Territoires d’enfant, territoires d’adultes : à qui appartient l’espace ?

Salon de thé, centre ville de Lyon, 10H du matin:  MrD, mon Briochin de deux ans et moi sirotons un chocolat viennois plein de chantilly. MrD et moi devisons, Briochin papote et commente le décor des lieux. Un groupe d’hommes se tient près de nous, costards-cravates, ça semble parler affaire. La logorrhée de Briochin les dérange, je les entends souffler et cracher à chaque intonation un peu aiguë de mon petit homme. Et puis survient l’irréparable: le verre d’eau de Briochin lui échappe, tombe par terre et se brise. J’entends distinctement un « et voilà!! » indigné juste à côté… Alors on s’excuse platement, on nettoie, et on déguerpit….

Berges du Rhône, dimanche après midi: il fait chaud, très chaud. Les enfants viennent de faire 479 tours de toboggan et évidemment, on a oublié de prendre de l’eau. Alors on fait la queue à la fontaine, il y a du monde avant nous, chacun boit à son tour. Les enfants font de même, leurs gestes sont précis, on sent l’habitude prise à l’école de boire au robinet. Au bout du 3ème, un gars se plante devant nous: « je voudrais pas faire le connard, mais j’ai soif moi. ». Sans broncher, il passe devant mes deux derniers, comme si on était à la caisse d’un supermarché avec un caddie trop rempli, comme si mes enfants n’étaient pas des personnes à part entière, comme lui. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que je vis ce genre de scène mais c’est la première fois que je réalise à quel point elles peuvent être paradoxales:

Comment est-ce possible que, dans une société où l’enfant est sur-valorisé, considéré comme nécessitant des soins, des objets, des interlocuteurs spécifiques à chaque instant de son existence, il soit à ce point considéré comme indésirable dans l’espace public?

Je vous le dis d’avance: je n’ai pas trouvé la réponse à cette question. Je vous livre ici simplement les premières lectures que j’ai trouvé pour éclairer ce sujet, en vous invitant à les compléter par vos propres réflexions, vos propres références (urbanisme? sociologie?)…

Le concept n’est pas nouveau: depuis quelques années on voit fleurir ici ou là des restaurants interdits aux enfants, des hôtels interdit aux enfants, ou encore des classes d’avion interdites aux enfants… les clients aspirent au calme et entendent ne pas souffrir de l’irréductible dose d’imprévu que la présence d’un enfant génère tandis que les gérants en profitent pour facturer plus cher une prestation qui ne leur coûte rien.

Moi qui, après une journée de demandes incessantes, de cris indignés parce que la viande touche la purée, de longues négociations pour faire mettre les chaussures/vêtements d’hiver en hiver (et d’été en été), de créativité pour trouver comment se débarrasser avec diplomatie de l’énorme bâton glané au parc et qui risque d’éborgner 90% des passants, n’aspire qu’à 5 minutes d’affilée de silence pour terminer un café non préalablement réchauffé 4 fois… j’ai bien du mal à ne pas comprendre ces demandes!!

Et puis, il est vrai qu’on croise parfois des enfants dans des situations où manifestement leur confort de base n’est pas en mesure d’être assuré (je pense par exemple à ces nouveaux-nés tout juste sortis du four, en goguette dans les centres commerciaux surpeuplés…). Mais bon dans ce cas, le problème, ce n’est pas l’adulte spectateur mais bien le vécu de l’enfant… et dans la grande majorité des situations, je ne me permettrais pas de juger du bien fondé de la décision des parents d’emmener leur nouveau-né dans tel ou tel lieu…

Mais force est de constater que de nombreux lieux/situations non spécifiquement adaptés aux enfants ne posent néanmoins pas de problème majeurs pour ceux-ci pour peu qu’on accepte de faire quelques concessions. Par exemple, moi j’adore emmener mes gamins au musée juste à côté de chez nous. On y va tôt le dimanche matin, et c’est gratuit pour eux. Ils savent qu’on doit chuchoter et ne toucher à rien; en contrepartie, je ne rechigne pas aux visites-éclairs (20-30min), ni à celles effectuées au pas de course. Du coup, tout le monde s’y retrouve, pour eux c’est la fête quand on y va, et moi ben je fais moins que si j’étais seule, mais cent fois plus que si je devais attendre de les faire garder pour sortir!

Quoi qu’il en soit, la première idée qui ressort des rapides recherches bibliographiques que j’ai fait sur le sujet est qu’en dehors de toute nuisance pour les adultes, l’espace public est généralement considéré comme inapproprié voire dangereux pour les enfants: le Centre d’analyse stratégique a par exemple publié en 2012 un document visant à faire des propositions pour protéger les enfants de l’hypersexualisation de l’espace public. L’espace public est donc un territoire d’adulte, fait par les adultes, pour les adultes et dans lequel on se borne à le sécuriser pour les enfants… le sécuriser sans l’adapter, sans en leur en accorder une partie, simplement en restreignant la marge de manœuvre de ses petits usagers (voir ici un récent article réclamant le « droit à l’aventure » pour les enfants d’aujourd’hui)

Un autre document m’a semblé intéressant: il porte sur la situation algérienne (et date de 1994, donc je suppose que cela a évolué depuis…), où beaucoup d’enfants étaient présents dans les rues, beaucoup plus qu’en France du moins (je précise qu’il n’est pas ici question d' »enfants des rues » mais simplement d’enfants qui investissent la rue comme territoire de jeu, de socialisation, etc…). Ce document m’intéresse à deux titres, d’abord parce que j’ai souvent entendu en France une forme de nostalgie romantique pour un temps révolu (ou de fantasme exotique pour des contrées lointaines?)  où les enfants seraient libres dans la rue car en réalité placés sous la bonne garde de l’ensemble des adultes présents. Et ensuite parce que justement, l’article montre comment, au royaume de la planification et des indices de développement, la présence des enfants dans les rues n’est pas considérée comme une donnée culturelle avec ses avantages et ses inconvénients mais avant tout comme une caractéristique stigmatisant le « tiers-monde » et son « retard » sur le reste du monde.

