Mère, un emploi à temps plus que plein

Je voulais être mère depuis longtemps, je savais que ce rôle m’émerveillerait. Mais je ne savais pas que ce serait aussi éprouvant. Je ne regrette pas, loin de là, mais parfois je doute, je peine et je culpabilise.

Un jour où j’étais malade, j’ai demandé à mes amies mères sur Facebook comment elles faisaient, elles, pour s’occuper des enfants. Voici les mots qui sont le plus revenus : télé, DVD et pâtes. C’est ainsi que les minuscules et moi avons vécu quelques jours. En posant cette question, je cherchais surtout à déculpabiliser. Il est impossible d’être disponible et en forme tout le temps. Pourtant, on est mère… tout le temps.

Je trouve de l’aide aussi dans les livres (pour cette raison, je suis ravie du développement des Vendredis Intellos). J’aime beaucoup la réflexion de Violaine Guéritault dans La Fatique émotionnelle et physique des mères.

kit survie

Il y aurait beaucoup à dire sur ce livre. Aujourd’hui, je souhaite aborder la partie sur le fait qu’une mère ne connait pas de « pause ».

Quel être humain sensé accepterait un labeur qui requiert sa présence vingt-quatre heures sur vingt-quatre, 365 jours par an, dans des conditions de stress important où l’imprévisibilité des événements est constante, où la sensation de contrôle, le soutien psychologique, émotionnel et matériel, ainsi que la reconnaissance d’autrui sont rares ?

L’auteur fait un parallèle entre le stress au travail et celui des mères car il y a de nombreux points communs sauf qu’une mère ne peut ni prendre un congé, ni démissionner… Mais c’est ainsi, on ne peut pas changer ça. En revanche, on peut changer le regard que l’on porte sur les parents (les mères en particulier) et les aider.

La société attend une performance exemplaire de la part des mères sans que leur soient accordées les ressources nécessaires pour répondre à cette attente. Si elles sont épuisées, débordées, ou chroniquement en retard, c’est forcément parce qu’elles sont complètement désorganisées. S’il leur arrive d’être agressives, colériques ou à bout de nerfs, c’est sans doute à cause de leur émotivité exacerbée et incontrôlée ou bien encore à cause d’un cas de syndrome prémenstruel aigu. Si finalement elles s’effondrent, c’est parce qu’elles souffrent de dépression due à une nature vulnérable et que les médicaments devraient soulager afin qu’elles retrouvent une productivité capable de satisfaire les besoins de tous ceux qui les entourent.

Ne serait-il pas souhaitable de nous abstenir de « blâmer la victime » en ne considérant pas la dépression comme la cause de la détresse de beaucoup de mères, mais plutôt comme un symptôme, une conséquence d’un problème sous-jacent, peu reconnu et mal identifié parce qu’il remet en question un mythe culturel auquel il ne fait pas bon s’attaquer : le mythe de la mère parfaite.

En particulier, il est important d’écouter les mères et de ne pas les culpabiliser (les mères savent très bien se culpabiliser elles-mêmes, merci).

Le stress engendré par l’aspect constant des tâches d’une mère peut l’amener à souhaiter se distancer de cette source de stress afin de pouvoir se ressourcer physiquement et émotionnellement.

Ce désir d’échapper temporairement à leurs responsabilités est souvent vécu secrètement par les mères qui tendent à culpabiliser. Elles ont tendance à confondre leur besoin physique et émotionnel de se reposer et de se ressourcer avec ce qu’elles qualifient parfois de lâcheté et d’irresponsabilité envers leur devoir maternel.

Une des solutions proposées est de prendre soin de soi, de trouver des activités pour soi uniquement. Une autre est celle dont je parlais au début et c’est ce que je trouve formidable dans la blogosphère des mamans en particulier.

L’un des pires ennemis des mères victimes du stress engendré par leurs responsabilité maternelles est l’isolement, donc le manque de soutien émotionnel et social.

