Petit Papa Noël…

Je n’avais pas prévu d’écrire d’article sur Noël.

Je m’étais dit qu’on nous casse bien assez les pieds avec tout ce qu’on doit faire et ne pas faire avec nos enfants – moi y compris – pour ne pas en rajouter en cette période de Noël que je souhaite au passage douce et tendre à chacun d’entre vous.

Mais – car il y un mais – voilà que ce matin au petit déjeûner je lis le mini-debrief de Homewseetmome « quand Noël nous fait réfléchir » sur les Vendredis Intellos  … Ben oui que voulez-vous, certains lisent « Le Monde » au petit déj, moi c’est « Les Vendredis Intellos », chacun son truc !

Enfin bref, donc je lis le mini-debrief qui m’amène sur un article de Catherine Dumonteil-Kremer « Le Père Noël, parents conscients, extraits ».

Et là, désolée mais je n’ai pas pu me retenir !

Il a fallu que je ponde un billet illico presto entre 2 rendez-vous … Non parce que là, ça ne va pas, mais pas du tout ;-) …

Déjà, pour moi, ça commence mal :

« Pour moi le fait de croire ou pas au Père Noël n’a rien à voir avec une opinion, il n’existe pas. »

Non, sérieux, je vais être pénible là … mais le Père Noël existe au moins autant que n’importe quoi d’autres que nous n’avons jamais rencontré : les extra-terrestres, les fées, les fantômes, les méridiens de l’énergétique chinoise … ou même Dieu …

Ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas rencontré et qu’il ne fait pas les cadeaux que le Père Noël n’existe pas.

Je n’ai jamais rencontré Dieu et je ne l’ai pas vu à l’oeuvre et pourtant j’y crois au moins un peu. Comme au Père Noël en fait. J’ai envie d’y croire en fait ;-).

Mais le plus important à mes yeux dans l’article de Catherine Dumonteil-Kremer n’est pas là.

L’important -et la vérité – sont ailleurs … tin tin tin … (les plus jeunes d’entre vous ne comprendront rien à cette référence culturelle mais je la trouvais particulièrement appropriée dans cet article à vrai dire).

 « Si quelqu’un croit en son existence ici, je comprendrais qu’il la transmette à son enfant, mais là c’est très différent, nous sommes un groupe d’adultes qui ne croyons plus au Père Noël depuis longtemps. Nous savons qu’il est une fable et nous faisons ou pas passer ce message nos enfants. »

Puis après – et c’est là que ça se gâte le plus à vrai dire :

« En tant qu’enfant, je crois que l’on s’attend à recevoir beaucoup de bon de la vie, de vraies relations avec des adultes qui n’ont pas peur de la vérité. »

Ah oui, donc là, il y a les bons et les mauvais parents (cf mon article sur les « bons » et les « mauvais » parents à lire ici).

Donc les « bons » parents disent la vérité à leurs enfants et ne leur font pas croire au Père Noël.

Et les « mauvais » parents mentent à leurs enfants et leur font croire au Père Noël.

Et ça, ça me gêne aux entournures. Voire même ça m’énerve sérieusement ! Et ce n’est pas la 1e fois !

Et le « bon de la vie », ça ne pourrait pas être un bon moment de rêve partagé ? Un moment de magie où on peut croire à tout ce qu’on veut ?

Est-ce que parler du Père Noël, des fées, de la magie, c’est avoir peur de la vérité ?

Parler du Père Noël,  n’est-ce pas simplement avoir de l’imagination et faire partager à ses enfants un monde un peu plus chouette que celui des adultes qui manque terriblement de magie la plupart du temps ?

Détromper les enfants au sujet du Père Noël, leur dire « la vérité », ne serait-ce pas aussi avoir peur, peur de la déception de ses enfants, peur de les voir souffrir en découvrant une autre réalité que la leur ?

Dans les livres de Faber et Mazlish, on parle très bien de notre fâcheuse tendance à vouloir protéger les enfants des déceptions, ce qui nous amène aussi à les protéger contre leurs propres rêves. Dommage si on veut donner une éducation à la joie et à l’émerveillement.

Celui qui ne croit à rien n’est jamais déçu … mais je ne suis pas sure qu’il soit vraiment heureux.

Donc parler du Père Noël, des fées, de toute autre chose magique – dont nous, pauvres adultes au coeur sec comme la « vérité » nous savons bien qu’elles n’existent pas – ce serait « avoir peur de la vérité » et « mentir » à nos enfants ?

Ce serait avoir des relations « fausses » avec eux ?

Un parent qui participe au « mensonge » du Père Noël est un mauvais parent  donc ?

Pfiou, là on rentre dans la « morale » où certains décident ce qui est bien ou mal pour les autres (j’ai publié récemment une jolie citation sur la morale sur mon blog, à lire ici).

Et la morale, en termes de relation parent-enfant, ça me gêne vraiment beaucoup beaucoup. Qui sommes-nous pour décider à la place des autres ce qui doit être dit ou pas dit aux enfants ?

Et puis il y a autre chose … une chose encore plus importante pour moi – attention, je vous préviens, il y a du lourd :

Croire qu’il existe UNE vérité me parait être un leurre absolu.

Et quand je lis ce passage :

« Je me rappelle avoir fait un stage de chant familial avec des animateurs qui travaillaient eux avec des tout petits. Ils avaient basé toute une semaine de leur vacances sur un conte, et le dernier jour, dans la forêt, ils avaient déposé des indices qui permettraient aux enfants de croire en l’existence des personnages du conte.

Ils riaient beaucoup en parlant du fait que cela avait très bien marché, les enfants croyaient en ce qu’ils voyaient, en même temps de l’interrogation et de l’émerveillement qui plannaient dans leur regard, bien franchement si la fée de cendrillon pénétrait ma maison, maintenant c’est ce que j’éprouverai, de la surprise, est-ce vrai ? Et de l’émerveillement, ça correspond à toute ma culture d’enfant walt disneyisée.

En écoutant les animateurs, au fond de moi il y avait quelque chose de très fort qui se manifestait, j’avais envie de leur dire à quel point les enfants ont besoin d’authenticité, à quel point ils ne sont pas « mignons » mais juste des humains qui se nourrissent de respect, pourquoi leur faire cela ? »

Est-ce que les adultes n’étaient pas authentiques en essayant de faire partager un moment de rêve à ces enfants ?

Est-ce qu’ils étaient irrespectueux de les entraîner dans un doux délire qui peut nourrir leur imagination et créer chez eux des envies d’imaginer des contes à leur tour ?

Moi, même en tant qu’adulte, j’adorerai qu’on me fasse croire aux fées, au Père Noël ou au Prince Charmant (ah non, là c’est autre chose !).

Qu’on le fasse d’une façon suffisamment réaliste pour semer le doute, pour que je ne sache jamais si c’est vraiment vrai ou pas. Je trouverai juste ça merveilleux à vrai dire et je rentrerai à fond dans le délire, juste pour le plaisir d’y croire. 

D’ailleurs, faut que je vous dise, j’ai vraiment ENVIE d’y croire (aux fées, pas au Prince Charmant, quoi que …).

Donc je suis toujours désolée de voir qu’on peut penser qu’il existe UNE vérité.

Quelle drôle de réduction du monde, quelle sécheresse de coeur et d’esprit …

La seule vérité que je connaisse sur le Père Noël, c’est que je ne l’ai pas rencontré et que ce n’est pas lui qui fait les cadeaux.

Mais peut-être y a-t-il d’autres réalités, tout aussi réelles que la mienne où les choses sont différentes.

Par rapport au Père Noël, pour ma part, j’ai choisi d’entrer dans le mythe pour le plaisir, le mien et celui de mes enfants à voir l’émerveillement de mon fils devant ses cadeaux l’année dernière.

Mais j’ai surtout aidé mes enfants très tôt à distinguer entre les vrais et les faux Père Noël …

Comment on fait ?

Le Père Noël ne fait pas de chantage : le Père Noël fait des cadeaux parce qu’il aime ça, que ça lui fait plaisir, pas parce qu’on a été sage ou gentil !!!