La forte présence des enfants dans la rue dans nos sociétés est une réalité visible. Au-delà des raisons invoquées avec facilité, la démission parentale et l’insuffisance de l’offre institutionnel de prise en charge de l’enfance, il s’agira pour nous de voir la manière dont les enfants occupent l’espace public ce qu’ils y font, comment cette situation imposée est vécue par la famille. […]

En déjouant la mise en scène des planificateurs, pour qui les enfants sont d’abord des objets à classer dans les chapitres démographie, scolarisation et santé, ils font en même temps perdre à la zenka [la rue, ndlr] son identité première à savoir, d’être d’abord un espace de circulation. Expression aussi d’un refus de prise en charge totalitaire et d’un encadrement permanent, l’occupation massive de la zenka par les enfants obéit à un double besoin :

  1. Celui de recherche de la liberté chez les enfants,

  2. Celui de la paix et de la tranquillité chez les parents.

J’ai parlé tout à l’heure de « territoire », le présent article parle d' »occupation », de « présence massive »… voilà un vocabulaire bien guerrier!! Les adultes et les enfants se feraient-ils la guerre pour occuper l’espace? En tout cas, la nécessité d’une négociation est bien réelle… comme le montre ce document qui s’intéresse aux liens entre espace public (paradigme du territoire d’adulte) et espace de jeu (paradigme du territoire d’enfant)

Il montre comment le territoire de l’enfant a été peu à peu conquis au sein des habitations au début du XXème siècle en France dans les catégories bourgeoises (apparition de la « chambre d’enfant ») et comment un mouvement identique de spécialisation de l’espace a également gagné les espaces publics:

Le même mouvement apparaît dans la ville, mais sans doute sous la pression d’événements autres que la volonté de réserver un espace au jeu de l’enfant. Le développement de la circulation automobile limite l’usage des rues pour le jeu. Des squares pour les plus jeunes, des terrains de sport ou des terrains à l’abandon avant que les villes ne soient totalement construites, aujourd’hui les aires de jeu, spécialisent l’espace pour l’activité ludique. Certes ce mouvement de grande ampleur n’est pas général: il est urbain, se développe plus lentement dans les milieux ruraux. Il reste des espaces non spécialisés où le jeu est possible, mais ils sont souvent bien loin des lieux de vie des enfants. Par ailleurs des espaces non spécialisés de la ville sont encore investis pour le jeu. Il n’en reste pas moins que le développement du jeu tend à réserver des espaces à cette activité.

Quand je lis « espace non spécialisés de la ville » je ne peux m’empêcher de visualiser le terrain vague où le Petit Nicolas et ses copains organisent de mémorables parties de foot, ou encore de ce lugubre espace où le petit propriétaire du Ballon Rouge voit ses ennemis anéantir ses rêves (vous y verrez au passage le type de trajet qu’il était d’usage qu’un enfant de 6 ou 7 ans effectue seul à Paris dans les années 50).

Si je puis résumer le tout: les villes n’offrent aujourd’hui plus d’espaces non spécialisés pour cause évidente de pression immobilières, les espaces de jeux (entendus comme seuls territoires légitimes d’enfant) sont donc cantonnés aux lieux pourvus d’équipements adaptés. Ces équipements, de part leur seule présence, limitent et orientent le jeu, c’est à dire opèrent sur les enfants une forme de contrôle de leur imagination et leur mode de socialisation (contrôle compatible avec la volonté des adultes de tendre vers le risque zéro… d’où suppression des tourniquets, des balançoires, jugés potentiellement dangereux). Les territoires des enfants sont donc sous contrôle de ceux des adultes, ils sont à la fois hyper spécialisés (même le revêtement au sol est spécial!), hyper sélectif (ne sont admis que les enfants de l’âge correspondant aux équipements, avec leurs parents. On déplore les attroupements d’ados parfois présents en ces lieux et un adulte seul présent en ces lieux est regardé avec soupçons…) et hyper restreints spatialement parlant. Le reste de l’espace appartient aux adultes, qui apparaît de fait comme non adapté et dangereux pour les enfants qui y sont, par mouvement de miroir, indésirables pour des adultes qui considèrent que l’octroi de quelques territoires à ces humains miniatures est suffisant pour garantir l’entre-soi générationnel partout ailleurs.

Ok, ma fin est peut être un peu provoc… mais en vrai, je m’interroge? L’apartheid générationnel est-il réellement souhaitable? Et dans l’état actuel des choses, peut-on estimer que le partage de l’espace est juste? Et si dans l’espace des adultes, un gazouillis de bébé est indésirable? que dire de la bave d’un vieillard? les stéréotypies d’un autiste? de l’odeur d’un SDF? des fous rires des adolescents? d’un encombrant fauteuil roulant? des amoureux qui se bécotent sur les bancs publics? des cicatrices d’un grand brûlé?

Notre liberté s’arrête là où commence celle des autres, il serait peut être temps pour nous de l’accepter pleinement.

Mme Déjantée

 


Edit du 9.06.13: Sur la remarque pertinente de Xavier Molénat (@SH_lelabo ) j’ajoute également des liens montrant la composante genrée de cette séparation de territoires.

Celui-ci montre comment l’autonomisation des enfants se fait très différemment selon s’ils sont filles ou garçons et comment se constitue très tôt le préjugé selon lequel une fille seule est en danger dans la rue.

Celui-ci montre la présence des stéréotypes de genre dans les objectifs même de l’urbaniste pour qui il semble acté que les filles préfèrent rester chez elles, tandis que les garçons auraient au contraire besoin d’équipements particuliers (les skate-parks en particulier, présentés comme mixtes, sont en réalité quasiment uniquement fréquentés par des garçons) pour canaliser leur violence.

47 réflexions sur “Territoires d’enfant, territoires d’adultes : à qui appartient l’espace ?

  1. Autant je comprends moi aussi qu’on puisse parfois avoir besoin de calme ou qu’on ne soit pas à l’aise dans un lieu plein d’enfants, autant ne pas les supporter du tout et surtout ne pas les considérer comme des personnes à part entière, je trouve ça inadmissible.
    Et c’est pourtant très fréquent.

