Depuis plusieurs mois que je me promène sur le blog des VI, je me décide enfin à publier ma première contribution car je souhaite faire découvrir le travail de Peter Gray. Je dis découvrir car je n’ avais jamais entendu parler de lui jusqu’à ce que je tombe sur un de ces articles dans la revue Internazionale. Comme Courrier International chez nous, cet hebdomadaire italien reprend et traduit des articles du monde entier.
Peter Gray est enseignant chercheur à Boston et dans cet article, il expliquait le rôle crucial du jeu libre dans l’apprentissage des interactions sociales par les enfants. C’est pendant le jeu libre sans l’intervention des adultes que les enfants développent toutes les compétences sociales nécessaires à leur vie d’enfant et future vie d’adulte : Négociation, régulation émotionnelle, empathie…
Il ne m’en fallait pas plus pour avoir envie de lire son livre :
Titre que je traduirais par :
Libres pour apprendre, pourquoi désentraver l’instinct de jouer rendra nos enfants plus heureux, plus autonomes, et de meilleurs étudiants dans la vie
Et c’est bien un changement radical de paradigme autour de l’enfance que nous propose Peter Gray. Ce chercheur en psychologie comparative et évolutionniste du développement et de l’éducation concentre ses recherches actuelles sur les modes naturels d’apprentissage des enfants et l’importance du jeux tout au long de la vie. Je résumerais son hypothèse ainsi : les enfants viennent au monde avec un moteur interne puissant qui les pousse à s’auto-instruire. L’intervention directe des adultes (parents, enseignants…), au nom de l’éducation telle que conçue en occident et dans les sociétés modernes, est non seulement inutile mais c’est une entrave à leur apprentissage et à leur développement.
Voilà une thèse qui résonne en moi, car depuis deux ans et demi que je suis maman et que je fréquente quotidiennement parents, nounous et enfants, je m’interroge sur la façon intrusive dont les adultes interviennent constamment dans les jeux des enfants et leurs activités en général.
J’ai donc dévoré ce livre et souhaitais vous présenter quelques extraits. Ce livre n’est pas à ma connaissance traduit en Français et j’ai dépassé mes peurs de l’approximation tant pour la traduction que pour le contenu car je souhaite avant tout partager ce que j’ai lu de passionnant et d’extrêmement bien documenté et étayé.
Chapitre 1 « what have we done to childhood? » ou « Qu’avons nous fait de l’enfance ? »
L’auteur commence par une anecdote. Dans les années 50, lorsqu’il avait cinq ans, il emménagea avec sa famille dans un nouveau quartier et la première chose que sa mère l’enjoignit de faire a été de faire du porte à porte afin de demander s’il n’y avait pas un enfant de son âge avec qui jouer. Ruby Lou qui deviendra sa meilleure amie était à peine plus âgée que lui mais elle lui a appris tout ce qu’il avait besoin de savoir.
« All I really need to know I learned from Ruby Lou »
Elle lui appris à faire du vélo, grimper aux arbres et même tout ce qu’il fallait savoir pour affronter la mort d’un proche. Et ce qui frappe lorsqu’il parle de sa propre enfance ou lorsqu’il cite d’autres personnes comme Hillary Clinton racontant leurs aventures dans leur bande d’enfants, c’est la privation de liberté dont souffrent les enfants d’aujourd’hui. Quel parent aujourd’hui laisserait son enfant de 5 ans faire seul le tour d’un voisinage inconnu, faire du vélo seul, partir à l’aventure ? Selon Peter Gray, cette perte de liberté et d’indépendance chez les enfants est tragique et cruelle.