N’hésitez pas à aller à la rencontre d’autres mères et à engager un dialogue honnête sur votre vécu de maman. Echangez sur vos difficultés communes, vos doutes et vos émotions. Vous risquez d’être étonnée de voir combien il est rassurant pour elles de découvrir que vos expériences sont similaires. Vous vous sentez alors normale et moins seule, comprenant que votre problème n’est pas forcément le résultat de votre incapacité, mais vient de ce qu’être maman n’est un travail facile pour personne. La culpabilité va parfois jusqu’à disparaître complètement lors de ce type d’échanges.

Conseil ultime :

N’ayez pas peur de demander de l’aide quand vous en avez besoin !

Je le fais mais j’ai toujours peur d’exagérer et c’est parfois une autre source de culpabilité. Il m’arrive de préférer rester seule que de demander encore et encore de l’aide.

Je vous recommande cet ouvrage parce qu’il explique très bien ce phénomène d’épuisement maternel et apporte de vraies réponses. Et le constat n’est pas pessimiste, au contraire.

C’est seulement lorsqu’on commence à reconnaître, à comprendre la réalité du vécu des mères et de leur stress (et à lui répondre), que la dimension magique de la maternité peut véritablement s’exprimer. C’est alors que nous pouvons voir comment les aspects positifs de notre vie de mère l’emportent mille fois sur les aspects négatifs.

Peut-être même encore plus…

Clem la matriochka

16 réflexions sur “Mère, un emploi à temps plus que plein

  1. Parfait cet article!! Bouquins plus qu’intéressants dans le kit de survie (j’en ai déjà 2 sur 4!).
    Il est temps de partager et reconnaître que ce n’est pas toujours facile d’être mère.

  2. Super article! C’est vrai, on met beaucoup la pression sur les mères qui se doivent d’être parfaites. J’en ai 1 sur 4 sur les bouquins (peut mieux faire ^^ XD)
    faut absolument que je me fasse une liste de livres à acheter moi. ;)

    • Je ne pense pas que ça marche pour tout le monde mais moi, ce genre de livres m’aide vraiment. Il faut arrêter de se comparer à l’image qu’on se fait de la mère parfaite et ça ira déjà beaucoup mieux… Mais bon, facile à dire !

  3. j’ai lu ton article en travers, mais je vais tenter de faire mieux demain ou ce soir si j’ai le temps, je suis mamaufoyer depuis 11 ans, mes enfants 11 ans, 5 ans et 2 ans, sont toute ma vie je ne vis que pour eux, que par eux, mon mari m’a dit un jour, tu a decidé d’etre mamaufoyer, tu t’en occupes moi je bosse….pas facile et ce soir c’est un mauvais soir….

    • cathychevalerias , moi-même maman à plein temps de 5 petits amours de 11 ans et demie, 9 ans et demie, 7 ans et demie, 4 ans et demie et mon petit 5e et dernier de 22, presque 23 mois, j’ai aussi décidé tout ça (j’ai bien essayé de travailler entre les 6 mois et un an de ma première, mais j’avais les tripes arrachées de devoir la laisser à quelqu’un d’autre, du coup la question ne s’est plus posée depuis… pour l’instant, c’est ainsi.
      Chéri travaille à l’extérieur et moi au sein de la famille… pour autant, si c’est avec amour et plaisir, les jours sont souvent difficiles tant de jeunes enfants transforment vite un logis en ruine après une tempête, d’où, particulièrement en automne et hiver où ils sortent moins jouer dehors dans le jardin, l’épuisement, la rage parfois d’avoir travaillé pour rien, de devoir encore et toujours recommencer… car s’occuper des enfants n’est pas seulement les accompagner, les chérir, les consoler… c’est aussi s’occuper de leur linge, en plus du nôtre, de notre lieu de vie commun, de les nourrir jour après jour, même quand nous préfèrerions aller nous coucher… ces années privées de sommeil qui pourtant passent si vite quand on regarde en arrière…
      Et que dire des aînés qui deviennent petit à petit adolescents, de leurs transformations qui nous laissent songeurs, déjà il faut songer à les accompagner en douceur dans le cheminement qui doit rester leur de leur future « adultesse » , comme s’il y avait un guide pour devenir un citoyen bien dans sa peau, dans sa tête, respectueux des autres et de soi-même… non rien de tout ça, juste des pistes, des astuces, des béquilles pour aider chaque être humain à mûrir son parcours de vie… les livres sont utiles si on en prend ce qui peut nous servir, pas si on les prends comme des lois… chacun suit son chemin…
      Nous sommes mères, femmes, humaines, mais aussi filles, héritières volontaires ou non du passé familial et culturel qui nous entoure… mais nous sommes toujours les responsables , avec nos chéris, de notre famille, pour toujours jusqu’à ce qu’ils volent chacun de leurs propres ailes, et alors notre rôle changera, et nos épaules allégées, nous pleurerons dans les bras de nos chéris ce temps si précieux où nous étions épuisées et lasses, mais combien heureuses de les avoir avec nous, de les embrasser tous les jours, et de les voir grandir et cheminer dans leur vie d’être humain, petits Amours qui deviennent grands, toujours fatiguées certains jours, notre amour n’en n’est pas moins grand, juste un peu caché par le quotidien inévitable, car nulle baguette magique pour faire ce qui doit être fait, et nous laisser seulement le temps de jouer avec vous et partager vos rires et vos larmes, parfois mêlées, toujours consolées…pour le mieux… Mères, je nous aime, car nous attendons bien trop de nous-même, moi de même, nul n’est parfait et c’est tant mieux, mais parfois ce n’est pas si facile de l’accepter!! Des jours oui, et des jours, non… c’est cela qui fait ce que nous sommes : juste des mères, des femmes, des humaines… juste Soi !