    C’est aussi quelque chose que je suis heureuse d’avoir remis en question grâce à l’éducation bienveillante : ne pas considérer que l’enfant a tort par défaut ou que son avis ne mérite pas d’être écouté et respecté… mais je m’égare du sujet.

    Pour ce qui est de séparer totalement les individus en catégorie (selon l’âge ou un autre critère) ce serait pure folie. Réserver quelques espaces répondant plus spécifiquement aux besoins d’un groupe (par ex. les enfants), c’est pas illogique en revanche. Le problème comme tu l’exposes c’est que les enfants auraient des miettes d’espaces et seraient très cantonnés, si j’ai bien compris.

    Pour ce qui est de moins laisser les enfants dans la rue, c’est un sujet très intéressant. Cela dit je le prends un peu comme le fait de laisser sa porte non verrouillée : autrement ça se faisait, et dans certains pays « moins développés », ça se fait… pour autant je ne me verrais ni laisser ma porte non fermée, ni laisser mon enfant vadrouiller comme c’était le cas à l’époque de mes parents (la soixantaine aujourd’hui). Après je ne sais pas quelle est la part de « parano » là-dedans.

    Ton article fait vraiment réfléchir en tout cas, merci. Sujet à creuser :)

    • Oui mon problème est que j’ai l’impression que les lieux destinés aux enfants sont un peu comme les réserves d’indiens aux Etats Unis: des miettes d’espaces, où sous prétexte de respecter leurs besoins/leurs cultures on les parque et les contrôle aussi largement…

      Après, le but de mon article n’est pas de jeter la pierre aux parents, ni aux urbanistes, juste d’attirer l’attention sur un fait (les espaces publics sont fait pour les adultes, et majoritairement pour les hommes) sans avoir véritablement de solution à proposer pour contrer ce fait (du moins pas dans sa globalité)… mais ce n’est pas une raison pour ne pas y réfléchir, mûrir et pouvoir le faire d’ici quelque temps!

  2. Ahhh ! Moi ça me parle vraiment ce sujet ! Lorsque je suis arrivée à Paris pour faire mes études, j’interpellais mes nouveaux amis :  » Tu trouves pas ça bizarre, il n’y a pas d’enfants dans les rues à Paris ? » Non, c’est normal on me disait, les rues c’est dangereux pour les enfants… Ma petite chambre d’étudiante jouxtait une cour d’école, j’entendais les enfants mais je ne les voyais jamais.  » Vous savez, IL Y A des enfants à Paris, je sais, je les entends, alors pourquoi on les voit pas ? » A l’époque, je n’avais pas encore envie de faire des enfants, je ne recherchais pas particulièrement leur contact et j’étais même plutôt distante avec les enfants des autres. Mais de vivre dans un espace de non mixité me choquais. J’ai finalement trouvé la petite place Sainte Marthe, dans le 11e, où je donnais mes rendez-vous au café l’apres-midi : un vieux quartier populaire en mutation, avec une place et une rue piétonnes, et avec une vraie mixité : des enfants d’immigrés et des enfants de nouveaux venus qui jouaient dans la rue et sur la place. Des terrasses de café avec les bruits des jeux d’enfants. J’ai retrouvé cette ambiance à Aix en Provence, sur chaque place, une fontaine et dans chaque fontaine, des petits doigts ou des petits orteils, et les rires des enfants.

  3. L’adulte est responsable, l’enfant ne l’est pas. L’espace public étant une source de risques, l’adulte cherche à le sécuriser, de la même manière qu’il a sécurisé la voirie en séparant piétons et automobilistes. On pourrait même dire que l’enfant est à l’adulte ce que l’adulte est à l’automobiliste : une personne à qui il faut réserver quelques ilôts de sécurité et qui n’est pas responsable en cas d’accident.

    La question de la responsabilité a beaucoup évolué en un siècle. Autrefois, un enfant était responsable de ses résultats à l’école (il n’a pas assez étudié, il n’écoute pas en classe etc.). La pensée actuelle inverse la situation : ce sont les parents et les enseignants qui sont mis sur la sellette (l’enseignant emploie-t-il la bonne méthode pédagogique ? Les parents ont-ils inscrit leur enfant dans la meilleure école ? Lui donnent-ils tous les moyens pour réussir ? etc.)

    La question « Qui est responsable ? » revient si souvent que le petit jeu consiste soit à se débarrasser de la responsabilité, soit à devenir paranoïaque ou sur-protecteur.

    Si le fast-food préféré de la famille met des jeux à disposition des enfants, il sera considéré responsable en cas de problème (accident, maladie…). Du coup le fast-food se retourne contre le fournisseur du jeu pour qu’il produise du matériel avec lequel on ne peut pas se faire mal ou attraper des bactéries. Qui lui-même se retournera vers les normes de sécurité pour démontrer que tout a été fait dans les normes et que les pouvoirs publics n’ont pas fait leur travail etc.

    Les parents reçoivent aussi leur dose : quel parent n’a pas appréhendé d’être soupçonné de maltraitance parce que leur enfant allait à l’école avec un œil au beurre noir ? Si vous laissez vos enfants dans la rue, ils vont mal tourner, ils vont faire de mauvaises rencontres, ils vont avoir un accident. Et quand cela se produit, qui est responsable ? Les parents qui ont laissé leur enfant dehors sans surveillance ? L’automobiliste qui n’a pas fait attention ? La collectivité qui n’a pas suffisamment sécurisé l’espace public ?

    Dès l’instant où la question de la responsabilité se pose, peut-on laisser les enfants évoluer librement dans l’espace public ?

