Zézette, Mounette et Foufoune …

Y a des gens qui te disent qu’avoir un garçon, une fille, c’est pareil. Et mes fesses, c’est du poulet ?

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Je croyais ça moi aussi, jusqu’au jour où Progéniture a commencé à parler, et qu’on a commencé à nommer les parties du corps.

– « Montre ton nez mon amour ! »

– « Oui, ça ce sont les yeux ! »

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Et puis vient le jour où il faut la nommer …

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Illustration Manu Boisteau avec une œuvre textile de Claudie Guyennon-Duchêne
Pour Causette n°26

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La Vulve.

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Ce serait un garçon, on dirait « zizi », et emballé c’est pesé. Classique.

Parent d’une petite fille, vous voilà parti dans une réflexion linguistique échevelée.

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« Zézette », c’est concon, non ?
Mais je vais quand même pas apprendre à ma fille de 2 ans les mots « vulve » ou « vagin » !
« Minette » ? Bof.

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Et si on demandait à Alain Rey, lexicographe et grand manitou du petit Robert ?

Coup de bol, Causette lui a déjà posé la question, cet été à l’occasion de son dossier « Spécial Vulve ».

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Alain Rey nous apprend donc  qu’avant le XVIIIe siècle (et Sade), le vocabulaire relatif à l’entrejambe féminin était très fleuri et positif. On écrivait même des « blasons », éloges du corps féminin, uniquement dédié au con.

Il indique qu’en France,

[…] nous avons une vraie variété lexicologique : berlingot, choune, cramouille, fendasse, craque, craquette, frifri, baba, abricot, maternelle (pour l’utérus). On a motte, touffe, chatte, minette ou minet en rapport avec la pilosité […]

et souligne que le mot utilisé va jusqu’à nourrir une pensée sociétale.

La dérision ou la description négative du sexe féminin, c’est le signe que la langue française est extraordinairement antiféministe.

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On en discutait récemment avec des amies. Chez elles, le nom donné au sexe féminin serait dicté par l’habitude familiale ou la région. Il parait qu’à Marseille, on dit « Nénette » ou « Mounette ».

Une copine dit « la fente », au moins ça décrit clairement à quoi ça ressemble.

Une autre a proposé le mot « zizouille », pour les organes génitaux féminins ou masculins.

Chez Les Tellectuelle, c’est finalement « zézette », comme le féminin de zizi.

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Alain Rey a son opinion sur le sujet.

Dans l’idéal, il faudrait un nom inventé par une femme … Le seul que je connaisse, c’est celui qu’une petite fille de 5 ans, qui n’a pas du l’inventer : « quiquine » (équivalent, je pense, du zizi ou de la quéquette des gamins). Je trouve sympathique le mot « minette ». Sinon, on peut revenir aux jolis mots des blasons du XVIe siècle, comme « sadinet » ou jardinet ».  Mais encore une fois, on utilise toujours des diminutifs. Bizarrement, le diminutif est positif en français, mais on peut toujours soupçonner qu’il diminue la femme.

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Et chez vous, on dit comment alors ?

La Tellectuelle

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41 réflexions sur “Zézette, Mounette et Foufoune …

  1. Chez nous on a appelé un chat un chat, sans jeu de mot quand il a fallu nommé cette partie de son anatomie je n’ai pas pu me résoudre à utiliser le minette ou le zézette, non ce qui m’est venu c’est vulve alors ma puce a appris le mot vulve! Probable qu’elle l’apprendra aux autres qui n’auront aucune idée de ce que c’est! Mon deuxième petit bout est un ptit gars, mais pour lui je doute que le mot que j’utilise soit pénis, là pour le coup je trouve zizi plus joli et pas péjoratif… à suivre ;-)

  2. Chez nous, on dit pissou (ma mère le disait, mes tantes, mes cousines etc…) et je suis infoutue capable de dire d’où ça sort sinon !

  3. Pour moi, c’était « poupiou », inventé et utilisé seulement par/ pour moi dans la famille! Sinon ma maman l’appelait « paquerette »!

  4. Chez nous , c’est la zézette pas super, mais bon je préfère ça à d’autre comme le minou !!!
    Pourquoi, c’est si dure de la nommée ? Cela viendrait-il de tout ces siècles empreints de machisme et de diminution du statut de la femme et ou la chasteté était le maitre mot ?

