Pour les Vacances des Vendredi Intellos, j’ai voulu me consacrer à la lecture d’un Ghest de janvier 2012 : Retour sur allaitement et féminisme, au delà du conflit.

Pourquoi ? Parce que je suis en plein dedans. Une femme ne perd pas de sa féminité, de son envie de séduire parce que toutes les 2h elle offre son or blanc à son enfant.

Allaiter c’est encore plus être femme. Etre mère, c’est être une femme avec un grand plus : plus d’endurance, plus de réactivité, plus de créativité, plus de patience, plus de remise en question, plus d’amour, plus de « vouloir bien faire les choses », plus d’organisation, plus d’heures de travail non rémunérées. 

Une femme qui allaite et qui a envie de rester féminine, met juste plus de temps pour choisir THE robe qui sera assez pratique pour sortir le nibard en toute discrétion quand l’enfant réclamera son dû. Et oui, nous nous habillons plus souvent avec des robes ou des blouses décolletées que des pulls cols roulés. Avouez, c’est quand même super féminin.

La première partie de ce Ghest sur lequel je me suis penchée, parle surtout de l’Histoire de la Maternité, des codes de société selon les époques.

Maya Paltineau, jeune chercheure préparant actuellement une thèse de doctorat à l’EHESS, en sociologie de la maternité.

L’allaitement a été souvent accusé de brider la liberté des femmes, et de leur imposer la domination masculine. Tout au long des derniers siècles, on a fait et refait le procès de l’allaitement, notamment au nom des droits des femmes, et de ce qu’on a appelé le féminisme.

Aujourd’hui, le débat s’ouvre sur ce dernier point : on cherche à comprendre si l’allaitement est réellement une entrave à l’émancipation féminine, ou si, à l’insu de ce que l’on a pu affirmer dans les quarante dernières années, il peut être une forme de féminisme.

Alors que c’est un acte naturel, la loi des hommes a encore eu besoin de venir mettre son cheveux dans le lait. Parfois j’ai juste envie de m’écrier : « Mais de quoi je me mêle ? » (en langage poli).

J’ai également réalisé un article sur l’Histoire de l’Allaitement, j’ai été assez étonnée du fait que comme pour l’Education, l’Allaitement a suivi des modes, des dictats. Ma question est alors  » pourquoi quand on voit que quelque chose est bon, voulons-nous sans arrêt le modifier ? » , l’Allaitement est l’aliment le mieux adapté pour l’enfant, et parce que certaines mères se sentiraient cloîtrées chez elle, alors il aurait dû être relégué ?

Mais vous savez, j’ai connu des enfants nourris au biberon qui ne juraient que par leur propre maison ! Tout ceci ne relève absolument pas du fait que l’enfant est nourris au sein, ceci relève du caractère de l’enfant. Un enfant n’est pas l’autre. Ma fille adore aller à droite et à gauche, je ne me suis jamais sentie cloîtrée chez moi alors que j’allaite depuis bientôt 15 mois. A contrario, je connais une maman dont la petite fille ne jure que par ses pénates. Mais encore une fois ce sont deux petites filles totalement différentes. Car de toute façon que la maman aie donné un biberon ou aie allaité, la petite ne supporte pas l’extérieur, et donc pour que la maman puisse sortir de temps à temps, elle devrait faire appel à une babysitter. Tout ceci donc n’est pas dû au fait que l’enfant est allaitée, mais bien parce que la demoiselle à un caractère plutôt casanier.

Les féministes françaises du XIXe siècle étaient tout à fait favorables à l’allaitement maternel. Elles le percevaient comme un « devoir maternel » et comme une « question vitale de notre pays ». Elles luttaient contre la mise en nourrice, et revendiquaient leurs propres droits à allaiter leurs enfants. L’une d’entre elles, Marie Béquet de Vienne, féministe franc-maçonne, a même crée en 1876 la Société de l’Allaitement Maternel, qui fut intégrée à la Fédération française des sociétés féministes. Les journaux féministes parlaient de « ressusciter la maternité intégrale », montrant à quel point l’allaitement maternel était important dans leurs programmes de lutte.

En Mongolie, allaiter est un devoir pour les femmes, elles forment les futurs lutteurs du pays. L’allaitement donne des garçons costauds, et plus ils sont allaités longtemps, plus ils seront forts.

Mais dès fin du XIXème siècle, la tonalité du discours changea, faisant du nourrisson un patient de la médecine moderne, et des soins de la petite enfance une affaire de santé publique. L’allaitement a commencé à être régulé et contrôlé par les médecins et par l’Etat. De plus, la croissance urbaine et le développement du travail des femmes ont réduit le nombre de mères élevant leur nouveau-né. Et dans les familles aisées, les obligations mondaines empêchaient le maternage, et rendaient l’allaitement difficile.

Et voilà, la médecine c’est bien ok, ça soigne des maladies, on meurt plus d’une grippe et tout ça, mais bon hein, crotte de bique quand même. Tout quantifier, contrôler, ça empoisonne l’existence. C’est pour ça que beaucoup de jeunes mamans primipares qui décident d’allaiter mais sous des horaires de « biberons » laissent rapidement tomber. Déjà allaiter ça veut dire qu’on suit les « vagues » des demandes naturelles. Genre, quand tu dois faire pipi, tu regardes pas l’heure en te disant « oh bah, non, je doit encore attendre 30 minutes, j’peut pas faire pipi. ». L’allaitement c’est le même principe. Quand tu dois faire pipi, tu vas faire pipi non ? Hé bien, quand le bébé a faim, on lui offre le sein. Toi tu manges bien tout le long de la journée, lui aussi.