    • Merci de ton commentaire. Loin de moi l’idée de préconiser un comportement ou un autre aux parents, ou de les rendre responsables (justement!) de l’état de fait dont je tente ici de rendre compte. Prendre conscience que l’enfant a dans l’espace public une liberté très restreinte (bien au delà de l’âge où on est capable de traverser une rue sans risque!) et qu’il est assez largement vu comme indésirable doit nous amener à nous interroger, interroger les pratiques que nous considérons comme allant de soi (par ex: lorsque j’interdis tel comportement, telle prise de responsabilité, est-ce parce que j’estime effectivement que mon enfant n’a pas la maturité cognitive/affective pour? ou est-ce pour me conformer aux standards sociétaux? est-ce parce que mon enfant risque quelque chose, pour lui-même ou pour les autres? ou est-ce que parce que sa présence dérange?)
      La question de la responsabilité et la judiciarisation qui va avec est effectivement dans toutes les bouches actuellement (apparemment elle est plus dans les bouches et les esprits que dans les tribunaux mais bon…)… A titre personnel, je refuse pour moi-même de me poser la question en ces termes: il n’est pas nécessaire de trouver un responsable aux mauvais résultats scolaires d’un enfant, il est nécessaire de trouver comme agir pour qu’il restaure une attitude sereine face aux apprentissages et une bonne confiance en lui. Chercher qui est responsable d’un problème c’est perdre le temps qu’il aurait fallu employer pour chercher une solution…mais bon, je suppose que ce n’est pas ça qui suffirait aux assurances!

  4. Hum je vois qu’on se pose (encore) les mêmes questions ;-)
    Je vais régulièrement à la Défense pour le boulot : un drôle de pays où tout le monde a entre 20 et 60 ans. Mais j’ai la chance d’habiter dans une petite impasse familiale, pourtant à quelques minutes d’une station du métro parisien. Là tout le monde trouve normal que les enfants jouent dans la rue, sans surveillance particulière (sauf les très petits bien sûr, environ non. aller dans un club faire un entraînement de foot avec un adulte => oui. Donc toutes leurs activités (au sens large) sont prévues, encadrées et restreintes aux espaces prévus pour.
    Personnellement ce n’est pas la présence d’enfants qui me dérange, mais le fait que j’aie à m’en occuper. J’adore entendre un petit pleurer et me dire « hmmm ce n’est pas mon problème » :D

    • Raah y a un bout qui a sauté. Donc je reprends :
       » Là tout le monde trouve normal que les enfants jouent dans la rue, sans surveillance particulière (sauf les très petits bien sûr, environ non. aller dans un club faire un entraînement de foot avec un adulte => oui. »

      • Bien bien bien reprenons (je crois que j’ai mis un signe qui fait du html à l’insu de mon plein gré) :
         » Là tout le monde trouve normal que les enfants jouent dans la rue, sans surveillance particulière (sauf les très petits bien sûr, environ – de 3 ans). Mais nos prédécesseurs, pourtant parents de jeunes enfants, ne supportaient pas le bruit des trottinettes et vélos devant chez eux, comme quoi… Facile d’être populaire après ça !
        De façon moins anecdotique, j’ai l’impression qu’on a aussi un gros préjugé contre les enfants « qui traînent ». Par exemple : jouer à 3 avec un ballon dans la rue : non. aller dans un club faire un entraînement de foot avec un adulte : oui. »

        • Merci de t’être acharnée, j’essayais de deviner le sens de tes dernières phrases mais bof…
          Je suis entièrement d’accord avec ta dernière phrase, qui évoque justement les dérives de cette hyper spécialisation de l’espace: ok il y a des lieux dédiés au jeu mais plus de lieux non spécialisés à investir pour un jeu libre sans contrainte et sans orientation (car quelle liberté de faire une balle au prisonnier ou peu importe quel jeu de ballon inventé par les enfants lorsqu’on se rend à un entraînement de foot…??). Tu connais un lieu facile d’accès où des enfants qui ne se connaissent pas pourraient organiser une grande ronde? Je l’ai fait enfant, mais je ne crois pas que mes gamins aient cette possibilité…

  5. Merci pour cet article qui tombe à point nommé pour moi. Je commençais justement quelques lectures à ce sujet: mère de trois enfants, non scolarisés, et ne trouvant rien, mais vraiment rien comme espace pour eux, eux seuls et eux avec moi…Je trouve ça terrible de constater que les jobs des parents et l’école des enfants à provoquer à ce point la « désertification » de l’espace public. Cet espace s’est réduit à peau de chagrin et le peu qu’il en reste est devenu une sorte de « no kids land » au point que, maintenant, lorsque deux enfants se retrouvent pour jouer, il faut soutenir les regards désapprobateurs des voisins. La symbolique est forte, je ne sais pas trop où une société qui ne supporte plus ses jeunes qu’enfermés entre quatre murs peut aller?

    • Je ne suis pas certaine que l’école et le salariat des parents soit seul en cause… les pressions immobilières et l’urbanisme vise à ne plus laisser de zones « non affectées » à tel ou tel usage…Il est possible aussi que la judiciarisation de la société (évoquée plus haut dans les commentaires) puisse être invoquée. Pour ça qu’au delà de la question des enfants, il me semble urgent de réclamer une société aux mille couleurs où chacun aurait sa place, jeune ou vieux, porteur de handicaps ou non, peu importe son apparence et son origine…

      • seuls en cause,probablement pas mais une des sources, certainement: si les pressions urbanistiques ont eu si facilement raison des zones généralement associées à la vie associative des quartiers, villages, c’est parce qu’ils ont été, petit à petit, désertés. L’école, le salariat, la télévision et de nombreuses autres raisons peuvent être évoquées pour expliquer ce repli sur soi qui a entraîné cette zone de non- droit pour les enfants et d’autres minorités. Effectivement, il faut réclamer une société ou chacun est le bienvenu dans l’espace public mais encore faudrait- il avoir une volonté massive de réinvestissement de cet espace. Et quand on voit fleurir les restos, hôtels… « enfants non- admis », on peut se douter que la cause est loin d’être acquise. C’est le repli sur soi qu’il faut combattre et donc retrouver du temps pour aller vers l’autre.

