À la recherche de la perfection (ou pas ?) [mini debrief]

La pression que les enfants subissent, dès le ventre de leur maman, est tout simplement devenue terrible. Grandir à l’abri des regards n’étant plus possible, du fait des échographies (qui sont un progrès, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !), chaque embryon, chaque fœtus est désormais sommé de se conformer bien comme il faut entre deux courbes de percentiles, et gare à celui qui dépasse : ratio fémur-tibia un peu trop ceci, diamètre crânien un peu trop cela, et vous voilà partis, utérus et enfant compris, dans une longue vague à base d’inquiétude et d’examens complémentaires.

Quand l’enfant naît, cette pression de « perfection » s’intensifie, et se déplace du médico-médical au psycho-socio-médico-cognitivo-psychomotricito-tout ce que vous voulez. Il faut suivre du regard, babiller, ramper et marcher à tel âge, bien remplir toutes les cases, être dans la norme.

Dans la norme, vraiment ? The working mum s’interroge, et avec raison. Il FAUT être dans la norme, mais elle constitue désormais un MINIMUM presque devenu difficilement acceptable dans une société qui souhaite au plus haut point pousser ses enfants vers un idéal de « perfection » et qui leur met donc une pression d’enfer pour toutes les acquisitions et tous les apprentissages. On ne compte pas les parents qui tentent, en particulier, d’anticiper l’apprentissage de la lecture, à la fois soucieux des difficultés qui pourraient apparaître en CP, affolés par les rumeurs (le plus souvent infondées) sur les méthodes de lecture utilisées, et désireux de donner à leur enfant un « petit coup de pouce en plus ».  The working mum a lu, dans le Journal of educational psychology de février 2014, les résultats d’une étude sur les effets des prétendues méthodes de lectures pour bébé (Can Babies Learn to Read? A Randomized Trial of Baby Media), dont les résultats sont sans appel : non les DVD « éducatifs » sont sans aucun effet sur les performances des enfants de 9 à 18 mois, et ce quelle que soit la puissance de la projection parentale !

La question de la perfection va bien sûr au-delà des premiers apprentissages. Et elle se manifeste évidemment aussi dans les rapports entre l’école et la famille. Kiarapapillon (qui est enseignante depuis 2008) a proposé cette semaine une lecture d’un article d’Emmanuel Davidenkoff paru dans l’Écho républicain et republié sur EducPro.fr, qui pose la question du bulletin scolaire. L’auteur y montre à quel point le bulletin scolaire mélange, parfois dans les mêmes phrases, les remarques portant des jugements sur les résultats scolaires et sur les attitudes socio-comportementales. Il considère également que le bulletin est le moyen par lequel l’institution scolaire exprime la nature de ses attentes, notamment sociales. Cette remise en cause des bulletins a également inspiré un article plus personnel (et en même temps plus professionnel) où Kiarapapillon nous fait part de son expérience professionnelle et de ses propositions de pistes d’amélioration, qu’il faut lire également.

Et… la perfection ne touche pas que nos enfants. Nous, parents (et peut-être encore plus particulièrement les mères, sommées en permanence d’efficacité sur tous les plans) sommes aussi soumis à la pression de la norme sociale et des exigences infinies de l’idéal. Pas étonnant, dans ces conditions, que soient régulièrement publiés des ouvrages d’astuces tel que celui présenté par Madame Sioux. Bon, ouf, celui-ci ne cherche pas à faire de nous des êtres parfaits, mais nous encourage plutôt à dé-lé-guer, à solliciter et accepter l’aide extérieure et à… ne pas trop subir la pression des diktats sociaux !

La boucle est bouclée. Bonne semaine sur les VI !

 

Pour aller plus loin

  • La perfection ? Et si nous étions en réalité sans cesse en train de comparer nos enfants (ou nous-mêmes), non seulement par rapport à un idéal de perfection évidemment inatteignable, mais aussi et surtout entre eux. Est-ce vraiment efficace pour faire pousser nos enfants ? Ne serait-il pas plus intéressant de les inciter à se concentrer sur eux-mêmes, valoriser leurs efforts plus que leurs réussites ? Les inciter à donner le meilleur et à se dépasser eux-mêmes, jour après jour ? Ne serait-ce pas une bonne façon de sortir « par le haut » de la spirale de la pseudo-perfection ?. Je vous invite à relire les deux chroniques signées Mme Déjantée et Pascale72 sur l’ouvrage de John Medina : Les bébés sont extraordinaires et Cultiver le goût de l’effort pour booster l’intelligence.
  • La question des notes, comme des appréciations, sur les bulletins scolaires comme tout au long de l’année est un sujet qui divise les enseignants. On ne compte plus les notes et les rapports à ce sujet, la question centrale étant évidemment, in fine, d’améliorer les performances scolaires des élèves. À lire pour mieux comprendre la position de la France par rapport au reste du monde : un rapport de l’inspection générale publié en juillet 2013 : La notation et l’évaluation des élèves éclairées par des comparaisons internationales. Et pour compléter, un petit article du Café pédagogique, pour comprendre comment décoder les appréciations données par les enseignants

 

 

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