Le marché de la procréation artificielle

Le magazine L’écologiste a publié dans son numéro de septembre un excellent article sur le marché de la procréation artificielle, partageant des données chiffrées et un point de vue humaniste que j’ai vivement apprécié. En voici quelques extraits qui parlent d’eux-mêmes :

echographie truieSur le site de la société Egg Donation, un contrat de vente d’ovocyte coûte environ 20.000 dollars plus les frais d’avocats. « Et si toutes les jeunes filles du site assurent qu’elles font don de leurs ovules dans un but humanitaire, pour aider des couples en détresse, la fournisseuse percevra néanmoins entre 5 et 10.000 dollars ».

Des entreprises font du « sperm business ».

L’industrie « extrait » et « exploite la matière première reproductive ». Entendez par là sperme et ovules.
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« Le don d’ovocyte n’a rien d’une partie de plaisir : il suppose d’abord un blocage des ovaires grâce à un traitement spécial (leuroprolide) qui peut provoquer des effets secondaires, comme la tachycardie ou la baisse de densité osseuse. On pratique ensuite des injections quotidiennes pendant au moins dix jours pour stimuler les ovaires et produire suffisamment d’ovocytes (une femme n’en délivre normalement qu’un par cycle). Ce traitement est dangereux puisqu’il est capable de provoquer un syndrome d’hyperstimulation ovarienne (OHSS) dont les formes peuvent être légères, mais aussi sévères, voire mortelles. »
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echographie truie« Les femmes qui subissent ce traitement à des fins personnelles, pour augmenter une fertilité insuffisante ou dans le cadre d’une fécondation in vitro, ne cherchent pas à obtenir plus de 7 ou8 ovocytes, mais celles qui vont vendre leurs cellules à Kiev ou à Chypre savent qu’elles auront droit à une prime si elles produisent davantage. »
« A cela s’ajoutent les prises de sang et échographies que doit subir la fournisseuse, avant le prélèvement, réalisées sous anesthésie locale ou générale. »
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« Le travail [des banques de gamètes] consiste à acheter à bas prix les matières premières reproductives qu’elles revendront à prix d’or. »
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« Aux États-Unis, le prix d’un ovule varie aujourd’hui entre 2.500 et 50.000 $, en fonction des critères : âge de la fournisseuse, nombre de grossesses ayant déjà fonctionné avec ses ovules, nombre d’ovules produit à chaque stimulation ovarienne, couleur de peau, profil génétique, antécédents médicaux, origine sociale, caractéristiques physiques, résultats aux tests de QI et niveau d’éducation. »
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« Un prolétariat contraint de vendre, non plus sa force de travail, mais les produits de son corps. Dans la Roma antique, on appelait prolétaire celui qui n’avait que ses enfants, proles, pour seule richesse. »
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Fresque - Kerala, Inde

Fresque – Kerala, Inde

« Ce sont les pays du Tiers-Monde, l’Inde en tête qui fournissent les plus importants contingents de ce nouveau prolétariat. »

 

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« On sait que de jeunes françaises […] traversent la frontière pour aller vendre leurs ovocytes en Espagne. »

 

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« On trouve plus d’une centaine [de centres de reproduction humaine] en Espagne, plus d’un millier en Inde. Et comme toutes les industries du secteur secondaire, mondialisation et concurrence internationale obligent, l’industrie du bébé délocalise dans les pays pauvres. »

 

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« A eux-seuls, les Français [qui représentent 10% de la clientèle du pays] rapportent à l’ensemble des cliniques spécialisées espagnoles un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros. »

 

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« [L]a fécondation in vitro ouvre la voie au design industriel de l’enfant. […] Ayant obtenu plusieurs embryons par fécondation in vitro, le biologiste les soumet à un diagnostique pré-implantatoire, un test génétique permettant de choisir celui ou ceux qui seront implantés. Les perspectives de croissance pour les sociétés spécialisées dans le décodage du génome et la sélection des embryons sont énormes ; et le design de l’enfant parfait, assurément le créneau le plus porteur de l’industrie du bébé. »