Cela permet aux enfants de rapidement différencier les vrais des faux et de détecter l’utilisation abusive qui est faite du Père Noël par certains adultes  et donc de savoir tout de suite si on a à faire avec quelqu’un qui sait vraiment ce qu’est Noël ou pas.

Pour conclure, je ne crois pas qu’il y a une bonne et une mauvaise façon de gérer le Père Noël avec ses enfants. 

La meilleure façon, ce sera la vôtre pour peu que vous soyez attentifs à 2 choses : ce que VOUS ressentez à propos de Noël, le sens que vous donnez à cette fête et aussi ce que VOS ENFANTS en attendent.

Parce que nos enfants n’ont pas à porter le poids de nos combats personnels ou de nos propres déceptions d’enfants.

Vous avez le droit de ne pas vouloir mentir à vos enfants … mais vos enfants ont peut-être envie de rêver un peu …

Alors chez vous, Père Noël ou pas du coup ?

Sandrine S Comm C

Retrouvez cet article, et bien d’autres, sur mon blog : le blog de S Comm C

44 réflexions sur “Petit Papa Noël…

  1. Merci Sandrine pour ton bel article ! J’aime bien ta façon d’aborder ce thème. Je pense aussi que les enfants ont besoin de merveilleux, de contes de fée et de savoir que certaines choses nous dépassent. Un de mes meilleurs souvenirs de Noël c’est de regarder le ciel et les étoiles par la fenêtre embuée de chez mes grands parents le soir de Noël quand j’avais cinq ans. J’étais vraiment heureuse de me dire que le Père Noël était peut-être sous mes yeux même si je ne pouvais pas le distinguer. Je suis restée très très longtemps à regarder le ciel et mon coeur bat aussi vite encore aujourd’hui quand j’y repense. Grâce à ce souvenir je sais que j’ai été un enfant et c’est merveilleux !!!!

  2. Chez nous oui aux histoires sur le père Noël mais non à la mise en scène du genre il a mangé les biscuits. C’est sans jugement, je ne suis pas contre mais je suis terriblement mal à l’aise si j’en fais trop. Alors j’essaie de maintenir la magie et l’imagination mais sans dire clairement que le père Noël existe. Je me dis qu’on fait parler les peluches, que dans les livres les animaux parlent et pourtant au zoo mon fils ne s’est jamais attendu à ce que le tigre lui dise bonjour ! Je ne sais pas si ça tiendra, j’espère réussir à maintenir l’aspect légende (et du coup magique quand même) de Noël. Parce sur quand on arrête de croire au père Noël, c’est toujours une ambiance particulière et heureuse, non ?

    • C’est exactement ça : les enfant adorent quand on fait parler leurs peluches, ils leurs prêtent vie dans leurs jeux… Mais ils font très bien la différence entre une peluche en forme de chien et un vrai chien !
      Sans la croyance au papy barbu, la magie de Noël opère !

  3. Je ne crois pas qu’elle ait parlé de « bons » ou de « mauvais » parents, elle parle de relation « vraie » mais sur un sujet en particulier. Ce n’est pas parce qu’on ment sur le père Noël qu’on a une relation fausse en général avec son enfant, je ne crois pas que c’est ce qu’elle a voulu dire.
    Je suis désolée mais le père Noël et Dieu, ce n’est pas la même chose. Tu as certes envie de croire à la magie du père Noël mais tu SAIS qu’il n’existe pas. Si tu crois en Dieu, tu SAIS qu’il existe.
    Tu es révoltée parce que Catherine Dumonteil-Kremer donne son opinion tranchée mais quand tu dis « Vous avez le droit de ne pas vouloir mentir à vos enfants … mais vos enfants ont peut-être envie de rêver un peu … » tu orientes aussi. Ne pas mentir serait les priver de rêve. Je ne suis pas d’accord. La magie de Noël est tout à fait possible sans faire croire absolument à l’existence du père Noël.

    • Elle ne parle pas ouvertement de bons ou de mauvais parents mais elle dit :
      « est-ce normal de réveiller artificiellement un état pareil ?  » (où j’entends : ce n’est pas normal de faire autre chose).
      « La société est entièrement organisée à cette période pour berner les enfants, et c’est une insulte à la confiance aveugle qu’ils vouent à leurs parents. » (où j’entends : les parents qui font croire au Père Noël insultent leurs enfants).
      Et sincèrement le discours que je perçois là-dessous, c’est « il y a les « bons parents » qui réfléchissent et leus « mauvais » qui ne réfléchissent pas. C’est d’ailleurs l’objet de mon article de lundi sur mon blog (à paraitre).
      Je ne suis pas révoltée par l’opinion de Catherine Dumonteil-Kremer – je conçois tout à fait bien qu’on ne souhaite pas rentrer dans le mythe du Père Noël et ça me parait être un position tout à fait défendable.

      Ce qui me révolte, c’est le sous-entendu contenu dans son article que ceux qui font autrement = font croire au Père Noël ne font pas ce qu’il faut.
      La différence – du moins je l’espère – entre son article et le mien, c’est que j’espère ne pas sous-entendre que l’un est mieux que l’autre : que chacun fasse en fonction de ce qu’il croit et ce que ses enfants ont envie de croire …

      Quant à la différence entre le Père Noël et Dieu, non : quand je crois en Dieu, je CROIS – je ne sais rien du tout – mais j’y crois et j’ai tellement envie d’y croire que je me persuade que c’est vrai.
      Pour moi, il n’y a aucune différence (je suis une constructiviste assez radicale à vrai dire et pour moi les choses n’existent que parce qu’on y croit …).

      Sandrine

      • Eh bien, pour moi qui ne veux pas faire croire à l’existence du père Noël, ton article n’était pas tout à fait neutre mais c’est une question de perception.

        Quant à la comparaison entre Dieu et le père Noël, je ne suis vraiment pas d’accord. Quand tu dis à ton enfant que c’est le père Noël qui apporte les cadeaux, tu sais bien que ce n’est pas vrai (peu importe qu’on trouve ça bien ou pas, c’est un fait, tu sais que ce n’est pas le père Noël qui le fait). Quand tu parles de Dieu à ton enfant, tu lui dis ce en quoi tu crois toi-même. C’est ça la différence que faisait Catherine Dumonteil-Kremer.

        • Entièrement d’accord avec Clem la Matriochka et Catherine Dumonteil-Kremer : ça n’a strictement rien à voir de communiquer sur une croyance personnelle (en Dieu), que du coup on partage, et de mentir en faisant croire à quelque chose qui n’existe pas (le Père-Noël).
          Je ne suis plus croyante, mais j’ai gardé un grand respect du sacré, et mélanger les torchons (un personnage marketing créé de tout pièce par une entreprise à des fins consuméristes) et Dieu, ça me gêne aux entournures !
          Je suppose que c’est encore un peu sensible chez moi pour que ça me fasse mal au cœur qu’on mélange la culture judéo-chrétienne (qui a façonné notre urbanisme, notre calendrier…) et leur utilisation à des fins personnelles (le bazar au fond de l’église au moment d’un mariage juste pour se trouver une excuse de porter une robe-meringue, grrr !) ou mercantile (remonter le CA de l’année en transformant St Nicolas en Papy Bling-Bling).

          Le Père Noël n’est pas magique, encore moins merveilleux. Ni pour les parents, ni pour les enfants. En revanche, le temps qu’on passe en famille à décorer la maison, faire plaisir à son entourage, prendre du temps avec ses enfants, leur raconter des histoires, se réunir en famille élargie, ça c’est merveilleux, très précieux, et tout à fait réel !

          Les enfants ne s’y trompent pas : ils finissent par jouer tous ensemble entre cousin avec les papiers cadeaux, les rubans et les ballons, délaissant les montagnes de jeux.

