C’était vraiment mieux avant? {mini-débrief}

Je traverse ces temps-ci une période pas très rigolote, puisque nous avons récemment repris le chemin de la PMA. Un chemin semé de rendez-vous médicaux à l’autre bout de la ville, de (très) gros chèques à signer,  d’absences impayées au travail, d’injections quotidiennes à se faire soi-même, de résultats démoralisants, d’angoisse de la mauvaise nouvelle à chaque étape,  de fatigue et de nausées, d’irritabilité…. Et puis surtout, d’incertitude.

Nous avons jugé qu’il était trop tôt pour en parler concrètement à mon bébé: Tout ce nous avons dit, c’est que « Maman a bobo au belly » (au ventre, pour les non Briton-comprenants, enfin pour être précis le belly c’est la partie grasse du ventre de porc mais bref). Mais évidemment, même à seulement presque deux ans et demi, on comprend bien plus que ce qu’on ne laisse paraitre – en plus c’est moi qu’a fait le bébé le plus futé je te ferais dire,  en tout objectivité bien sûr.

Donc, je suis vautrée plus souvent que de raison dans mon canapé, je ne porte plus mon fils, et je ne lui permets plus de sauter à pied joint sur mon ventre (son grand plaisir).

Et de son côté, je crois qu’il en ressent un profond malaise. Il en a, un gros chagrin, comme dirait ma mamie. En 4 jours, nous avons assisté, impuissants, à 4 colères incontrôlables. A se rouler par terre, tenter de se déchainer contre mon ventre, à se taper lui-même quand on arrivait à l’en éloigner! A hurler non-stop pendant une très longue demi-heure! A se jeter dans les escaliers! Parce que je lui avais repris un jouet emprunté à la gymboree, ou même sans raison apparente.

Un soir, une fois mon fils couché, pensant confier mon malheur à une oreille compatissante, j’ai appelé ma ptite maman: Erreur de débutante, parce qu’elle est « de la vieille école ». Je ne pouvais pas m’étonner de ces CAPRICES, puisque je laisse TOUT faire, je ne lui impose JAMAIS rien, pas même dormir dans son lit. Qu’il faut d’urgence lui faire comprendre que ce comportement est inadmissible, par des fessées et des punitions sévères s’il ne comprend rien d’autre. Que je me pose trop de questions et que ce n’est qu’un enfant, donc colère = caprice = manque de limites. Que le père doit représenter l’autorité, que le nôtre nous a corrigés quand il le fallait et que cela nous a fait du bien, que nous en avions besoin.

A ce stade, je ne fume pas mais je m’en serais bien grillé une pour accompagner mon lexomil au whisky.  Heureusement, les 3 contributions que je présente cette semaine ont eu pour effet de m’apaiser un peu: Au milieu de toutes ces lamentations sur cette société décadente et hypernombriliste, sur ces jeunes qui pensent que tout leur est dû, ou sur la disparition de l’autorité qui nous mène tout droit dans le mur,  ENFIN, voilà un peu d’optimisme!

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Clem la matriochka nous présente le magasine PEPS  qui semble de se démarquer des habituels journaux à destination des parents: Et Clem parvient à donner une furieuse envie de le lire, même si à la base ce n’est pas notre type littérature  favorite. PEPS  nous parle de « parentalité positive », et donne en premier lieu sa définition rassurante de cela:

le sous-titre m’a d’abord gênée, je ne suis pas à l’aise avec cette expression « parentalité positive » si cela sous-entend qu’il y en a une négative ou pire que la parentalité est par défaut négative. Mais leur explication m’a rassurée :

ll existe plusieurs définitions de la parentalité positive, voici la nôtre :

Une parentalité centrée sur la joie de vivre, le plaisir d’être ensemble, les besoins de chacun, le soutien sur le chemin de soi.

Et Mme Déjantée dans son commentaire nous donne sa définition personnelle de positivité:

 Quand j’entends certains discours qui, à grands renforts de « c’était mieux avant », voient les enfants comme des manipulateurs en culotte courte, les « nouveaux pères » comme les responsables de la délinquance, sans parler des mères éternelles sources de tous maux… et prônent le retour à l’ordre et l’autorité tout en pleurant sur notre génération perdue, je me dis que OUI, nous avons grand besoin d’optimisme!!! Pour NOUS faire confiance et LEUR faire confiance!!