  6. Sujet très intéressant qui me préoccupe ces derniers temps. Je pense qu’il y a plusieurs aspects: déjà la mentalité en France où l’enfant est vu comme un tyran à mater et où franchement dans les restaurants etc on n’est pas très accueillants pour les enfants. ça devient pour moi un critère de choix, car je n’y retourne pas, même sans enfant, si j’ai été mal reçue. Ensuite, on a tellement voulu policer la ville, enlever tout ce qui déplaît, notamment les SDF, que les villes sont devenues hostiles aux familles en général, mais aussi aux personnes âgées, aux handicapés etc. Je ne sais pas vous, mais moi quand je me promène avec ma fille, allaitée, j’ai de temps à autre besoin de m’asseoir justement pour l’allaiter. Au nord de la France il est vraiment difficile de ne trouver ne serait-ce que des bancs publics au centre ville sur les places principales. Bref, je pense que le mauvais accueil fait aux enfants est le symptôme d’une société globalement intolérante et repliée sur elle-même et c’est l’une des raisons pour lesquelles je pense quitter la France dès que l’opportunité se présentera.

  7. Quand on est arrivés dans ma ville et qu’on a visité le parc le plus proche avec ma fille, on a été choqués de voir l’aire de jeux (avec étiquettes d’âges sur chaque jeu, sol mou et cinq structures de jeu en tout et pour tout) complètement entourée de grillage! Ca faisait vraiment prison pour enfants! Le pire, c’est que cette aire peut parfois être remplie de gamins et le reste du parc est quasi vide!
    Comme il n’y a en effet plus de « dents creuses », de terrains vagues inexploités par l’urbanisme, je pense qu’un bon compromis pour les enfants des villes peut être le parc, au sens large: l’endroit avec des arbres. Il offre quand même la possibilité de conquérir un territoire assez vaste, pas toujours couvert par l’œil vigilant des parents, avec coins et recoins et la nature présente.
    Il y a aussi les places et placettes dans les villes moyennes où la circulation est rare et où tous les enfants habitant le coin se donnent RDV alors que les parents peuvent quand même zyeuter de temps en temps et entendre le chahut général.
    Ceci dit, rien à voir avec le Kolle 37 de Berlin ou le Rodovre Adventure Playground de Copenhague, que je viens de découvrir en suivant un des liens de Claire Levenson, que tu cites. Je suis bluffée par ces exemples de créativité et d’autonomie d’enfants! Nous n’avons même pas de mot en français pour décrire ces terrains!

    • Oui, c’est vrai que c’est un aspect que je n’ai que peu développé… parce qu’à la base j’étais surtout partie sur l’opposition générationnelle… mais c’est on ne plus juste! Merci!

  8. Ce sujet me parle beaucoup. C’est un peu court et bref concernant le foyer (en même temps difficile de parler de tout en un article) mais c’est en total accord avec ce que je pense notamment concernant la pièce à vivre d’une maison qu’il est de bon ton d’orienter pour l’adulte avec parfois une faveur octroyée à l’enfant lorsque celui ci a le droit d’avoir un petit coin avec ses jeux.
    Mais une pièce à vivre n’est elle pas le lieu de vie et de retrouvailles de la famille, des amis, quelle que soit la génération ? pourquoi ne pas en faire une pièce démocratique dans laquelle chacun pourrait évoluer et vaquer à ses occupations tout en pouvant rester avec les autres et n’aller dans une autre pièce, comme la chambre, que si c’est un besoin d’isolement ou de calme ressenti et non forcé ?

    • Disons que j’ai fait le choix de ne pas m’étendre sur la question du foyer, ne serait-ce que parce que d’autres l’ont fait avant moi (l’adaptation de l’espace privé et familial à l’enfant est quand même assez abordé dans le cas des approches Montessori par ex…) mais tu es la bienvenue si tu as envie de contribuer sur ce sujet et d’apporter ton expérience/tes réflexions sur le sujet!!
      A titre personnel je suis plutôt d’accord avec toi. Chez nous la « pièce à vivre » n’est pas « orientée enfants » mais « compatible enfant et parent ». Il n’y a rien de cassant, rien de dangereux, les jouets peuvent être amenés mais pour autant ce n’est pas leur lieu de rangement!

  9. et bien quel article ! qui me parle aussi beaucoup… toujours très choquée quand dans la rue ma fille un peu trop petite se fait régulièrement bousculer…çà me choque terriblement…car souvent ce n’est pas accompagné d’un mot d’excuse ( comme si elle était transparente !).
    Quant aux restos interdits aux enfants, je n’en ai jamais vraiment rencontrés, mais c’est terriblement choquant comme concept ! J’ai aussi entendu parler de soirée sans enfant pour les amis de mes amis…entre parents…on fait garder les mômes pour pouvoir « profiter  » de sa soirée…cela me glace le sang !
    Bref, ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas seulement une question de contraintes d’urbanisme… mais que les mentalités n’acceptent toujours pas vraiment les différences…Comme tu le dis, c’est aussi vrai pour les personnes handicapées qui n(ont toujours pas d’accès à certains lieux…
    d’où çà vient ? les gens sont stressés, fatigués, pressés, tournés sur eux mêmes pour s’en sortir… et pas de place pour l’autre ou l’empathie…encore moins ceux qu’ils perçoivent comme plus faibles (enfants, malades, différent…). Bref, la loi de la jungle perdurerait encore ? Je m’interroge.

    • Pour moi, ce qui est choquant est moins le fait qu’à certains moments les adultes souhaitent avoir des activités sans enfant que le regard qui est porté sur ces derniers.
      Tu prends l’exemple des soirées entre amis « sans enfant », j’avoue que ça ne m’est jamais arrivé mais il est possible qu’une fois de temps en temps ça ne me dérange pas! Mais pas parce que je ne peux pas « profiter » s’ils sont là mais juste parce que ce sont des plaisirs différents (comme sortir en amoureux est différent de sortir en famille). Rien n’empêche dans ces cas là de prendre en compte la soirée que les enfants vont passer de leur côté pour leur proposer aussi quelque chose qui comblerait leur plaisir de se retrouver « entre enfants »… Ce que je veux dire c’est que ce qui me semble le plus important ce n’est pas forcément de toujours tout faire ensemble, mais de garder à l’esprit que c’est possible, et que ce qui est important c’est l’attention qu’on va porter à l’autre, à sa place, à son confort, à ses besoins… et comment faire pour que cela soit compatible avec nos propres besoins…