« […](Children) need freedom in order to develop ; without it they suffer…Free play is the means by which children learn to make friends, overcome their fear, solve their own problems and generally take control of their own life. It is also the primary means by which children pratice and acquire the physical and intellectual skills that are essential for success in the culture in which they are growing »
« […](Les enfants) …ont besoin de liberté pour grandir, sans ça, ils souffrent. Le jeu libre est le moyen par lequel les enfants apprennent à se faire des amis, à surmonter leurs peurs, à résoudre leur propres problèmes et de manière général à prendre le contrôle de leur vie. C’est également le principal moyen par lequel les enfants s’entraînent et acquièrent les compétences physiques et intellectuelles essentielles pour réussir dans la culture dans laquelle ils grandissent. »
S’appuyant sur des statistiques, il démontre que le temps dédié au jeu et à fortiori au jeu libre n’a cessé de diminuer ces cinq dernières décennies : augmentation du temps scolaire et des activités extra-scolaires, intervention et surveillance systématique de la part des adultes, télévision…Et en parallèle, s’appuyant sur d’autres statistiques, il démontre que sur la même période, les problèmes psychologiques chez les jeunes tels que l’anxiété et la dépression ont drastiquement augmenté.. Il explique pourquoi selon lui, ces deux phénomènes ont bien une relation de cause à effet (1) :
« One thing we know for sure about anxiety and depression is that they correlate strongly with people’s sense of control or lack of control over their own life »
« Une chose dont ont est sûr à propos de l’anxiété et la dépression, c’est qu’elles sont fortement corrélées à l’impression des gens d’avoir le contrôle ou de manquer de contrôle sur leur propre vie. »« Free play is nature’s means of teaching children that they are not helpless. »
« Le jeux libre est le moyen dont la nature a doté les enfants afin de leur apprendre qu’ils ne sont pas impuissants. »
Chapitre 2 « The play-filled lives of hunter-gatherer children » ou La vie pleine de jeux des enfants chasseurs-cueilleurs
Peter Gray étudie la psychologie du développement du point de vue de l’évolution. Il s’intéresse donc aux enfants dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, sociétés qui étaient la norme pendant les centaines de milliers d’années qui ont précédé l’apparition de l’agriculture il y environ 10 000 ans.
« Genetically we are all hunter-gatherer. »
« Génétiquement, nous sommes tous des chasseurs cueilleurs. »
Dans ces sociétés, les enfants passent la majeure partie de leur temps à jouer. Dès lors qu’ils atteignent l’âge de quatre ans, ils vivent en bande d’enfants de tous âges loin du regard des adultes. Ils jouent et par là-même apprennent tout ce qu’ils ont besoin de savoir : chasser, traquer des proies, construire des huttes, fabriquer et jouer d’instruments de musique. Et ils exécutent tout de leur propre chef.
Dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs les valeurs dominantes sont l’autonomie (liberté individuelle), le partage et l’égalité.
« Hunter-gatherers sense of autonomy is so strong that they refrain from telling one another what to do. They even refrain from offering unsolicited advice to one another, so as to avoid the appearance of interfering with each other freedom. »
« Le sens de l’autonomie des chasseurs cueilleurs est si fort qu’ils s’abstiennent de se dire ce qu’il faut faire. Ils s’abtiennent même d’offrir des conseils qui n’ont pas été solicités, pour ne pas risquer d’interférer avec la liberté de chacun. »
Leur sens de l’égalité est tel que les enfants sont traités de la même façon. Les parents sont confiants, dans le sens qu’ils font confiance à leurs enfants.
« The central tenet of their parenting and educational philosophy seems to be that children’s instincts can be trusted, that children who are allowed to follow their own wills will learn what they need to learn and will naturally begin to contribute to the band’s economy when they have the skill and maturity to do so »
« La croyance centrale des parents sur laquelle repose leur education semble être que l’on peut avoir confiance dans l’instinct des enfants, que les enfants autorisés à suivre leurs propres désirs apprendront ce qu’ils ont à apprendre et vont naturellement commencer à contribuer à l’économie du groupe quand ils en auront les compétences et la maturité »
Les enfants ne sont pas abandonnés pour autant, les adultes répondent à leurs souhaits, les laissent participer à quasi toutes les activités, les autorisent à jouer avec les outils dangereux…Les enfants s’attroupent souvent autour des adultes pour les regarder ou les aider. Et quand ils veulent voir quelques chose ou demandent de l’aide, les adultes répondent.