Mais bon, voilà, à cette époque ils tentaient de trouver la raison de la forte mortalité infantile, on peut pas leur en vouloir de ça. Et comme la science avait un relent de positivisme à ses portes, ils s’en sont donné à coeur joie.

“Entre les deux guerres, les féministes françaises ont mis la maternité et l’allaitement au cœur de leurs préoccupations, luttant pour la reconnaissance de « la maternité, fonction sociale » (Henriette Alquier)”.

Je vais mettre ça dans mon CV : de 2011 à ce jour > Fonction : Mère. Cela fait plaisir de lire « fonction sociale », ça redonne de la fierté, ça nous donne une petite place dans la société quand on croit que les Mères au Foyer sont juste là pour dépenser les sous du maris.

En 1970, il y eu de grands bouleversements féministes, tout ce que les féministes prônaient concernant la maternité fût renversé :

Ces courants féministes plaçaient l’accent sur une vision égalitariste du féminisme. Ce sont des concepts essentialistes, prônant la reconquête par les femmes de leur corps, et cherchant à prouver que la femme est l’égale de l’homme sur tous les points.

Ces mouvements ont eu un profond impact sur la société française, apportant un lot de victoires et d’améliorations de la condition féminine. Mais l’allaitement maternel en a inévitablement fait les frais : en 1972, les Françaises n’étaient plus que 36% à allaiter en maternité.

Si c’est pas d’une morne tristesse ça…

Elles mettent en avant l’émancipation de la femme. Mais bon, soyons sérieux, toute femme se sent émancipée quand elle est libre de ses choix je pense. Emancipation, et jugement , ce n’est pas pareil. Les féministes de cette époque ont encore plus enfermé les femmes dans un carcans genre si tu allaites, t’es faible, faut te faire violence, et garde tes seins pour toi, ne fais pas de gosse non plus tiens, parce que sinon là, t’es certaine d’être encore plus faible. Non, faut que tu deviennes un homme, les hommes ça porte pas les enfants.

Imaginez ces pauvres femmes, qui avaient envie d’avoir des enfants, avaient envie de rester quelques années à la maison le temps qu’ils entrent à l’école, avait envie de les allaiter, imaginez ces pauvrettes sous le joug des féministes des années 70 ! Pas étonnant qu’on m’ait dit qu’allaiter aussi longtemps c’était grabataire ! En effet, si les personnes de 2011 ont encore avec les idéaux féministes des années 70 dans la tête, c’est certains que je suis l’anté-féminisme absolu.

Le féminisme scandinave a eu l’effet inverse de ce que nous avons observé en France. Il s’agit d’un féminisme que l’on peut qualifier de différentialiste : il se base sur les différences biologiques entres les hommes et les femmes pour revendiquer la force de chaque genre. Ce type de féminisme fait de l’allaitement maternel un atout de la condition féminine, et le système social des pays scandinaves permet de le mettre en valeur comme une pratique enrichissante, normalisée, au lieu de le présenter comme une pratique marginale et dangereuse pour l’égalité homme-femme.

En effet, notre force à nous les femmes, c’est de créer la vie, l’abriter EN notre sein pendant 9 mois, donner la vie et la nourrir A notre sein pendant 6, 9, 12, 24 mois et plus si affinité. Cela fait de nous des guerrières de la vie, nous avons droit de vie et de mort sur l’Humanité !!!

Oui, bon, ok. J’y vais un peu fort. Un peu.

Toutes les mamans allaitantes connaissent la Leche League. Mais saviez-vous que c’était une organisation féministe ? Moi pas, je viens de l’apprendre.

L’allaitement est une forme de militantisme pour le droit des femmes, en ce sens qu’il permet aux femmes d’affirmer leurs décisions individuelles, de se réapproprier leur corps, et de prendre confiance en elles et en leur pouvoir en tant de mères. Les membres de la Leche League ne sont pas des femmes passives, subordonnées à leurs maris ou à leurs enfants. Ce sont des femmes qui prennent leur vie en main, et qui n’ont pas peur d’affirmer leur opinion (et le sujet controversé de l’allaitement n’est qu’un des domaines dans lesquels elles s’investissent)

Donc, ceci est mon corps, il m’appartient. En donnant la vie a MON enfant , j’ai fait le choix de le nourrir de MON sein. Tant que ce duo NOUS convient, je ne vois pas en quoi ça gênerait qui que ce soit.

l’allaitement exige une nouvelle définition du travail des femmes qui prenne en compte de façon plus réaliste à la fois leurs activités productives et leurs activités reproductives

Cette phrase, j’aime.

Le retour de l’allaitement est un bienfait, personnellement ça fait super plaisir de voir que de plus en plus de bébés reçoivent cet or blanc. Les industries pharmaceutiques qui ont voulu bien faire en proposant des préparations infantiles, n’ont pas été capable de calculer les tords que ça pourrait faire sur les générations futures : allergies, faible immunité, excès de poids, et j’en passe. Ils tentent de trouver des formules aussi bonnes que le lait maternel. Mais il n’y aura jamais rien de meilleur que le naturel.

D’ailleurs, chassez le naturel, il revient au galop.

Sur ce, je vous souhaite bonne lecture.

 

Dame Praline.