      • Oui, j’ai bien compris…mais dans l’exemple que j’ai en tête…ce n’était pas de l’exceptionnel (qui effectivement en prenant garde que tout le monde soit épanoui, est une bonne chose) mais plutôt du systématique…et dans ce cas, seule la satisfaction des besoins des parents ou amis (non parents) était la seule ligne de conduite…
        Quand je dis que l’exemple des restos, hôtels sans enfants, me choque…c’est parce que j’ai un peu peur que l’ exemple que je cite soit le reflet d’une attitude plus globale. J’espère me tromper…

  10. A vrai dire, en lisant l’article, ça faisait écho à une réflexion que je me fais depuis un peu plus de 3 ans maintenant ( il se trouve que ma voiture m’a alors lâchée ^^). Tout l’espace public est construit et pensé pour un humain « moyen », « neutre » issu des statistiques : un humain d’environ 1m70, sans problème de mobilité ou de santé, utilisant prioritairement une voiture. C’est comme si les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les piétons, les cyclistes … étaient apparus par génération spontanée un beau jour et osaient maintenant demander l’accès aux équipements. Sans compter que ces « différents » ont forcément le temps d’attendre vu que [ fatras de préjugés].

    1/ D’autres exemples d’exclusion « indirecte »
    ça se voit particulièrement dans les bus et autres transports en commun : il n’est pas envisagé les besoins des populations mais on leur demande de s’adapter au matériel : on limitera le nombre de personnes avec poussette pouvant accéder à un bus plutôt que de prévoir des emplacements adaptés ( pour poussettes ou fauteuils d’ailleurs) ou on leur demandera de plier les poussettes  » pour le confort et la sécurité de « tous »  » sans se dire que si on prend une poussette c’est probablement qu’elle est chargée : on se demande comment un bébé sera plus en sécurité dans les bras d’un parent debout et tenant une poussette mais apparemment, sa sécurité compte moins que le confort des adultes qui ont le « bon goût » de se déplacer seuls, sans être chargés.
    Des responsables sont fiers d’expliquer les nouvelles rames d’un métro et le nouveau design des quais d’une grande ville : la moitié des sièges de la rame sont remplacés par des « debout-assis » , sur les quais, c’est carrément tous les sièges. Ils sont très fiers d’expliquer que ça gagne de la place, que c’est confortable etc… Sauf que là encore : les enfants ne peuvent en bénéficier, ni les gens de moins d’1 m 70 …autant dire, brossez vous mesdames et walou pour la plupart des personnes âgées.
    Le pire exemple ? L’accès au stade où les clubs de foot et d’athlétisme enfants s’entraînent : un parking et aucun chemin piéton. Le bus de ville peut déposer les enfants (qui ont le droit de l’emprunter seuls vers 8 ans ici) juste devant le portail du stade … mais ils n’ont aucun moyen d’accéder aux terrains de sport en sécurité sans un adulte vu le peu de considération des voitures.
    Pourquoi les parents laissent moins les enfants faire leurs trajets ? croient-ils moins en les capacités de leurs enfants ? Non, pour la plupart, mais les automobilistes croyant que la rue leur appartient  » parce que nous, on est pressés », il est même difficile d’être sûr que l’enfant pourra rester sur le trottoir pour un trajet sans route à traverser : soit les trottoirs sont trop petits, occupés par les conteneurs à poubelles, soit plus grands… et dans ce cas, les voitures se sentent autorisées à s’y garer sans penser plus d’une demi-seconde aux risques qu’ils font courir aux autres usagers.
    Et s’il y a une rue à traverser ? Oula, Ne comptez pas sur le respect du code de la route pour vos enfants, ce sont des  » piétons » après tout, juste là pour « ralentir ».

    2/ Les enfants survalorisés ? pas tant que ça.
    Les enfants sont « survalorisés » mais surtout enfermés dans leur image, leur stéréotype d’enfant. Ils ont une feuille de route à suivre soigneusement, des comportements à avoir et d’autres bannis, des sentiments, une innocence à avoir, d’autres sentiments bannis, rangés comme problématiques.
    On leur donne la place d’un projet de développement personnel, d’être  » en devenir » plutôt qu’être à part entière encore souvent.
    En y réfléchissant il y a quelques temps, je me suis dit que ça ressemblait de près à l’aspect  » femme sacrée « , où on encense la valeur si particulière de la femme pour mieux la circoncire à un rôle.
    On a sacralisé l' »enfance » comme « meilleur moment de la vie » et donc, pourquoi les enfants auraient-ils le mauvais goût de ne pas apprécier tout ce qu’on fait pour eux.
    L’école en est un bon exemple, on enferme soigneusement les enfants loin de ce qui n’est « pas pour eux », on leur distille les informations sur le monde au compte-goutte etc. Sans tenir compte de leurs envies et besoin mais du « besoin moyen ». On suit des « recettes » on rationalise les enfants qu’il faut cadrer sinon ils sont nécessairement enclins au pire…( il ne faudrait pas se laisser  » diriger par les enfants » )
    au passage : http://appelecolesdifferentes.blogspot.fr/ ^^
    Pour les ados, c’est pire, ils sont le « mal », des individus incontrôlables par la coercition qu’on méprise en leur demandant d’attendre d’avoir tel âge pour entreprendre tous les projets dont ils fourmillent et qu’ils ont l’énergie de mettre en oeuvre.
    La différence entre d’autres pays et l’europe ou les années 50 ? la proportion d’enfants. Quand les enfants sont une minorité, il est plus facile aux autres de les contraindre dans l’espace.
    On est dans une « hiérarchisation des priorités  » plutôt que dans une reconnaissance des individualités et des capacités.