Chapitre 3 « why schools are what they are : a brief history of education » ou » Pourquoi, les écoles sont ce qu’elles sont : un peu d’histoire de l’éducation. »
Dans ce chapitre, l’auteur fait tomber la croyance selon laquelle l’école telle que nous la connaissons, où les enfants sont contraints d’apprendre, est le fruit de la logique et qu’il existe de bonnes raisons qui sous-tendent ce mode d’éducation. En fait, l’école est le fruit de l’histoire et tout commença par l’apparition de l’agriculture, et donc de la propriété individuelle et des différentes classes sociales. Les valeurs n’étaient donc plus l’autonomie et la liberté, mais les enjeux de pouvoirs ayant émergé, l’éducation contrainte est apparue. Il parle du féodalisme, de l’industrialisation, du travail des enfants et du début de la scolarisation obligatoire. Il parle aussi du rôle de la religion, en particulier du protestantisme, du capitalisme et du rôle de l’état dans la scolarisation obligatoire.
L’éclairage historique qu’il apporte est intéressant bien que limité aux sociétés anglo-saxonnes pour ce qui concerne l’école moderne mais la conclusion peut être transposée en partie chez nous.
« Today, most people think of childhood and schooling indelibly entwined.[…]We automatically think of learning as work, which children must be forced to do in special workplaces, schools modeled after factories »
« Aujourd’hui, la plupart des gens voient l’enfance et l’école à jamais imbriqués […] Nous pensons automatiquement à l’apprentissage comme un travail que les enfant sont forcés d’accomplir dans des endroits dédiés, les écoles, concues d’après les usines. »
« We rarely stop to think about how new and unnatural all this is in the larger context of human evolution and how it emerged from a bleak period in our history that was marked by child labor and beliefs in children innate sinfulness. »
« On s’arrête rarement pour réfléchir sur combien tout ceci est nouveau et artificiel pris dans le contexte plus large de l’évolution humaine et sur comment ceci a emergé au cours d’une periode sombre de notre histoire marquée par le travail des enfants et par la croyance selon laquelle les enfants sont naturellement mauvais. »
Chapitre 5 : « Lessons from Sudbury Valley : Mother Nature can prevail in Modern Times » ou « Leçons tirées de Sudbury Valley : Mère Nature peut prévaloir dans nos temps modernes »
Le fils de l’auteur qui avait de grandes difficultés avec l’école, lui demanda un jour s’il pouvait plutôt aller à la Sudbury Valley School. Il s’agit d’une école démocratique pour enfants de 4 à 19 ans où aucun apprentissage n’est imposé, où les décisions concernant l’école sont prises de manière démocratique et où la voix d’un élève compte autant que celle d’un adulte.
Pour traduire l’esprit de cette école, voici quelques citations du livre :
« Adults do not control children’s education; children educate themselves.»
« Les adultes ne contrôle pas l’instruction des enfants ; les enfants s’instruisent eux-même. »«…(adults) are there to ensure students’ safety ; confort those who need comforting ; perform many of the chores needed to keep school running efficiently and legally… ; protect the school from outside infringements ; and serve as ressources for those students who wish to take advantage of their skills, knowledge or thoughts. »
« …Les adultes sont là pour assurer la sécurité des élèves, remplir les tâches necessaires pour faire fonctionner l’école de façon efficace et au niveau légal ; protéger l’école des atteintes exterieures et servir de ressource pour les élèves qui souhaitent profiter de leur compétences, connaissances et reflexions.»
Les enfants sont libres de se déplacer dans l’école, de rester avec qui ils souhaitent et peuvent même sortir de l’école lorsqu’ils le souhaitent.
