Tout d’abord, merci à Mme Déjanté de m’accueillir. Je me présente, Marie-Christine Eustache, 43 ans, mère de 3 enfants, je suis coach en parentalité et j’accompagne depuis plus d’un an maintenant des femmes en burn out maternel.

J’ai réagi vendredi matin à l’article du Nouvel Obs http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140430.OBS5726/burn-out-ces-meres-qui-veulent-etre-parfaites-et-qui-craquent.html car la description du burn out «  Il faut dire que les mères d’aujourd’hui placent la barre trop haut. » et ce qui peut être pris comme la solution  « Il y a sept mois, Stéphanie Allenou a eu un quatrième enfant. Cette fois-ci, elle a repris le chemin du travail trois semaines après l’accouchement. » sont tout de même assez caricaturale.

Le burn out maternel c’est quoi ? C’est un phénomène qui s’étale dans le temps, sur des semaines, des mois, des années parfois. C’est une longue descente dont la femme n’a pas conscience au début, c’est un lent glissement, un enlisement dans le rythme quotidien. De fil en aiguille, la femme devenue mère perd de sa sérénité, de son calme à répondre aux besoins de ses enfants, de son conjoint, de son patron, de ses parents, de ses amies parfois, de ses voisins… Elle devient impatiente, parfois violente, se met en colère, est fatiguée.. Elle peut être vue par l’entourage comme « hystérique »  Elle peut d’ailleurs elle-même se sentir devenir folle (cela n’a rien à voir avec de la folie, c’est de l’épuisement).

L’article le dit bien « Qu’elles travaillent ou non, toutes les mamans peuvent être touchées par ce mal. Et si l’on en croit les témoignages désespérés qui abondent sur les forums, le phénomène est loin d’être marginal : « Je n’ai même plus la force d’être enthousiaste devant les progrès de la petite », « J’ai commencé à ne plus dormir la nuit, cela a duré vingt et un jours, puis j’ai regardé ma fille sans vraiment la voir »… 

Parfois, son entourage aide bien à cela d’ailleurs pour peu qu’elle soit en congé parental, bah oui, à la maison toute la journée, c’est bien connu elle n’a rien à faire donc peut s’occuper de tout. C’est de l’ironie bien sûr que je fais et malheureusement c’est bien la réalité de la mère, elle se retrouve avec une charge de travail impossible à assumer.

Être mère à élever ses enfants c’est un travail à 100%. En effet, il y a des assistantes maternelles, des auxiliaires de puériculture, des éducatrices de jeunes enfants en crèche dont c’est le métier. La mère qui fait le choix de rester à la maison élever ses enfants a donc un travail à temps plein (non rémunéré bien sûr). A ce travail à temps plein, et même plus que plein, s’ajoute la tenue de la maison, les courses, les papiers, les aller-retour à l’école, au sport, à la musique… Si elle a laissé un poste dans une entreprise pour s’occuper de ses enfants il lui sera parfois reproché de ne pas aller travailler. Si elle choisit de reprendre son travail très tôt après l’accouchement il lui sera reproché d’être une mauvaise mère. Si elle choisit un mixte avec travail à l’extérieur à mi-temps et s’occuper de ses enfants, elle sera critiquée d’un côté comme de l’autre. Pas de bol : dans un cas comme dans l’autre cela ne convient pas à l’entourage. Et la femme là dedans ? elle veut quoi ? Elle se retrouve en burn out, il arrive qu’elle ne sache même plus ce qu’elle veut au fond tellement elle est au bout du rouleau (le premier souhait exprimé tout de même est souvent « je veux dormir »). Je dis « la femme », les hommes aussi sont touchés par le phénomène et là c’est encore plus tabou, ils n’en parlent pas.

Le burn out qu’il soit maternel ou paternel, est de mon point de vue, une crise profonde, un cri qui vient de loin et qui dit « stop ! j’en peux plus ! je veux faire autre chose de ma vie ».  Ce cri a besoin d’être entendu, d’être reçu sans jugement. Derrière ce cri il y a des besoins qui attendent des réponses. Cela demandera du temps pour retrouver un équilibre entre les besoins profonds de la personne et les contraintes techniques et matérielles présentent autour d’elle.

Le rôle de l’entourage ?

L’entourage va être accélérateur du phénomène quand il réclame toujours plus, qu’il augmente la charge de travail de la personne sans conscience de ce qu’il demande, de l’énergie, du temps que la  tâche nécessite.

L’entourage va être réducteur du phénomène en ayant un regard extérieur non jugeant autant que faire ce peux « il/elle est épuisé(e). Est-ce que je peux faire quelque chose pour l’aider ? » le mieux étant de poser la question à la personne épuisée qui pourra peut être répondre. En ayant aussi  un regard sur soi-même « est-ce qu’il y a des choses que je lui demande de faire que je pourrais faire moi-même ? » il y a des choses qui sont demandées à la personne épuisée alors que la personne demandeuse peut les faire elle-même.

Il est fréquent de constater que dans un couple où la femme est en burn out maternel, l’homme est aussi en difficulté. Il y a autant de cas qu’il y a de personnes et chacun nécessite une réponse personnalisée.

Il n’y a pas de solution toute faite au problème de burn out. Cependant il y a un début de chemin, vers la sortie, qui est commun à tous les cas. Le voici :

Le premier pas c’est la prise de conscience, celle qui permet de dire « ok, c’est ça que je dois vivre, un burn out maternel (ou paternel) » Attention !!! C’est la personne touchée qui doit faire ce constat pour sortir de l’état de burn out. Le deuxième c’est celui de ce dire « j’ai besoin d’aide ». Le troisième celui d’aller chercher de l’aide. Le quatrième celui d’accepter de recevoir de l’aide. Après quoi, la suite dépendra du choix fait parmi les très nombreux accompagnements disponibles.

Quoi qu’il en soit du choix d’accompagnement fait, le burn out maternel, c’est une révolution interne et aussi une vraie porte vers un avenir meilleur pour la personne touchée et pour l’entourage indirectement.

 

Marie-Christine Eustache

Coach en parentalité et en relation de couple