 

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Fake-Pregnant-Belly

Faux ventre en silicone permettant de tromper son entourage. Selon la société qui vend ce produit, il permet à la femme qui prétend être enceinte de tromper jusqu’à sa propre mère…

Dans la banlieue chic de Los Angeles, le Fertility Institue […] fabrique chaque année 800 bébés par fécondation in vitro. Parmi eux, 700 ont des parents parfaitement fertiles. Ces riches américains ont préféré recourir à la FIV et au diagnostic pré-implantatoire afin de garantir les meilleures caractéristiques génétiques à leur progéniture. Et accessoirement de choisir le sexe de l’enfant. »

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« L’enfant sur catalogue.
L’eugénisme libéral. »

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« En Inde, […] la fécondation in vitro avec une donneuse indienne coûte 7.500 dollars américains, contre 18.500 si vous choisissez une donneuse de type caucasien.

C’est en Inde aussi que vous trouverez les tarifs les plus compétitifs sur les mères porteuses. « Les Indiennes louent leur corps entre 1.300 euros et 7.000 euros, et la facture totale pâyée par les étrangers se situe entre 10.000 euros et 25.000 euros. »

 

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« [Dans une clinique indienne], beaucoup [de femmes] attendent des jumeaux, car, pour augmenter les chances de succès, on implante souvent deux voir trois embryons – quitte à procéder ensuite à une « réduction embryonnaire » selon le désir du client.

Comme les futures parents souhaitent souvent être là le jour J, la délivrance passe fréquemment par une césarienne. »

 

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« Des études indépendantes révèlent les conditions sociales et économiques de la plupart des mères porteuses : elles sont pauvres, pour beaucoup illetrées et bien en peine de défendre leurs droits en cas de problème (changement d’avis des clients, enfant handicapé, avortement spontané, complications de grossesse). »

 

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« Dépassées par l’ampleur du phénomène, les autorités indiennes n’ont rien trouvé de mieux récemment, pour réguler le marché des mères porteuses, que d’interdire la GPA aux célibataires et aux couples homosexuels. Sur place et à l’étranger, des associations de défense des homosexuels s’offusquent. […] Halte à la discrimination ! Les homosexuels riches aussi ont le droit d’exploiter les femmes du Tiers-Monde. »

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Dans un précédent article, j’invitais à consulter les sources suivantes sur le sujet :

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Ce sujet me rappelle l’excellent article du blog Peuvent-ils souffrir dans lequel l’auteur parle des expériences d’utérus artificiel mené notamment sur des femmes à leur insu. Lien direct vers la vidéo citée par Peuvent-ils souffrir ici.
De Chair et de Lait

Vous retrouverez cet article sur mon blog.

21 réflexions sur “Le marché de la procréation artificielle

  1. Merci beaucoup de ta contribution. Tu abordes un sujet complexe aux très nombreux aspects et qui mériterait qu’on y revienne plus souvent sur les Vendredis Intellos.
    La question de la gestation pour autrui, celle d’une façon plus générale de la marchandisation des produits issus du corps humain, celle de l’exploitation des pays pauvres par les pays riches également car je pense au fond que c’est là dessus que repose finalement le plus gros problème éthique. Car au fond d’une façon sans doute un peu provocatrice, je m’interroge:
    Pourquoi l’exploitation des pays pauvres nous semblerait-elle plus scandaleuse lorsque nous parlons de vente d’ovocytes et de mères porteuses que lorsque nous parlons de ces personnes qui meurent pour avoir travaillé dans des conditions sanitaires et humaines catastrophiques pour nous avoir produit à bas coût un jean dernier cri qui nous durera à peine le temps d’un hiver?