Bien sûr, l’auteur a eu beaucoup de doutes avant d’ envoyer sont fils dans cette école. Dans le cadre de ses recherches, il décida d’étudier le devenir de ses éleves (2) :
« Those graduates who had pursued higher education (about 75 percent of the total) reported no particular difficulty getting into the schools of their choice or doing well there once admitted. »
« Les anciens élèves qui ont poursuivi des études supérieures (environ 75 pourcent du total) n’ont pas mentionné de difficulté particulière pour intégrer les écoles de leur choix ou pour réussir lorsqu’ils y ont été admis. »« As a group, regardless of whether they had pursued higher education, the graduates were remarkably successful in finding employement that interested them and earned them a living »
« En tant que groupe, indépendamment du fait qu’ils aient poursuivi des études supérieures ou non, les anciens élèves étaient remarquablement bien parvenu à trouver un emploi qui les intéressait et leur permettait de gagner leur vie. »
Conclusion
Ce livre m’a beaucoup interpellée pour une foultitude de raisons mais ce que j’ai beaucoup apprécié , c’est qu’ il démontre que tout ce qu’on pense généralement nécessaire à l’apprentissage (discipline, coercition, apprentissage de matières obligatoires, notes, devoirs, punitions) n’est absolument pas obligatoire. Au contraire l’apprentissage est quelque chose d’agréable qui demande certes des efforts mais des efforts consentis puisque motivés par le seul désir et le seul intérêt de celui qui apprend..
A l’heure où je dois penser à scolariser ma fille, je me pose beaucoup de question sur l’école, et ce livre m’a vraiment convaincue qu’une autre école est possible.
Ce livre apporte aussi beaucoup de réponses à mes questionnements et un certain soulagement. En tant qu’enfant, quand on ressent un malaise (anxiété, stress, pour ne citer qu’eux) voire de la souffrance à l’école, on intègre vite l’idée que le problème vient de soi et non de l’institution. Je pense aussi que certains de ces états émotionnels font régulièrement intrusion dans nos vies d’adultes. Je pense au blues du dimanche soir, au stress de la performance ou encore aux sentiments de dévalorisation de soi.
Enfin, il m’a confirmé ce que je ressens au plus profond de moi : il faut faire confiance aux enfants. Ils sont à mon sens trop largement considérés comme des êtres incapables, totalement dépendants et qui doivent donc être constamment surveillés jusqu’à un âge avancé. En plus d’être fatigant pour les parents et adultes, on le voit ici, cette attitude généralisée est complètement délétère et carrément ennuyante pour les enfants.
Ce livre est aussi bien plus riche que les quelques extraits que j’ai cités : il propose aux parents des pistes pour être des « parents confiants », il démontre l’intéret des groupes d’enfants d’âge differents et bien sûr du jeux libre qui, chez nous aussi, est en voie de disparition.
Edit: Retrouvez désormais cet article sur mon blog https://educationautonome.wordpress.com/
Pour en savoir plus, quelques conférences de Peter Gray sont disponibles en VO sur youtube.
(1) the decline of play and rise in children’s mental disorders
(2) Gray, P.and Chanoff, D. (1986). Democratic schooling : what happens to young people who have in charge their own education ? American Journal of Education, 94, 182-213.
Maman bouquine
Si vous me le permettez, j’aimerais mettre votre article en lien sur notre site : http://www.ecoledelacroiseedeschemins.fr
Oui, sans problème. Je suis contente que vous ayez apprécié l’article.
c’est d’ailleurs la premiere école démocratique en france celle ci ! ;)
Merci beaucoup de cette magnifique contribution!!! Et bienvenue parmi nous!!!
Cet auteur me plait assurément!! J’avoue que je n’ai toujours pas trouvé la réponse à la question de savoir pourquoi l’école considère à ce point le jeu comme une activité à éliminer, une activité contraire à l’apprentissage alors que le jeu EST l’apprentissage. Ces dernières années, j’ai beaucoup réfléchi là dessus, pour arriver à la conclusion que non seulement nous ne laissons pas assez les enfants jouer, que nous ne comprenons pas le potentiel extraordinaire du jeu et que probablement en tant qu’adulte nous gagnerions à retrouver ce chemin perdu vers l’imaginaire…c’est en tout cas une de mes quêtes! :-)
Merci de m’avoir donné la possibilité de publier!
Je ne sais pas si l’école cherche consciemment à éliminer le jeux. Mais je crois que tout le monde a oublié que les enfants n’ont pas besoin d’etre constamment occupé par des activités dirigées par les adultes.
