« Ne pas culpabiliser les parents, mais proposer des alternatives » : faut-il dépolitiser l’interdiction de la fessée ?

Lectrice depuis un certain temps des Vendredis Intellos, je souhaiterais partager pour ma première contribution, quelques réflexions sur le traitement de la question, très souvent évoquée sur ce blog, de l’interdiction des châtiments corporels par l’article du Monde publié le 30 Avril 2016, « La France est-elle prête à interdire la fessée? » (sous l’expression « interdire la fessée » on regroupe en général trois types de violences éducatives: fessée, gifle et tapes sur les mains).

Je précise que je n’ai pas d’enfant, et que je n’ai jusqu’ici presque jamais eu à faire face aux difficultés rencontrées par les parents: gérer une grosse colère, des violences, assumer la fatigue ou se retrouver à bout. Je comprendrais donc tout à fait qu’on me réponde « Tu verras quand / si… », et je vois tout à fait la difficulté qu’il y a à parler à de jeunes parents de domination adulte ou de punitions lorsque ceux-ci sont complètement crevés par plusieurs semaines sans nuits complètes, pendant que moi je suis tranquillement en train de théoriser dans mon coin. Toutefois, à titre personnel, j’envisage pour l’instant de devenir enseignante, et j’ai trouvé qu’il était capital (pour moi du moins) de réfléchir un peu à la question de l’éducation, et en particulier à la violence de certaines pratiques, avant de me retrouver devant une classe de 30 élèves et de réagir sous le coup de la fatigue, de l’épuisement ou de la colère qui touchent les enseignant⋅e⋅s.

Par ailleurs, mes réflexions sur les violences éducatives proviennent essentiellement de la lecture de contributions de ce blog ou d’autres comme LesQuestionsComposent, et je ne suis pas forcément en mesure de fournir des appuis théoriques complets pour expliquer ma gêne en lisant l’article du Monde. 

« On ne veut pas culpabiliser les parents mais les aider en leur fournissant des outils, des solutions alternatives, pour ne plus avoir besoin de recourir à la violence », explique Catherine Dumonteil-Kremer, auteure et consultante familiale, à l’origine de la journée nationale de la non-violence éducative. […] « On sait aujourd’hui que la répression, par la fessée ou des punitions, n’est pas la solution pour un bon développement de l’enfant. Ce qui a d’abord été prouvé empiriquement est maintenant aussi prouvé scientifiquement par de nombreuses recherches », ajoute Mme Dumonteil-Kremer. Et comme « la gifle part souvent dans une explosion de colère, on a publié cette année un petit kit d’urgence ».

Je ne sais pas si Catherine Dumonteil-Kremer propose une approche complémentaire dans ses ouvrages, je me contente de ce cadre posé par l’article du Monde. Deux aspects de cette présentation de la lutte contre les violences éducatives me gênent:

  • insister, pour ne pas culpabiliser les parents qui ont déjà frappé leur enfant, sur le fait qu’ils l’ont fait sous le coup de la colère, parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix.
  • aborder la question des violences éducatives en questionnant leur efficacité (à grand renfort d’études scientifiques) plutôt qu’en termes politiques et éthiques.

Je comprends, sur le plan stratégique, la volonté de ne pas culpabiliser les parents pour ne pas les braquer, en rappelant que souvent la gifle ou la fessée part « sous l’effet de la colère » etc. Cela pose aussi la difficile question de nos propres rapports à nos parents, lorsque ceux-ci ont utilisé, une fois, deux fois, ou fréquemment, la violence: il est plus rassurant de percevoir ces violences comme des choses qu’ils ne pouvaient pas contrôler, ou de s’en attribuer la responsabilité (« c’est vrai que j’étais insupportable », « je l’avais mérité », « je les avais poussés à bout », etc.). Mais je m’interroge tout de même sur le refus d’aborder la question sous l’angle des rapports de pouvoir parents-enfants.

Peut-on à la fois considérer que les violences éducatives sont bien des violences, et sont des actes graves, et tenir un discours qui ne culpabilise pas les parents? Tout dépend je pense de la conception de la violence que l’on adopte (car, oui, la violence se théorise):

  • on peut choisir de concevoir la violence comme quelque chose d’irrationnel, qui relève (en gros) de la perversité – à cet égard, les parents maltraitants sont présentés des « monstres », et il conviendrait de bien les distinguer de ceux qui donnent « une petite claque de temps en temps » (il me semble que c’est la conception de la violence la plus répandue, et c’est ce type d’argument qui émerge de la série de commentaires de l’article du Monde dont vous pouvez vous infliger la lecture si vous le souhaitez).
  • face à cette première façon de concevoir la violence, pour résoudre le problème, Catherine Dumonteil-Kremer adopte – je crois – une conception de la violence comme la manifestation d’une perte de contrôle, une impossibilité à faire face à ses propres émotions: la violence est humaine, naturelle ou pulsionnelle, elle existe dans chacun de nous mais elle n’est pas totalement inévitable si l’on a les outils nécessaires. Le fait d’avoir une alternative clef en main résoudrait alors le problème. Je ne pense du tout que cette conception soit fausse, bien au contraire; mais pour moi, elle est au moins insuffisante.
  • une dernière approche, que je privilégie personnellement (mais c’est aussi un positionnement stratégique de ma part, dans la mesure où cela me semble en un sens moins fataliste), est de considérer la violence comme un outil politique qui à la fois provient et établit un rapport de pouvoir. Il s’agit alors de considérer l’irruption de la violence non plus seulement à partir de facteurs émotionnels, mais à partir de données sociales et politiques, en analysant le rapport de pouvoir qui existe entre deux personnes. Il s’agit également de voir dans quels cas la violence est considérée comme légitime ou légale.

Pourquoi en effet rappeler sans arrêt que si les parents donnent une gifle ou une fessée, c’est en général « sous l’effet de la colère » ? Il me semble que le contrôle qu’on impose à ses émotions violentes n’est pas détaché du rapport de pouvoir que l’on entretient avec son interlocuteur/trice: un « niveau » de colère ou d’épuisement ne produira pas les mêmes conséquences en termes de violence si l’on se trouve face à son propre enfant, face à un élève, face à un enfant qui n’est pas « le sien », face à son/sa conjoint⋅e, face à une personne inconnue dans la rue. Sur le plan de la condamnation de ces violences, on observe également des réactions différenciées: les violences éducatives physiques sont désormais bannies de l’arsenal répressif des écoles (qui reste bien fourni), et lorsqu’une gifle « échappe » à un⋅e enseignant⋅e, la sanction juridique est ferme, même si la condamnation sociale est en général moins claire.

Il faut donc resituer ces violences dans le rapport de pouvoir qui existe 1/ entre les adultes et les enfants (ce que certains appellent « la domination adulte », ou intègrent à la notion d’âgisme); 2/ plus précisément, entre des parents et leurs enfants (qui relève de l’institution de la famille, et qu’on associera au problème de la « vie privée »).

