Bracelets empoisonnés… Quand la folie des cours de récréation est un danger potentiel

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Quand les loom bands ont débarqué dans l’école de mes enfants, je n’ai pas mis longtemps à céder parce que, même si je ne trouvais pas ça franchement joli, ce n’était pas trop cher et c’était un bon moyen d’occuper les enfants pendant les après-midis pluvieux. Puis quand un truc fait fureur dans la cour de récréation, en tant que parents, nous n’avons pas forcément envie que notre ou nos enfants se sentent exclus.

Certes, les loom bands, c’est aussi un formidable moyen de faire un cadeau pas cher aux copains et copines qu’on aime bien, voire même aux tatas, tontons, nounous, maîtresses.

Mon fils aîné, lui, avait trouvé la parade. Tant que je refusais d’ouvrir mon porte-monnaie pour de petits élastiques, il ramassait ceux qui avaient été perdus par d’autres dans la cour de récréation. Et il en trouvait pleins! D’après ses calculs, il faut 41 élastiques pour faire un loom band double.

Bref, j’ai fini par céder pour ma fille qui adore les activités manuelles et qui me rabâchait les oreilles avec ce truc.

Truc dingue, je me suis même laissée prendre au jeu. J’ai regardé des tutos sur Youtube et j’ai fait des loom bands fleurs et des serpents qui rendaient vert de jalousie les amis de mes enfants.

Malgré tout, il y avait un truc qui me chiffonnait… certains élastiques avaient une odeur bizarre, une odeur de pétrole assez forte. Puis en le mettant à mon poignet, je trouvais que ça grattouillait ou que parfois ça serrait trop. J’ai commencé à psychoter.

Ma fille qui a pourtant presque 9 ans, a tendance à mettre tout à la bouche, oui, comme un bébé. Elle adore mâchouiller des trucs, surtout en plastique et je lui fais constamment des remontrances en lui disant que c’est du poison pour son corps. Du coup, je me suis empressée de lui interdire de mettre ses bracelets en élastiques à la bouche. Je la connais, elle aurait pu en mettre un entier dans sa bouche rien que pour le mastiquer.

Quand mes enfants m’ont supplié d’acheter plus d’élastiques, à la recherche des prix pas cher pour mon porte-monnaie, j’ai découvert qu’il y avait des élastiques latex free et les autres. Et oui, il y a des élastiques en silicone, d’autres en latex. Aucune mention sur les paquets que j’ai acheté n’informe sur la présence de bisphénol A ou de phtalates … Je n’imagine même pas les substances nocives que peuvent contenir les élastiques que j’ai reçu, provenant de Chine, à un prix défiant toute concurrence … J’avais juste voulu faire plaisir à mes enfants.

Les loom bands, j’ai fini par vite les voir comme un ennemi …

Puis je les retrouvais partout … par terre, dans le canapé, dans la machine à laver …

Finalement, j’aurai préféré que mes enfants apprennent à faire des bracelets brésiliens en coton bio !

2 mois de vacances se sont presque écoulés, pour le moment, la folie est retombée et dans les chambres, ils restent des trousses pleines d’élastiques. A la rigueur, ils servent à nouer les cheveux des poupées Monster High.

Pendant ce temps, des chercheurs ont étudié ces petits élastiques envahissants et il en ressort que :

En analysant la composition de 16 marques vendues à bas prix en dehors des magasins de jouets – sur les marchés par exemple – ils ont détecté des substances chimiques dépassant les limites autorisées. Les phtalates par exemple, peuvent atteindre un taux de 50% sur les produits testés alors que seuls 0,1% sont autorisés (source)

Mes craintes étaient donc fondées, mais j’aurai du m’en douter.

L’Assef (Association Santé Environnement France ) rappelle d’ailleurs que les phtalates sont des perturbateurs endocriniens et que « la peau des enfants est plus fine et ils sont donc plus sensibles à tous ces produits chimiques ». Je repense aux enfants qui se mettaient des dizaines de bracelets en plastique sur chaque bras parce que ça faisait style, tout en jouant et transpirant sous le soleil …

De plus, comme le note à juste titre Mathilde Emery dans son article, les looms ne sont pas bio-dégradable … »Quelles répercussions pour l’environnement ? Et pour les animaux sauvages ou domestiques qui peuvent les ingérer ? »

Aujourd’hui, je reçois des newsletter proposant de nouvelles idées pour faire des bracelets plus gros ou en y ajoutant des perles, des goodies, mais j’espère que la folie ne reprendra pas à la rentrée. Je crois que je préfère encore les cartes Pokémon même si elles sont plus onéreuses.