  5. Quand j’étais petite on appelait ça « le p’tit fond », puis j’ai lu le mot zézette dans le guide du zizi sexuel de zep ou dans un titeuf, et c’est celui qu’on a choisi maintenant !

  6. Marrant parce que cette histoire de nom me travaille aussi ! Chez nous, on disait les fesses pour l’ensemble, quand j’y pense, c’était un peu une façon de nier le sexe féminin, non ? Bref, avec ma fillotte, c’est la zézette (et zizi pour ses frères), pas très original… Mais j’avais bien envie de lui apprendre à dire vulve, histoire de voir la tête de mes parents ;-)) !

  7. Longtemps je n’ai pas su mettre un mot… Comme Marieloufcp, j’avais tendance à dire fesses pour l’ensemble alors que mon mon fils, c’était zizi et fesses.
    J’ai fini par choisir nénétte sans être grandement convaincue…
    Petite, ma maman nous disait « Il faut que je vous mette de la crème sur votre petite fleur »
    Petite, je trouvais ça mignon, adulte, je trouvais ridicule de dire ça à ma fille.

  8. ici nous disons la pépette !! je ne sais pas d’ou ca vient mais dans la famille de mon mari originaire du nord ils disent comme ca.
    chez moi la pépette (en occitan) est la petite fille…

  9. Juste pour le fun , dans un vieux dictionnaire Larousse édition 1968, j’ai trouvé :
    « zizi : espèce de bruant » et  » bruant : ou bréant oiseau passereau des champs, des prés ou des jardins. »

    J’avoue que chez nous on ne s’est pas posé de question, j’ai utilisé le mot « zizi » pour désigner leur sexe aux enfants lorsqu’ils étaient petits, indifféremment, garçon ou fille.

    Et si j’en crois le dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, je ne me trompais pas:
    « appellation familière, d’abord enfantine, du sexe d’un jeune garçon, et, par extension, d’une petite fille, le mot est devenu très courant dans le langage familier comme désignation du membre viril et du sexe de la femme, fournissant un mot commun aux deux sexes »

    Donc pas la peine de se prendre la tête, on peut dire zizi pour un garçon et pour une fille, ce qui n’empêche pas d’expliquer qu’un zizi de fille et qu’un zizi de garçon, c’est pas pareil. ;-)

    • ah mais oui tiens, effectivement le bruant zizi est un joli volatile de nos campagnes…
      Cela expliquerait pourquoi certains appelle « petit oiseau » le zizi de leur fils ?! ;-)

      • Y en a un qui s’appelle le pipit aussi – je les avais cité au bac (le jeu, pas l’examen!) à l’école primaire (ayant un grand-Pere chasseur et experts en petits zoiseaux), bin j’avais eu du succès!

  10. Merci beaucoup de cette contribution!!! C’est un vrai succès!!! Ma mère disait « founette » mais j’ai eu beau faire, j’ai toujours détesté ces surnoms qui me semblaient être des sortes d’euphémismes… comme s’il fallait fleurir la chose pour qu’elle nous semble nommable…
    Bon au final, j’ai pas fait bien mieux puisqu’on a adopté le couple zizi/zézette…seul avantage: le radical identique rappelle le fait que, fille ou garçon, on parle bien d’une réalité semblable!

  11. Ma mère appelait ça « la lune »… j’ai un grand garçon à qui je dit le kiki… et je viens d’avoir une fille… et ne suis pas décidée comment l’appeler sans que ce soit trop bebête ou trop scientifique. je reprendrai peut-être la lune ou la mounette (origine sudiste oblige) :)

  12. Lorsque j’étais enfant c’était le terme « mounine » ( en provençal) qui était utilisé. Avec notre fille qui a presque deux ans, on a commencé à utiliser le mot zézette mais elle semble préférer « kiki »…A suivre !

  13. Pingback: L’intégration de notre enfant dans la société {mini-débrief} « Les Vendredis Intellos

  14. Ma fille, vers 3 ans, a inventé le mot « fifi » ou « fifille », ce qui me convient. Chez mes parents on disait « zizi » pour tout le monde, je crois qu’on va continuer comme ça, en alternance avec « fifi ».

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  16. Moi, je connais une jeune femme et lorsqu’elle était petite fille, je lui avais surnommée sa petite vulve, « chipounette ». Je trouve ça très mignon. Ca lui est resté. Et maintenant, je l’appelle toujours Chipounette.