          Non, le Père-Noël n’existe pas. Pas plus que les fées. Ni le Prince Charmant, ni la princesse endormie pendant 100 ans et qui reste fraiche comme une rose. Ni les dragons, les trolls (à part sur les blogs !) et les fantômes. Les extras-terrestres, on ne sait pas !
          En revanche, les lucioles, si, ça existe, et c’est très rare ! Et les arcs-en-ciel aussi ! Et les étoiles (et c’est pas facile à voir, un ciel étoilé sans pollution lumineuse ; passez une nuit en pleine mer pour en faire l’expérience). Un petit moment magique : ouvrez un sachet de thé au-dessus d’une bougie, et admirez les paillettes d’or… (attention à ne pas enflammer le sachet). Ou racontez une histoire totalement inventée, au gré de votre imagination. Ou faites des ombres chinoises, même avec des formes en papier totalement abstraites (ça fonctionne très bien, surtout avec les tout-petits, comme le livre « Petit-bleu et Petit-jaune »).

          Qu’est-ce que nos enfants peuvent attendre de Noël ? Je ne pense pas qu’ils aient la possibilité de le savoir eux-même, en tout cas pas en bas âge lorsqu’ils n’ont pas le souvenir du Noël précédent et de ce qu’ils avaient alors apprécié ou non. Je constate que mes filles adorent les décorations qui brillent aux balcons (plus c’est kitch, plus mon aînée s’extasie !), les vitrines qui clignotent. Toute la ville qui s’illuminent, ça apporte de la lumière quand il fait nuit tôt.
          Ils ont sans aucune doute besoin de rêver, de partager des émotions, de trouver chez leurs parents un peu de fun et de délire… Quel dommage qu’il n’y ait qu’à Noël que certains racontent des histoires, écoutent les désirs de leurs enfants, et jouent, rêvent ensemble !
          Noël est une occasion de le faire offerte par la société de consommation (contrairement à la fête de la Nativité à la même date), mais on peut s’en passer.

          C’est le Père Noël qui est tellement figé qu’il assèche le cœur et l’esprit. Il faudrait donc forcément recevoir des objets pour que la vie soit belle ? Quelle tristesse !
          Et il n’y aurait qu’à Noël que les adultes pourraient s’autoriser un délire collectif bien organisé ? Il n’y aurait qu’à date fixe qu’on pourrait mettre un peu de fête dans les chaumières ? Il n’y aurait que grâce à un personnage imaginaire qu’on pourrait se retrouver et partager un peu de temps ensemble ?
          On joue à créer des personnages irréalistes toute l’année à la maison, pour le plus grand plaisir de mon aînée (et des enfants des copines qui en redemandent à chaque fois qu’ils viennent). Les réunions de familles tombent de plus en plus rarement à l’occasion des fêtes du calendrier, car les billets de train et d’avion sont justes trop chers à ce moment-là. Et on dessine régulièrement sur les vitres en blanc, une de nos activités d’expression plastique favorite !

          Le rêve, la joie, le partage ne sont pas du tout incompatible avec la volonté de ne pas mentir à ses enfants. Le Père Noël restera chez nous une histoire, au même titre que le Grufalo (le livre en anglais préféré de mon aînée), ni l’un ni l’autre n’existent… mais qu’est-ce qu’on en parle ! :)

          • Plusieurs choses : la différence entre Dieu et le Père Noël n’existe pas dans ma perception des choses. Ce sont 2 croyances – avec tout le respect que je dois aux croyantes – dont l’une dure depuis plus longtemps que l’autre ;-) (et je pense être croyante, je lis la Bible depuis enfant, je prie, …).
            Si je voulais être provocante je dirais que Dieu est une invention marketing (ou politique) qui a bien fonctionné voilà tout ;-).

            Ce qui compte au fond pour moi, ce n’est pas le fait que ce soit une croyance mais ce que l’on fait de cette croyance.
            Bien sur qu’on peut partager la magie de Noël sans utiliser le Père Noël – et heureusement encore ! – mais on peut aussi utiliser le personnage du Père Noël pour faire passer des messages sans que cela soit une manipulation éhontée ou un « mensonge ».

            Et qui a décrété que le Père Noël n’offrait que des objets ou qu’il n’agit qu’à date fixe ? Pas moi en tout cas ;-) …
            Bien sur que si on se laisse dicter sa croyance par d’autres, on en arrive à des valeurs qui ne nous conviennent pas. Pour ma part, je préfère utiliser ces croyances pour partager des choses avec mes enfants, voilà tout.

            Quant à l’existence de certaines choses – fée, Père Noël, trolls, et autres – je ne suis pas aussi catégorique que toi … mais c’est mon constructivisme assez radical qui parle.

            Je ne sais pas ce qui existe ou pas. Je pense que les choses existent si je veux y croire.
            Mais c’est MOI et moi seule qui construit ma croyance, je ne me la laisse pas dicter par d’autres voilà tout ;-).

            Sandrine

            • « Dieu, une invention politique qui a bien fonctionné » > j’adore !!!
              Mais je lui laisse (théoriquement) le bénéfice du doute (pour les autres, je reste sceptique), alors que le Père Noël, j’en suis sûre, il a un Kangoo jaune avec écrit La*Poste en bleu ! :)
              Et il a déjà commencé à livrer !

          • Il y en a qui s’inventent un délire collectif bien organisé tous les dimanches à la messe :D
            Ou tous les jours, a genoux orientés vers La Mecque… etc.

            Je suis du même avis et j’agis de la même façon que Sandrine S, lorsque mes enfants me demandent s’il existe, je leur répond qu’il existe comme les fées, les lutins, Dieu ou les fantômes : uniquement si on y croit. Si on y croit pas, tout cela n’existe pas. C’est un choix personnel et personne n’a le droit de dire que leur choix est moins bon qu’un autre.

            Fort de tout cela, mes deux ainés persistent à vouloir croire au Père Noël. Les deux plus petits ne se posent pas la question et suivent leurs ainés. La seule « mise en scène » que l’on fait c’est la mise des cadeaux au pied du sapin le 24 à minuit.

            Ne pas mentir aux enfants en leur martelant que ce sont des bêtises est-ce mieux que de leur laisser le choix d’y croire ?
            Je n’aurais pas le coeur de dire a mes enfants après leur avoir lut une histoire sur les fées que c’est un tas de mensonges.
            Et ce serait délirant de le faire alors que moi-même je crois en une bonne étoile, dans le destin, etc.

            Personne ne s’interroge sur le fait de célebrer l’Aïd el-Kebir, qui a lieu en commémoration du sacrifice d’Abraham, Abraham qui pour moi n’a jamais existé tel qu’on le raconte, belle supercherie !

            Et Pâques, il y en a qui font croire aux Cloches, d’autres au Lapin de Pâques, et encore d’autres à la résurection de Jésus, lequel est le pire ?
            Peut-être celui qui sous-entend que tous les autres sont naïfs croient à de telle sottises ? Mes enfants à cette question je leur répond toujours la même chose : c’est toi qui voit, c’est comme tu veux, comme il te plait de croire et tout le monde a le droit de croire en ce qu’il veut tant qu’il n’impose pas sa vision aux autres. Et j’espère que ca leur permettra de ne pas juger leurs camarades qui croient en telle ou telle légende (ou même en Dieu) et de leur dire : pffff mais ce ne sont que des histoires !

            Moi, c’est ca qui me rend triste, d’empêcher les autres de rêver.

            Le problème se pose également lors de la perte d’un être cher. Doit-on dire aux enfants que la personne est morte, dans la terre, mangée par les vers et que rien n’en restera jamais que le souvenir de ses proches et qu’elle sera au final oubliée lorsque tous les proches seront à leur tour morts ?
            Doit-on leur dire que l’esprit de nos morts veillent sur nous ? Qu’ils sont parmis les étoiles ? Ou au Paradis ?
            Ne peut-on donc pas leur laisser le choix de croire en ce qui les arrange ? En posant les faits tout en disant que personne n’a jamais pu vérifier ? C’est pourtant vrai… personne n’a jamais pu vérifier, ni pour Dieu, ni pour le Pere Noel, ni pour le Paradis, le Ciel ou la Réincarnation.

            Je ne me sens pas capable d’imposer ma vision qui n’a jamais été vérifiée.

            • Je n’arrive vraiment pas à voir le lien entre Dieu, pour lequel on peut émettre un doute sur l’existence ou non (avoir la foi ou pas, ce n’est pas qu’une question de choix, on peut souhaiter l’avoir mais ne pas la ressentir !), et le Père Noël, qui est une invention de C*ca-c*la, un pur produit de la société de consommation.
              Les mythes et les contes sont importants culturellement, mais la spiritualité est d’un autre ordre, non ?

