On ne m’a jamais fait croire au père Noël enfant car ça avait été une déception pour ma mère lors de la découverte du mensonge dans son enfance à elle.
Pourtant j’avais pour ma part une sensation de manque de « culture » de groupe autour de ce sujet avec mes camarades, une sensation d’exclusion des groupes d’enfants de tous âges à cette période-là, comme la sensation d’être mise dans le « camp des adultes » trop tôt sans qu’on ne m’ait ni demandé mon avis, ni laissé le choix. Comme il n’y avait pas non plus vraiment de croyance religieuse rattachée à Noël dans ma famille, c’était une période un peu morne du coup, alors qu’il y avait moult agitation, énormes repas gargantuesques étalés sur plusieurs heures et relations familiales souvent tendues, sans grand sens ni logique ni imaginaire pour moi.

Pour nos enfants nous avons introduit le père Noël mais pas de manière unique pour l’enfant, en répondant avec franchise aussi lors de leurs questionnements sur la véracité ou non. Questionnements arrivés à des âges et intensités différents selon les enfants. J’ai toujours dit que le père Noël était une jolie histoire que les adultes aimaient beaucoup raconter, sans dire que c’était vrai ni que c’était faux. Car comme beaucoup de croyances, son intérêt à mon avis réside dans le choix d’y croire ou non, dans une action volontaire de la part du croyant ou non-croyant, quel que soit l’âge.

Chacun de nos enfants a pu choisir d’y croire ou non selon les contextes et les âges. Cela leur permet de partager la joie de la remise de cadeau-livre organisée par l’association de parents d’élèves du village en même temps que leurs camarades par exemple, de partager ensuite la connivence avec les enfants plus grands qui aiment quand même recevoir ce cadeau-livre avec la clémentine tout en cherchant à trouver quel est l’ homme du village déguisé cette année-là sous le grand manteau rouge. Cela nous permet avec eux de chercher – et voir ^^ (j’adore toujours autant ces moments car je le « vois » aussi toujours avec les plus jeunes :-) ) – le traîneau dans le ciel lors de la balade digestive le soir de Noël.
Ca leur permet d’être aussi en lien avec la réalité. Nous n’avons jamais fait de « liste » puisque pour nous un cadeau ça se reçoit, ça ne se demande pas, mais en cas de vraie très grosse envie ou besoin matériel « pour Noël », ce sont les parents et grands-parents qui « communiquent avec le père Noël », ce qui n’est pas faux sur le point de vue du concept. Ils ont toujours pu également préparer un cadeau spontané pour telle ou telle personne invitée ou de notre famille, à leur rythme, sans pression pour en faire un à chacun.e mais bien simplement selon leur impulsion et envie interne, source de joie communicative.

Chacun de nos enfants a choisi de ne plus y croire lorsque son temps perso a été venu. Cela a souvent été une grande joie pour eux (je me souviens de l’énorme sourire de mon aînée lorsqu’elle a fait le raisonnement toute seule à côté de moi) de découvrir que ce n’était pas le père Noël mais les parents et grands-parents qui amenaient un cadeau sans attente de remerciements :-).  Pour l’un de nos enfants, la découverte a été difficile non pas sur le mensonge puisqu’on avait toujours dit que c’était une belle histoire qu’on aimait raconter, en les renvoyant vers la prise de conscience et éventuellement l’explicitation de leur propre croyance, mais sur le fait que la magie réelle n’existait pas comme dans cette histoire ni comme dans les autres. La même déception/frustration que de constater que la magie du monde d’Harry Potter n’existe pas en vrai sans que personne n’ait cherché à le lui faire croire, mais simplement parce que pour cet enfant-là, la magie racontée dans les histoires était et est toujours très importante dans sa vie et ses souhaits, même à un âge adolescent :-).

En résumé, je dirais qu’il faut surtout rester ouvert et honnête avec soi-même. Si l’on aime la « magie » de l’histoire du père Noël, on peut en parler en restant conscient de notre plaisir à nous sans chercher à l’imposer aux autres non plus, y compris à nos enfants ou ceux des autres. Rester ouvert à CHAQUE enfant et à son monde imaginaire et mode de fonctionnement. Pour certains telle option sera préférable à telle autre, et pour son frère ou soeur ça pourra être l’inverse, sans que l’on ne puisse deviner à l’avance lequel sera le plus adapté à l’un.e ou à l’autre :-).

Rester souple et ouvert donc, et honnête avec soi-même et avec l’enfant.
Les histoires on en a plein tout le temps, c’est une forme de croyance, que l’on peut relayer avec force ou souplesse, et qui contribuent aussi à la magie et à la création de l’imaginaire personnel dans l’imaginaire collectif, à la sensation d’appartenance comme à l’individuation progressive :-).

Joyeux futur Noël!

noël
« Croire au Père Noël » Naître et Grandir, novembre 2015

« 4 raisons de NE PAS faire croire vos enfants au Père Noël » blog Parents ça s’apprend, novembre 2018

« Croire au Père Noël, oui, mais jusqu’à quel âge? » Marine Le Breton, Huffington Post, 24/12/2013