Vous êtes peut-être déjà grands-parents, sinon demandez aux vôtres ou à vos parents s’ils le sont, de répondre à cette question  « Quel genre de grand-père/mère êtes-vous ? » :

  1. Plutôt secoué (in Les nouveaux grands-parents, Nathalie Le Breton et Marine Vernin, Editions de la Martinière, 2012*)

    « Il y a quelque chose qui vous heurte, cette image de grand-mère aux cheveux blancs, ce n’est pas vous. Vous vous sentez beaucoup trop mère pour être grand-mère ! Alors vous suivez l’événement mais vous restez extérieure. Vous impliquer ? Jamais ! Vous ne supportez pas cette perte de contrôle dans votre vie, ne pas avoir décidé vous-même de changer de statut, c’est une épreuve, personne ne peut comprendre. »

  2. Impliqué (in Guide de survie des jeunes grands-parents, Marie-Pascale et Hervé Anseaume, Marie Thuillier, Editions Tut-tut, 2015*)

    « J’ai mangé une pâtisserie avec un petit koala mignon qui faisait des bruits d’oiseau et je me suis retrouvée au coin parce que j’avais marché par mégarde sur un bébé. Je suis retournée à l’école où j’ai dû recopier des lettres à l’envers, admettre sous la menace du « P » et du « O » ça faisait « RA » et écouter une histoire sans fin. J’ai consolé un escargot mort depuis au moins deux ans, et abordé des questions existentielles. J’ai rencontré une vendeuse de bouts de papier, on a parlé de la pluie et du beau temps. (…) Bref, ce week-end j’ai joué avec ma petite-fille pendant trois heures et j’ai vécu 1000 vies. »

  3. Emerveillé (in L’Art d’être grand-père, Victor Hugo, 1877)

    « Le soir je vais les voir dormir. Sur leurs fronts calmes, / Je distingue ébloui l’ombre que font les palmes / Et comme une clarté d’étoile à son lever, / Et je me dis : À quoi peuvent-ils donc rêver ? / Georges songe aux gâteaux, aux beaux jouets étranges, / Au chien, au coq, au chat ; et Jeanne pense aux anges. / Puis, au réveil, leurs yeux s’ouvrent, pleins de rayons. »

Comme dans tous les tests, on peut vouloir tout cocher ou… rien. On peut être un peu tout ça à la fois, selon les jours. Il existe mille façons d’être un grand-parent. Difficile de rester indifférent en tout cas.

Il y a de plus en plus de livres sur les grands-parents, (souvent appelés « nouveaux »  parce que leur rôle a bien changé avec les années), comme les deux premiers que j’ai cités plus haut, offerts par les éditeurs aux Vendredis Intellos et disponibles au prêt dans notre bibliothèque volante. Ces deux-là sont assez différents et à eux deux, ils abordent déjà de nombreux aspects de ce nouveau rôle !

Le premier explore toutes les facettes psychologiques du rôle de grands-parents, de leurs émotions et des relations entre les enfants, les parents et les grands-parents, cela va du mamie-blues (dont la citation plus haute est extraite) à la thérapie familiale en passant par la mort d’un grand-parent. Evidemment, ce sont beaucoup de conseils, de « ne faites pas comme si » mais bon, ils me semblent de bon sens parce qu’ils cherchent toujours à apaiser, à maintenir les relations entre tous, à donner à chacun sa place. Etre grand-père ou grand-mère semble un incroyable voyage qu’on a bien envie de faire !

Au début, on vous appellera au secours pour le garder ou parce que c’est la panique au village, et puis, peu à peu, le lien se fera plus direct entre vous et votre petit-enfant, c’est lui qui vous sollicitera, qui vous dira qu’il vous aime, qui balaiera tout le reste, c’est lui à qui vous transmettrez une part de vous-même, qui portera quelquefois en banderole des valeurs rejetées par vos enfants, ça encore c’est incroyable. Lui qui, peut-être un jour, vous portera quand vous faiblirez.

Pour bien vivre cette révolution qui s’annonce, n’oubliez pas qui vous êtes en tant qu’individu, gardez la part d’égoïsme qui sied à toute quête du bonheur. ça n’empêchera pas  des liens affectifs forts de se créer. En bref, mieux vaut être un grand-parent moins disponible mais tout en plaisir, que dévoué et mal dans sa peau. N’oubliez pas non plus que le temps passe vite, et que même très active, même débordée, il est toujours possible de garder une place pour ces liens à tisser. Tout n’est-il pas question de désir, plus que de disponibilité ? Si vous n’identifiez pas encore en quoi ces liens pourront vous enrichir, vous, au-delà du « devoir » d’assumer votre rôle, creusez, laissez faire, ouvrez grand vos oreilles et vos bras. Vous allez voir, ça va vous rajeunir. »

ça donne envie, non ? C’est l’occasion de créer de nouvelles relations, d’enrichir celles avec ses propres enfants mais en gardant une certaine liberté. Selon le Guide de survie des grands-parents,

63% : c’est la part des grands-mères considèrent que l’arrivée d’un petit-enfant est le départ d’une nouvelle vie. Seul un quart y voit une « approche de la vieillesse ».

60 à 70% : c’est le nombre de jeunes grands-mères (50-69 ans) qui revendiquent une certaine liberté par rapport à la garde de leurs petits-enfants. Si les grands-mères les plus âgées ont à cÅ“ur de dépanner à chaque demande, les plus jeunes penchent plutôt pour le : « Les petits-enfants chez moi, quand je le veux ! »

Je n’ai pas tellement aimé cet ouvrage-là, qui regroupe 80 listes humoristiques sur la vie de grand-parent : des bonnes excuses pour ne pas garder les petits-enfants, des privilèges de grands-parents, des phrases à dire aux petits-enfants (qu’on ne dit pas à ses enfants), etc. Personnellement, je n’ai pas beaucoup ri mais chacun son humour. En revanche, j’ai bien aimé les quelques pages où les auteurs racontent leur nouvelle vie de grands-parents. C’était très touchant ! J’aurais bien aimé que le livre entier soit écrit comme ça. On entre au cÅ“ur d’une belle relation entre des grands-parents et leurs petits-enfants, on lit quelques bons mots d’enfants, on sent l’amour des grands-parents, leur regard positif sur les enfants.

C’est, pour ma part, ainsi que je vois le rôle de grand-parent : être un compagnon de jeu qui transmet aussi des valeurs mais qui n’éduque pas (au sens strict du terme comme c’est le cas des parents).

 

J’espère un jour être grand-mère, j’ai un idéal : être celle à qui l’on se confie, celle que l’on a envie d’aller voir, celle qui fait découvrir autre chose. Pas une deuxième mère pour les enfants, une vraie grand-mère.

Je vous laisse avec ces vers de Victor Hugo (oui, je suis fan) :

Oui, devenir aïeul, c’est rentrer dans l’aurore. / Le vieillard gai se mêle aux marmots triomphants. / Nous nous rapetissons dans les petits enfants. / Et, calmés, nous voyons s’envoler dans les branches / Notre âme sombre avec toutes ces âmes blanches.

Clem la matriochka