    Oui, l’espace public, reflète malheureusement la mentalité de ceux qui l’organisent.
    Une partie de mon enfance s’est déroulée à Bègles, et je suis nostalgique à fond de l’ambiance qui mettaient les enfants à part entière dans la vie de la ville ^^

    Il n’y a qu’à voir les espaces piétons quand ils sont créés qui soulèvent tant de colère … sauf qu’ils créent souvent de vrais espaces partagés ^^ Là où je vis actuellement, le centre ville devient un immense terrain d’exploration passé une certaine heure ^^

  11. Beaucoup trop de personnes ne reconnaissent pas les enfants comme des personnes à part entière, et de ce fait ne leur accordent pas le statut, les droits et le respect qui devraient leur être dû. Autour de moi, je vois fleurir des discours à base de « je n’aime pas les enfants », « j’aimerais que mes lieux de vie rue / transports en commun / cinéma / resto soient interdits ou limitent l’accès d’une manière ou d’une autre aux enfants ». Comment peut-on dire « je n’aime pas [insérez-là n’importe quelle catégorie de la population] », et leur refuser un espace de vie public ?! Face à un discours du type « je n’aime pas les vieux / les roux / les femmes / les noirs / les handicapés », on serait heureusement nombreux à soulever l’horreur du truc, mais face à un « je n’aime pas les enfants, hors de mon chemin », je vois beaucoup moins de réactions et d’indignation, et de fait on trouve des applications concrètes de cette discrimination par l’âge dans l’architecture de nos villes.

    Je n’ai pas d’enfant, je ne suis donc que témoin. J’ai vécu plusieurs voyages en train ou en avion avec des enfants à bord (que je ne connaissais pas), et la réaction des voyageurs est souvent très prévisible : dès que l’enfant a pointé le bout de son nez, même dans un silence religieux, la très grande majorité des voyageurs se crispent, prennent une mine défaite, vissent casques et écouteurs sur les oreilles ou s’exclament carrément « oh non, un gamin ». Alors que le gamin vient seulement d’entrer, et n’a encore rien dit / rien fait. Ils ne lui accordent pas une personnalité propre, ils partent du principe que « enfant » = une catégorie uniforme de sous-personnes, qui a FORCEMENT un comportement nuisible et agaçant. Ensuite la plupart des voyageurs que j’ai observé à écouter et à attendre le moment de dérapage, et évidemment au moment où l’enfant se met à faire le moindre bruit, tout semble amplifié, parce que la moitié du train / de l’avion a braqué son attention sur lui, et attendait cette consécration à base de « j’en étais sûr / je l’avais bien dit ». Je ne dis pas que je n’ai jamais voyagé avec des enfants bruyants et un peu chiants, bien sûr que si, mais ça ne nous donne pas le droit de penser qu’ils le sont tout le temps, systématiquement, et que TOUS les enfants le sont.

    Quand je lis des commentaires sur Internet ou que je discute avec mes proches, il me semble que ces personnes manquent de respect aux enfants (je ne vois pas d’autres termes), car eux-mêmes ne se sentent pas respectés par les enfants – et leurs parents qu’ils jugent responsables. Leur confort n’est pas respecté par l’enfant, donc il ne respecte pas son droit à utiliser l’espace public comme n’importe quelle personne. Le problème, c’est qu’on peut évidemment demander, ordonner et apprendre à un enfant de respecter les autres, mais ce ne sera jamais parfait, car à mon sens un enfant est avant tout égoïste (par nécessité – ce n’est pas une mauvaise chose). Un bébé est forcément ultra-égoïste, il est si dépendant et fragile qu’il ne peut tout simplement prendre en considération le confort des autres dans son équation. S’il a faim / soif / peur, s’il est fatigué, il pleure et hurle, parce que c’est presque une question de survie pour lui. Plus l’enfant grandit, moins il est censé être centré sur lui-même, plus il est capable de prendre en considération les autres et leur confort, mais ça n’est pas censé être parfait avant qu’il soit vraiment grand. Mais on ne peut pas leur permettre de développer cette capacité et apprendre à respecter et prendre en considération les autres, s’ils sont toujours parqués dans petits espaces réservés aux enfants.

  12. je crois que le problème vient de la représentation que la société a des enfants. je vais essayer d’expliquer le plus clairement possible…. de mon point de vue, il est sociétalement recommandé d’avoir des enfants, sinon, vous êtres considéré comme « anormal », égoïste, pour le moins. Mais voilà où le bât blesse…. cette « chose » ne doit pas être un poids, avoir des enfants ne doit pas avoir de retentissement. Je suis assistante maternelle, c’est mon deuxième boulot, avoir j’étais infirmière, mais ça c’était avant…. quand j’ose dire aux parents, que leur chérubin(e) est malade, qu’il serait de bon ton de l’emmener consulter (je m’appuie sur certaines de mes anciennes compétences professionnelles, je ne dis pas cela car je souhaite alléger ma journée de boulot), les parents sont souvent pas très contents car « mon patron ne va pas être très content que je m’absente pour m’en occuper »!!! ah oui, mais votre enfant mérite que vous lui accordiez ce temps là, que vous en occupiez car je ne suis pas shiva, je suis sommes toutes une personne très limitée qui n’a que 2 bras. et mon boulot je veux le faire correctement. je ne vous dis pas ce que je me suis entendue dire lorsque moi même j’étais malade, avec plus de 40… voiilà avoir des enfants c’est aussi en assumer les conséquences…. alors c’est sûr, que certains parents sont démissionnaires, ils ne sont pas dans l’éducatif, l’accompagnement. mais notre société ne les aide pas non plus sur la voie de la parentalité. Tout est confondu, respect de l’enfant passe par ce truc de l’enfant roi. Les parents pensent ainsi respecter leur enfant. je ne cois pas que ce soit leur donner les bonnes armes pour plus tard. L’enfant est transformé en logique comptable, il n’ya qu’à voir les débats autour des rythmes scolaires!!!!
    Dans l’ancienne copropriété où nous étions, nous ne pouvions plus exploiter les grands espaces verts, car, oui, les enfants ça fait du bruit et quand vous, adulte, vous les surveillez, vous en occupez, vous êtes un nuisible aussi, car vous aussi vous faites du bruit. Si on ne fait rien, on est laxiste, si on dit, on est bruyant. Il aurait fallu que les enfants aillent jouer à l’entrée de la copropriété, là où….. tous les médors de la résidence allaient faire leurs besoins…..j’ai ADORE!!!!!
    En tant que maman, qui de surcroît a quitté son boulot pour m’occuper des miens et ceux des autres, la pression est forte. Le regard des autres au resto, dans les transports… il faut que les enfants soient idéaux.. du coup, avec un niveau d’exigence fort, de temps en temps, ça dérape… et là rien ne va plus…nos enfants sont forcément mal élevés, et pour le coup, ça ne peut qu’être que de ma faute!!!!!
    Globalement, il faut des enfants, bien éduqués. bien sous tout rapport, mais la société ne se met que très rarement à leur portée. L’école en tout premier lieu veut les normer… attention si on ne cadre pas….j’avoue avoir bien du mal à laisser mes enfants aller à pieds quand je vois le mode de conduite de certains « adultes »….