    • Je comprends ce que tu veux dire, c’est vrai qu’il y a des soirs particulièrement durs. Je suis désolée de voir que tu ne trouves pas chez ton mari le soutien dont tu as besoin. Peut-être peux-tu lui expliquer ce que tu vis car c’est vrai que beaucoup ont du mal à comprendre pourquoi cela peut être si dur. Si tu as besoin de discuter, n’hésite pas à nous retrouver sur Twitter. Mon pseudo c’est « clematriochka ».
      Bon courage !

  4. Je n’ai jamais rêvé d’être mère mais je voulais un enfant, c’est différent… je ne me doutais pas que je deviendrais en un éclair (ou pour être précis une avalanche) mère et père en même temps !
    Un enfant qui va naître orphelin, c’est dur à porter (merci à ma famille qui ne m’a jamais lâchée !), et soudain tous les rêves d’avenir s’effondrent, tout organiser autour de cet enfant sans rien trahir ce de qu’on est, de ce qu’on aime… c’est comme ça qu’on devient noctambule, des nuits de cinq heures (grand luxe, quand on y a droit), la course après le temps, les calculs et les choix… et puis un jour tout s’arrête, « cria cuervos » comme disent les espagnols, l’oiseau quitte le nid pour voler loin et là on se pose des questions… sans amertume ni regrets… mais peut-être un peu fatiguée

  5. Merci et bravo pour ce bel article!!! Nous n’avions pas évoqué ce thème depuis bien trop longtemps (est-ce parce que nous sombrions toutes les unes après les autres à cette période de l’année où les virus, le froid et la nuit nous en rajoutent une bonne couche??!!).
    Il y a beaucoup de vérité dans tout ce que tu dis… et quand je regarde en arrière, je me dis que JAMAIS je n’aurais pu imaginer il y a 15 ans de cela en arriver au niveau de fatigue que j’ai connu après la naissance de GPL notamment…
    Toi qui en sait plus long que moi sur le sujet tu pourras sans doute nous éclairer sur la survenue de la dépression… j’avais entendu parler de « dépression d’épuisement »… cela existe-t-il réellement au sens de la maladie ou est-ce que l’état dans lequel on se retrouve est si dégradé qu’il ne permet même plus le diagnostic?
    Sinon, j’ai personnellement grand espoir dans nos communautés de mamans… nous avons troqué une communauté de voisinage contre une communauté virtuelle mais l’essentiel est que nous avons retrouvé les moyens d’obtenir un soutien… et ça me semble déjà très positif!!!

  6. Pingback: Les mères, coupables d’être… mères [mini debrief] « Les Vendredis Intellos

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