              Autant j’aimerais transmettre une certaine spiritualité (sans pour autant la lier à une religion, je ne sais pas trop comment je vais me dépatouiller d’ailleurs), autant je n’arrive pas à voir l’intérêt de faire croire que les filles naissent dans les roses, les garçons dans les choux, les cadeaux arrivent par le tuyau du radiateur (et si tu en as moins que ta copine, c’est qu’elle plus sage que toi), aux fées qui transforment les citrouilles en ferrari, aux princesses forcément belles et minces, aux princes charmant forcément sportifs et guerriers, aux fantômes qui se traînent un boulet au pied…

              Car ne pas y croire n’empêche pas de rêver, bien au contraire : il n’y a pas de rapport entre rêver de voler et penser qu’en battant des bras et en sautant du balcon on va vraiment décoller ! Et les enfants ne s’y trompent pas. Ils savent très bien que leurs poupées ne parlent pas, que leurs voitures ne roulent pas seules, ce qui ne les empêchent absolument pas d’y jouer des heures !
              Un exemple concret : j’ai commencé très tôt avec mon aînée à lui présenter des objets imaginaires, qui sortent de mes poches (même quand je n’en ai pas). Je me souviens très bien le jour où son regard s’est allumé, où elle a compris que je lui tendais une clé bien plus intéressante que la réelle qu’elle convoitait. Le jour où elle a commencé à jouer avec rien, à s’inventer tout un monde qui s’enrichit de jour en jour. C’est une des remarques qu’on me fait le plus, à la crèche : sa créativité, son imagination débordante lui permet de jouer seule même au milieu des autres, quand elle en a marre de l’agitation des « grands » (ou qu’elle est exclue après s’être attaquée à un camarade, aheum…)

              Le rêve, l’imagination, se nourrissent autrement plus richement quand ils ne sont pas figés par des images d’Épinal très codifiées.

              Je n’ai jamais cru au Père Noël (ni aux lutins, dragons, fantômes…), et je pense avoir une imagination au-dessus de la moyenne, sans forfanterie aucune de ma part (et j’en ai fait mon métier). J’ai au contraire l’impression que les contes (de Noël, mais pas seulement) sont des palliatifs pour les adultes qui n’en ont plus, de l’imagination. Ni de rêves personnels. La société de consommation s’offre un rêve collectif qui remplit les magasins et vide les comptes en banque, il n’y a rien de merveilleux ni de généreux là dedans, puisque les cadeaux sont obligatoires.

              Je pose donc les faits, mais les faits réels. Quand je ne sais pas, quand je ne suis pas sûre, je le dis aussi (Dieu = je ne sais pas vs le Père Noël et les cloches qui apportent des œufs de lapin en chocolat = je suis sûre que non !). Je tente de répondre strictement à la question (sans anticiper sur les connaissances futures), sans rien imposer, mais en toute franchise.
              Le plus délicat est sans aucun doute d’apprendre à mes enfants à faire de même avec leurs camarades, pour ne pas vendre la mèche… Et tenir ma langue moi-même !

              • « Je n’arrive vraiment pas à voir le lien entre Dieu, pour lequel on peut émettre un doute sur l’existence ou non (avoir la foi ou pas, ce n’est pas qu’une question de choix, on peut souhaiter l’avoir mais ne pas la ressentir !), et le Père Noël, qui est une invention de C*ca-c*la, un pur produit de la société de consommation.
                Les mythes et les contes sont importants culturellement, mais la spiritualité est d’un autre ordre, non ? »
                Bah personnellement, en tant qu’athée, je suis persuadée que Dieu est une invention de l’homme. Je suis persuadée de sa non existence, tout autant que de celle du père Noël. Donc à mes yeux, justement Dieu est justement à mettre exactement sur le même plan que les mythes et les contes. D’ailleurs, ce qu’on considère actuellement comme de la mythologie est souvent constitué d’anciennes croyances.
                Bien sûr, je sais qu’il y a une différence entre Dieu et le Père Noël pour de nombreuses personnes croyantes ou agnostiques, et pour ces personnes c’est normal de faire ressentir la différence à leurs enfants. Mais pour moi, non, il n’y a pas de différence.

              • Il ne s’agit pas de « faire croire » aux enfants à quelque chose, mais d’accepter qu’ils y croient, eux. Je trouve ca très différent. Je ne force aucun de mes enfants à croire en quoique ce soit, mais c’est valable aussi dans le sens inverse : je ne les empeche ps non plus en leur plongeant le nez dans mes désillusions.
                Alors, quand ils me demandent si le Pere Noel existe, je leur répond : Selon toi ? C’est toi qui voit.
                Je leur sers la même réponse au sujet de Dieu, qui est au même plan pour moi.
                Je leur ai servi la même chose quand leur grand-mère nous a quitté : je ne sais pas exactement où elle est, son corps est dans la terre mais son esprit je n’en sais rien. Et toi, tu crois qu’elle est où maintenant ?

                Parce que le Pere Noel n’a peut-etre jamais existé, mais il est basé sur la réelle existence de Saint-Nicolas, même si la date a changé et le nom, le « visuel » et le même ainsi que « l’intentionnel », il s’agit donc de fêter à la fois sa mort (glauque :D ) ainsi que la naissance de Jésus (même si y’a eut pas mal d’arrangements là-dessous pour que ca colle niveau dates avec une ancienne fête payenne ;) ).
                Bref au final, Noel est devenu un gros fourre-tout de pas mal d’anciennes croyances, qui se valent toutes au final, parmis lesquelles y’a de gros bobards (les miracles de Saint-Nicolas, la naissance de Jésus) mais aussi des faits réels (existance de ce Saint même s’il n’a pas vraiment fait de miracle, iconographie proche de celui-ci pour représenter le Pere Noel ainsi que son histoire « protecteur des enfants » qui se raccorde bien avec l’esprit de la fête de Noel tournée vers les enfants).

                En gros, y’a pas que des conneries autour de Noël, la fête est ce qu’on en fait (gaver les enfants de cadeaux ou pas, se mettre sur la tronche lors du repas en famille ou pas, inculquer les valeurs d’amour, fraternité et partage ou pas, blablabla).

          • « C’est le Père Noël qui est tellement figé qu’il assèche le cœur et l’esprit.  »
            Le père Noël n’est pas figé, il est ce qu’on en fait (adultes, et surtout enfants).
            Il peut être un formidable support de créativité et d’imaginaire. Bien sûr il y en a d’autres, bien sur que les adultes peuvent (et devraient) « ’autoriser un délire collectif bien organisé » à d’autres moments de l’année, on peut créer des personnages irréalistes à tout moment, mais est-ce une raison pour se priver de cette possibilité ? En quoi est-ce incompatible ?
            Tu vois le père Noël comme un encouragement à la société de consommation. C’est ta vision. Pour moi, c’est un merveilleux modèle de générosité. Un homme qui passe son année à fabriquer des cadeaux et à les distribuer aux enfants en étant complètement désintéressé, quoi de plus magique ?

            • Je ne le vois pas comme un support à l’imaginaire car tout est déjà figé, codifié : son apparence, son « métier », son mode de transport, etc. On ne peut pas en faire grand chose, dans le sens où il est impossible de se l’approprier.
              La créativité, celle qui se construit à partir d’un individu et qui permet à l’individu de se construire… part d’une feuille blanche !

              Libre à chacun d’y (faire) croire, bien sûr ! Mais ériger le Père Noël en défenseur de l’imaginaire, ça ne colle pas. Et faire passer ceux qui ne relaient pas la supercherie pour des cœurs de pierre sans rêve, ça ne colle pas non plus !

              NB : je dissocie totalement le mythe et la réalité : ce n’est pas le Père Noël qui fabrique les cadeaux (les jouets sont majoritairement made in china) ni qui les distribue (merci La P*ste) !
              Le mythe parle d’un personnage généreux, certes, mais la réalité est toute autre.

              • Je partage à fond la vision de Lilaetlemagicien … et justement le fait qu’il soit figé permet, tout en utilisant le mythe de développer l’esprit critique des enfants face à ce « mensonge » organisé par les adultes.