  13. Très intéressant comme article en effet, merci M’me D !
    Près de chez moi, il semble que les choses évoluent : Place de la République à Paris, rénovée récemment. Une très grande place rendue aux piétons. Pas d’aire de jeux pour enfants, mais par contre une ludothèque ouverte à tous (pas rare de voir des adultes emprunter des jeux de société…)
    http://www.sortiraparis.com/enfant-famille/articles/63813-r-de-jeux-la-ludotheque-place-de-la-republique-revient
    Et sur la place, des enfants qui font du vélo, des ados qui font du skate, des vieux sur des bancs publics, un café avec une grande terrasse, au milieu des gens qui vont et viennent pour le boulot, le shopping etc…
    Il me semble que c’est un bon exemple de mixité générationnelle. On y va souvent avec les poulettes pour faire du vélo, dessiner des marelles à la craie, ou se mouiller dans les fontaines.
    Il me semble qu’avec la « piétonisation » des espaces urbains, on va vers un (tout petit) peu plus de mixité…

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  16. J’ajouterais que la problématique est la même dans l’espace privé : l’enfant est prié de se tenir correctement, de ne pas faire de bruit, pas de vague. Sinon l’étiquette « mauvais parent laxiste » est collée d’emblée. Effectivement, nous ne savons plus ce qu’est un enfant (ce qui pose souvent un problème énorme qui retentit sur les parents, désemparés devant leur nourrisson qui pleure, demande le sein toutes les 3 minutes… persuadés d’être de mauvais parents alors que non ! c’est juste comme ça que fonctionne un nourrisson).

    Dans ma belle famille marocaine, que c’est reposant !!! Tout le monde trouve ça normal que les enfants crient, pleurent, se roulent par terre, jouent ! La direction est donnée évidemment, ils vont grandir, on leur apprend les règles ! Mais on n’attend pas qu’elles soient acquises par on ne sait quel miracle à 2 ans et demi !!!

  17. Commentaire pas intello du tout je vous préviens!!! J’habite dans un village des Pyrénées de 300 habitants, un parc pour petit juste à côté de chez moi… Bien pratique quand on vis en appartement! Et puis il est beau ce parc, des arbres, des fleurs des rochers, mon bébé adore! Sauf que; tout les chiens du village viennent faire leurs besoins là…. On les laissent libres de faire leurs besoin partout. Je suis allée à la mairie on m’a juste répondu, on ne peut rien y faire…. Quand même l’espace réservé aux enfants n’est pas respecté? Que faire ? Le manque de civisme me choque vraiment, notre société aime-t-elle les enfants, les jeunes? J’en doute, notre société est peut être malade de trop d’individualisme ?

  18. Je suis partagée sur le sujet. D’un côté, j’intègre bien les enfants à mon environnement quand il y en a et je considère comme naturel de les prendre en compte (je ne suis pas parent pour autant). Je constate que les parents sont d’ailleurs surpris quand j’agis en fonction de leurs enfants (que je leur fais une place pour qu’ils voient quelque chose par exemple), ils me remercient comme si j’avais réalisé une action débordante de générosité alors qu’il me semble n’avoir rien fait de plus que de respecter les individus qui sont autour de moi.
    Je suis donc bien sûr contre les interdictions et les médisances envers les enfants dans les espaces publics.

    Cependant, je suis plus embêtée pour le train. Les bus à la rigueur, ça ne dure pas longtemps donc je peux supporter des enfants qui font du bruit. Mais les trains, c’est différent. Je ne voudrais pas interdire les transports aux enfants, ils ont le droit d’y être bien sûr. Mais je suis gênée de la même façon si un adulte ou un enfant se montre bruyant dans le train. Je voudrais dormir ou au moins être tranquille et malheureusement c’est souvent très difficile avec un enfant pas assez calme dans les alentours.
    La dernière fois que j’ai pris le train, il y avait un petit de sept ans près de moi et il a passé les trois quarts du temps des six heures de trajet à jouer bruyamment, ce qui m’a empêché de me reposer. Je me doute que ça ne doit pas être simple quand on est parent, mais il y a des cas, comme celui que je cite, où le spectateur subit sans pouvoir rien faire. Difficile alors de lui reprocher d’espérer ne pas tomber à côté d’un enfant quand il voyage en train.

    En dehors de ce genre de cas, je trouve que le manque de respect envers les enfants n’est qu’un prolongement d’un manque de respect général. On ne fait pas assez attention à ne pas bousculer les enfants, mais on ne fait pas tellement attention à ne pas bousculer les adultes non plus. Et il est plus facile de négliger les droits des personnes qui peuvent moins se défendre ou qui ne le feront pas (femmes, jeunes filles, enfants…).

    • Pour « La dernière fois que j’ai pris le train, il y avait un petit de sept ans près de moi et il a passé les trois quarts du temps des six heures de trajet à jouer bruyamment, ce qui m’a empêché de me reposer.  »
      => il a 7 ans, en ce cas, je m’adresse à lui, car il est capable de comprendre ce que je lui raconte. Sans compter que si ça se trouve il a d’autres jeux dans son sac, ou il peut former les mots avec sa bouche sans les dire, etc.
      Si le bruit vient de la manipulation de ses jouets, eh bien, là, c’est pas de bol :)

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