  17. Petit on disait pour les « tits » gars, zizi, bistouquette qui au final s’est transformé en kekette… Pour les filles c’est toutoune, foufoune, ou koukoune… Egalement cucul pour tout l’ensemble… Et au final je préfère le kiki, qui s’applique aux deux sexes 😊

  18. Je commencée à me dire que de ne pas nommer le sexe de ma fille pour elle ne serait pas une bonne chose un peu de psycho ? Non on s’en passe, bref je fais une recherche sur le net et ne m’attends pas à trouver de réponses mais grosse surprise, si ! Ensuite je lis je lis et lis encore puis rien ne me conviens sur ce je me dis mais c’est bien sûr c’est a ma fille de donner ce nom il n’aura aucune empreinte ou influence et là: C’est trop marrant; alors que nous disions les fesses de devant pour nommer son sexe de temps en temps je lui demande de trouver un nom qui lui convient. Du haut de ses 4 ans elle me dit après réflexion que coccinelle c’est joli ou zig zag .Alors pour mettre en pratique: donc tu me diras s’il faut nettoyer zig zag?Non, moi c’est coccinelle c’est les garçons qui z’ont mal a la zig zag

  19. Je voudrais juste rebondir sur la phrase « La dérision ou la description négative du sexe féminin, c’est le signe que la langue française est extraordinairement antiféministe. »
    En français, est-ce qu’être « une bite », ou « un gland », est vraiment un compliment?
    Est-ce que lorsqu’il y a « une couille », on se réjouit?
    Je crois pour ma part que notre langue montre un certain mépris pour nos sexes, qu’ils soient masculins ou féminins… Et rend vulgaire (idiot et sale) ce qu’ils sont, ainsi que ce que l’on peut faire avec…
    Nous sommes en fait à l’opposé total de l’esprit du tantra qui rend ces parties de notre corps sacrées (et donc adorables, dans tous les sens du terme), et qui font de la relation sexuelle une célébration…

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  21. Bonjour tout le monde, je me présente un iota pour comprendre ce qui va suivre. Je suis maman d’un petit garçon mais avant ça j’étais et je suis toujours une professionnelle de l’enfance (comme ça on ne me dirai pas que je ne suis qu’une pro et que je ne sait pas comme c’est dur d’être parent). Je profite ici d’expliquer pourquoi il est important d’appeler un chat un chat comme l’a si bien dit Chocophile plus haut. En effet, en crèche j’ai toujours nommé le sexe des enfants par leurs noms « médicaux »: un pénis, une vulve, des testicules, un vagin. Et je vous garanti que mon fils de 5 ans sait parfaitement qu’on dit pénis et non pas zizi, vulve et non pas foufounes ou je ne sais quoi d’autre.
    Il y a plusieurs raisons à ce choix de vocabulaire:
    1. apprendre les bons mots. En effet quand il s’agit d’apprendre à son enfant les différentes parties du corps on lui apprend le nez, et non pas le pif, les oreilles et non pas les esgourdes, et j’en passe. Alors pourquoi ces zizis et autres abricots viennent remplacer les vrai termes?
    2. le tabou. De ne pas nommer les choses par leur vrai nom peut risquer de créer un tabou qui pourra avoir un impact sur la liberté de parole de votre enfant plus tard, imaginez: « papa et maman n’appelle même pas ça comme le médecin, c’est qu’il doit y avoir un truc louche là-dessous. ». Croyez-moi, mon fils de 6 ans me parlait pas plus tard qu’hier de sa curiosité pour la vulve, « mais ça ressemble à quoi? », ben je vous laisse expliquer ça à coup de c’est un tunnel qui donne sur une fleur…
    3. la prévention et la gestions des risques d’abus sexuels. Oui je sais c’est un sujet qu’on aime pas tellement aborder mais croyez-moi, savoir les bons noms permet à l’enfant de se protéger et dans les pires cas de bien expliquer. Petit exemple tiré de ma pratique professionnelle: un matin, une maman arrive paniquée, elle dépose sa fille et demande à parler à une éducatrice: « hier ma fille m’a dit qu’un garçon de son groupe avait touché sa petite fleur ». Il s’est avéré que c’était le cas (à un moment où les deux enfants étaient aux toilettes et que l’éducatrice était tournée 2 secondes pour remplacer le rouleau de papier toilette), nous avons donc pris la peine d’expliquer à tous les enfants du groupe (de 3 ans) que même s’ils étaient curieux ils n’avaient pas le droit de toucher la vulve, le pénis, les testicules ou encore le vagin d’un autre enfant. Nous avons pu expliquer à la maman l’importance d’appeler la vulve de sa fille une vulve, car imaginez notre tête quand le lendemain matin cette même petit fille est arrivé avec un pull décoré d’une fleur, nous avons expliqué à la maman que si un enfant touchait simplement son pull elle risquait de rentrer en redisant la même chose que le jour précédent, alors si au passage on peut éviter un nouveau coup de panique…
    De plus dans les cas d’abus sexuels (qui n’ont rien à voir avec ce que je viens de décrire) il est important pour les adultes qui accompagneront l’enfant (parents, enseignants, éducateurs, policiers etc.) de pouvoir avoir des informations les plus précises possible. Une petite fille qui sait faire la différence entre sa vulve et son vagin sera plus à même d’expliquer ce qui lui est arrivé.
    4. et dernier point, et pas des moindres, l’égalitarisme. Parce que oui il est bien question d’égalité entre homme et femme aussi sur ce point-là. Combien de petits noms adorables pour nommer le sexe féminin alors qu’il est tellement plus simple de dire un pénis. Ben oui parce que comme mentionné plus haut dans l’article: je ne vais quand même pas apprendre les mots « vulve » et « vagin » à ma petite fille. Et pourquoi pas? Une fois de plus, nous ne faisons pas avancer la cause des femmes s’il on continue à « diaboliser » le sexe féminin. Mais attention, ce n’est pas qu’une question de fille, non, non, c’est bien pour ça que je parle d’égalitarisme. Ne pourrions-nous pas arrêter de donner des noms empreints de force et de pouvoir au sexe masculin? Et c’est parti pour « anaconda » « levier » « matraque » et j’en passe. Quelle pression pour un préado qui se dit que ce qui « dort » dans son pantalon est en fait une arme de destruction massive qui doit être tout le temps à la pointe de ses performances… alors laissons les filles parler de leur sexe et laissons les garçons ne pas tout miser dessus, et ça je suis persuadée qu’en appelant un pénis un pénis et une vulve un vulve, ce sera possible.

