« Quand l’ado boit, son cerveau trinque », c’est le titre d’un article paru dans le dernier « Cerveau et Psycho », signé O. Pierrefiche (professeur, chercheur en neurosciences), F. Gierski  (maître de conf. en neuropsychologie, chercheur au C2S)et M. Naassila (professeur de physiologie). J’adore cette revue, j’en ai déjà parlé pas mal par ici.
La période sensible de l’adolescence a largement été abordée ici sur les Vendredis Intellos : je vous laisse les retrouver tous, avec le tag « Adolescence » (suivez ce lien).
Personnellement, j’avais fait la chronique d’un ouvrage passionnant et riche (« Mon ado me rend fou« ) dans lequel, l’auteur insistait beaucoup sur l’importante réorganisation au sein du cerveau de l’ado ce qui explique pas mal de choses.

« Tout cela nous aide à comprendre, que cette croissance « cérébrale » (avec un câblage qui n’est pas encore bien opérationnel)  peut se traduire par d’imprévisibles modes de pensée… où la réaction dépasse le jugement comme dans la petite enfance et que bien souvent cela s’accompagne de souffrance. »

 J’avais bien noté également une préoccupation de l’auteur pour un environnement préoccupant pour tous ces jeunes en plein maturation. L’auteur nous explique que le monde a changé depuis quelques années et offre à nos adolescents en quête de réponses, des moyens plutôt dangereux d’y faire face dont les drogues (avec en numéro 1 l’alcool qui fait des ravages) et l’auteur de s’inquiéter des parents qui parfois, banalisent la consommation d’alcool, pensant qu’elle impactera moins que des drogues dites plus dures.

Bref, cet article de Cerveau et Psycho (numéro de Mai 2016) fait écho et complète ce que j’avais pu comprendre dans le bouquin. Et, mère d’un ado qui ne pose aucun problème – pour l’instant-, j’aimerais tout de même partager avec vous les grandes lignes de l’article.
Je vous livre cela de façon très synthétique.

beer

La consommation d’alcool chez les jeunes (un sujet traité aussi ICI) est en perpétuelle augmentation (à un âge de plus en plus avancé), jusqu’à la pratique très prisée du « binge express » ou la cuite en deux temps trop mouvements, parfois avec des alcools « forts » et parfois aussi, de façon très fréquence.

« Sans toujours savoir que cette pratique va causer bien plus de dégâts du fait de la rapidité d’absorption ».

L’impact de cette cuite rapide est en cours d’étude… On s’y intéresse de près.

La communauté scientifique internationale lance des programmes de recherche sur le « binge drinking » que ce soit chez l’homme ou chez l’animal. Ces études scientifiques … tentent de lever le voile sur les effets de l’alcool chez le jeune, non seulement à court terme (pendant l’adolescence), mais aussi à long terme.

Mais il y a déjà quelques résultats. Par exemple, ont été constatés des effets différents de cette pratique par rapport à une consommation plus normale :

  • un effet sur la substance blanche a bel et bien été noté (étude en IRM sur des étudiants plus ou moins adeptes du « binge drinking ») :

Les informations circuleraient alors moins vite entre les neurones…
Plus la substance blanche est altérée, moins les étudiants réussissent un test de mémoire de travail spatiale…

  • un effet également sur la substance grise qui serait moins dense chez les pratiquants de la cuite express.

D’autres résultats sont également assez intéressants et en même temps, angoissants, même s’ils sont issus de travaux de recherche sur des animaux en laboratoire. Ils indiquent par exemple, que les adolescents adeptes de ce genre de comportement seraient, à l’âge adultes plus attirés par l’alcool et plus anxieux.

La dernière partie de l’article présente quelques mécanismes expliquant ces premiers résultats. On y évoque le fait que l’alcool modifie le fonctionnement de récepteurs dans l’hippocampe ce qui remettrait en cause les apprentissages via une baisse de la plasticité des synapses.

Je reprends le mot de la fin de l’article :

Le binge drinking est récent dans l’histoire de nos sociétés. Au vu des premiers résultats, il est plus que jamais nécessaire de développer la prévention auprès des jeunes.

Pascale72