Je pense au débat qui a lieu en ce moment, sur la modification des rythmes scolaires et où beaucoup de parents regrettent le fait que les enfants seraient abandonnés à eux meme lors du temps libéré, certains déplorent une longue pose meridienne ou le fait qu’il y ait plus de garderies. Et ce qui fait le plus peur, c’est qu’il faut trouver des animateurs pour animer des activités…
Alors que je me souviens très bien que en primaire, les rythmes c’était :
08H30-10h00 classe
10H00-10H30 récré
10H30-11H30 classe
11H30-13H30 pause
13H30-15H00 classe
15H00-15H30 récré
15H30-16H30 classe
Soit sur une journée de 8h00, 5h de classe dont une bonne partie consacrée au sport, dessin, musique, sortie en foret, piscine…
Et je me souviens de m’etre beaucoup amusée pendant les récrés : élastique, billes, corde à sauter…Sans jamais que les instits ni les surveillants n’interviennent. Je pense qu’on pourrait avancer un petit peu si on se souvenait de nous, enfants.
Pour parler du jeux, je me demande, s’il s’agit vraiment d’imagination. Il s’agit plutot selon moi d’imitation, réappropriation, recomposition de ce qui ce passe dans la vie, et donc d’apprentissage. On voit donc apparaitre une bonne dose de créativité.
Je me pose aussi beaucoup de questions quant à l’imaginaire et me demande si ce n’est pas nous les adultes qui poussont les enfants sur ce chemin : univers des livres, BD dessin-animés.
Mais également beaucoup d’ennui du à l’isolement. Je pense à l’enfant passant du temps dans sa chambre alors qu’il a besoin de nature, de grand air et d’autres enfants avec qui jouer. Beaucoup d’ennui aussi à cause du temps contraint qui pousse à se réfugier dans l’imaginaire…
Merci pour cet article passionnant !
Il me perturbe sur le fait de laisser les enfants jouer de préférence le plus possible entre eux pour tout apprendre d’eux, et de ne jouer que peu avec les parents in fine.
En effet, ce concept est à l’opposé de celui du lien d’attachement exposé dans le livre « Hold on to your kids »/ »Retrouver son role de parent ») cf. le tout aussi passionnant article des VI : http://lesvendredisintellos.com/2012/03/23/retrouver-son-role-de-parent/
Dans ce livre, il est apparemment explicité que l’attachement aux pairs est justement préjudiciable…et que, je cite, « plus l’enfant s’attache à d’autres enfants et plus il rejette les adultes en général et ses parents en particulier »…
Quels sont vos avis sur ce paradoxe ?? Je ne sais plus trop quoi penser du coup ;-)
J’ai lu l’article, j’ai l’impression qu’il ne parle pas de la meme chose. Il parle d’attachement et j’avoue ne pas comprendre la problématique Attachement aux parents versus pairs.
Pour revenir à Free to learn, je pense que l’auteur dit que les enfants apprennent énormément en jouant entre eux mais ils apprennent également des adultes (pas forcément les parents, au contraire, plus il y a d’adultes et plus il y a de compétences et connaissances disponibles). Par contre ce n’est pas par le jeux qu’ils apprennent des adultes, les enfants font appel aux adultes pour leur poser des questions, pour qu’ils leur montrent ce qu’ils font…
Quand au jeu, c’est personnel, mais ca m’ennuie de jouer avec les enfants. Sauf s’il s’agit d’un jeu pour moi aussi (jeux de société par ex) et que l’enfant est au niveau.
Et je pense aussi que les enfants preferent 100 fois plus jouer avec d’autres enfants qu’avec leurs parents. Disons en tout les cas que c’était le cas pour moi étant enfant.
Sur la question attachement aux pairs VS attachement aux parents, ce billet est à lire… http://lesvendredisintellos.com/2012/03/23/retrouver-son-role-de-parent/
Oui c’est justement celui que je citais dans mon commentaire ;-))
Et vous du coup, Mme Dejantee, qu’en pensez-vous ??
