J’aurai mis le temps à le lire, depuis des années qu’il me fait de l’œil (sorti en 2007). Voilà c’est fait, merci la médiathèque de ma petite ville de province (moins de 22000 habitants en 2010) ! J’aurai pu m’en passer mais ça aurait été dommage de ne pas l’avoir lu, surtout qu’un après-midi au soleil, ça ne se refuse pas tellement c’est agréable !

Lire No Kid c’est un peu comme regarder le spectacle Mother Fucker de Florence Foresti et rire plus ou moins jaune de situations traversées plus ou moins dignement.

J’ai passé un bon moment à me demander, souvent, si j’avais bien eu un enfant…à mon avis je souffre d’amnésie chronique et du syndrome du poisson rouge (ceux qui ont lu le livre comprendront).

Un extrait :

« Le bonheur qu’on souhaite aux enfants, et qu’on leur promet, est une drôle de chose. D’abord, nul ne sait ce qu’est le bonheur. Est-ce le bien matériel? La réussite sociale? De la picole et des partouzes? A chacun de répondre comme il peut, car personne ne sait. Le bonheur est apparu au moment des Révolutions française et américaine, et est même inscrit comme droit dans la constitution américaine. « Le bonheur, une idée neuve en Europe », disait Saint-Just; ce quie st sûr, c’est qu’il est un produit de la démocratie, de la massification des modes de vie, et que chacun pense avoir droit à une part du gâteau. Dans un monde d’incertitude, pour reprendre la formule consacrée par les futurologues, il est normal de vivre dans le présent et de se regarder le nombril, c’est ce que Michel Onfray conseil à ses nombreux lecteurs.

L’expansion du mot a longtemps été soutenue par le progrès, puisqu’on croyait que le lendemain chanterait davantage que le présent. Mais aujourd’hui, promettre le bonheur à un enfant est la preuve d’une mauvaise foi caractérisée. Je ne vais pas vous faire un petit couplet sur l’état de la planète, mais il n’y a pas de quoi se réjouir. Trou dans la couche d’ozone, réchauffement climatique, ressources maritimes et forestières surexploitées, nous voilà bien. Et surtout vous voilà bien, vous les générations futures, car c’est vous qui aller payer l’addition. On vous refile un bâton merdeux, débrouillez-vous avec, et dites merci: vox parents ont tout fait pour que vous soyez heureux. Certes, ils n’ont pas essayé de changer le monde: ils étaient trop occupés à changer vos couches.

Les parent se démènent pour le bonheur de leurs enfants. Heu-reux. En fait les parents ne promettent pas le bonheur aux enfants, ils l’exigent d’eux. « Sois heureux » est une injonction féroce et obscène, à l’image du surmoi décrit par Freud, qui à la foi donne des ordres et impose de jouir. Jouir, déjà, c’est suspect: dans un système capitaliste, toute liberté aboutit toujours au même point, l’obligation universelle de jouir et de se donner en jouissance. « Profite de la vie, jouis, mon fils » est une injonction piégée. Car le parent dit en même temps à son enfant: « Fais pas ci, fais pas ça, fais plaisir à tes parents. » Si quelqu’un vous assure qu’il ne veut que votre bonheur, méfiez-vous, car cette personne va forcément se sentir en droit de vous sermonner, vous donner des conseils, et tenter de vous faire faire ce que vous ne souhaitez pas. C’est du reste pour cette raison qu’éduquer est une mission toujours vouée à l’échec, … »

Ce que j’en pense ? « Réquisitoire drôle et excessif » me semble très bien résumer ce bouquin.

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