Plutôt que de se lamenter sur le passé, se réjouir du présent et être optimiste sur nontre capacité à être parent, et sur l’avenir heureux de nos enfants, voilà un beau programme!

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Pour l’école, et les maths en particulier, même combat: June Prune  nous présente un article de Rémi Brissiaud sur l’apprentissage des chiffres:

On entend beaucoup le débat entre l’apprentissage de la lecture avec la méthode globale ou la méthode syllabique. Je crois que l’apprentissage des nombres tel que présenté par Rémi Brissiaud dévoile un débat similaire entre l’apprentissage des nombres par le comptage numérotage et par le comptage dénombrement, tout en posant la question « d’une baisse importante des performances en calcul dès la fin d’école primaire ». Je me méfie toujours des discours sur la baisse du niveau « de nos jours », mais ici, Brissiaud donne les résultats d’études fiables sur une dégradation entre 1987 et 1999.

Combien de fois ai-je entendu dans la bouche de mes parents et grands-parents, qu’au moins, de leur temps, les enfants, à force de discipline et de par  cœur, savaient écrire et compter correctement! Combien de fois est-ce que j’ai récité les tables de multiplications comme un devoir d’histoire (argh la table de 8, j’en fait encore des cauchemars, 8×7 =43!!), et combien de fois mon père est allé terroriser les profs, et leur expliquer qu’il n’approuvait pas leur méthode, selon laquelle « le par cœur, ça sert à rien ».

Un mal ou un bien? Il semblerait que pour l’apprentissage du comptage, réciter la comptine numérique, ça n’a pas grand intérêt!

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Enfin, theworkingmum revient sur le thème de l’alimentation, et nous présente un test qui dit prédire les risques d’obésité de nos enfants:

Est-on maître de son destin ou tout est-il déjà écrit? Une question dont personne n’a la réponse sauf apparemment question obésité. Une équipe internationale de chercheurs très sérieux (chercheurs quoi!) réunis au sein du laboratoire Génomique et maladies métaboliques (CNRS/Université Lille 2/Institut Pasteur de Lille) a créé un test pour définir si bébé sera obèse, ou si du moins il a plus de chance d’être obèse.

Là encore voilà un sujet bien sensible, qui lorsqu’il était abordé avec ma mère (au hasard hein) débouchait systématiquement sur une dispute: Lorsqu’on est gros il faut faire un régime, il ne faut pas se laisser aller, et il faut restreindre les enfants pour leur bien pour leur éviter l’obésité…. (Argh argh et 3 fois argh mais j’ai cessé d’argumenter avec elle sur le sujet!).

The Working Mum commente brillamment ce test et son article  (et les commentaires!) dénonce les risques (l’utilisation à des fins de discriminations), la contestable fiabilité et le manque d’explication des facteurs de risques pris en compte dans le calcul.

Un passage cité m’interpelle:

Ainsi, ces parents ont pris l’habitude de répondre à toutes les demandes de leur enfant par de la nourriture, avec des conséquences parfois catastrophiques sur le poids. Et quand cela aboutit à des obésités majeures comme celles que nous voyons parfois, je considère que cela s’apparente à de la maltraitance.

 Je suis loin d’avoir un avis aussi tranché, et en terme d’alimentation, j’ai le sentiment (optimiste!) que les avancées scientifiques (même si ce test-là en particulier est loin d’être parfait) et la prise de conscience écologique nous conduira à un « mieux manger », et que petit à petit on cessera de  systématiquement pointer du doigt  les parents quand l’enfant est malade…

Bref, moi je fais TOUJOURS ce que dis Mme Déjantée, donc j’ai décidé d’être optimiste en toutes circonstances:  je vais essayer de PO-SI-TI-VER. Mon fils a des « meltdowns » (et je suis mal placée pour le juger là-dessus en ce moment!!),  mais c’est un enfant aimant, attachant, heureux de vivre, un moulin à paroles qui n’arrête jamais de vouloir faire plaisir… (Il sait aussi la comptine numérique qu’il a apprise à la crèche, refuse de manger tout ce qui se rapproche de la couleur verte et on m’a récemment fait remarquer qu’il était gras comme loukoum mais enfin on a dit qu’on positivait!).