Le premier rapport de pouvoir explique que l’on tolère les violences à l’égard des enfants à partir du moment où elles sont justifiées par un but d’éducation, alors que les mêmes violences (gifles, fessées…) seraient condamnées (ou du moins condamnables) à l’égard d’adultes, et seraient même sûrement plus fermement condamnées à l’égard d’enfants si elles étaient « gratuites ». Bien entendu, le problème, c’est que l’éducation d’un enfant est une notion floue qui laisse une certaine marge d’interprétation, surtout lorsque c’est la parole de l’adulte qui est prise en compte.

Ce rapport de pouvoir est fondé sur l’idée d’éducation, et donc sur une conception de l’enfant comme une personne qui n’a pas encore les mêmes droits, parce qu’il n’est pas éduqué. L’enfant est alors une personne susceptible de recevoir des claques (ou des punitions) jusqu’au moment où il sera suffisamment grand pour se contrôler lui-même: ce statut prendra fin à 18 ans, il n’y a donc pas lieu d’en faire tout un fromage. En attendant, l’enfant doit obéir (pour son bien naturellement).

C’est bien cette attente d’obéissance qu’il faut questionner lorsque l’on veut parler des violences éducatives. Chercher des alternatives non-violentes pour produire la même obéissance ne résout pas le problème. Je crois d’ailleurs que la violence peut être très efficace pour produire l’ordre et la conformité à des règles légitimes ou non: si des parents attendent l’obéissance (et je pense que nous attendons tous cela des enfants, à des degrés divers), les alternatives aux violences éducatives ne seront pas d’une grande utilité.

Le deuxième rapport de pouvoir, qui découle du premier, explique qu’il soit considéré comme moins grave d’utiliser les violences éducatives contre son propre enfant alors qu’il paraît anormal de les utiliser contre l’enfant d’un autre. Le corollaire est que toute tentative de légiférer sur les violences éducatives se heurte à l’idée du respect de la vie privée des parents et de leur liberté éducative. Comme le précise l’article du Monde:

La question de l’interdiction reste cependant très polémique : il ne faut pas stigmatiser les parents, et la majorité d’entre eux sont réfractaires à une loi, qui empiéterait sur ce que beaucoup considèrent comme leur liberté dans l’éducation de leurs enfants.

Cela explique aussi pourquoi beaucoup de parents hostiles aux violences éducatives ne parviennent pas à intervenir dans l’espace public lorsqu’un enfant est frappé, alors même qu’ils/elles sont convaincu⋅e⋅s qu’ils/elles devraient le faire, et qu’ils/elles le feraient sûrement si la gifle était portée à l’encontre d’un autre adulte. Le respect de la vie privée des autres parents constitue une barrière mentale plus forte que le souci de protéger l’intégrité physique de ces concitoyen⋅ne⋅s que sont les enfants, y compris pour des personnes qui considèrent que cette intégrité physique devrait passer en premier.

Cette question de l’exception dans le droit produite par l’idée d’un domaine « privé » est selon moi liée à l’idée d’une propriété de l’enfant, qui appartiendrait à ses parents, ou qui est du moins soumis à leur autorité. Cette autorité est le privilège des parents à l’égard de l’enfant, et elle est très peu remise en cause (l’autorité comme privilège des enseignant-e-s est beaucoup plus discutée): la famille reste ce lieu sacré, privé, où l’application du droit est négociée et limitée.

Aborder la question des violences éducatives en considérant la famille comme une structure politique, où s’exercent des rapports de pouvoir entre plusieurs individus, et non comme une unité naturelle indivisible, permet de poser une analogie entre les rapports homme/femme et les rapports adulte/enfant. Je recommande vraiment la lecture de l’article de Christine Delphy sur ce sujet, « L’état d’exception: la dérogation au droit commun comme fondement de la sphère privée », qui est à la fois clair et très puissant dans sa radicalité.

Pour en revenir à la question des violences éducatives, et adopter cette analogie: autrefois, tout le monde comprenait qu’une gifle échappe à un mari en colère si sa femme ne lui obéissait pas. De la même façon, le viol conjugal n’a été pénalisé que très récemment car jusque là, on considérait non seulement que les rapports sexuels étaient dus au sein du mariage, mais aussi que le viol d’une femme était un délit à l’égard de la personne qui en était propriétaire (son mari, son père, …), et non un crime en lui-même; de la même façon, il est admis qu’on ne gifle pas l’enfant d’un autre, mais qu’on fait ce qu’on veut avec le sien. Lorsqu’on utilise l’analogie des violences conjugales pour évoquer les violences éducatives, la réponse est toujours la même: la femme, elle, est adulte – ça n’a donc rien à voir. Entendez: elle n’a pas besoin d’être éduquée. C’est oublier que les violences conjugales ont été longtemps (et sont toujours dans une certaine mesure) liée à la volonté de produire de l’obéissance: il était légitime de battre sa femme, mais seulement de façon juste, c’est-à-dire quand elle désobéissait.

Il faut donc questionner cette idée d’une « liberté » des parents ou de « vie privée » qui cautionne l’exclusion des enfants du droit commun, et notamment le droit au respect de son intégrité physique. Tant que l’on donne légalement aux parents le pouvoir de frapper « raisonnablement » LEUR enfant, dans un but éducatif, il est parfaitement absurde de s’étonner que certain⋅e⋅s en abusent (souvent sans même s’en rendre compte). Rappelons qu’un enfant ne peut pas porter plainte: ce sont ses parents qui peuvent le faire. Si ses parents le maltraitent, un tiers doit être désigné pour porter plainte à sa place. Il ne s’agit ni de liberté ni de vie privée mais bien d’un rapport de pouvoir.

L’Etat est, en France, toujours prêt à privilégier le principe de la puissance parentale par rapport aux intérêts des enfants : c’est même la sacralité de la famille – entendons par là quelque chose que l’on pourrait appeler de manière métaphorique la propriété privée des enfants – qui est opposée aux demandes que les enfants soient efficacement (et non pas seulement en principe), protégés des sévices de tous ordres.

(Christine Delphy, « L’état d’exception: la dérogation au droit commun comme fondement de la sphère privée »)

C’est ce rapport de pouvoir qui doit être questionné lorsque l’on aborde la question des violences éducatives. Il faut se demander: pourquoi un parent fait-il avec son enfant ce qu’il ne ferait pas avec une autre personne?

Soit nous continuons à légitimer ce rapport de pouvoir, à légitimer les idées d’obéissance et d’autorité parentale, soit il faut conclure qu’une gifle, une fessée, une tape portée par un parent contre un enfant est au moins aussi grave que le même acte commis contre n’importe quel personne contre n’importe quelle autre. Soyons honnêtes: les gifles entre deux personnes sont fréquentes au quotidien, et elles ne font pas systématiquement l’objet d’une plainte et d’un passage devant le tribunal; elles surviennent parfois entre deux ami⋅e⋅s, sans que ces deux personnes cessent toutes relations. C’est peut-être bien comme ça: faisons en sorte qu’il en soit de même pour les violences éducatives.