                « Tiens Papy et Mamy croient que le Père Noël donne des cadeaux quand on est sage et moi je n’y crois pas, je crois qu’il en donne parce qu’il a envie. Et toi, tu en penses quoi ? »
                « Tiens il parait que le Père Noël entre par la cheminée. Nous on n’en a pas. Comment est-ce qu’il peut faire alors ? »
                « Tiens, est-ce que le Père Noël met un maillot de bain dans les pays chauds ? Est-ce qu’il a forcément un habit rouge et une grande barbe blanche ? »
                etc …
                etc …

                Toutes ces questions permettent d’utiliser la croyance de l’enfant là où il en est pour l’aider à prendre du recul et à se construire sa propre croyance qu’il va déconstruire – ou pas – au fur et à mesure de son évolution.

                Ma fille par exemple ne croit plus aux sorcières (6 ans 1/2) … et pourtant je ne l’ai JAMAIS détrompée sur ce sujet.

                TOUT absolument tout est un support pour l’imaginaire. Les personnes les plus « figées » a priori comme les inventions les plus pures … et je pense justement qu’il faut beaucoup plus d’imagination pour sortir du cadre un personnage a priori très cadré que pour en inventer de toutes pièces ;-).

              • C’est le principe même d’un mythe d’être réécri, recréé et modifié. Pourquoi ça serait différent pour le mythe du père Noël ? Il n’y a qu’à voir la créativité et la diversité des albums pour enfants qui abordent le père Noël, avec certes des codes respectés, mais une grande liberté dans la manière d’aborder le personnage.
                Je n’ai pas « érigé le père Noël en défenseur de l’imaginaire », j’ai dit que ça pouvait être un support d’imaginaire et de créativité. Et je le constate au quotidien avec mon petit frère (2 ans 1/2) à quel point ça peut l’être. Encore une fois, tout dépend ce qu’on en fait. Effectivement, si tu le considères comme un personnage figé et creux, tes enfants ou toi n’en feront jamais rien d’intéressant (sans que ce soit un reproche, hein, vous créez à partir de nombreuses autres choses…), mais pourquoi être aussi catégorique comme quoi on ne peut pas en faire autre chose ?

                « La créativité, celle qui se construit à partir d’un individu et qui permet à l’individu de se construire… part d’une feuille blanche ! »
                Je ne partage pas forcément cette affirmation. Enfin plutôt je ne considère pas que ce soit la seule possibilité. Il n’y a qu’à voir les variations qu’on trouve à partir de mythes existants dans les contes, l’art, la littérature. Ils n’en sont pas moins intéressants ou créatifs parce qu’ils partent d’un mythe connu. Sans même aborder ceux qui considèrent que c’est le cadre même qui permet la créativité, parce que là on commence à être hors sujet.

                « Le mythe parle d’un personnage généreux, certes, mais la réalité est toute autre. »
                Je ne considère pas que la réalité soit toute autre. Noël, c’est bien un moment de générosité et de partage à mes yeux. Et je trouve que le père Noël en est un joli symbole.

                « Et faire passer ceux qui ne relaient pas la supercherie pour des cœurs de pierre sans rêve, ça ne colle pas non plus ! »
                Euh… je crois pas avoir dit ça quelque part…
                C’est très loin de ma pensée.
                D’ailleurs je ne suis même pas certaine de « faire croire au père Noël » à mon fils. Ca demande encore une discussion familiale, on verra l’année prochaine ^^

  4. On peut effectivement faire comme on veut, et qu’on choisisse ou non de laisser nos enfants croire au Père Noël, ce n’est pas pour ça qu’on est des mauvais ou des bons parents, quoi qu’en disent certains…
    Et là où je suis entièrement d’accord avec toi, c’est :
    « Parce que nos enfants n’ont pas à porter le poids de nos combats personnels ou de nos propres déceptions d’enfants. »
    Raz le bol des moralistes qui veulent tuer le Père Noël sous prétexte qu’ils ont été terriblement déçus d’apprendre qu’il n’existait pas, qu’ils en veulent à leurs parents pour ça, qu’ils ont perdu leur âme d’enfants à cause de ça, bla bla et j’en passe…
    Laisser croire au Père Noël ce serait mentir aux enfants ?!
    Nan mais franchement, où va t’on…

    • Ben oui, c’est un mensonge…Collectif, étayé, alimenté et relayé par la société entière.
      Chacun fait comme il veut, et on peut très bien assumer un mensonge s’il nous aide / nous protège en tant qu’adulte. Mais se mentir à soit-même, c’est dommage !

      Je n’y ai jamais vraiment cru enfant (mes parents n’ont jamais alimenté, ni démenti, mais j’allais en courses avec mon père, et comme c’est rapidement moi qui ait fabriqué les cadeaux des adultes…), sans pour autant être déçue (ni vendre la mèche à mes copines), bien au contraire… j’ai toujours mon âme d’enfant !

      • Se mentir à soi-même, c’est quoi ?
        Qui dit qu’on ne se ment pas quand on se persuade que le Père Noël n’existe pas ;-) ?

        Le Père Noël ne me protège de rien et ne m’aide pas vraiment, enfin si : il est un support pour inventer des histoires.

        Sandrine

        • C’est mon compte en banque qui me le dit ! Et les mains pleines de peintures de mes filles ! Pour l’occasion, ma cadette de 6 mois a joué à Picasso pour la première fois ce matin. Bon, forcément, ça tourne au body painting, mais je me suis régalée à la voir découvrir la patouille. Et mon aînée aussi, qui en a profité pour « régresser » avec délectation (au sens propre – ou plutôt sale – du terme !).

          Je n’ai jamais eu besoin de support pour inventer des histoires, mais je te renvoie à l’article sur la créativité sur ce thème…

  5. Je ne sais pas si faire croire au père Noel est « bien » ou « mal ». Ce que je sais en revanche, c’est que conditionner les enfants à croire à un mensonge, avec mises en scène, rituels et préparations à l’appui n’est pas un acte anodin. Le mensonge du Père Noel serait toutefois justifiable pour beaucoup au nom de la préservation de la « magie ». Il n’en reste pas moins que ce n’est pas un acte anodin.
    Lorsque j’avais dix ans, les moniteurs d’un camp de vacances auquel je participais ont fait croire à tous les enfants du camp que dans la région où nous campions, vivait la méchante « Dame Blanche », qui la nuit enlevait les petites filles blondes aux cheveux longs. Tous les enfants du camp sans exception, pourtant plus en âge de croire au Père Noel, y ont cru dur comme fer, et nous étions tous absolument terrifiés. Cette peur a littéralement gâché mes vacances et sans doute pas que les miennes. Les monos eux, se sont bien amusés je crois. Et je me dis que si nous n’avions pas été tous conditionnés à « croire » au Père Noel, mais aussi à la petite souris, aux fées, au prince charmant, aux fantômes et j’en passe et des meilleurs, au nom de la « magie », nous aurions été aptes, à 10 ans, à ne pas être manipulés de la sorte, et n’aurions ainsi pas souffert des conséquences de cette manipulation.
    Ensuite, concernant le jugement, je dirais qu’il a bien lieu des deux côtés. Tu te sens jugée et catégorisée comme « mauvaise mère » pour leur « imposer » le mensonge du Père Noel ? Et moi j’ai aussi vu passer beaucoup d’articles pro-Noel tout aussi moralisateurs accusant les anti-Noel, présentés comme des rabat-joie cyniques qui « privent » leurs pauvres rejetons de la « magie » de Noel… Imposer, priver, des termes très forts et bien pétris de jugement !

    • Et à l’extrème, quand on ne confronte jamais les enfants au mensonge, on ne les prépare pas à affronter la vie réelle où ils y seront confrontés et plutôt 2 fois qu’une ;-).
      Utiliser les mensonges et les mythes pour aider les enfants à prendre du recul, à réfléchir par eux-mêmes est aussi utile pour eux à mon avis.

      Quant à ton expérience personnelle, comme tu le dis, vous aviez 10 ans – et donc vous aviez passé l’âge de croire au Père Noël, ce qui veut dire que vous auriez dû savoir que vous ne pouviez pas faire confiance aux adultes puisqu’ils vous avaient déjà menti une fois.
      Or vous y avez cru quand même.