Et ça, à défaut de nuits complètes sans coup de pied dans la figure, et bien pour moi c’est une sacré récompense! Et cela montre que ma façon de l’aborder, (je déteste le mot « éduquer »!), et mes constantes remises en question n’ont peut-être pas des effets si désastreux que ça?

Bonne lecture et merci aux courageux qui ont lu jusqu’au bout cette indigeste tartine!

Drenka

8 réflexions sur “C’était vraiment mieux avant? {mini-débrief}

  1. Merci beaucoup Drenka pour ton débrief (et ton optimisme!)… Et pardon à ton patron de lui avoir volé son employée le temps de la rédaction de ce joli billet! ;)
    Sans avoir vécu de situation telle que la tienne, je sais combien on peut se sentir tout à la fois en colère, désemparée et coupable devant certaines colères de ses enfants. Je sais aussi un peu les dilemmes qu’il peut y avoir à savoir quoi dire de juste vis à vis des soucis d’adultes que nous rencontrons: Au tout début de la grossesse de CMM, pendant plusieurs semaines, on a cru que je faisais une fausse couche. J’avais refusé d’en parler aux trois « grands » d’autant plus que c’était un bébé surprise, que PMH avait 7 mois et que je ne savais plus trop où j’en étais (oui, je sais que ce serait juste ton rêve un bébé surprise…) Les colères se multipliaient pour la Princesse, PMH pleurait beaucoup et l’APA commençait à avoir des insomnies, alors j’ai tout arrêté et j’ai fini par leur dire la vérité: « dans le ventre de maman, il y a une petite graine, peut être elle deviendra un bébé, et peut être pas… on aimerait beaucoup qu’elle devienne un bébé alors on s’inquiète un peu parce qu’on a peur d’être déçus ». Au final, ça m’a calmée, et eux avec. Je ne sais pas quelle peut être la bonne solution pour toi, parce que nous sommes tout-e-s différent-e-s mais je te souhaite de tout coeur de la trouver.

    • Merci pour tes conseils précieux!
      Je sais que le secret n’est jamais la bonne solution, mais la PMA me rend tellement supersticieuse que j’ai vraiment du mal à lui en parler…

      • Je te comprends complètement… c’est pour ça que ce ne sont pas vraiment des conseils mais juste ma minuscule expérience personnelle. Il n’y a que toi pour savoir quels propos sont adaptés à ce que tu vis, tu ressens et ce que ton fils est en mesure de comprendre.
        Je pense bien à toi en tout cas, j’espère que l’attente est supportable…

  2. Je comprends très bien que tu n’aies pas envie de parler de la PMA ni à ton fils, ni à personne tant que tu es dans le doute. Et c’est à toi de décider de ce que tu es en mesure de dire ou pas, tu as aussi besoin que tes émotions soient respectées.

    Je crois que ton fils a besoin qu’on lui explique que tu es moins disponible pour lui et surtout que ce n’est pas de sa faute, sans forcément rentrer dans tous les détails qui sont de toute façon un peu abstraits pour lui.

    A propos de la nourriture, je comprends le passage que tu cites, non comme une critique de l’alimentation, mais de l’emploi de l’alimentation comme calmant contre tout, comme par exemple à l’époque où on donnait un biberon d’eau sucrée à un enfant qui pleurait la nuit .

    En tout cas bon courage, on pensera bien à toi.

    • Merci! Vais suivre ton conseil pour ce que je dois dire à mon fils.
      Pour l’alimentation, je suis moins encline que toi à laisser le bénéfice du doute à l’auteur de la citation, ou en tout cas le choix de vocabulaire me heurte. Je ne dis pas que le comportement de certains parents n’est pas « déviant » vis-à-vis de la nourriture. Mais de là à en conclure que les parents sont fautifs (et à carrément les considérer comme maltraitants!) quand l’enfant est obèse… C’est un peu comme considérer les obèses comme responsables de leur maladie. C’est la conclusion de beaucoup de gens (y compris médecins et nutritionistes) et c’est un peu facile. Au pire, si la nourriture est utilisée comme « anti-dépresseur », plutôt que d’accabler les parents, peut-être faudrait-il penser à rechercher les causes de la dépression.

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