Il est alors possible de parler de la fessée sans culpabiliser les parents qui ont donné un jour une gifle ou une fessée, mais sans dépolitiser les violences: sans leur laisser entendre qu’ils ont eu une réaction naturelle qui peut arriver à tout le monde, puisque cela ne leur serait probablement pas arrivé si la personne en face n’était pas leur enfant. Dire que c’est grave, ce n’est pas forcément culpabiliser: c’est souligner qu’il n’y a pas de raison de considérer que gifler son enfant est moins grave que gifler une autre personne dans la rue, son/sa conjoint-e, ou une vieille dame, ou n’importe qui. Dire aux parents qui ont frappé, même légèrement, leur enfant, que c’est grave, c’est simplement dire : oui, vous étiez peut-être à bout, parce que vous pensiez à tort que ce serait la réaction la plus efficace, mais vous avez aussi fait ça parce que vous en aviez le pouvoir, et parce que vous vous considériez dans votre bon droit, ou légitime pour le faire.

Personnellement, j’ai essayé de tenir ce raisonnement avec mon père, qui m’a donné quelques gifles ou tapes dans ma vie, et… c’est compliqué. Il est difficile de faire comprendre qu’on n’est pas dans une démarche de colère ou de ressentiment à l’égard de ses parents en disant qu’on trouve que telle gifle/tape était anormale (surtout que dans mon cas, je donnais beaucoup de coups de pied quand j’étais très petite, ce que m’a rappelé mon père en soulignant qu’il ne savait pas quoi faire d’autre).

Dire à un parent que gifler/taper sur la main d’un enfant est grave ce n’est pas lui dire qu’il/elle est une mauvaise personne. Mais il ne suffit pas d’ajouter qu’avec d’autres outils éducatifs, il/elle aurait pu agir autrement. La croyance dans le caractère nécessaire des violences éducatives est évidemment un immense obstacle à leur disparition. Mais il s’agit aussi de dire qu’il/elle se trouve dans une position dominante à l’égard de son enfant et qu’il/elle en use (ou en abuse), en faisant ce qu’il/elle ne ferait pas contre d’autres.

Laisser le choix au nom du respect de la vie privée, entre des « alternatives » et des violences éducatives, en justifiant la préférence pour les premières par les conséquences néfastes scientifiquement établies des violences éducatives, cela revient à dire que si ces alternatives n’existaient pas, ou si les violences éducatives étaient sans conséquences sur le développement de l’enfant, elles seraient légitimes. Je rejoins en partie à cet égard les réflexions de Béatrice Kammerer sur la rhétorique des neurosciences: la recherche scientifique sur le développement cognitif et psychologique ne peut être un argument définitif. Elle ne doit pas se faire au détriment de la réflexion politique sur l’inclusion ou l’exclusion de l’enfant du droit commun.

Si les résistances à l’interdiction des violences éducatives sont si importantes, ce n’est pas seulement parce qu’on n’a pas assez expliqué les conséquences néfastes des violences sur le développement du cerveau. Les commentaires des articles sont d’ailleurs toujours de cet ordre: « j’ai reçu des baffes, je vais bien et je suis plutôt une bonne personne »; je ne suis donc pas sûre que cette stratégie soit la meilleure.

On retrouve le même problème dans les discussions très polémiques autour de la circoncision rituelle: il s’agirait de savoir si celle-ci a ou non des conséquences pour l’enfant sur le développement psychologique ou le plaisir sexuel (conséquences qui justifient par exemple la criminalisation de l’excision). La question est rarement posée du point de vue du consentement de l’enfant: il devrait en toute logique être exigé pour un acte sans nécessité médicale, peu importent les conséquences ou non de l’acte, mais c’est encore une fois l’invocation du respect de la vie privée et de la liberté de croyance qui explique cette exception au droit commun. On peut rapprocher de cet exemple les chirurgies pratiquées sur des nourrissons intersexes – les conséquences psychiques font dans ce cas peu de doute – mais aussi un acte aussi anodin que le piercing non consenti des oreilles des très jeunes filles: il suffit de regarder les discussions sur les forums consacrés à ce sujet pour se rendre compte que l’enjeu est bien un droit des parents sur le corps de leur enfant.

Cette proposition d’interdiction des violences éducatives remet profondément en cause une idéologie et un fonctionnement politiques. L’interdiction légale est insuffisante, en effet. Mais ce ne sont pas seulement des alternatives à la violence éducative qui doivent accompagner son interdiction pour la rendre efficace: il faut questionner radicalement les violences éducative et assumer un discours politique.

Anne GE

42 réflexions sur “« Ne pas culpabiliser les parents, mais proposer des alternatives » : faut-il dépolitiser l’interdiction de la fessée ?

  1. Bonsoir Anne, merci pour cet article.
    Je pense que tu as tout à fait raison de placer les choses en termes de pouvoir.
    Mais il ne faut pas sous-estimer l’effet en cascade où les chaînes de pouvoir et de maltraitance s’exercent du grand chef sur le petit chef, du petit chef à l’ouvrier puis de l’ouvrier à ses enfants. Tous maltraités, tous maltraitants. Alors en effet c’est politique car on ne peut s’intéresser aux questions de violence sur les enfants sans questionner l’ensemble des violences de notre société.

    Par ailleurs la question de ton père m’a intéressée. Il a très bien dit qu’il ne savait pas quoi faire d’autre. Je serais intéressée de savoir si le petit livre qui va être distribué lui aurait donné des solutions. As-tu essayé de lui donner ce petit livre pour que vous en re-discutiez ensemble?

    • Oui, je n’ai pas développé ce point parce que je voulais rester sur la question de la situation politique des enfants, mais par ailleurs j’adhère au raisonnement sur la place que prendra la violence dans les réponses élaborées par l’enfant une fois « adulte » en fonction de l’éducation reçue, même si je pense que le lien est très complexe. Disons que je pense qu’il n’est pas bon d’une manière générale à être accoutumé-e à voir la violence comme une solution si on veut une société non-violente (logique…). Même chose pour le fait de subir d’être amené-e à développer des stratégies de gestion de la domination plutôt que des comportements de collaboration et de négociation d’égal à égal. Mais c’est une autre question politique.
      Je mentionnais ma discussion avec mon père parce que c’est ma seule expérience personnelle concernant les violences éducatives. Quand j’en ai parlé c’était en prenant mon propre exemple dans la conversation, mais ce n’était pas le sujet principal. Après si je devais développer là-dessus (mais je ne veux pas non plus raconter toute ma vie), il me semble que dans la mesure où mon père était à notre égard dans une démarche de recherche d’obéissance et de conformité à ses propres règles, je ne pense pas que l’existence d' »alternatives » dans les outils aurait changé quelque chose à l’organisation politique de notre famille. Les violences de type gifle ou tape restaient très rares de la part de mon père (je n’ai pas du tout de rapport traumatique ou même difficile à ces violences physiques) – en revanche, son rapport aux autres membres de la famille était globalement autoritaire et je dirais plutôt violent mais rarement de façon physique. L’exemple qu’il prenait de mes jeunes années (4-5 ans en gros) où j’avais effectivement un comportement agressif et violent (dans mes souvenirs, par réaction à des formes de coercition scolaire mais je n’en suis pas certaine) ne rend pas compte de ses pratiques éducatives globales. Cela conforte pour moi l’idée qu’une remise en cause des violences éducatives doit s’accompagner d’une remise en cause radicale des rapports de pouvoir au sein de la famille.