    • Oui, je me suis fait ce parallèle aussi. A l’heure où l’on parle « commerce équitable » (hélàs loin d’être établi), comment peut-on cautionner une forme d’esclavagisme moderne subi par des femmes pauvres qui louent leur corps pour survivre ?

      • Justement, je me demande si on ne s’insurge pas contre ces questions de vente d’ovocytes et de gestation pour autrui pour d’assez mauvaises raisons en fait. Il est probable (je dis bien probable, car je ne suis pas spécialiste de la question) que les femmes qui vendent leurs ovocytes ou proposent des GPA sont médicalement moins en danger que celles qui travaillent dans l’industrie textile (souvent sous traitée, avec produits très dangereux, aucune législation du travail, etc…) pour la simple et bonne raison que les futurs parents (issus de pays « riches ») ont besoin de garanties sur l’état de santé de l’enfant, donc de fait de la mère aussi. Par ailleurs, les rémunérations sont beaucoup plus importantes car l’objectif visé n’est rien de moins que la naissance d’un enfant.
        Ma question devient donc: pourquoi s’insurger tant contre cette pratique spécifiquement, relativement plus sécuritaire et plus dignement payée, que n’importe quelle autre pratique impliquant l’exploitation des pays pauvres par les pays riches?
        Bien sûr, on peut répondre qu’il n’y a pas à mettre de priorité dans ce cas, que tout étant scandaleux, tout mérite qu’on s’indigne. Bien sûr. Mais quand même. Je lis énormément d’indignation face à la marchandisation liée à la procréation comparativement aux autres marchandisations …

        • Je me fais exactement la même remarque que vous sur une forme d’indignation à géométrie variable….
          Dans beaucoup d’argument abolitionniste, nous retrouvons régulièrement les mêmes arguments. Celui-ci fait le relais aux arguments utilisés jadis contre l’adoption, puis l’adoption international, mais aussi contre le mariage mixte aux USA et finalement l’IVG.
          Je crois qu’il serait temps de réguler plutôt que d’interdire. La prohibition existe dans l’histoire de l’humanité, et encore aujourd’hui, avec des résultats plus que discutables.
          L’interdiction de la GPA en France a quel résultat ? Elle se pratique ailleurs, l’enfant est adopté au regard de la loi de l’autre pays et désormais, la France et sa justice se doivent de reconnaître cet adoption pour le bien de l’enfant, même si les parents ont fauté (en droit français).
          Donc finalement, tous ces arguments qui veulent, selon moi, uniquement d’un point de vue « moral », interdire la GPA ne valent rien. Interdire parce que ce n’est « pas bien », ça ne vaut rien. Il fut un temps, où certaines personnes payaient une femme pour nourrir le leur, en abandonnant le sien quelque part. La morale était sauve en ce temps, sans que ça ne pose problème à personne. Les nourrices d’hier sont devenues les nounous d’aujourd’hui (sans le coté nourrice avec ses seins), mais quelque part, nous perpétuons aussi cette tradition.
          Je veux juste illustrer le coté presque hypocrite d’argument qui disqualifie une pratique, un individu parce que ce serait bien (aujourd’hui), plutôt que de s’interroger vraiment et de sortir d’une morale pesante et sclérosante.
          Je ne sais pas tout, mais je sais que j’aime discuter…