J’imagine déjà mes enfants me faire un procès plus tard parce que j’aurai fait boire des biberons de lait saveur bisphénol A, chauffés au micro-ondes pleine puissance, à mon aîné et que je les aurais laissé jouer avec les loom bands…

MissBrownie

15 réflexions sur “Bracelets empoisonnés… Quand la folie des cours de récréation est un danger potentiel

  1. Je vois beaucoup cet article circuler ces derniers temps et souvent les titres, très accrocheurs, laissent penser que tous les bracelets en élastiques sont dangereux. Il faut quand noter que les élastiques étudiés sont ceux vendus bon marché (et pour vendre à si bas prix c’est sûr qu’il faut probablement être moins regardant sur la qualité et les normes).

    Ceci dit, je ne défends pas particulièrement les intérêts des looms officiels (même si ce sont ceux que j’utilise, ce qui me rassure), je n’ai pas d’actions chez eux et en effet ces élastiques sont du pas-bio-du-tout et ça pollue surtout si on les perd partout.

    Mon fils en a eu histoire d’occuper ces longues vacances, finalement c’est moi qui fait des personnages avec, au moins ce n’est pas sur la peau ! C’est la solution qu’il reste pour utiliser tous ceux qui traînent encore dans les tiroirs…

    • Cécile, c’est pour cela que dans mon titre, j’ai ajouté « potentiel » ;) Je suis bien consciente qu’ils ne sont pas tous bourrés de phtalates, mais ils sont tous non bio-dégradables.

      • Oui, oui, je parlais pour l’article original qui dit « attention aux rainbow loom » alors que rainbow loom est une marque, celle des élastiques originaux et pas des copies justement.
        Désolée, je me suis mal exprimée ;)

  2. j’ai aussi vu circuler cet article (paru sur un site bio quand même, donc en total désaccord avec ce genre de produits quoi qu’il en soit)… et comme cécile, je me suis dit qu’ils mettent un peu tout le monde dans le même sac, alors que ce qui sont CE sont contrôlés…
    perso, y a pas de ça chez moi, donc je les défends pas hein ! ;-)

    • Certes ;) Mais c’est bien aussi d’être informé du potentiel risque à cause des phtalates. Là, c’est la maman qui s’en veut encore d’avoir chauffé des biberons au bisphenol A au micro ondes parce qu’elle était ignorante.
      D’ailleurs ça me fait penser à cet été quand ma belle-soeur m’a dit « ce shampooing là est mieux car il est paraben free, tu sais, les parabens, ce n’est pas bon pour la santé, je m’informe sur tout ça » et je lui ai répondu « Oui, mais il y a du silicone dedans … et je ne veux plus de shampoing avec du silicone ». Parfois on se pense informé mais d’autres le sont encore plus ou moins.
      Sans faire peur à tout le monde, il vaut mieux informer, après on prend ce qu’on a envie. La preuve, il m’arrive d’acheter un déo avec des sels d’aluminium quand je veux que ce soit efficace et je connais les risques ;)

  3. Il faudrait revenir à la mode du macramé :-D. (J’avais modestement lancé la mode à l’échelle de ma petite école de village. L’instit avait de jolies ficelles à macramé qui ne servaient pas, je les ai piratées avec son accord et j’ai tressé, noué, etc. un bon nombre de bracelets selon les desiderata de mes amis.)

