Malgré tous les réserves que j’ai pu formuler ici sur cet ouvrage, je tiens à y revenir parce qu’il a instillé en moi plusieurs idées fondamentales pour la femme que je voudrais être et pour la mère qui progresse lentement, avec sa fille et son fils, sur le chemin sinueux du respect de l’autre.

L’auteure est clairement passionnée par son sujet et elle aide à remettre en question les schémas héréditaires qui sous-tendent notre façon d’élever nos enfants.

Ce livre s’intitule « Parité de l’éducation ou l’utile féminisme des parents » de Véronique Coyon. Il souligne essentiellement l’impact de la transmission inconsciente des stéréotypes dans la construction de la société : nous véhiculons, parfois malgré nous, des clichés qui conditionnent le comportement futur de nos enfants et les incitent à reproduire les modèles patriarcaux ancestraux.

Beaucoup de nos valeurs s’imposent à nos enfants, alors soyons actives à leur transmettre des propos égalitaires, et faisons en sorte que nos garçons acceptent sans s’étonner et sans souffrir toute la liberté et l’égalité que nos filles, donc plus tard leurs femmes, revendiqueront naturellement.

L’auteure met ainsi en évidence tout ce qui est construit dans les différences femmes / hommes au contraire de ce qui pourrait (éventuellement) être inné : nous ne demandons pas les mêmes services à nos filles, nous n’avons pas les mêmes attentes envers nos garçons.

Les exemples sont permanents : les sÅ“urs sont encore davantage sollicitées à aider, sont mieux éduquées aux besognes ménagères, on distribue souvent les tâches les plus honorables aux garçons, ce qui les conditionnent au dévolu de chaque sexe. On apprend à une jeune fille à se servir de la machine à coudre, on coud le vêtement du jeune homme. Elles sont plus appelées à garder la jeune fratrie, on demande à la soeur de s’occuper ou de changer le bébé, plus rarement à son frère. Et elle sent bien que cela nous contrarie si elle n’en a pas envie ou ne regarde pas les autres enfants alors que ça nous indiffère de la part de son frère.

Elles sont plus facilement orientées vers des études sociales, administratives ou professorales qui laissent plus de temps pour s’occuper des enfants, on craint qu’elles ne perdent leur féminité avec certains métiers, on les incite à pratiquer des sports de filles.

Avoir conscience de ces comportements permet d’y prêter une attention accrue et ainsi de modifier pas à pas les représentations mentales du masculin et du féminin.

Les qualités requises pour la masculinité et la féminité sont interchangeables. A qui attribuer la gentillesse, le courage, la sensibilité, la pugnacité, le besoin de tendresse ?

Pour moi, ce sont des constructions abstraites que l’on accorde souvent à un sexe plus qu’à l’autre sans réalité.

Mais par dessous tout, il m’a interpellée sur l’instinct animal que l’on prête au masculin : non, les pulsions des hommes ne sont pas irrésistibles et conforter cette idée revient in fine à légitimer le viol.

En d’autres termes, on peut « chauffer » un mec sans nécessairement conclure : cela ne fait pas des femmes des salopes, les hommes ne sont pas des animaux et peuvent « se retenir » !

Ainsi, l’auteure insiste sur la nécessité de faire passer

des messages aux jeunes garçons leur apprenant qu’on ne peut pas assouvir tous ses plaisirs, sans retenues ni contraintes. On se construit avec des frustrations nécessaires, le non apprend le oui, apprend à grandir et à se respecter en respectant l’autre. Je l’ai dit, tout désir n’appelle pas forcément de satisfaction.

A la lecture de ce livre, j’ai réalisé à quel point j’avais grandi avec cette idée-là ancrée au creux de mes attitudes les plus courantes : éviter un frôlement, cacher une bretelle, dissimuler un sourire… pour ne pas « allumer » et avoir à « assumer les conséquences » !

Mes premières expériences intimes ont été marquées par ce moment où je me disais : « il est trop tard pour reculer… »

Ce livre m’a permis de remettre ces dogmes en question et j’ose espérer que ma fille sera capable de dire non à n’importe quel moment, même si elle a envie, juste si elle n’est pas sûre…

J’apprendrais aussi à mon fils que ses désirs ne sont pas supérieurs ni à ceux d’autrui ni à sa conscience et qu’il se doit de considérer les envies des autres avec autant de vigilance que les siennes, à tout instant.

J’ai l’impression d’avoir trouvé une nouvelle clef pour comprendre les relations hommes/ femmes et je souhaite la léguer à mes enfants dans le trousseau des outils indispensables au respect des autres.

 

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Titre : Parité de l’éducation. Le féminisme des parents.
Auteure : Véronique Coyon
Nombre de pages de l’édition imprimée : 150 pages
Editeur : Les éditions du Chalet Lakmé (17 mars 2014)

Retrouvez également mon billet sur les limites de l’auto-édition sur le blog Je me disperse ici.

Euphrosyne