriel ( et les visiteurs médicaux ou démarcheurs allaient voir les médecins) , les médecins ont en fait découragés les femmes car ils ne maîtrisaient pas le processus et finalement, conseillaient souvent le biberon même s’ils disaient dans leur livre ou en société que l’allaitement, c’était bien… là, où l’allaitement a perduré le plus, ce n’est pas lié au féminisme , mais au fait que ce soit les femmes qui se conseillaient entre elles ( en Australie, où il y avait des groupes…. et maintenant il y a la Leche League)… attention à ne pas récrire l’histoire avec un certain point de vue..

  18. Bonjour,
    Merci pour cet excellent article !
    Suédoise d’adoption je te propose une petite correction : le congé parental de plus d’un an (480 jours pouvant être pris jusqu’au 8eme anniversaire de l’enfant) est à partager entre les deux parents et est rémunéré à hauteur de 80% du salaire. L’autre parent doit en prendre minimum 3 mois pour avoir dees droits pleins.
    Voilà !

  19. Bonsoir , vraiment génial ton article, je suis jeune maman de 24 ans qui allaite mon fils encore à 2,5 ans et j’ai énormément de gens qui me disent que c’est trop long etc certains trouvent ça indécent etc..
    Ton article ma vraiment émue et je vais continuer à chercher ce genre d’article car ça m’intéresse, pour mon travail de fin d’étude ( je suis étudiante en graphisme ) et je cherchais un thème du féminisme à exploité et figure toi que l’allaitement a été une grande source de conflit entre le papa de mon fils et moi surtout qu’il ma quitter après la naissance car je ne voulait pas lui laisser le petit tout seul un wk pour le balader de bras à bras, il n’a jamais vu l’allaitement que comme une escuse pour moi de garder mon petit pres de moi car pour lui je ne pensais qu’à moi.. triste ironie tu me diras.. mon petit cœur est remplis d’injustice depuis un certain temps à cause de ces hommes qui pensent tout mieux savoir et qui veulent prendre la place de la mère comme si le père était consu pour remplacer la mère…. bref..

    Ça me ferait très plaisir de pouvoir échanger avec toi sur le sujet !

    Au plaisir et merci pour ton article !

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