          • Ma réaction à vos deux commentaires est qu’effectivement c’est toujours les plus pauvres qui trinquent le plus. Dresser une échelle du plus acceptable dans l’immoral serait aussi une aberration. Personnellement, cet article de L’Ecologiste me rappelait cet immeuble du Bangladesh qui s’est écroulé sur les employés d’une usine textile. A priori aucun rapport et pourtant. L’histoire de l’immeuble au Bangladesh a pourtant été à mon sens abondamment relayée. Mais ce qui est sûr, c’est que les occidentaux de façon générale n’ont aucune idée de ce qui se passe dans les pays du Tiers-Monde où sont fabriqués les « produits » qu’ils utilisent. Je l’ai moi même vécu à diverses reprises, notamment en me rendant chez un fournisseur chinois de l’entreprise pour laquelle je travaillais à une époque, probablement comparable à l’immeuble du Bangladesh. Même en France, mes collègues responsables de ce fournisseur n’avaient jamais eu la curiosité d’aller y mettre les pieds ! Alors que dire des utilisateurs finaux… Nous portons tous notre responsabilité de ce qui se passe, dans notre travail et dans notre vie quotidienne. Voilà pourquoi moi qui m’intéresse au commerce « équitable », je ne peux cautionner les mères porteuses payées au rabais pas plus que le travail des enfants, les salariés (et même de nombreux français sont concernés) qui respirent des produits chimiques, et de façon globalement les entreprises qui ne respectent aucune norme sociale et environnementale.

            • Je me refuse a avoir une position hyper tranchée sur une sujet sociétal comme celui-ci. J’ai juste fait remarqué que les arguments ne changent pas, et que finalement, même si je ne le dis pas clairement, l’objectif pour moi est toujours le même, c’est la femme. Il fut un temps pas si lointain où seule la contraception était illégale. Aujourd’hui non. Il fut un temps encore moins lointain où l’IVG était un crime. Aujourd’hui non. Il fut un temps où certains couples ne pouvaient avoir d’enfants, la PMA leur permet aujourd’hui. L’humain devrait surtout se poser les questions du pourquoi, plutôt que du comment.
              Pourquoi l’humain permet-il l’exploitation de l’humain par l’humain ?
              Pourquoi l’humain consomme-t-il pour avoir un sentiment d’existence ?
              Pourquoi l’humain en situation de crise est-il si prompt à la « morale » ?
              Pourquoi l’humain devient-il intolérant et binaire quand les temps sont durs ?
              Pourquoi l’humain ne peut-il discuter de rien sans arriver à des extrêmes ?
              Pourquoi l’humain est-il si doué pour mettre en place le nécessaire à sa propre destruction ?
              Pourquoi l’humain est con parfois, surtout quand il ne maîtrise pas tout ?
              Pourquoi l’humain ?
              La GPA n’est pas forcément un esclavage de l’humain par l’humain si les choses sont faites correctement, si nous régulons et contrôlons. Si nous prohibons, alors nous aurons l’esclavage, nous aurons des conditions indignes (pour le dire gentiment) car personne ne pourra réguler et contrôler.
              Les français sont fort en coup de gueule, mais lorsqu’il s’agit de faire plutôt que de parler, alors rares sont ceux qui agissent. Ce sujet en est un exemple frappant parmi tant d’autres. Les tabous de nos sociétés sont si bien enterrés qu’ils refont surface de temps en temps à travers des pseudo-morales qui nous font croire que nous sommes les « bons » ou les « gentils », mais nous sommes faux-culs en fait.
              En interdisant, pour moi, nous renvoyons tout simplement la « faute » sur les autres pays en leur disant « c’est pas bien ce que vous faîtes », et hop, nous avons notre conscience pour nous, mais nous ne faisons rien. Bel exemple pour nos enfants je trouve, bel exemple de moyen-ageux…

              Culpabiliser ne sert plus à rien, ça ne fonctionne plus, il est temps d’agir, d’agir vraiment sinon nous aurons le résultat de nos inactions, et ce ne sera certainement pas beau à voir ni à vivre…

              Mais ce n’est que mon avis…

              • J’aime tes questions et j’aime ton point de vue selon lequel nous « externalisons » nos problèmes, la GPA comme tant d’autres. En plus, je ne savais pas qu’il y a des hommes sur les VI. C’est chouette.

