J’ai depuis un moment chez moi Parents respectueux, enfants respectueux, offert aux VI par les Éditions La Découverte et j’ai mis du temps à chroniquer… Je l’ai beaucoup apprécié mais je me suis sentie un peu découragée devant la différence entre ce qui y est prôné et ce qui se passe chez moi. Mais après tout, ce ne doit pas être une raison de ne pas vous faire partager cette découverte.

Pour commencer, voici un extrait de l’introduction :

Parents respectueux, enfants respectueux offre une alternative rafraîchissante à la parentalité axée sur la gestion des enfants. La bonne nouvelle, c’est que vous ne devez pas trouver le moyen de changer le comportement de vos enfants, ni gérer quoi que ce soit, pour mettre un terme aux conflits. Nous recommandons une manière d’être parent qui est, à bien des égards, beaucoup plus simple et instinctive. Elle est aussi plus efficace pour répondre aux besoins des enfants et des parents à court, et surtout, à long terme. Elle s’appuie sur les sentiments positifs que vous et vos enfants éprouvez dans les moments où vous êtes le plus proches, et elle porte sur le seul comportement que vous puissiez réellement changer : le vôtre. Ce qui est formidable, c’est que, quand vous changerez de comportement, votre enfant fera de même.

Cela donne envie de lire la suite, non ? Qui ne rêve pas d’une maison sans conflits ? Mais je sens déjà deux difficultés : certes, il est plus facile de se changer soi-même que de changer les autres mais cela reste un incroyable challenge (en tout cas pour moi…). Une autre question me titille : est-ce vraiment réaliste de vouloir « mettre un terme aux conflits » ? Personnellement, je ne crois pas que ce soit possible, ni même bon. Les conflits sont parfois nécessaires, enfin s’ils restent raisonnables (si je puis dire…). Mais peut-être que la définition du mot « conflit » diffère, il est probable que les auteurs l’emploient au sens le plus fort, une dispute qui amènerait à crier ou à se renfermer.

Pour nous aider à atteindre cet objectif de respect mutuel, sept clés sont proposées. Je vais les suivre pour continuer mon commentaire.

 

  1. Être au clair avec son objectif en tant que parent

C’est important parce que c’est ce qui va orienter tout le reste, il nous faut clarifier « ce que nous voulons et dans quel but nous élevons nos enfants ». Des exercices intéressants sont proposés pour répondre à cette question. On veut tous à peu près qu’ils soient heureux, en paix avec eux-mêmes et avec les autres. Les exercices permettent d’affiner nos attentes. Selon les auteurs, cela oriente non seulement nos actions mais aussi nos pensées, c’est-à-dire que nous choisissons celles que nous allons suivre.

 

  1. Voir les besoins derrière toute action.

Le terme clé de tout l’ouvrage est le « besoin ». Tout acte sert un besoin, pour mieux communiquer, il faut donc chercher le besoin à l’origine d’un comportement, d’une parole, etc. C’est d’ailleurs la base de la communication non violente en général.

Aussi insensé que puisse parfois vous paraître le comportement de votre enfant (…), tout ce que l’enfant essaie de faire à ce moment précis, c’est nourrir un besoin – un besoin que vous avez, vous aussi. Il peut s’agir, par exemple, d’un besoin d’attention, de considération, de choix ou d’autonomie. Peut-être n’aimez-vous pas la manière dont il s’y prend, mais vous aurez le plus de chances d’entrer en lien avec lui – et de l’aider à trouver une meilleure stratégie – si vous reconnaissez le besoin qu’il essaie sincèrement de satisfaire à ce moment-là.

Soyons donc clairs : un nouveau jeu vidéo n’est pas un besoin. C’est une stratégie pour nourrir un ou des besoins, comme peut-être se détendre, s’amuser ou acquérir une compétence.

