Bonjour bonjour,

Il y a quelques temps, on m’a proposé de lire, pour en faire la chronique, un petit carnet intitulé « s’engager dans la pédagogie Freinet ».
La future prof en moi a répondu « OWI OWI! », et ce d’autant plus que j’aimerais vraiment, MAIS VRAIMENT, me lancer dans cette pédagogie (et éventuellement d’autres pédagogies alternatives) dans mon métier tout neuf.

L’introduction est très prudente et précise bien qu’il ne s’agit aucunement d’un « mode d’emploi » de la pédagogie Freinet. En effet, la pédagogie Freinet doit s’adapter :
– aux élèves
– aux locaux
– au prof.

Il n’est donc pas possible de donner UNE façon de faire et chacun doit trouver sa façon de faire et de toute façon, c’est à adapter en permanence.

Mais il y a quand même moyen de donner quelques exemples d’outils, de procédures pour rendre cela plus concret, d’expliquer un peu la démarche, l’état d’esprit qui la guide.

Ainsi, le livre est découpé en plusieurs chapitres axant sur différentes choses. L’enseignant tout d’abord (pourquoi se lancer, le droit à l’erreur pour tout le monde, les groupes d’enseignants Freinet,…), l’attitude face aux élèves (guider tout en laissant libre, la discipline, les évaluations, les corrections,…), l’organisation matérielle (disposition des meubles, organisation des ateliers, les affichages…), les relations avec l’extérieur (face aux parents, face aux collègues, mais aussi les correspondants de classes,etc.) puis des exemples concrets d’organisation de la première semaine, comment prendre contact avec les élèves, le groupe…, et enfin les pratiques « fondamentales » (tout en gardant à l’esprit que rien n’est figé et que chacun doit inventer SA façon de faire).

J’ai par exemple découvert le principe des Brevets, moi qui n’avais entendu parler que des « ceintures » (de compétences par exemple).

Certains enseignants Freinet utilisent deux autres façons particulières de marquer la progression des enfants. Nous parlerons ici de deux d’entre elles : les ceintures et les brevets.
Le principe des ceintures est emprunté à la « pédagogie institutionnelle » de F. Oury, enseignant qui pratiquait le judo et qui fut, pour un temps, adepte de la pédagogie Freinet. L’idée de départ est que les enfants n’ont pas tous le même niveau et que l’on ne doit pas attendre la même chose de tous. […] Lorsqu’elles sont utilisées dans une classe Freinet, les ceintures servent à marquer un niveau de comportement ou de compétence particulière. […]
Le problème est dans l’application et dans les dévoiements possibles de l’utilisation possible de ces ceintures. Elles sont parfois confondues avec des récompenses. Elle représentent un but symbolique à atteindre qui n’a rien à voir avec la réalisation de soi ou l’acquisition d’une compétence pour elle-même. Elles peuvent entrainer une compétition dans la classe. […]
Les  brevets, quant à eux, utilisés par Freinet lui-même, sont empruntés au mouvement scout. Il les appelle aussi chefs-d’œuvre […].
Dans leur forme la plus aboutie, il fonctionnent de la façon suivante. Il peut y avoir des brevets pour toutes sortes de compétences […]. Chaque enfant décide de postuler pour un ou plusieurs brevets de son choix, quand il se sent prêt. Il peut aussi proposer un brevet qui n’existait pas jusqu’alors. Il y a également des brevets obligatoire, que chacun doit chercher à obtenir à un moment ou à un autre. […] L’enfant annonce qu’il veut postuler pour tel ou tel brevet. Il travaille pour atteindre son but et réaliser son chef-d’œuvre qu’il va soumettre et, quand il se sent prêt, il présente sa réalisation au groupe qui décide, en argumentant et en étant le plus objectif possible, de lui attribuer son brevet ou non.  L’enfant lui-même peut donner son point de vue.

Les exemples sont assez clairs pour donner des idées, tout en restant assez limitées pour ne pas que le lecteur ou la lectrice se fige en ne faisant QUE les exemples donnés.

Le passage sur la discipline est important, d’autant qu’il n’est pas rare que certaines personnes ait une image d’anarchie dans la classe quand on leur parle de pédagogie Freinet. (Je l’ai moi-même entendu d’une amie professeure des écoles…)

L’ordre et la discipline sont nécessaires en classe. On croit trop souvent que les techniques Freinet s’accommodent volontiers d’un manque anarchique d’organisation et que l’expression libre est synonyme de licence et de laisser-aller. La réalité est exactement contraire : une classe complexe, qui doit pratiquer simultanément des techniques diverses, et où on essaie d’éviter la brutale autorité, a besoin de beaucoup plus d’ordres et de discipline qu’une classe traditionnelle […]?
D’autre part, l’habitude de la discipline est très ancrée dans les mentalités. Les enfants eux-mêmes subissent parfois une autorité lourde et arbitraire. […]
Ils peuvent ne pas comprendre ce qui est permis ou pas lorsqu’une autorité rigide ne se manifeste pas. Donc la question se pose bien : comment mettre en place la discipline nécessaire au fonctionnement agréable et productif de la classe?

La réponse de Célestin Freinet à cette problématique est de mettre les élèves face à une activité qui les passionne. Dit comme ça ça fait rêver et je pense que c’est le but de nombre d’enseignant. Mais j’ai peur que le passage à la pratique soit plus compliqué, et cette vision me semble relativement théorique, même si Freinet a longuement exercé avec sa pédagogie. Mais à une époque où les normes de sécurité n’étaient pas les mêmes qu’actuellement.
Donc pour cela, dans la théorie, je suis assez d’accord, mais pour la pratique, j’aimerais bien échanger avec des enseignant.e.s utilisant la pédagogie Freinet au quotidien. Ne pas rentrer dans une lutte de pouvoir entre enseignant et élèves m’attirant tout particulièrement. (Mais on me dit souvent que je suis une bisounourse naïve…)

Ainsi, le petit livre tient ses promesses, de ne pas donner UNE façon de faire, mais juste de donner un aperçu des possibles, quelques conseils pratico-pratiques et, en ce qui me concerne du moins, booster la motivation à s’engager dans cette voie, tout en rappelant bien que c’est à chacun d’oser se lancer, de créer sa propre voie, ses propres outils, à réinventer régulièrement.

J’adresse un grand merci aux Editions « Ecole vivante » pour le prêt de ce livre.

(et j’encourage toute personne souhaitant se renseigner sur cette pédagogie à lire ce petit livre (60pages environ) qui donne déjà un bon aperçu de l’esprit qui l’anime et de quelques idées de ce qui est possible de mettre en place en classe.)

La Farfa