  2. J’en profite également pour rappeler quelques contributions passées sur les VI sur ce thème, histoire de donner envie à d’autres de compléter le propos par leur vision des choses…
    Celle du blog du bonheur: https://lesvendredisintellos.com/2013/07/05/la-gestation-pour-autrui-dun-point-de-vue-ethique/
    Celle de Docnmama: https://lesvendredisintellos.com/2013/03/01/gestation-pour-autrui-se-poser-certaines-questions/
    Celui de Drenka: https://lesvendredisintellos.com/2012/04/13/les-couples-homosexuels-et-lacces-a-la-parente-partie-2-lassistance-medicale-a-la-procreation/

      • Pourquoi?
        ce faisant, elles ne font de mal à personne, même si elles prennent le risque de ne pas réussir à avoir d’enfants (la congélation d’ovocyte ne permet pas nécessairement de réussir une fécondation ultérieure). En tout cas il n’y a pas « marchandisation », donc pas de problème éthique associé en tout cas à mon avis.

        • Effectivement, pour moi non plus on ne peut parler de marchandisation dans ce cas de congélation des ovocytes. Mais pourtant quelque part ça me touche, car ça me semble être une dérive d’un modèle de société qui dit: « Quoiqu’il arrive, vous devez savoir que le plus important, c’est votre travail. Tout le reste passe après, sans exception aucune ». Autant un homme ne peut mettre au monde un enfant, autant pour une femme il en va tout autrement. Certaines femmes décident de ne pas avoir d’enfant, c’est leur choix et tant qu’elles assument, ça ne me pose pas de problème. Autant une grande partie des femmes veulent avoir un (ou des) enfant(s), et là je trouve cette proposition (obligation ?) de congélation assez mal venue. Pour moi, c’est comme si les dirigeants de la-dite société (ou les) proposent un choix qui n’en est pas un. La place des femmes dans le monde du travail n’est pas un long fleuve tranquille, et ceci peut déstabiliser encore plus leur place. En gros, si vous ne décidez pas de congeler, alors nous prendrons quelqu’un d’autre, quelqu’un qui sera prêt à travailler et mettra son désir d’enfant de de fondation d’une famille de côté.
          Nous savons qu’une grossesse tardive est plus à risque, nous savons que dans le monde du travail, passé une quarantaine d’année le chemin de retour est plus dur, et dans ce cas-là, nous ajoutons un pierre à l’édifice du difficile retour à l’emploi.
          Pour moi, la congélation (dans ce cas) est juste un prétexte pour avoir une main d’œuvre jeune et qualifiée pour ensuite pouvoir plus facilement s’en séparer lorsqu’elle sera moins jeune et moins performante (selon les critères de la-dite société bien sûr).
          Et puis, au final, cet « outil » n’a pas été mis au point dans ce but, il ne doit pas servir de variable d’ajustement de main d’œuvre.
          Je ne me place pas sur le plan moral, mais plutôt sur celui de l’éthique voire celui philosophique: quelle société voulons-nous demain ?

          • Je suis bien d’accord avec ce commentaire.
            De toute façon je suis bien placée pour savoir qu’une grossesse tombe rarement bien avec un quelconque plan de carrière. Faire croire à une femme qu’on lui permet de remettre à plus tard son désir d’enfant est une grosse manipulation. Tous comme ceux, femmes compris, qui font croire qu’une mère ne sera pas capable de reprendre son poste après une congé parental.