    Merci à celles et ceux qui ont pris de leur temps pour me lire…

    • J’aime beaucoup votre point de vue. Je l’appelais zézette parce que je ne savais pas comment la nommer mais zézette ça me met mal à l’aise en fait… Il est arrivé que j’utilise vagin et vulve donc mes filles connaissent le mot. Désormais je le dirais comme ça :) Merci !

  22. Peut-on suggérer kalibristis ? Je tiens le mot de Marie Rouanet mais je soupçonne qu’elle l’a trouvé chez Jean-Claude Carrière qui avait fait le tour de ce vocabulaire, avec la complicité d’un compère, dans un opuscule (j’ai la flemme d’en chercher la référence).

    • On dit « callibistri ». C’est apparemment une création de Rabelais, selon le « Dictionnaire érotique » de Pierre Guiraud.

  23. Cette gêne pour nommer les organes génitaux est étrange. Je trouve au surplus d’une extraordinaire cuistrerie et d’un sérieux comique le fait de vouloir apprendre à des enfants de 2 ou 3 ans les termes « vulve », « vagin » ou « pénis » pour désigner leur sexe, car ce sont des termes… nous dirons techniques et pas du tout de langage familier. Parlez-vous de « miction » pour le fait de pisser, comme les médecins ? Vos enfants ne font jamais pipi, mais urinent ? Ils ne font jamais caca, mais défèquent ? Et ils ne vous appellent ni Papa ni Maman, mais Père et Mère ? « Zizi » et « zézette » sont des diminutifs enfantins pour désigner le sexe des enfants lorsqu’on s’adresse à eux. Ils sont enfantins car construits par assonance (comme « pipi », « caca », « popo », « papa », « maman », etc.). N’en déplaisent aux adultes, il existe un langage enfantin, d’usage entre enfants et dans les relations des adultes avec les enfants. Lorsque je travaillais avec des enfants et devais accompagner aux toilettes des petits de maternelles, je leur demandais comment ils appelaient « ça ». La plupart du temps, c’était « zizi » pour les garçons et « zézette » pour les filles. je disais donc aux petits garçons de tenir leur zizi et aux petites filles je tendais un coupon de papier pour qu’elles s’essuient la zézette. Par contre si je devais m’adresser aux parents j’utilisais les termes « pénis » et « vulve » (« Maëlys s’est plainte que sa vulve la chatouillait », « Ethan a montré son pénis à Maëlys ! »).

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