      Si vous n’aviez pas été confronté du tout aux mensonges des adultes, vous auriez cru peut-être encore plus fort à cette histoire de Dame Blanche et la situation aurait peut-être été encore pire, ça aurait la panique : comment imaginer que des adultes peuvent nous mentir si ça n’est jamais arrivé ?
      Plus on grandit, plus la trahison sera douloureuse. Si tu arrives à l’âge adulte en n’ayant jamais été confronté au mensonge et en pensant que tu peux faire une confiance aveugle aux gens qui t’entourent, un mensonge ou une trahison prendra des dimensions dramatiques. Alors que si tu l’as vécu petit à petit, sur de petites choses sans importance, tu seras mieux armé pour la vie réelle finalement ;-).

      Il ne s’agit pas non plus de mentir à ses enfants sur tout et n’importe quoi mais de ne pas croire non plus qu’il faille absolument ne jamais mentir ou des choses comme ça, remèdes qui – à mes yeux et d’expérience professionnelle – peuvent être pires que le mal.

      • J’ai du mal à voir comment on peut utiliser les mythes et le mensonge pour apprendre aux enfants à penser par eux-même. Je veux bien une explication concrète, car je passe complètement à côté du concept.
        Pour moi c’est inculquer de fausses certitudes, donc figer l’imaginaire et l’opinion, et pas les laisser ouverts.
        Dans la vie réelle, les enfants sont forcément confrontés tôt au mensonge, et c’est possible de manière positive et constructive, par le secret (préparer une surprise pour un anniversaire), par l’omission et la politesse (ne pas faire remarquer le handicap, l’embonpoint ou la curieuse tenue vestimentaire de quelqu’un). De manière négative aussi, quand on fait une proposition qu’on ne peut pas honorer (oui on devait faire du vélo, mais avec la panne d’ascenseur, je n’ai pas envie de le remonter sur 6 étages donc on emporte la trottinette).

        • J’ai répondu, en partie plus haut : le mensonge ou l’omission font partie de la vie. Et généralement on le fait pour se protéger ou parce qu’on pense qu’ils protègent l’autre.

          Aider les enfants à prendre du recul sur le mensonge à coup de petites questions toutes simples pour les aider à questionner ce qu’on leur présente comme une réalité les aide petit à petit à comprendre de quoi il s’agit.
          (voir les questions que j’ai citées dans un commentaire plus haut).

          Cela aide aussi les enfants à comprendre que certains « mensonges » ou « omissions » ne sont pas forcément des tromperies mais au contraire des tentatives pour préserver la relation. Les aider à voir ce qui, dans le mensonge, relève de la manipulation ou de la bonne intention, c’est à mon avis leur donner des clés indispensables pour leurs relations d’adultes.

    • Dans ce cas là, alors, on ne raconte plus d’histoires aux enfants. Parce que les petits, quand on leur raconte une histoire, ils y croient. Je peux t’assurer que quand on raconte certaines histoires de grand méchant loup, ou de lutins, certains enfants y croient vraiment. Et je pense sincèrement qu’ils en ont besoin pour leur développement.
      Dans la famille de mon mari, ses parents mettaient sans cesse en scène des histoires. Avec rituels, préparations, surprise. Ils ont été élevés avec l’idée que le « lutin malin » volait des choses dans les placards. Qu’il y avait des tas d’êtres mystérieux dans la forêt. Que des choses disparaissaient et réapparaissaient. Etc etc. Et j’envie sincèrement leur capacité à s’émerveiller, et en même temps leur finesse d’analyse qui leur permet d’éviter justement toute manipulation. Ils ont toujours été encouragés à pouvoir discuter la parole des parents. Et est-ce que l’histoire du père Noël n’est pas un bon moyen de se rendre compte que ce que les adultes nous disent n’est pas forcément la réalité stricte, sans que cela n’ait de conséquences graves ?

      Et puis tu reproches l’utilisation des termes « imposer » et « priver », (et à juste titre à mes yeux, hein, effectivement c’est un choix personnel), mais est-ce que le mot « mensonge » à propos du Père Noël, avec sa connotation négative, n’est pas un jugement en soi ? Pourquoi l’utiliser et ne pas utiliser le mot « histoire » par exemple ?

      • Au contraire, j’en raconte plein, des histoires ! Mais je les fais bien passer pour des histoires : sur le moment, on y croit pleinement, comme lorsque plus tard on est tellement pris par l’intrigue d’un film ou d’un livre qu’on a peur pour et avec le héros, par exemple.

        Mais c’est pour moi très différent de les faire entrer dans la réalité, de leur donner une incarnation tangible. Évidemment, mon aînée a peur du « grand méchant loup ». Mais quand on en voit un vrai dans un parc (même de loin avec des jumelles) c’est tout à fait différent.
        De la même façon qu’elle fait parler / chanter / voler / manger sa peluche en forme de chien, mais qu’elle ne se comporte pas de la même façon face au vrai chien du voisin.

        La capacité à s’émerveiller peut se faire de plein de façons différentes.
        Aujourd’hui, on a trouvé un galet en forme de cœur sur la plage, mon aînée s’est endormie avec ce soir, en se demandant si c’est un message d’un poisson pour un autre, de la mer pour le ciel, du soleil pour la lune, d’une sirène pour elle (elle a une tâche de naissance en forme de cœur sur le front)… Pendant le dîner, on a raconté plein d’histoires autour de ce caillou, qu’on peindra demain.
        Pour autant, elle sait bien que ni un poisson, ni la mer, ni le soleil n’ont réellement taillé le galet en question. Et qu’il ne lui poussera pas une queue de poisson « en vrai ».

        On peut parler de Noël comme on parle de Cendrillon, c’est amplement suffisant !
        Il y a des petites filles qui aiment bien se déguiser en princesse et des adultes qui aiment bien se déguiser en Père Noël. Aucun des deux n’existent, ce sont bien des histoires.
        C’est à partir du moment où l’on fait croire qu’ils existent vraiment que pour moi on entre dans le mensonge, et je n’en comprends vraiment pas l’utilité.

  6. Je suis partagée sur la question du père Noël : oui à la magie, à l’attente, à l’imaginaire. Mais j’ai un peu restreint le « truc » en expliquant que le Père Noël n’offre qu’1 cadeau par enfant, pour qu’il y en ai pour tous, et que les parents l’aidaient, lui expliquant qu’il pouvait aussi faire des cadeaux aux personnes qu’il aime. Puis comme ça il n’est pas surpris de nous entendre parler de cadeaux! J’aime bien l’extrait de Bruno Bettelheim qui me semble a été commenté l’année dernière et est repris sur le blog d’Elodie Conseils Educatifs. http://conseilseducatifs.wordpress.com/2012/12/12/bruno-bettelheim-et-le-pere-noel/
    Voilà comment on peut aussi interprété Noël, et je trouve ça vraiment intéressant.

  7. Merci beaucoup de ta contribution!! Hé bien, je vois que vous avez été drôlement prolixes sur ce sujet!! J’arrive donc un peu après la bataille…
    Pour ma part, je ne pense pas comme toi qu’il y ait de bonne ou mauvaise manière de faire à propos du Père Noël: comme beaucoup des choix de parents, il s’agit d’agir, en son âme et conscience, du mieux qu’il nous semble compte tenu de notre histoire, de nos croyances et de nos enfants.
    Comme d’autres, je ne partage pas tout à fait ta comparaison entre la croyance du Père Noël et la croyance en Dieu, pour des tonnes de raisons qui seraient peut être un peu trop longues à expliciter ici. Par contre, je pense effectivement que le Père Noël est un personnage fantastique au même titre que les fées, les elfes, Cendrillon ou l’ami-e imaginaire qui « existent » bel et bien dans l’imagination de nombre d’entres nous… En écrivant cela, je me souviens de ce qu’écrivait Gopnik (oui, ça faisait longtemps que je ne vous avais pas enquiquiné avec cette auteure hein?!!) à propos de l’imaginaire des enfants (d’ailleurs je peux vous en scanner un extrait si vous le souhaitez car c’est fort à propos!): contrairement à ce qu’on pourrait penser en entendant jouer un enfant et s’imaginer des histoires, les enfants sont parfaitement capables de faire la différence entre réalité et imaginaire (même si parfois ils croient voir le grand méchant loup sous leur lit!). A ce titre si lors d’un grand jeu de piste, on s’imagine chercher le trésor des fées, je ne pense pas que l’on perpétue un mensonge. Ou alors tout jeu est un mensonge et la vie serait bien triste!
    La différence entre le jeu des fées et le Père Noël est peut être la façon dont on signale à l’enfant qu’on quitte le domaine de la réalité pour le royaume de la fantaisie et la façon dont on l’associe à cette transition. (Je pense par exemple aux contes de fée qui commencent pas « il était une fois »…) A la maison, lorsque l’on parle du « Père Noël », j’aime glisser quelques sous entendus montrant que je ne parle pas tout à fait sérieusement… parce que comme eux, j’aime bien inventer des histoires et jouer à faire semblant, mais que je préfère quand tout le monde est au courant que c’est un jeu.