  3. Bonjour, je découvre ton blog par les suggestions wordpress et forcément je lis l’article sur la procréation artificielle et comme toujours, je suis assez peinée par les termes utilisés dans l’article cité « La fécondation in vitro ouvre la voie au design industriel de l’enfant », « le Fertility Institue […] fabrique chaque année 800 bébés ».
    Comme le nom de mon blog l’indique, je suis en plein parcours PMA, non pas par convenance, ni pour avoir voulu privilégier ma carrière mais parce que je souffre du syndrome des ovaires polykystiques (comme 10% des femmes dans le monde).
    Lire que la FIV ouvre la voie au « design industriel » d’un enfant ou que mon futur enfant, s’il arrive un jour, sera « fabriqué » est assez difficile à entendre.
    Il y a de nombreuses dérives, notamment dans les pays en voie de développement qu’il faut arrêter dans la mesure du possible et pour cela, il faut encourager le don de gamète en France et réfléchir à une GPA éthique et encadrée en France, car il est illusoire de penser que l’interdire en France empêchera les gens d’y avoir recours étant donné qu’elle est autorisée à l’étranger.
    La plupart des couples suivis en PMA souhaitent simplement être parents et se battent pour cela mais ne sont pas prêts à tout comme on peut l’entendre.
    Je vais continuer la lecture de ton blog avec d’autres articles qui me toucheront sûrement moins.

    • Merci La reine de la PMA pour ton commentaire. Je trouve bien que quelqu’un comme toi s’exprime sur cet article qui effectivement n’allait que dans un sens et dans le sens de la condamnation des excès. J’ai eu l’immense chance de ne pas avoir de problème d’infertilité alors forcément, je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas. Aurais-je tenté ce parcours si les choses avaient été différentes ? Peut-être. Toutefois, ce qui m’a interpellée dans cet article, c’est le parallèle avec l’industrie et le marketing, mondes que je connais bien mieux que le milieu médical. Sauf qu’actuellement, ces différentes sphères, tout comme l’industrie de la viande et des produits laitiers (qui est aussi une industrie basée sur le vivant), se rapprochent dans leurs pratiques.

      Cette semaine, j’ai entendu une émission sur France Culture ou France Inter sur la PMA. J’ai été sidérée d’apprendre que les embryons de FIV non implantés sont conservés dans un congélateur. Qu’en cas d’échec, ces embryons peuvent être emmenés à être implantés. Tu vas dire : c’est un autre sujet. Mais cela m’interpelle. Que faire de ces embryons congelés ? Un médecin disait aussi que les futurs adultes issu du -pardonne moi l’expression- du deuxième choix, se demandaient pourquoi ils n’avaient été sélectionnés pour le 1er essai.

      Dans les commentaires, nous avons parlé de l’éthique vis à vis des mères porteuses mais pas de celui vis à vis de ces êtres à naître. Ce qui m’étonne aussi, c’est qu’on parle beaucoup de la vie intra-utérine et des liens que l’on peut avoir avec son bébé avant la naissance. Mais dans le cas d’une mère porteuse, l’enfant naît et on le met aussitôt dans les bras de ses parents adoptifs ? On balaye les neuf mois qu’il vient de passer dans le ventre de sa mère porteuse ? J’imagine qu’il y a des mères qui font une caresse à l’enfant avant qu’il ne parte… Cela me bouleverse.

      • Je ne connaissais pas le sujet de façon très approfondie, la lecture du livre de Genevieve Delaisi de Parseval m’a fait aussi découvrir les embryons congelés, et toutes les questions pour lesquelles la technique est allée plus vite que notre psychologie.
        Mais tant qu’il n’y a pas d’exploitation marchande, que personne n’est lésé, sans doute faut-il améliorer la loi, mieux accompagner les « patients »
        https://lesvendredisintellos.com/2014/11/07/voyage-au-pays-des-infertiles-bibli-des-vi/

      • Concernant les embryons je ne sais pas, mais j’ai eu recours, dans le cadre d’une FIV, à la congélation de sperme. Vous avez « droit » à un certain temps de conservation pris en charge. Au-delà de ce délai, vous recevez un petit courrier vous demandant si vous voulez continuer la conservation, à vos frais bien sûr. N’en ayant plus besoin, je confirme que je ne désire pas conserver le sperme congelé. Ce que l’on m’a dit est assez simple (c’était en 2007 si mes souvenirs sont bons), si vous conservez vous payez, sinon vous ne payez pas, mais une loi de bioéthique nous interdit de les détruire….
        Je ne paye pas et demande quelque part la destruction, mais c’est interdit. J’ai été bien informé, je savais exactement ce qu’il en était et pourtant je trouve la situation absurde. Pas vous ?
        Les politiques ne savent pas quoi inventer des fois pour complexifier des choses simples. Alors que déjà les choses complexes sont complexes, si celles qui sont simples deviennent complexes….

