Personne ne sera surpris d’apprendre que presque la moitié des déménagements ont lieu pendant l’été : facilité des congés, de la météo, de la période scolaire… Et ce, d’autant plus si le déménagement résulte d’une décision plus importante : mutation, séparation, nouvelle union… Les familles essaient de faire en sorte de ne pas ajouter de difficulté pour l’enfant à une situation déjà complexe.

Nous avons pris notre ticket cet été. Brest-Toulouse suite à une mutation, avec 3 enfants.
Internet regorge de conseils pratiques pour ne rien oublier et tout bien anticiper. Aussi pour réussir le déménagement parfait pour son enfant. Alors je voudrais simplement partager quelques pistes qui nous ont permis de faciliter ce cap compliqué.

D’abord comme les adultes, tous les enfants ne réagissent pas de la même façon à l’annonce d’un changement : excitation, angoisse, appréhension, regret… On sait ce qu’on quitte, mais on ne sait pas (toujours) ce que l’on gagne.
Bien entendu, on leur « vend » le projet : ça sera mieux, pour telle ou telle raison. Chez nous, en vrac : plus de Papa qui part toute la semaine,  du soleil plus souvent, plus proches des grands parents, pas de travaux dans la nouvelle maison… Mais ils ne sont pas dupes !
Finalement, ce qui a le plus rassuré les nôtres, c’est la sincérité : oui, sur le papier, ça a l’air mieux. C’est pour ça que nous avons pris cette décision. Et oui, moi aussi, j’ai peur : de ne pas me plaire, que vous ne vous plaisiez pas, de ne pas rencontrer d’amis… Et oui, moi aussi, je suis un peu triste : de quitter le petit nid que nous avions aménagé, de quitter mes amis, de quitter mon travail.
Cela a rendu leurs sentiments légitimes.
Comme de nous entendre répondre à la sempiternelle question de « Tata FernOnde » : « – Et les petits ils sont contents ?
– Considérant qu’ils quittent tout ce qu’ils ont toujours connu et qu’ils aiment ? Non, ils ne sont pas ravis. »
Ils se sont sentis considérés.

Ensuite, comme ont dit chez nous, chacun voit midi à sa porte :
– ma 6 ans, elle a vécu comme un déchirement de quitter ses amis. L’école, la maison, la ville, elle en a déjà connu plusieurs. Mais là, elle s’était vraiment attachée. Et je ne peux pas lui garantir qu’elle trouvera d’aussi bons amis à ses yeux.
– ma 3 ans, passée l’explication « non, ce n’est pas un monstre qui va prendre toutes tes affaires, ce sont des déménageurs, et ils vont les emmener dans notre nouvelle maison », a été rassuée que je réponde sans relâche « Oui, on va aussi emmener les collants », « Oui, on va aussi emmener les pailles », « Oui, on va aussi emmener le canapé »… Et satisfaite de savoir qu’elle verrait son papa tous les soirs.
– mon 16 mois : il a eu chaque jour à manger et à boire, a retrouvé son lit et n’a pas manqué de câlins, il a l’air content.
Nous avons eu la chance de trouver une maison qui nous permette de vivre de la même façon qu’avant, et nous avons pu aussi satisfaire certaines de leurs envies, donc pour la maison le contrat est rempli. Pour le lieu…j’attends la rentrée pour me prononcer.

J’ai trouvé assez juste le conseil du Dr Stéphane Clerget dans « Ma to-do list enfant, 18 mois à 6 ans »:

Ne considérez pas les déménagements que de façon négative. Ils sont l’occasion pour l’enfant d’apprendre à se séparer, à s’adapter à la nouveauté et à prendre conscience du changement possible dans la continuité. Ils permettent parfois aux enfants de quitter une situation pénible (appartement inconfortable, école où règne l’insécurité).
Plus généralement, ce peut être un soulagement de constater que l’on peut prendre des distances avec des lieux de vie ou des environnements qui pourraient être meilleurs qu’ils ne le sont, qu’ailleurs l’herbe peut être plus verte, qu’il n’y a pas de fatalisme à se trouver là où nous sommes et qu’il faut parfois ne pas hésiter à changer de place pour se trouver encore mieux.

Enfin, je n’aurais pas fait entièrement le tour de la question si je passais sous silence les enjeux auxquels font face les parents.
Dans notre cas, Papa a initié le mouvement. Il s’impose de porter cette responsabilité, que tout le monde se sente mieux. Et je le charge aussi de nous ouvrir vers les personnes sympathiques que sont travail lui permettra de connaître rapidement.
Maman a géré ; les résiliations les abonnements les transferts les inscriptions les recherches les choix. Il lui reste un boulot à trouver. Et des amis à retrouver. Et autant les enfants sont doués, autant en tant qu’adulte, se retrouver dans cette situation est délicate. Parce que c’est plus compliqué de demander : « Comment tu t’appelles ? Tu veux être ma copine ? ». Il faut être subtile. Mais pas trop, hein, parce que les autres ils étaient là sans nous et on ne leur manquait pas ! Alors pour commencer à tisser des liens, il y a aussi le réseau. Et les vendredis intellos offrent un peu de cette magie-là : les neuroneur(se)s sont partout. J’en ai accueilli dans mon ancienne région. Et de savoir qu’il y en a près de mon nouveau chez moi, et bien, je me sens moins seule !

En cadeau, 2 liens intéressants :

Et je ne résiste pas à partager avec vous un extrait de « Ma Maison du Bout du Monde », conseillé par mon amie Liliroulotte, un livre empreint de poésie où Petit-Pingouin imagine sa nouvelle maison :

Extrait de Ma maison du bout du monde

Bonne fin de vacances, et bonne installation à vous qui avez trouvé un nouveau nid !