    • Je ne saurais pas mieux dire ! La magie, le merveilleux, l’imaginaire… l’esprit de Noël fonctionnent aussi bien sans faire croire à l’existence réelle du Père Noël. Quand tout le monde sait, mais que tout le monde joue, c’est encore plus savoureux !

      Ça fonctionne même encore mieux, car on peut faire participer les petits (ici la très grande majorité des cadeaux sont faits maison, même pour les enfants), le partage et la générosité sont donc encore plus appliqués et expliqués. Et aucun souci s’il y a une très grande disparité de niveau social dans la famille.

      Au fond, j’ai l’impression que c’est d’abord et avant tout pour les adultes que c’est important de défendre le mensonge, ils peuvent enfin faire des cachoteries et les faire porter par les autres ! :)

  8. Ces échanges très vifs me font penser à ce très bon dossier « Dieu, une bonne idée? », paru dans le Magazine Philosophie (n°65, décembre 2012).

    Au lieu de se déchirer sur la question de l’existence de Dieu, comme on se déchire ici sur l’existence du Père Noël, il y est proposé de s’interroger sur la question suivante : l’idée de Dieu fait-elle plus de bien que de mal?

    Parmi les réponses, est citée la thèse inachevée de Quentin Meillassoux (Après la finitude, Seuil, 2006) qui établit quatre liens (profils) entre l’homme et Dieu :
    1- « ne pas croire en Dieu parce qu’il n’existe pas » (l’athée)
    2- « croire en Dieu parce qu’il existe » (le religieux)
    3- « ne pas croire en Dieu parce qu’il existe » (le révolté)
    4- « croire en Dieu parce qu’il n’existe pas »

    Ces quatre liens sont fondés sur la croyance de l’existence ou de la non-existence de Dieu. Ce qui m’intéresse et qui m’a éclairé dans mes réflexions éducatives concernant le Père Noël, c’est ce quatrième lien rend toutes les mythologies et toutes les féeries bienveillantes ; du moment que l’espoir qu’on y fonde est celui d’un idéal intérieur, d’une foi intime que le monde peut être meilleur.

    N’oubliant pas que certains célèbrent la naissance de Jésus à Noël, je cite ce très bel extrait de « Bariona, ou le jeu de la douleur et de l’espoir » de Jean-Paul Sartre, découvert dans le Magazine précédemment mentionné.

    « La vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage c’est un émerveillement anxieux qui n’a paru qu’une fois sur une figure humaine. Car le Christ est son enfant, la chair de sa chair, le fruit de ses entrailles. […] Toutes les mères sont ainsi arrêtées par moments devant ce fragment rebelle de leur chair qu’est leur enfant et elles se sentent en exil à deux pas de cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent des pensées étrangères. »

    • Très intéressant ! Encore un livre que je vais mettre sur ma To read list !
      C’est un de mes thèmes de réflexion concernant mes filles : comment transmettre une certaine spiritualité hors du cadre d’une religion particulière ?
      Mais pour moi, ça n’a rien à voir avec le vieux barbu.

      Je n’arriverai jamais à mettre sur un même niveau un personnage de fiction (féérique ou non, il y a un commentaire au sujet des sorcières) et Dieu. Il y a une notion de transcendance dans la spiritualité qu’on ne peut pas trouver (et qu’il est malsain de chercher) dans la fiction.

      Là où cette réflexion me paraît un peu courte (mais il faudrait que je lise le livre pour en savoir plus, je suppose), c’est pourquoi faut-il croire en une existence tangible pour que le message « d’idéal intérieur » passe ?
      Pour prendre des références religieuses ou philosophiques : les paraboles de Jésus, les jakatas de Boudha, les mythes de Platon, portent des messages forts et parfois très complexes, sans pour autant qu’il soit nécessaire de les considérer comme existant réellement.

      En effet, les enfants font très bien la différence entre un vrai chien et leur peluche en forme de chien qu’ils font parler, voler, etc. Entre un vrai bébé et leur poupon. Sans pour autant que le jeu soit moins riche, moins « vivant » que la réalité.

      Est-ce pour que l’adulte parvienne à retrouver ce niveau de jeu qu’il est obligé de mentir ? Parce qu’il n’arrive souvent plus à se connecter avec sa part d’enfance ?

      • Ma comparaison entre Dieu et le Père Noël s’arrête à l’idée « d’une idée qui fait plus de bien que de mal ».

        Bien sûr, je ne crois pas que croire au Père Noël ait la même portée existentielle que croire en Dieu. Mais finalement, croire à quelque chose qui n’existe pas (dont, en tous cas, les connaissances humaines actuelles ne permettent pas de prouver l’existence), c’est s’illusionner (créer le sentiment du réel ou du vrai), mais pas mentir (altérer la vérité) puisqu’en la matière, il n’y a pas de vérité.

        Dans la thèse soutenue par Meillasoux « croire en Dieu parce qu’il n’existe pas », revient selon l’auteur de l’article à « rejeter le Dieu transcendant et/ou métaphysique, tout en espérant avec ardeur, dans cette vie-ci, l’irruption aléatoire de la justice éternelle ».

        J’ai personnellement interprété cela comme l’idée d’un idéal intérieur, intime et singulier, qui peut prendre un caractère d’universalité selon la profondeur qu’on lui donne.

        Pour finir, il me semble que des études anthropologiques relatent que, de tous temps, des illusions collectives existent, et qu’elles participent aux fondements des sociétés ; la première des sociétés étant la famille. Je chercherai des références pour étayer ce que j’avance.

        • Ça m’intéresse vraiment beaucoup, avec grand plaisir ! C’est même dommage que ça reste dans un commentaire.
          Même si pour moi ça ne s’applique pas plus au Père Noël qu’à Peter Pan ou Cendrillon, il est évident que de tout temps l’être humain a comblé son besoin de dépassement de la finitude (pour reprendre le titre du livre), de plein de façons différentes.

          D’ailleurs, si certains sont intéressés par un éclairage nouveaux sur ce sujet, l’ethnoastronome Chantal Wolkiewiez (une voisine très sympa, ce qui ne gâte rien !) publie un deuxième ouvrage où elle démontre que les peintures rupestres n’auraient pas une vocation religieuse au sens « pieux » ou « chamanique » du terme, encore moins artistique, mais elles seraient une représentation de l’univers, un moyen de se repérer dans le temps et l’espace. J’ai lu le premier sur la grotte de Lascaux, absolument passionnant.

          Quelques millénaires plus tard, les préoccupations physiques (avec pour objectif la survie), puis métaphysiques (avec pour objectif la gestion d’un groupe d’humain, puis de peuples entiers) deviennent purement consumériste… L’intérêt général se serait-il égaré en route ?