  2. Cet apport est extrêmement intéressant mais je suis interpellée par la mention du fait que vous souhaitez à titre personnel devenir enseignante et envisagez donc de vous retrouver devant une classe d’une trentaine d’élèves. Pour moi, une fois qu’on a mis le doigt sur les rapports de pouvoir et de force entre enfants et adultes, il est très très difficile d’envisager d’intervenir dans le cadre d’une école, fût-elle alternative (et pas uniquement parce que les enfants en contexte de classe plus ou moins nombreuse avec activités plus ou moins dirigées peuvent avoir des comportements surprenants qui n’ont rien de commun avec ce qu’ils sont dans des situations plus respectueuses de leur être et de leur rythme…). Se pencher sur la question des pédagogies alternatives et a fortiori sur le sujet des apprentissages autonomes (qu’ils soient formels et/ou informels) me paraît être la suite logique de votre réflexion, mais… bon courage pour retrouver, après ça, l’envie de mettre les pieds dans l’enseignement !

    • Merci de votre commentaire: vous avez tout à fait raison, et cela fait partie des questions que je me pose en ce moment, sans avoir trouvé de solution. Le cadre coercitif et obligatoire de l’enseignement traditionnel me gêne énormément plus que le débat cours magistral / pédagogies alternatives (plus simplement, je ne vois pas pourquoi enseigner quelque chose à des enfants qui n’en ont pas envie…). Je suis en réflexion là-dessus :)

  3. C’est très intéressant. Vous posez parfaitement bien la question. Ca ne la rends pas plus facile à résoudre (comme le remarque justement Aglaée) mais ça la clarifie. Merci.

  4. très bon article merci. Je me faisais le même type de réflexion récemment à propos de la circoncision rituelle (domaine que je ne maîtrise pas) en faisant un parallèle entre réactions vis à vis de l’excision rituelle qui la condamne et réactions vis à vis de la circoncision qui sont plus partagées avec plus de tolérances sociales vis à vis de la violence physique qu’elle représente, portée sur un être humain en incapacité de donner son avis sur son propre corps.

    De même j’aime votre réflexion sur la culpabilité brandie comme une défense qui me gêne aussi même si j’en comprend le raisonnement. Il m’est arrivé de donner quelques tapes à mon aînée et je n’en suis pas fière même si je ne culpabilise pas. Je sais que j’ai fait à ce moment-là avec ce que j’étais à ce moment-là. Mais j’aurais pu faire autrement. C’était vraiment dans des rapports de pouvoir inutile et j’ai fait différemment avec nos autres enfants, me questionnant plus souvent sur mes intentions et sur le type de rapport relationnel instauré au quotidien et en particulier lors de nos désaccords.

    • La circoncision consiste à couper la peau qui entoure le gland, l’excision consiste à ôter le clitoris lui même. Le niveau de dégât n’est pas le même, la réaction publique est donc moindre pour la circoncision. L’équivalent serait de supprimer le gland entier, je n’ose pas imaginer le tollé que cela entrainerait !

      • Je parle avec précaution, à partir des informations de ce que j’ai pu lire sur le sujet. L’excision (même si les formes d’excision sont variées) n’ôte qu’une partie du clitoris. Je ne veux pas diminuer la violence de cette pratique, mais les conséquences sont d’abord celles de l’acte lui-même (des cicatrisations qui peuvent rendre les rapports sexuels douloureux, comme souvent pour l’épisiotomie d’ailleurs, pratique pour laquelle se pose aussi la question du consentement). Les études montrent que les femmes excisées ont moins de plaisir sexuel, mais cela varie en fonction des formes d’excision et d’une femme à l’autre: il ne s’agit pas d’une disparition systématique du plaisir, mais d’un ensemble de conséquences variables. Récemment, deux médecins ont proposé de médicaliser l’excision, en pratiquent une opération qui supprimait les conséquences des excisions non-médicalisées, et qui permettrait de préserver au mieux le plaisir sexuel. Je suis choquée comme tout le monde l’a été par cette proposition, mais cela montre bien pour moi l’importance de partir du problème du consentement des femmes. Je préfère à titre personnel questionner l’excision à partir d’une réflexion plus générale sur l’intégrité du corps des enfants et du corps des femmes, car cela me semble plus honnête, plus productif, et cela évite une forme d’exotisation horrifiée de la pratique comme « le problèmes des femmes en Afrique » (l’Afrique, ce pays…), ou « le problèmes des femmes noires ».

      • il y a deux longs articles sur ce même site sur le sujet, je vous invite à y compléter votre culture sur le sujet.

        @l’auteur: un détail sans doute: « Si ses parents le maltraitent, un tiers doit être désigné pour porter plainte à sa place » => c’est faux pour la France, sauf si par tiers vous incluez le procureur de la république, dont le job est de faire poursuivre tous les crimes et délits dont il a connaissance, même en cas d’absence de plainte. Vous pouvez par contre discuter des moyens que l’on attribue à notre système judiciaire qui explique bon nombre de « tolérances » soit-disant « culturelles » vis-à-vis des infractions au code pénal.

        • En effet, il s’agit seulement du cas où un mineur souhaiterait se porter partie civile. Merci pour cette remarque.

  5. Concernant le fait de ne pas culpabiliser les parents (mais de chercher des solutions alternatives), cela revèle à mon avis purement du protectionnisme envers les enfants. Concrètement, gronder un parent, c’est prendre le risque d’aggraver sa colère et que ça retombe sur les enfants. Ce qui serait contraire à l’objectif visé.

    Moi je n’aime pas ces idées de solutions alternatives. La violence ne peut pas être une solution, et elle n’a rien d’ordinaire. Frapper un enfant, c’est un délit. Je plaide coupable et si je veux me débarasser un jour de cette culpabilité, alors c’est parce que j’aurai eu le courage de demander pardon à mon fils et qu’il aura eu la force de me pardonner. En attendant, je reste coupable.

    Franchement, c’est pas la fessée le problème, c’est la légèreté avec laquelle on traite la justice des enfants. Il faut que les enfants connaissent leurs droits et ils devraient avoir accès beaucoup plus facilement aux comissariats de police, aux gendarmerie, aux tribunaux, aux médiateurs de justice, aux avocats.

    L’école de la république est un lieu non démocratique et pourtant c’est sensé être à elle, qui se targue de socialiser les enfants, de faire tout ce boulot. Alors soit ils ravalent leur orgueil, soit ils se bougent.