Oups désolée! J’ai l’impression que les commentaires ne sont pas affichés dans le bon ordre quand j’ai répondu!! :/
Donc mon avis: J’ai trouvé l’hypothèse développée dans « Retrouver son rôle de parent » assez intéressante à réfléchir… ne serait-ce que parce qu’elle prend le contre pied de l’idée reçue ambiante selon laquelle les parents doivent s’effacer de la vie de leur enfant, et ce, de plus en plus jeune, pour laisser la place à cette « culture des pairs » jugée souhaitable et caractéristique d’une adolescence normale.
Ceci étant, je pense que les deux visions ne sont pas incompatibles… Dans le bouquin de Neufeld, ce qu’il condamne ce n’est pas l’interaction des enfants entre eux mais le fait que les adultes n’y occupent plus de place. Le modèle idéal de société pris par Neufeld est le village provencal (autrefois hein!) où les enfants se fréquentent bien sûr! Mais où les adultes connaissent les enfants, et ne cherchent pas à ne plus jouer le rôle de cadre sécurisant… Neufeld condamne les temps de récré/cantine où les adultes laissent les enfants livrés à eux mêmes et qui sont souvent le théâtre de violences… au lieu d’être présents pour garantir que l’apprentissage de la résolution de conflits se passe dans le respect de chacun.
Ce n’est donc pas l’interaction des pairs qu’il faut empêcher mais repenser le rôle de l’adulte qui sans être invasif peut rester un pilier sur lequel les enfants doivent pouvoir s’appuyer.
Du coup, si, a priori, ca parait incompatible mais c’est interessant comme discution. Je ne prétend pas avoir la réponse, déjà parce que je n’ai pas d’avis tranché mais aussi parce je n’ai pas lu le livre de Neufeld.
Un élément de réponse justement proposé par Peter Gray, c’est que c’est l’école qui crée les violences: les enfants sont obligés d’etre ensemble, il n’ont aucune echapatoire puisqu’ils doivent etre présent à la récrée par exemple. Alors que lorsque les enfants sont réellement libres, un enfant agressé ou qui ne trouve pas son compte dans un groupe peut physiquement s’échapper (et peut etre aussi trouver du réconfort auprès d’un adulte de son choix, c’est moi qui l’ajoute).
Du coup, pas besoin d’adulte pour faire le gendarme.
Un article interessant :
http://www.psychologytoday.com/blog/freedom-learn/201304/the-most-basic-freedom-is-freedom-quit
Il y aurait beaucoup d’autre chose à dire tant les choses sont complexes et tant nous sommes influencés par nos croyances collectives et notre culture. C’est pour cette raison que j’ai beaucoup accroché au livre que je vous ai présenté car il permet justement « to think out of the box ». Justement sortir du cadre qui nous limite et nous empeche souvent de trouver des solutions.
« Neufeld condamne les temps de récré/cantine où les adultes laissent les enfants livrés à eux mêmes et qui sont souvent le théâtre de violences »…ça me paraît à l’opposé de la théorie de Peter Gray, non ?
Et en citant Poulepondeuse à l’époque, le livre de Neufeld dit que « les parents sont supplantés par les pairs, et donc doivent reconquérir leur place et leur rôle », or Peter Gray semble promouvoir les interactions entre les pairs…mais je n’ai pas lu le livre de Neufeld, je me base uniquement sur ce que vous en dites et ce que Poulepondeuse en disait.
Mais en effet, comme le souligne Mamanbouquine, une piste de rapprochement des deux théories est l’influence d’une liberté totale dans le jeu ou pas…
Merci pour vos lumières !
Ben si pendant les temps de cantine, les enfants se battent et les encadrants font mine de ne rien voir, ou disent « ce sont des affaires d’enfant à régler entre enfants » c’est une chose. Si pendant les temps de cantine, les enfants jouent seuls, interagissent entre eux, mais un adulte est présent (avec une certaine qualité de présence!) et va dire « stop » quand un enfant semble victime de violence et prend le temps d’accompagner les uns et les autres jusqu’à résolution du conflit ça me semble très différent.