  9. Pingback: L’environnement de nos enfants [mini débrief] « Les Vendredis Intellos

  10. Je ne connais pas le blog et je ne réagis qu’à propos de cet article.
    Pour avoir fait ma formation avec Catherine, et pour avoir eu « en live » cette discussion avec elle, je regrette de lire une telle mécompréhension du point de vue de CDK.
    Vous venez mêler au point de vue de Catherine Dumonteil Kremer des jugements moraux de « bons » et « mauvais » parents. En tout état de causes, et en dépit de certains point de vue qui nous ont tenus en haleine ( ;-) ), je n’ai jamais entendu Catherine parler de bons et mauvais parents.
    Le message qu’elle cherche à transmettre tient davantage à la relation de confiance que l’on cherche à établir avec nos enfants. Or, que peut il se passer dans la tête de l’enfant lorsqu’il découvre que finalement le père Noël n’existe pas, alors que cela fait des années que ses parents lui mente ? Car il s’agit bien d’un mensonge : quel parent viendra ici me soutenir que le père Noël existe ?
    En moyenne l’enfant cesse de croire au père Noël aux alentours de 7 ans (G. Bronner, cerveau et psycho n•42, nov. déc. 2010). Dans 80% des cas, cette découverte du mensonge provient soit de la dissonance (les incohérences des parents cherchant à faire croire au mythe), soit de la concurrence (les enfants qui n’y croient plus et qui le disent, par exemple), soit les deux facteurs réunis (ibid.)
    Alors, que se passe t’il au moment de la découverte ? Si cela peut bien se passer, il faut savoir que dans presque la moitié des cas, cela donne lieu à une crise (ibid.) : la moitié ! Pas 5 ou 10 % des cas, près de 50 % ! Rappelez vous ce que cela vous a fait lorsque vous avez découvert que l’on vous a trompé…
    Et l’enfant à qui on a menti d’une manière aussi effrontée, que va-t-il penser des autres messages du parent ? Quel crédit l’adulte va-t-il encore avoir ? Que reste t’il de la relation de confiance ? Et comment peut on par la suite restaurer cette confiance ?
    En tout état de cause, rien n’empêche de laisser la magie agir : lorsque les fées se penchent sur le berceau de la Belle au Bois Dormant, il ne viendra à personne de dire que c’est vrai, que ça existe vraiment, et pourtant, la magie de l’histoire opère totalement ! Les fées, les nains, les korrigans, les sorcières, les licornes existent… dans l’imagination, et c’est magique !
    Alors pourquoi mettre le Père Noël sur un autre plan ? Rien n’empêche de raconter qu’on imagine qu’un gros monsieur avec une grosse barbe et un manteau rouge apporte les jouets aux enfants et laisser la magie opérer…
    A mon sens, il est important de distinguer le personnage de Noël d’une croyance sincère de l’adulte. Lorsqu’un adulte croit en Dieu, il construit sa vie et ses croyances sur sa foi, et il en est persuadé au plus profond de lui-même. Si c’est sa croyance, il est normal qu’il la transmette, car l’adulte en est intimement convaincu. En revanche, quel adulte athée va-t-il chercher à faire croire à son enfant à l’existence de Dieu ? Quel adulte croyant va-t-il chercher à faire croire à son enfant que Dieu n’existe pas ?
    Alors pourquoi un adulte qui ne croit pas au père Noël va-t-il chercher à faire croire à l’existence du bonhomme en rouge à son enfant?
    Lorsque ma fille avait 3 ans 1/2, elle a passé un Noël marqué par la frustration et la déception : alors qu’elle était au bain, on lui a dit que le père noël était passé. Elle est sortie de la salle de bain en hurlant de joie à l’idée de voir le PN. Quelle ne fut pas sa déception de ne pas le voir ? Je vois encore son visage se fermer de frustration et de tristesse, au point qu’elle ouvert ses cadeaux sans aucune joie et les a laissés là, sans même y toucher, sans un regard…*
    Alors, tout cela pour dire que si vous ne croyez pas au père Noël et si vous souhaitez garder une belle relation de confiance avec votre enfant, éviter de lui faire croire à tout prix, pour lui éviter le prix de la déception et de la trahison qu’il va très probablement ressentir… Pour lui éviter cela, faites lui vivre la magie du conte et du rêve, sans lui imposer le mensonge…

    * Cette question du PN a été une grosse pomme de discorde avec mon ex-femme…

    • Cette réponse me confirme précisément qu’il y a des parents qui croient qu’il y a une bonne – ne pas faire croire au Père Noël – et une mauvaise – y faire croire – façon de gérer Noël avec ses enfants.
      Je suis désolée mais je ne partage pas cette croyance en une bonne et une mauvaise façon de faire.
      Ce qui compte, c’est ce que les parents ont envie d’en faire et ce que les enfants ont envie de recevoir.

      Il peut y avoir une crise lorsque l’enfant cesse d’y croire. Et alors ? S’il doit y avoir une crise, peut-être sera-t-elle bénéfique ? Comme je le disais dans un commentaire plus haut, essayer à tout prix de préserver l’enfant de toute déception et de tout chagrin n’est peut-être pas une bonne chose. Comment peut-il se préparer l’âge adulte de cette façon ? On n’apprend à gérer sa déception qu’en la vivant.

      Quant à votre fille, ce qui était important pour elle, c’était les cadeaux ou la magie de Noël ? Vous parlez de sa déception parce qu’elle n’avait pas vu le Père Noël, je peux la comprendre. Quelle importance qu’elle n’aie pas voulu ouvrir ses cadeaux !
      Ce qui compte, c’est d’entendre sa déception, pas de penser qu’il aurait fallu la préserver de celle-ci ! Au contraire, le plus beau cadeau qu’on puisse faire à un enfant, c’est de comprendre sa déception et sa tristesse – même si c’est nous parents qui l’avons générée – et de l’aider à la dépasser.
      Je ne conçois pas mon rôle de parent comme étant celui qui préserve mon enfant de tout sentiment négatif mais comme celui qui aide mon enfant à dépasser ces sentiments et à en faire quelque chose de positif.

      Pour ma part, lorsque j’ai découvert que le Père Noël n’existait pas, cela ne m’a rien fait … A vrai dire, j’ai juste trouvé super chouette que mes parents aient réussi à créer autant de magie et de poésie à partir de presque rien. D’ailleurs j’ai une relation magnifique avec mes parents, depuis toujours. Une vraie relation de confiance …
      Et pourtant mon père buvait lui-même le verre d’eau de vie destiné au Père Noël lorsque nous partions pour la messe de minuit :-D …
      Comme quoi la confiance entre parents et enfants est peut-être bien au-delà de ce genre de détails.

      Et qui vous dit que je ne crois pas au Père Noël en fait ?
      Je l’ai déjà dit aussi mais une croyance est une croyance.
      Père Noël ou Dieu, quelle différence ? Je crois aussi aux fées et à des tas d’autres choses. A la magie de la vie tout simplement.

      • La variabilité d’expérience que les unes et les autres rapportez n’est-elle pas en définitive le signe (une fois encore!) que chaque parent, chaque enfant, est unique et que « le mieux » reste un mieux relatif et personnel, l’essentiel étant de rester l’écoute de ses sentiments et de ceux de son enfant et de faire en fonction! Ce qui est vrai un jour peut être faux le lendemain, ce qui a été vrai pour un enfant peut être faux pour un autre.

  11. « Si enfant, on a vécu la croyance au Père Noël comme une trahison, il est tout à fait compréhensible de ne pas vouloir reproduire le schéma », atteste Dominique Tourrès-Gobert. Mais si certains enfants vivent la découverte de la non-existence du Père Noël comme une trahison, la plupart l’acceptent bien, et sont même flattés de faire désormais partie des initiés, des « grands ». Tout dépend en effet de la manière dont l’enfant apprend la vérité. L’enfant acceptera d’autant mieux cette désillusion qu’il aura acquis une autonomie affective rassurante. Aux parents d’accompagner leur enfant dans ce passage de l’illusion à la réalité. De ne pas persévérer dans le mensonge face à un enfant qui commence à avoir des doutes, mais de l’accompagner dans ce cheminement vers la vérité. Et si, passé l’âge de raison – un âge qui oscille, selon les enfant, entre 6 et 10 ans -, l’enfant croit toujours dur comme fer au Père Noël, l’amener à s’interroger sur son existence, c’est le protéger d’une amère désillusion – mais aussi des moqueries de ses camarades qui seront, eux « initiés ».

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