    Voilà, et sinon, moi depuis que j’ai découvert le bisounours touronchon, je gère beaucoup mieux ma violence et celle de mon bout de chou, donc je recommanderais plutôt à tous les parents de regarder les bisounours avec leurs enfants :D

  6. Votre article est très intéressant. Mais quel dommage de glisser sur l’enseignement actuel comme lieu exclusif de pouvoir et donc refus possible de cette voie d’exercice. Je précise que j’exerce un métier à 1000 lieux de l’enseignement, je n’ai donc pas de conflit d’intérêt en la matière.
    J’ai 4 enfants, 4 heureux à l’école, sans doute parce que mon mari et moi y avons pris un plaisir immense.
    Fruit de l’école de la république avec tout ce qu’elle a de perfectible, j’y ai trouvé pour moi tant de sources d’ouverture et de découverte et je suis ravie de voir que mes enfants peuvent eux aussi la vivre dans cet esprit là.
    Et si quelque chose y dysfonctionne, selon eux et/ou nous, que de bonnes occasions de parler justement de comment faire changer les choses, de sa place à soi dans le processus d’évolution des lieux où l’on vit, où on exerce, de ce que nous, parents, pouvons apporter, par des remarques ajustées, aux efforts des enseignants qui ne sont pas que des despotes en puissance. Ce qui permet aux enfants d’apprendre comment on peut œuvrer au sein de la cité.
    Les écoles alternatives sont passionnantes, mais leurs coût exorbitants dénotent aussi d’un certain type d’exercice du pouvoir, économique celui-là.
    Et permettent de recréer des lieux « à part », entre soi finalement, fort respectueux des enfants qui s’y épanouissent mais peu ouvert à la diversité sociale.

    • Je ne crois pas que l’école soit exclusivement un lieu de pouvoir, simplement que ce n’est pas une dimension que l’on peut déclarer nulle à partir du moment où l’on décide d’en faire partie. De la même façon que si l’on choisit d’avoir des enfants, il faut assumer le fait de recevoir de la société un pouvoir très important sur eux, pouvoir inscrit dans la loi jusqu’à leur 18 ans, et qu’on ne peut pas complètement supprimer même avec une éducation bienveillante. Être enseignante, c’est au minimum obliger les élèves à rester dans la classe pendant une certaine tranche horaire, enseigner un « programme » donné, et mettre des notes (je connais des profs qui truquent les notes, mais cela reste une contrainte très importante, puisqu’il s’agit du principal système de sanction/récompense établi à l’école). La famille comme l’école peuvent être des lieux d’épanouissement, et des lieux où l’on trouve des ressources pour une émancipation à beaucoup d’égards, mais la relation de pouvoir est là: ce n’est pas une simple décision individuelle d’exercer ou non une autorité à l’égard des autres membres. C’est pour cela que je plaide pour une analyse politique d’un cadre qui dépasse la bienveillance/malveillance individuelle. Pour moi, apprendre aux enfants à « œuvrer au sein de la cité » est toujours limité si l’on ne leur redonne pas la possibilité de choisir leur éducation. C’est l’état de mes réflexions actuellement, j’envisage pourtant d’enseigner au sein de l’éducation nationale, mais je sais que ce sera un compromis.
      Sur le problème du coût et donc des questions d’inégalités sociales sur les écoles alternatives, je partage votre analyse – mais je pense aussi qu’il est possible d’y faire quelque chose (concrètement, financer le hors-contrat avec des gardes-fou sur le coût pour les parents).

  7. Pingback: « Ne pas culpabiliser les parents, m...

  8. Très bon article, je me retrouve complètement dans l’axe de fond qui est défendu là.
    Mais c’est vrai que dans la vie de tous les jours, quand j’essaye de parler de ce sujet à des proches, qui sont parent (je le suis également) je préfère le faire sur un angle : solutions alternatives et empathie (dans les limites de ce qui m’est possible ^^) avec le parent. On verse dans la violence aussi quand on fait quelque chose qui ne fonctionne pas et le parent dans ce cas se trouve déjà « en défaut » ou « incapable »… du coup la façon d’aborder le sujet avec lui va grandement jouer sur sa réaction qui peut très très vite être une réaction défensive… (à justifier, se trouver des excuses, accuser son enfant etc et ce n’est pas productif au final). Quand j’évoque justement des « astuces » ou une autre façon de voir les choses, je me dis que c’est un petit pas, que pourra faire ce parent là dans un autre sens. Ça peut être le début d’une réflexion et je me dis que c’est mieux que rien.

  9. Bonjour,
    je fais partie des formateurs qui travaillent avec Catherine
    La raison de ce raisonnement est très simple : il n’est pas possible de changer son rapport de pouvoir et de violence avec les enfants juste avec de la réflexion, juste avec son cerveau rationnel, car le processus est complètement sous l’emprise des émotions et de l’amygdale qui gère les traumatismes passés.
    Mettre à jour la domination ne permet pas de travailler son propre vécu face à la violence, cela ajoute surtout à la culpabilité, et cette culpabilité est une entrave au changement car elle peut devenir bloquante.
    Travailler pour ne plus être violent avec ses enfants demande de recevoir l’empathie qu’on n’a pas reçu enfant, afin d’aller mettre à jour les souffrances face à la violence qu’on a reçu.

    L

    • Bonjour,

      J’aurais aimé connaître les sources de vos affirmations sur ces premiers paragraphes car ils m’interrogent beaucoup. Pourquoi le cerveau rationnel ne serait pas capable, seul, de changer ce rapport de pouvoir et de violence avec les enfants ? Est ce que cela sous entend qu’il n’est pas possible de prendre du recul (ou avoir un regard le plus objectif possible) sur un vécu violent ou difficile ? Bien sûr que les émotions sont là, mais ne peuvent-elles pas être « dépassées » ou « surpassées » ?
      Quand vous dites : « Travailler pour ne plus être violent avec ses enfants demande de recevoir l’empathie qu’on n’a pas reçu enfant, afin d’aller mettre à jour les souffrances face à la violence qu’on a reçu », ne peut-on pas, justement, avoir une réflexion sur cette violence et se dire que l’on ne souhaite pas reproduire ce que l’on a vécu ? A-t-on vraiment besoin de recevoir de l’empathie pour réaliser et reconnaitre ses souffrances, de façon objective (ou du moins, le plus possible) ?
      Cela doit probablement dépendre des circonstances mais je tends à penser qu’avec une vraie réflexion sur son enfance il est possible de prendre du recul et de faire « autrement ». Vous ne pensez pas ?

  10. pardon, mon commentaire est parti avant d’être terminé.
    La prise de conscience des jeux de pouvoir se fait tout naturellement en atelier lorsque nous permettons au parent de se mettre en empathie avec son enfant et avec ce qu’il ressent… les parents concluent par eux mêmes que la demande d’obéissance ne fonctionne pas et aboutit à des jeux de pouvoir qui ne fonctionnent pas. Les problèmes éducatifs (alimentation, sommeil…) émanent dans de nombreux cas de jeux de pouvoir contre lesquels les enfants se rebellent. Mais avec les parents il faut y aller en douceur, pour leur permettre justement d’arriver eux même à cette conclusion, et en empathie avec eux mêmes, sans se juger plus qu’ils ne le font déjà. Car être dans le jugement de soi empêche justement de se mettre à l’écoute de son enfant, ce n’est pas possible, le cerveau sous émotion ne peut pas se mettre en empathie.