Dans un cadre, c’est la culture enfantine qui prédomine (avec son arbitraire, ses injustices, sa violence), dans l’autre cas les enfants peuvent expérimenter les rapports sociaux MAIS c’est la culture des adultes qui sert de cadre (et que Neufeld estime plus sécurisante, plus structurante affectivement).
C’est en tout cas c’est mon interprétation…
Oui bien sûr je suis d’accord, merci pour cet exemple, mais au final ce qui me chagrine c’est que P. Gray incite justement à cette « culture enfantine » sans intervention des adultes…où je me trompe ?
Presque 2 ans après je rebondis sur votre discussion : ayant lu le bouquin de Neufeld et en train de lire le bouquin de Gray, je ne les trouve pas foncièrement incompatibles.
2 éléments selon moi à prendre en compte pour nuancer ces 2 points de vues qui semblent contradictoires:
– lorsque les enfants évoluent dans une famille bienveillante et respectueuse, ces enfants sont plus bienveillants et respectueux.
– lorsque les enfants évoluent entre eux avec tous les âges (du plus petit au plus grand), les interactions sont plus coopératives. C’est la ségrégation des enfants par tranche d’âge qui participe grandement au climat agressif. https://www.psychologytoday.com/blog/freedom-learn/200809/why-we-should-stop-segregating-children-age-part-ii
1 – C’est lorsque le lien bienveillant et sécure avec le parent fait défaut que l’enfant va reporter son besoin d’attachement aux pairs. Ceci car notre modèle de relation adulte-enfant se base sur un modèle autoritaire avec le système baton-carotte/récompense-punition, qui fait que l’enfant va s’éloigner de l’adulte en qui il n’a plus confiance car il y a peu de respect. Si l’adulte est respectueux et bienveillant, il restera une personne ressource pour l’enfant.
2 – Lorsque les pairs sont issus de familles peu bienveillantes (ce qui est fréquent), et que les enfants sont limités à des interactions avec leur classe d’âge, évoluant dans le milieu scolaire la plupart du temps, évidemment que les interactions entre pairs ne sont pas forcément bénéfiques, particulièrement sur le plan affectif. Ce climat entre enfants peut être violent, compétitif, dénigrant, etc… Mais dans les écoles comme la Sudbury Valley School (les enfants sont très autonomes, peu d’intervention des adultes), le climat entre enfant ne ressemble pas du tout à ça.
3 – Nous sommes tellement habitués en tant qu’adulte à intervenir tout le temps car nous ne faisons plus tellement confiance à nos enfants (et nous ne nous faisons pas forcément plus confiance à nous même, car nous avons appris toute notre vie que ce sont les experts et donc les autres qui savent), que n’intervenir quasiment pas ne nous semble que difficilement envisageable. Mais laisser l’enfant faire ses expériences est tellement important! Et avoir confiance en lui l’est encore plus!
Il me semble que pour Gray, la présence d’un adulte ne pose pas de problème si celui-ci sait garder une posture non interventionniste, sauf en cas de réel danger. Mais que celui-ci est beaucoup moins fréquent que nous ne le pensons.
Ce que Gray met aussi particulièrement en avant, c’est la capacité des enfants à s’éduquer eux-mêmes, particulièrement lorsqu’ils sont avec d’autres enfants d’âges variés. https://www.psychologytoday.com/blog/freedom-learn/200809/why-we-should-stop-segregating-children-age-part-iii
Ainsi, attachement de qualité avec ses parents ou d’autres adultes et jeu autonome avec les autres enfants en dehors de la présence de l’adulte ne me semblent pas incompatibles, mais font pour moi partie des ingrédients pour le bien-être de l’enfant.
Bonjour,
depuis octobre 2016, ce superbe livre est traduit en français, publié chez Actes sud
http://www.actes-sud.fr/catalogue/sciences-humaines-et-sociales-sciences/libre-pour-apprendre
Bonjour, merci pour votre article. Je l’ai publié sur la page Facebook de notre école : Ecole Démocratique Anjou.
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