        • Encore une aberration de la législation ! Si je comprends bien, on t’a demandé l’autorisation de ne plus conserver quelque chose qu’il est interdit de détruire ?

          Détruire du sperme ou des ovules ne me pose aucun problème éthique. Par contre un embryon, oui ! Et je l’avoue les conserver dans un congélateur aussi.

          • Je ne comprends pas ton indignation par rapport à la conservation / destruction des embryons. Depuis peu, on vitrifie au stade de blastocyte. C’est à dire un embryon de 5-6 jours, ce qui donne de meilleures chances de succès parce que 50% des embryons environ arrêtent leur développement entre 3 et 6 jours. Avant, c’était entre 2 et 3 jours, c’est à dire entre 4 et 8 cellules. A ce stade, on ne peut pas parler de bébé, et les chances de grossesses sont toujours très basses (de l’ordre de 25% par tentative mais cela varie beaucoup selon les cliniques AMP).
            On choisit les embryons pour leur pronostic d’implantation et de succès de grossesse, c’est à dire la vitesse de division cellulaire, la régularité des cellules obtenues, leur taux de défragmentation (si elles s’abiment). Ca n’a absolument rien à voir avec de l’eugénisme, c’est simplement pour essayer d’éviter de recommencer un autre traitement (lourd et traumatisant) de fertilité pour les parents. Je n’ai jamais entendu parler de personnes se demandant pourquoi elles étaient « un deuxième choix ». Le diagnostique pré-implantatoire dont parle l’article est réalisé dans des conditions très particulières, dans le cas où l’embryon pourrait être porteur d’une maladie génétique au pronostic vital diagnistiquée chez les parents.
            J’ai fait une FIV. 11 ovocytes ont été ponctionnés. 8 ont été fécondés. 6 embryons ont été obtenus. A cette époque on transférait des embryons de 2 jours. On a choisi 2 embryons de 4 cellules, avec des cellules régulières. Mon fils est né de cette FIV. 3 ans plus tard, pour une autre tentative, nous avons décongelé les 4 embryons restant. Sur 4, un avait 4 cellules, un 3, un 2 et un 1. On leur a laissé reprendre leur développement. Les 2 derniers n’ont pas repris. L’un s’est développé en embryon de 8 cellules, et l’autre 6. Ils ont tous les 2 été transférés. Il y a eu une grossesse, mais jai fait une fausse couche à 4 semaines de grossesse. Le taux de réussite pour une FIV avec embryon « frais » était de 20-25%, le taux de réussite avec des embryons congelés était de 12%.
            Il ne me semble pas contraire à l’éthique de faire en sorte d’améliorer ces taux, et d’éviter une nouvelle FIV en utilisant les embryons congelés, étant donné la CLAQUE que constitue un échec en PMA.

            • Lorsque tout est bien encadré, pour moi, il ne peut pas s’agir d’eugénisme.
              La technique évolue, l’éthique doit aussi suivre, je crois que c’est surtout ça le plus important, ainsi que la régulation et le contrôle.
              Permettre à ceux qui ont du mal à avoir des enfants d’en avoir est une chose merveilleuse et elle doit le rester, dans le respect de la dignité humaine.
              Dans mon cas, il s’agit surtout d’incohérences administratives et législatives, une loi venant en contredire une autre. Mais bon, en France, c’est un sport national alors…

              • Merci drenka et Christophe pour vos témoignages et opinions. Je me dis que j’ai la chance de ne pas avoir à me poser la question de la PMA et rejoins l’opinion de Christophe concernant l’encadrement.

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