    C’est de la pédagogie, pour qui veut être enseignant : permettre aux personnes en face de soi d’arriver par eux même aux conclusions, à parti de leur vécu à eux :-)

    Par expérience, parler des jeux de pouvoir d’emblée ne sera probablement pas efficace, et provoque surtout du rejet pour qui n’est pas prêt. Tous les formateurs que je connais, ainsi que Catherine il me semble, ont très conscience de ces jeux de pouvoir parent enfant et de la domination adulte (c’est d’ailleurs l’un des sujets des universités de PEPS cet été, organisés par Catherine : la domination adulte par Yves Bonnardel).

    Mais pour accompagner des parents vers autre chose, ce n’est pas par l’argumentation et la réflexion qu’on passe, c’est en travaillant sur le cerveau émotionnel, celui qui gère la façon de réagir quand on est en colère et qui est sous influence des traumatismes passés. Et cela passe par accepter, écouter, laisser chaque parent aller à son rythme tout en informant et en permettant des prises de conscience.

    Bien à vous,

    Flore Viard – Fami’Lien

    • Merci beaucoup pour votre commentaire. Je précise juste que je partais de la ligne générale de l’article du Monde et non de la réflexion de Catherine Dumonteil-Kremer – je n’ai aucun doute sur le fait que la prise en compte des relations de pouvoir soit présente dans ses réflexions.
      Pour répondre à votre objection, je pense déjà qu’en termes « stratégiques », la sensibilité de chacun-e joue beaucoup. Pour prendre un autre débat, certain-e-s deviennent végétarien-ne-s par empathie avec les animaux, d’autres en lisant des écrits antispécistes. Sans vouloir exacerber une binarité raison/émotion qui me semble trop souvent utilisée comme un argument d’autorité, je pense que ce sont deux façons d’aborder la question, et qu’en termes de modification effective de ses comportements, il n’est pas nécessaire de hiérarchiser ces stratégies. Je suis personnellement plus sensible à l’analyse et à la réflexion théorique, mais je ne veux en aucun cas dévaloriser le rôle de l’empathie dans la construction d’une position éthique.
      Le sujet de l’article était la question de l’interdiction de la fessée, et c’est pour cette raison qu’il m’a semblé qu’il y avait quelque chose d’insatisfaisant à ne convoquer que la dimension de l’éducation positive sans parler de la position politique et juridique des mineurs dans notre société, en particulier leur exclusion du droit commun. Je parle donc peut-être d’abord dans la perspective d’une position citoyenne sur la question, plutôt que d’une position de parent.

    • Là où je ne suis pas d’accord en revanche (mais corrigez-moi si je comprends mal), c’est qu’il me semble que vous considérez la relation de pouvoir comme quelque chose qui découlerait d’un choix du parent de demander l’obéissance. Pourquoi fait-on ce choix spontanément justement? Il me semble que la relation de pouvoir préexiste, qu’elle a une dimension sociale et pas seulement interpersonnelle. Cela n’invalide en aucun cas l’importance du travail concret sur ses émotions et son empathie, mais j’ai du mal à considérer le problème comme quelque chose qui se jouerait uniquement sur le plan individuel. L’exemple des violences éducatifs va dans le sens d’une reproduction des violences subies, mais ce n’est pas toujours le cas (je pense à l’exemple des conséquences sexo-spécifiées – en moyenne – des violences subies pour les hommes et les femmes, où la reproduction de cette violence n’est pas systématique mais où on observe au contraire deux façon de gérer les violences subies).

      • Je suis d’accord avec Toi Anne. Il est clair que la psychologie accomplit un travail dont la politique est incapable et que la politique agit là où la psychologie est impuissante. Balayer l’un ou l’autre, c’est rendre tout le processus inefficace.

        Par contre, là où je suis en désaccord à priori, et avec vous deux, c’est sur la prééminence du traitement parental vis à vis du traitement enfantin de la question de la violence (éducative ou non). Si on accomplissait le travail d’on vous parlez Catherine, mais avec les enfants, en leur permettant de comprendre la prééminence de l’émotionnel dans leur relations avec leurs parents, de trouver des moyens de la gérer sans violence, on briserait la chaine de la reproduction des traumatismes car ils ne deviendraient pas des adultes traumatisants et impuissants qu’il faudrait alors aider à leur tour.

        Pareil, Anne, s’il doit y avoir une politique de sensibilisation sur la domination adulte, il me semble bien plus pertinent de la tourner vers les enfants, qui sont les victimes après tout et ont le droit d’être informés des enjeux qui se trament dans leurs relations avec les adultes et plus encore avec leurs parents, qu’ils n’ont pas choisi. Reste à trouver comment le faire sans heurter les adultes traumatisés (qui n’ont pas forcément choisi non plus les relations poisons que l’Etat leur impose). Quoi qu’il en soit, à se concentrer surtout sur les parents, on néglige les enfants (encore !) et on ne règle rien, on retricote seulement ce qui se détricote déjà ailleurs.

        • Mille fois oui! Je réponds en quelques mots: ça me semble fondamental d’informer les enfants de leurs droits. D’où pour moi l’importance d’avoir « la loi de son côté ». J’ai lu par exemple beaucoup de profs dire qu’illes étaient démuni-e-s face à des enfants qui leur demandaient si leurs parents avaient le droit de les frapper. Parce que c’est impossible d’évaluer le « degré » de violence, et que la réponse devrait pouvoir être claire.

          • La réponse est claire pourtant : les enfants ont les même droits que les adultes + des droits spéciaux (type protectionistes, genre droit à l’instruction, devoir parental) – des interdictions spéciales (type oppressives, genre pas de permis de conduire-de travail-de droit de vote).

            Après, tout le truc est de leur permettre de comprendre que les droits et interdictions spéciales qu’on leur attribut relèvent du même mécanisme de domination, et qu’il fonctionne très bien parce qu’il se répète génération après génération, la part de traumatismes individuels et de volontés sociales inexprimées étant probablement responsables à parts égales.

            C’est aussi intéressant de faire le lien avec d’autres combats, la lutte contre le racisme ou le féminisme par exemple. Les points en commun sont étonnants.

          • Pour l’interdiction des fessées, sachez qu’elles sont déjà interdites en droit. Vous pouvez donc répondre aux enfants que non, leurs parents n’ont pas le droit de les taper…

            La confusion *totale*, chez bon nombre de personnes militantes de la cause anti-VEO de la différence entre loi, droit et habitudes sociales est sans doute une des raisons de l’échec de cette lutte. Le besoin d’une loi spécifique n’est pas un besoin juridique. C’est un besoin social, de communication de norme sociale, à la fois vis-à-vis des parents mais aussi des acteurs du système judiciaires qui sont pris dans un quotidien parfois bien pire, et ont tendance à réagir avec leurs tripes parentales plutôt qu’avec leur code. Je recopie ci-dessous l’article, pour référence.