  4. Peut-être qu’il faut aussi admettre que vivre implique un risque. Et pour ce que j’en sais, l’exposition répétée et longue est possiblement dangereuse, certainement pas une exposition modérée. Il en va ainsi pour tout. De l’alcool à n’importe quelle substance néfaste. Même le sucre, ou le sel, à hautes doses, sont dangereux. On dit aujourd’hui aussi que les ondes sont dangereuses. Et c’est sans doute vrai. Mais enfin, je ne vois pas bien comment échapper aux petites choses qui nous laissent être simplement humains. Ou alors, il faut aller vivre sur la lune. Alors, à la fin, oui. Certains finiront par avoir un cancer, ou des problèmes de santé, aussi soigneux soient-il avec ce qu’ils touchent, ou ingèrent. Parce qu’en fait, c’est être en bonne santé toute sa vie et vivre jusqu’à 120 ans qui est une exception. Ça implique déjà soit de ne pas beaucoup travailler (la Jeanne), soit de ne manger que des légumes et du poisson en restant maigre (certains japonais très vieux). Moi, j’aurais intenté un procès à mes parents plutôt s’ils m’avaient étouffée sous un monceau d’interdits. Je me demande ce que vous ferez quand une de vos filles (ou fils) voudra sortir seule (ou seul). Ne sera-t-elle (il) pas bien plus en danger qu’avec un bracelet? Il faudrait relire « L’arrache-coeur », de Vian, et arrêter de tout diaboliser. Sinon, les enfants vont finir par devoir manger des limaces bleues pour pouvoir s’envoler.

    Je précise le contexte : je lis souvent, et je suis souvent en accord disons, de loin, avec vous et de toute façon en accord avec l’idée que réfléchir une éducation, un cadre, c’est bien. J’ai deux enfants, plutôt grands (11 et 13 ans). Je participe peu, parce que je n’ai le plus souvent rien à dire. Juste là, mon idée de la chose, sans agressivité, plus parce que çà finit par me faire peur, l’hygiénisme ambiant.

    • Oui, Vivre tue. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai mis ma vie en danger quand j’étais enfant. J’ai même failli mourir à cause d’un paquet de curly avalé en voiture à 5 ans. Bref, je partage cette info juste parce qu’en tant que consommatrice, je trouve bien d’être informé. Et si je peux éviter à mes enfants d’avoir des problèmes de fertilité à cause des phtalates et bien tant mieux. J’augmenterai mes chances d’avoir des petits enfants.

  5. Merci beaucoup Miss Brownie pour cet article et merci de nous faire part de tes inquiétudes et découvertes.
    La seule chose qui me chiffonne est que les médias ne se sont intéressés aux dangers potentiels de ses bracelets uniquement parce qu’il y a eu un phénomène de mode massif… combien de jouets douteux, obtenus en cadeau dans les fêtes foraines, sur les marchés ou dans des « tout-à-deux euros » seraient également concernés par ce genre de problèmes??!
    Pour moi la réflexion (pas la tienne hein!! Celle des pouvoirs publics!) devrait être plus globale sur notre mode de production et de consommation.
    Bref, quoi qu’il en soit: as-tu trouvé un moyen de savoir quelles marques d’élastiques étaient parfaitement sécuritaires?

    • Je n’ai pas réussi à être experte, mais à priori, la marque Rainbow loom qui est sans latex est également garantie sans phtalates et sans bisphénol A.
      Il faut préférer les latex free. Donc si ce n’est pas noté sur le sachet, c’est certainement qu’ils sont en latex.

      Sinon, je suis d’accord avec toi concernant les autres jouets, tous les jouets distribués ou vendus à très bas prix et qui finissent cassés en 2 secondes

  6. Je me suis senti obligé de réagir sur votre avant-dernière ligne traitant du micro-onde comme d’une arme. Les fours micro-ondes modernes sont bien moins dangereux, même la face collée à la porte, qu’un GSM. De plus ce n’est pas un rayonnement ionisant, l’exposition au soleil pendant quelques minutes est autrement plus dangereux. La fréquence utilisés dans ces fours est celle correspondant à la pulsation de résonance de la molécule d’eau. A part un échauffement de la matière dû à l’irradiation (terme scientifique, pas journalistique) je vois pas où est le danger.

    • Ah mais je ne parlais pas du danger du micro-ondes, mais de celui du bisphénol A contenu dans les biberons en plastique jusqu’à il y a peu et qui chauffé au micro-ondes pouvait se mélanger avec le lait destiné à bébé. Sauf qu’on n’en savait rien.

      • Ah ! Là je comprends mieux ! Désolé pour la virulence de mon message dans ce cas. Je me disais qu’il était bizarre de parler de la dangerosité du micro-ondes sur un article traitant du plastique mais comme cela me touche relativement directement, je ne pouvais ne pas réagir. Tout est clair maintenant ! Merci.

  7. Pingback: Vivre implique un risque (Minidedrief) | Les Vendredis Intellos

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