J’ai apprécié qu’il soit rappelé assez tôt dans le livre que, s’il faut écouter les besoins de ses enfants, il faut aussi écouter les siens. L’importance est particulièrement claire dans l’analogie avec le voyage en avion puisque :

En cas d’urgence, on dit aux parents de s’équiper du masque à oxygène avant de le mettre à leurs enfants. On voit bien que, dans ce cas, les parents ne pourront rien faire pour leurs enfants s’ils ne peuvent pas respirer eux-mêmes.

  1. Créer de la sécurité, de la confiance et un sentiment d’appartenance

Cette sécurité permet aux enfants de sentir que « le monde est un endroit accueillant », aux parents d’écouter leurs enfants et de régulièrement se mettre à leur place, pour mieux les comprendre et créer du lien. Les auteurs conseillent aux parents de se poser régulièrement les questions : « En disant ou faisant cela, est-ce que je contribue à créer de la confiance et de la sécurité émotionnelle ? » ou encore « Est-ce bien la connexion que je recherche ? ». C’est loin d’être évident en cas de crise, de colère… Mais peut-être peut-on prendre le temps de le faire le soir au calme.

 

  1. Donner envie de donner

Ici, je passe rapidement car c’est assez facile à comprendre. Mais j’ai bien aimé ce conseil :

Observez et ayez de la gratitude pour les cadeaux que votre enfant vous offre.

  1. Utiliser un langage respectueux

En effet, on peut avoir les meilleures intentions du monde et envoyer un mauvais message quand, au fond de nous, on se sent en colère par exemple. Utiliser un langage clair, sans jugement s’apprend, cela permet d’avoir ce réflexe ensuite, le plus souvent possible. C’est ce que les auteurs appellent « s’exprimer en girafe ». Cela donne, pour s’exprimer : « Quand j’entends… Je me sens… Parce que j’ai besoin… Là, maintenant, j’aimerais… Si tu es d’accord. » ; pour écouter : « Quand tu vois/entends… Est-ce que tu te sens… ? Parce que tu as besoin de… ? Là, maintenant, est-ce que tu aimerais… ? »

Évidemment, ce n’est pas simple. Les auteurs reconnaissent que l’on peut avoir des difficultés au départ, que l’on peut se sentir mal à l’aise mais cela passe à partir du moment où l’on en voit les bénéfices pour soi, pour les autres et pour nos relations avec les autres.

 

  1. Apprendre ensemble au fur et à mesure

En quelques mois à peine, les nouvelles compétences durement acquises pour vous occuper d’un bébé sont caduques.

Personnellement, ce n’est pas vraiment en termes de compétences que je parlerai de mon expérience. Je dirais plutôt que les solutions trouvées à un moment ne fonctionnaient plus le lendemain ou avec un de mes autres enfants… Une adaptation de tous les jours ! C’est ce qui fait notre rôle de parent intéressant aussi ;-)

Les auteurs précisent :

Quoi qu’il arrive, vous pouvez le gérer.

C’est bon de se le rappeler.

 

  1. Faire de votre maison une zone sans faute

Une maison où les rapports se font dans le respect et la coopération. Cela donne envie !!! Et tout le monde peut y arriver.

 

La dernière partie de l’ouvrage donne des idées d’activités et de « petites histoires tirées de la zone sans faute ». Il y a, par exemple, de petites cartes à découper avec des visages d’enfants qui expriment des sentiments et des besoins différents pour en parler en famille, pour se familiariser avec leur expression. Ou encore un exercice pour « transformer la colère en un message qui embellit la vie », rien que ça ! Il s’agit encore une fois de se reconnecter à son besoin profond.

Inutile de vous dire que je vous conseille le livre passionnant et riche en exemples et en applications concrètes ! Il est disponible à la bibli des VI en prêt gratuit pour les adhérents.

 

Pour conclure, je voudrais citer un passage de la préface de Marshall B. Rosenberg (créateur de la Communication Non Violente) :

En créant un foyer où la confiance est reine et où tous les besoins sont respectés, vous donnerez à vos enfants la capacité de découvrir leur potentiel et de contribuer tout au long de leur vie à l’avenir de leur propre famille, de leur communauté et de notre planète.

Clem la matriochka