Comment faire pour que nos enfants apprennent mieux ? Alors je ne parle pas de résultats brillants évidemment, non viser la perfection ce n’est pas mon truc. Ce que je cherche c’est quelles sont les conditions pour que l’enfant apprenne avec plaisir de façon efficace, qu’il soit attentif même lorsque la thématique ne l’attire pas a priori, qu’il prenne confiance en ses capacités en gardant la curiosité naturelle qui est en lui, en acceptant ses erreurs pour en tirer des leçons, en prenant goût à l’effort intellectuel pour enrichir ses connaissances et être mieux armé -durablement- pour sa vie future.

 Bref une question que je me suis souvent posée, et que je me pose encore, comme beaucoup de parents j’imagine. Je vous en avais déjà parlé dans de précédents articles ici (cultiver le goût de l’effort), aussi ici (les bienfaits du dessin) et enfin ici (apprendre la persévérance).
Sur la base de ce que j’ai pu observer par le biais de ma petite expérience de maman de 3 enfants, je trouve que de plus en plus d’enseignants s’appuient sur les neurosciences ou les sciences de l’éducation. Car oui, les résultats des études correctement menées donnent de précieux indices sur la façon dont fonctionne aux mieux le cerveau qui emmagasine de nouvelles connaissances, puis les retient pour ensuite les réutiliser lorsque cela est nécessaire…Bref ces résultats sont de précieux indices pour que leurs élèves apprennent mieux, de façon à ce que les notions enseignées soient mieux comprises et mieux retenues ou encore mieux mises à profit.

Bien sûr, il y a quelques enseignants récalcitrants qui restent accrochés à leurs bonnes vieilles méthodes (peut-être de la carotte et du bâton) mais ils se font plus rares et, à mon humble avis, c’est très bien comme ça !

Des enfants qui apprennent, un peu tristement, non ?

Alors je vous propose une petite synthèse d’un dossier « Les Sciences cognitives à l’épreuve des classes » paru dans un numéro de « La Recherche » que je m’étais mis sous le coude (N° 539 – Septembre 2018).
Un premier article de ce dossier a retenu mon attention : « Ce que la science peut apporter à l’éducation ».
Il nous apprend que c’est en Angleterre et aux Etats-Unis que l’éducation basée sur la recherche s’est lancée dans les années 2000. En France, ce n’est que depuis janvier 2018,que les choses semblent vouloir s’organiser de façon plus en lien avec les résultats des sciences de l’éducation, de la psychologie ou des neurosciences.

Mais souvent cela passe par la formation des enseignants à qui, on demande d’être capables d’évaluer les résultats de l’introduction d’une nouvelle approche (avec groupe de contrôle), une formation qui n’est pas forcément très appliquée (trop théorique), ni très facile à mettre à oeuvre.

L’article évoque alors le plateforme Lea.fr, où les enseignants peuvent échanger des connaissances scientifiques sur l’apprentissage, et organiser des projets de recherche pédagogique.

Quelques exemples concrets
* Sur la mémorisation
Comment aider les enfants à mémoriser activement ? Pour apprendre une leçon, les études montrent que la méthode idéale pour être efficace (améliorer la rétention et retenir une plus grande quantité d’informations) est de favoriser au maximum la mémorisation active, c’est-à-dire, ne pas se contenter de relire la leçon même un grand nombre de fois, mais solliciter entre deux lectures son cerveau pour répondre à des tests avec questionnements.
L’article évoque l’étude [1] indiquée en référence, qui a comparé 3 groupes devant retenir une liste de 50 mots. Les résultats ont été très variables selon la technique employée pour l’apprentissage.

Le groupe qui mémorise le mieux est celui qui s’entraîne le plus au rappel des mots, au lieu de simplement les relire. Cet « effet test » est un résultat bien établi en psychologie cognitive »

* Stimuler la curiosité et la réflexion
L’encart dédié aux propos de Stanialas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France et président du Conseil Scientifique de l’Education Nationale,  est particulièrement intéressant. Il y présente les quatre piliers de l’apprentissage.
Il insiste donc sur la curiosité qui doit être stimulée, par le biais d’un questionnement de l’enfant. Un peu comme s’il devait mener une enquête pour découvrir chaque nouvelle notion.
Il rappelle les circuits de la récompense qui sont particulièrement activés lorsqu’un élève est placé devant un sujet nouveau (les sujets déjà connus n’intéressent pas, mais les sujets « trop complexes » non plus).

* Progresser grâce à ses erreurs
Le cerveau apprend de ses erreurs et progresse lorsqu’il en tient compte. Donc les enfants doivent prendre conscience de leurs fautes mais bien sûr, elles doivent être présentées en les dédramatisant pour éviter d’entailler leur confiance en eux. Pas toujours facile !

* Comprendre le fonctionnement de son propre cerveau
En lien avec la connaissance de ses propres erreurs, Stanislas Dehaene insiste sur la notion de « métacognition », c’est-à-dire le fait de connaître ses propres processus mentaux (un précédent billet en parle). Un élève qui sait analyser comment il comprend le mieux, comment il raisonne, comment il sollicite sa mémoire et comment il retient le mieux, aura beaucoup plus de cartes en main pour progresser, ce qui va l’aider à gagner une meilleure confiance en lui.
C’est la raison d’être des auto-évaluations que certains enseignants mettent en place après un travail ou une tâche en classe.

De nombreuses études et méta-analyses soulignent l’impact extrêmement positif de la métacognition dans l’apprentissage des enfants, qui adoptent une mentalité progressiste /…/ Cela fait partie des interventions les plus efficaces et les moins chères à mettre en oeuvre.

Bon, il y aurait encore beaucoup à dire sur cette thématique notamment le lien entre les émotions des enfants et leurs apprentissages… Ce sera pour une prochaine fois ;-)

Et vous, cela vous semble-t-il normal que l’éducation de nos enfants s’appuie sur les résultats des études scientifiques ? Qu’on teste certaines pratiques dans des classes afin de les évaluer ou pensez-vous que les méthodes dites traditionnelles ont suffisamment fait leurs preuves  ?

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à relire un autre billet sur la question des Neurosciences et Education, publié ici sur les Vendredis Intellos par Kelissen ou encore cet autre billet publié par Nydhuile qui présente un ouvrage sur les bulles de l’attention.

Référence :
1- Zaromb. F. M. et al.,   » The testing effect in free recall is associated with enhanced organisation processes », Memory & Cognition, Vol 38, 995, 2010.

Auteur
Pascale BAUGE,  du blog Le Monde et Nous (Voir la rubrique « Petit d’Homme »)