            —————————————————————————-
            « Code pénal, Article 222-13,
            Les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises :

            1° Sur un mineur de quinze ans ; […]
            3° Sur un ascendant légitime ou naturel ou sur les père ou mère adoptifs ; …. »

            • J’ajoute qu’en suède et en espagne, ce ne sont pas les lois sur la violence contre les enfants et la ley de genero qui ont fait évoluer les mentalités, ce sont les campagnes de communication dans les médias. Le débat espagnols, comme souvent, est bien plus sain que celui en France, où l’on tombe souvent dans l’ornière de reporter contre les parents la violence que l’on veut voir disparaître dans les relations familiales.

            • j’ai approfondi la question après avoir rédigé l’article et il faudrait que je le complète sur cette question juridique. Si j’ai bien compris, cet article du code pénal est en effet valable, mais la jurisprudence est contradictoire sur le sujet, et une partie de la jurisprudence évoque ce fameux « droit de correction ». Les demandes vont donc dans le sens d’une législation complémentaire qui lèverait toute ambiguïté. Il me semble que cela reste un enjeu important. De la même façon, un complément pourrait mieux définir le terme de « violences »: le problème est bien que gifles, fessées et tapes ne sont pas reconnues comme des violences lorsqu’elles s’inscrivent dans un cadre éducatif (autrement dit, la jurisprudence aura tendance à ne parler de violence que si le coup était gratuit).

              • Le contexte judiciaire, c’est qu’un tribunal dispose de quelques minutes (prise en compte du PV=>tribunal=>prune ».

                Dans le cas des VEO, une loi-drapeau sans aucune com’ derrière ne fonctionnera pas plus que la situation actuelle, par contre si, comme en Suède ou en Espagne -pour des exemples que je connais- on associe une loi emblématique ET des campagnes de communication ET des propositions alternatives de comportements « positifs », ALORS ça marchera.

              • Le contexte judiciaire, c’est qu’un tribunal dispose de quelques minutes (moins de 15minutes) par dossier pour traiter ce genre d’affaire, au milieu de toutes les infractions aux stupéfiants, infraction au séjour, divorces, vols divers, petites agressions, problèmes de bornage entre voisins, maris violents, automobilistes en fuite, arnaque téléphonique, cambriolage de résidence secondaire, SDF fou qui pète des rétroviseurs, commerçants poujadistes qui séquestrent des SDF, jeunes bas du front qui se mettent sur la gueule le samedi soir…

                J’avoue ignorer si, la victime étant mineure, on pourrait passer par le tribunal des mineurs, auquel cas, le temps disponible par dossier doit monter un peu, peut-être doubler…

                Bref, quand on veut un résultat (diminuer les violences sur mineurs, faire baisser les morts sur la route) on peut soit tenir compte du contexte, ou pas. Le militant français a souvent tendance à choisir la deuxième attitude, qui a le mérite de faire bien dans les diners en ville, mais le léger inconvénient d’être totalement inutile pour faire avancer les choses dans le monde réel.

                Pour la sécurité routière par exemple, où ça a marché (c’était simple): les excès de vitesse ont toujours été interdits, mais ce n’est que à partir du moment où on a mis des radars automatiques qu’on a *vraiment* commencé à les faire disparaître, avec un certain succès. Pourquoi? On a coupé au plus court la boucle « détection infraction=>prise en compte du PV=>tribunal=>prune ».

                Dans le cas des VEO, une loi-drapeau sans aucune com’ derrière ne fonctionnera pas plus que la situation actuelle, par contre si, comme en Suède ou en Espagne -pour des exemples que je connais- on associe une loi emblématique ET des campagnes de communication ET des propositions alternatives de comportements « positifs », ALORS ça marchera.

                • Tachf a dit : « Dans le cas des VEO, une loi-drapeau sans aucune com’ derrière ne fonctionnera pas plus que la situation actuelle, par contre si, comme en Suède ou en Espagne -pour des exemples que je connais- on associe une loi emblématique ET des campagnes de communication ET des propositions alternatives de comportements « positifs », ALORS ça marchera. »

                  Tu sembles oublier un fait dramatique : en France, les enfants appartiennent à leurs parents. Les campagnes de communication toucheront peut-être les parents (ceux qui peuvent/acceptent de se remettre en question), elles ne protégeront pas les enfants. C’est un spectacle quotidien auquel nous assistons toutes et tous : les parents ont tout les droits d’obéissance et de correction sur LEURS enfants, et il est quasiment sacrilège de tenter de s’interposer ou de jeter un regard désaprobateur face à de telles scènes, pourtant ô combien révoltantes.

                  Et ne me dites pas que c’est dans nos moeurs, notre culture, notre éducation, non, non et non, c’est bien plus puissant et ancien que ça : c’est dans notre bien nommé code des familles. L’héritage du pater familias. Tant qu’on continuera de considérer les enfants comme des esclaves au service et à la charge de leurs parents, aucune campagne de pub ne sera pertinente. Et les comportements réellement alternatifs sont impossibles : un parent qui délaisse sa « responsabilité parentale » est hors la loi. C’est une chaine autant pour l’enfant que pour le parent et les parents sont tout autant en souffrance.

                  Ma conclusion : ce qu’il nous faut, ce n’est pas une loi contre les violences éducatives ordinaires (mon dieu que je déteste cette association de mots), c’est une refonte de notre code des familles.

                  * Remplacer la responsabilité et le devoir parental par une relation d’entraide mutuelle librement consentie, régulièrement questionnée et pleines d’alternatives pour chacun,

                  * Permettre aux parents qui ne peuvent plus ou ne se sentent plus de taille à être présents pour leurs enfants dans le respect et la bienveillance, de se désinvestir sans risques pour l’enfant ni pour eux et sans être blâmés et mis au rebut par la société (les parents violents ne le sont pas uniquement par traumatismes interposés, ils le sont aussi souvent parce qu’ils vivent un quotidien effroyable qui n’est pas compatible avec la parentalité, fait d’épuisements, de violences, de stress divers, d’alcoolisme, et j’en passe. Ils ne peuvent pas se libérer de cette situation infernale, pas plus que leurs enfants, sans en passer par la justice, mot qui fait peur et ai rarement synonyme de retour en arrière. Ce n’est pas efficace, on peut faire beaucoup plus souple, positif, rapide et bénéfique.)

                  * Ajouter un paragraphe qui spécifie le devoir d’assistance à personne en danger aussi envers les mineurs et étendre la notion de danger à celle de violences (même soit disant éducatives et même soit disant ordinaires), pour sortir du cloisonnement actuel enfant-parent et permettre à la communauté de jouer son rôle sécurisant et vigilant.

                  et ce ne sont que les premières idées qui me viennent à l’esprit, il y aurait beaucoup d’autres choses à dire

                    • Et que sont l’honneur et le respect? En quoi serait-il préférable de devoir le déshonneur et la haine? En quoi un article ne prévoyant aucun effet, purement déclaratif devrait-il vous choquer?

