C’est quoi les « couh potato » ? C’est une expression made in US pour désigner les « pro du canapé », les ados affalés . C’est ce que nous explique Natalie Levisalles dans « L’Ado et le bonobo » :

L’expression a été inventée par les Américains en 1976 précisément. Mot à mot, elle se traduit par « patate de divan » et elle signifie : personne qui passe l’essentiel de son temps en position assise ou allongée, habituellement devant un télévision ou un écran. On pourrait ajouter : vautrée dans le canapé, les pieds sur la table basse, à proximité d’un reste de pizza et d’une canette de Coca;

Un court article du magazine week end du Monde rend compte d’une enquête qui a été publiée le 12 juin par l’Irmes (Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport). Cette enquête rend compte de l’activité de 1100 personnes entre 18 et 64 ans équipées d’un podomètre.

L’article est tellement court que je vous le livre dans son intégralité . Il s’intitule « Bullez jeunesse » par Jean-Michel Normand :

La jeunesse – sa vigueur, son entrain, sa vitalité – est une notion qui a drôlement vieilli. L’étude rendue publique le 12 juin par l’Irmes (Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport) est de celles qui vous plongent dans un abîme de perplexité. De ces recherches menées auprès de 1 100 personnes équipées d’un podomètre, il ressort que le niveau d’activité physique des 18-24 ans approche celui d’un panda. Attention, il ne s’agit pas de sport – malheureux ! – mais tout simplement de se mouvoir.
Chaque jour, les 18-24 ans effectuent 7 277 pas (et encore, on leur a réclamé trois fois d’aller ranger leur pot de Nutella dans la cuisine) contre une moyenne de 8 184 pour l’ensemble de la population. Les juniors bougent à peu près autant que leurs grands-parents (7 136 pas pour les 65-75 ans) et bien moins que leurs parents.

C’est donc officiel : la couch potato (« patate de canapé ») made in USA, scotchée à l’écran de son ordinateur, a traversé l’Atlantique. Le spectacle de cette génération littéralement atterrée devrait inciter les publicitaires à réviser les poncifs du jeunisme qu’ils nous servent à longueur de spots.

10 000 PAS PAR JOUR

Quant aux revues pour troisième âge, elles devraient assumer leur lectorat et cesser de mettre à la « une » des quadragénaires. Pourtant, le premier moment de stupeur passé, cette statistique mérite peut-être d’autres lectures. D’abord, le problème est général. Le niveau d’activité recule pour tout le monde et 75 % des Français n’atteignent pas les 10 000 pas par jour, seuil jugé souhaitable.

Et puis, demandons-nous ce qui pourrait bien pousser les 18-24 ans à se lever comme un seul homme. La société française, dont plusieurs chercheurs pointent qu’elle fait exploser les inégalités de générations, les amène plus souvent à faire les cent pas dans l’attente d’hypothétiques employeurs qu’à s’élancer à petite foulée vers une prometteuse carrière professionnelle. De quoi, parfois, avoir envie d’aller se recoucher.

Et oui, lorsque l’enfant grandit, oublié le petit qui gigote tout le temps, l’enthousiaste toujours content d’aller se balader en forêt.

Passé 12 ou 13 ans, son activité préférée est de se vautrer dans un fauteuil ou dans un canapé, au pire avec une console de jeu, au mieux avec une BD.

C’est la fameuse position à 127° aussi décrite par Natalie Levisalles dans le livre l’ado et le bonobo :

Cette position « vautré sur le canapé/pieds sur la table/coussins sous les coudes », c’est la position proche de la « gravité zéro », la position neutre calculée par la NASA pour les sièges d’astronautes, avec un angle de 127 degrés – précisément – entre le dossier et l’assise. Cet angle est aussi celui des sièges de la classe business d’Air France, appelée pour cette raison « classe 127 ». (La « classe 180 », allongée, c’est la première classe bien sûr). Cette fameuse position a été brevetée par Jerome Congleton, l’inventeur du siège « permettant au corps d’assumer une posture neutre », pour les microchirugiens qui ont besoin de pouvoir maintenir une position assise et une parfaite précision des gestes pendant de longues heures et sans fatigue musculaire

Et là, je vois que nous sommes des parents indignes, parce que pour l’instant les temps journaliers d’écran sont encore très réglementés pour nos ados à la maison.

(Quant à manger de la pizza et boire du coca devant la télé : là il ne faut même pas y penser.Il y a bien une tolérance au Breizh Cola , à raison d’un verre par jour-compromis convenu avec notre fils pour qui une vie sans coca ne vaut pas la peine-, et une pizza les soirs de grosse flemme, quand comble de la tentation, le camion de pizza stationne devant notre porte.)

 

Du coup, ils sortent retrouver leurs copains du voisinage. Mon fils la plupart du temps avec un ballon ou sa trottinette, ma fille étant plus dans la déambulation papotatoire avec ses copines, mais ne dédaignant pas le jeu de ballon selon l’occasion.

Et je suis sûre qu’ils marchent beaucoup plus que moi.

Ami lecteur(trice), je ne sais pas si tu as tenté le mesurage du nombre de pas par podométrie : moi oui.

Et malgré mes ascensions appliquées des étages par l’escalier , je plafonnais dans les 8000 pas par jour les jours de bureau, et je n’ose pas dire le chiffre les week ends !

Je dois faire mieux depuis que mon bureau a été déménagé dans une aile de notre site un peu plus éloignée de mes interlocuteurs usuels : les réunions me sauvent, à condition que je ne fasse pas de téléconférence !

Mes enfants quant à eux font entre 5 et 7 heures de sport par semaine,  rentrent en bus le soir, vont à la bibliothèque, à l’école de musique à pied ou en trottinette : je ne peux pas lutter.

Sommes-nous à ce point peu représentatifs ?

Ou faut-il se méfier des études et des généralisations ?

Quand le journaliste Jean-Michel Lenormand commence son article par « La jeunesse – sa vigueur, son entrain, sa vitalité – est une notion qui a drôlement vieilli », il exagère tout de même un peu, surtout s’il compare aux couch potatos, qui datent tout de même de 1976 ! Pour mes enfants, c’est comme la guerre de cent ans pour nous.

A vrai dire je suis plus inquiète pour nous, lorsque  nous sommes englués dans notre vie de bureau, et nos emplois du temps bouffés par le « trajet – boulot- maintenancemaison – parentage ».

Que faire ?

Coupons les écrans, laissons nos enfants sortir et prenons soin de nous !

(et jetons la balance et le podomètre)