                      Curieux que vous ne citiez pas l’article immédiatement suivant (le 371-1): « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant »
                      Parce qu’il ne va pas dans votre sens?

                    • Pour comparer: la loi canadienne dit que:
                      « Tout instituteur, père ou mère, ou toute personne qui remplace le père ou la mère, est fondé à employer la force pour corriger un élève ou un enfant, selon le cas, confié à ses soins, pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances.  »

                      (code criminel canadien, section 43,il y a un vaste mouvement qui prône son abolition)
                      http://www.bdp.parl.gc.ca/content/lop/researchpublications/prb0510-f.

                      Le code civil français devient tout de suite plus moral, quand on le compare un peu…

                  • « en France, les enfants appartiennent à leurs parents.  » => c’est faux.

                    Ce n’est pas le code des familles (qui n’existe pas) mais le code civil qui traite des relations de responsabilité parentale. Il y a aussi un « Code de l’action sociale et des familles  » qui parle du système d’aide existant dans notre pays.

                    « Permettre aux parents qui ne peuvent plus ou ne se sentent plus de taille à être présents pour leurs enfants dans le respect et la bienveillance… » => Excellente idée, on pourrait appeler cela l’article 375 du code civil.
                    ————-
                    Article 375 code civil: Si la santé, la sécurité ou la moralité d’un mineur non émancipé sont en danger, ou si les conditions de son éducation ou de son développement physique, affectif, intellectuel et social sont gravement compromises, des mesures d’assistance éducative peuvent être ordonnées par justice à la requête des père et mère conjointement, ou de l’un d’eux…[…]
                    ———–

                    « devoir d’assistance à personne en danger aussi envers les mineurs »: Excellent, peut-être pourrez vous me dire où l’article 223-6 du code pénal exclut les mineurs de son champ d’action? Notez que les « délits contre l’intégrité corporelle » couvrent les fessées…
                    ————
                    Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
                    ————-

                    Ou peut-être parliez vous de signalement? on pourrait prévoir un référent départemental à qui on adresserait les signalements pour qu’ils soient pris en compte par l’ASE? Et on appellerait cela l’article L226-2-1 du Code de l’action sociale et des familles…

                    Votre commentaire illustre parfaitement ma remarque sur le niveau de précision des militants anti-VEO.

    • J’ai essayé de montrer, de la même façon, qu’une même colère individuelle ne se traduira pas dans la même violence en fonction de la personne qui se trouve en face, que nous avons habituellement la capacité de maîtriser nos envies de violence, mais que cette capacité varie en fonction de la relation sociale ou interpersonnelle entre deux personnes.
      Personnellement, l’analyse de la violence à partir du traumatisme personnel me semble insuffisante. Je ne pense pas qu’elle soit fausse, mais je pense que la violence peut tout à fait naître en-dehors de tout traumatisme, et à la limite en-dehors d’un cadre strictement émotionnel (je n’ai pas de position arrêtée sur ce point, mais cela me semble utile pour rendre compte de l’émergence des violences politiques par exemple, pour décrire les mécanismes sociaux qui amènent des personnes ordinairement très douces à cautionner des violences à l’égard d’autres personnes). Mais c’est une question très complexe et je ne pense pas que nous soyons prêts d’avoir résolu ce problème de « l’origine du mal ». Si vous voulez le formuler en termes d’empathie, je dirais que l’empathie peut être « endormie » par des mécanismes sociaux aussi bien que par des mécanismes traumatiques.

  11. Tchaf a écrit :
    « Et que sont l’honneur et le respect? En quoi serait-il préférable de devoir le déshonneur et la haine? En quoi un article ne prévoyant aucun effet, purement déclaratif devrait-il vous choquer?

    Curieux que vous ne citiez pas l’article immédiatement suivant (le 371-1): « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant »

    Parce qu’il ne va pas dans votre sens ? »

    Pour répondre à votre message, ainsi qu’à tous les autres, qui démontrent la perfection de notre système judiciaire et médico-social :

    L’honneur et le respect sont en effet des valeurs si évidemment communes et indiscutables, pourquoi donc les spécifier dans le cas des enfants et non pas également dans le cas des personnes agées ou des parents ou des professeurs de yoga ou que sais-je encore ?

    Vous allez me dire qu’il est impensable qu’une partie du code civil dédié aux enfants commencent par : « Père et mère doivent, à tout âge, honneur et respect à leur enfant » ? En quoi serait-ce subitement plus choquant ?

    Voilà où se glisse le paternalisme.

    Et ça continue en effet (merci !) à l’articile suivant (le 371-1) : « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant ».

    Tiens donc, vous noterez que là, on commence par parler du parent, et subitement le parent lui, a des droits et des devoirs, tandis que de l’autre, l’enfant, doit juste honneur et respect.

    C’est un anachronisme absurde qui renvoit l’enfant à sa position médievale de sous-fifre tout juste bon à servir à table.

    Honneur et respect, on n’afficherait pas mieux sur une bannière.

    Il n’aurait rien couté d’écrire : « La parentalité est un ensemble de droits et de devoirs que les parents et les enfants exercent les uns envers les autres. » Et de détailler ensuite l’ensemble de ces droits et devoirs.

    Notez que je ne suis pas une experte du droit, donc je pense qu’il y aurait surement une formule encore plus juste et lisible à trouver. Et en ces temps d’allégement souhaité des codes, ça aurait même économisé un article. Hourra.

    • Pour comparer: la loi canadienne dit que:
      « Tout instituteur, père ou mère, ou toute personne qui remplace le père ou la mère, est fondé à employer la force pour corriger un élève ou un enfant, selon le cas, confié à ses soins, pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances. »

      (code criminel canadien, section 43,il y a un vaste mouvement qui prône son abolition)
      http://www.bdp.parl.gc.ca/content/lop/researchpublications/prb0510-f.

      Le code civil français devient tout de suite plus progressiste

    • pour info, au passage, la plupart des droits qui correspondent à des libertés (de la femme, de l’enfant…) sont des acquis du moyen-âge, contre lesquels on a eu tendance à revenir à la Renaissance, par imitation de l’antiquité -qui ne prévoit pas ses droits-. Si le code napoleon est aussi rétrograde, c’est parce qu’il est largement inspiré par le droit romain. On peut prouver -via archives- que des femmes géraient leur fortune à leur gré au moyen-âge à Toulouse. Pourtant, en 1800, Napoléon leur refuse ce droit et ce, jusqu’en 1975.

      Parler « d’anachronisme » qui renvoie à une position « médiévale » de l’enfant est donc particulièrement savoureux.

  12. Et hop, encore une décision judiciaire des méchants juges qui laissent battre les chtits n’enfants:

    http://www.leparisien.fr/faits-divers/limoges-une-institutrice-condamnee-pour-violences-sur-ses-eleves-27-05-2016-5834161.php

    C’est en appel, donc utilisable en jurisprudence par tous les autres tribunaux.

    A noter que c’est également le tribunal de limoges qui avait condamné à une forte amende un père pour une fessée cul-nu il y a quelques années.

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