bebe-chatJe recherchais un texte, un article sur les relations enfant/animal pour comprendre un peu mieux les avantages et inconvénients auxquels j’exposais ma loupiotte. Et oui, depuis toute petite, ma chère et tendre fille côtoie des animaux et pas dans des lieux aseptisés, mais bien dans une ferme : du plus petit poussin au plus gros cheval que nous possédons.

Je suis tombée sur une interview assez « ancienne » d’un certain Hubert Montagner, directeur de recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), à l’époque de l’interview, en avril 2003. Je ne connais point ce monsieur mais je décide de démarrer cette longue interview Rencontre avec Hubert Montagner faite par Hélène Dufau.

Cet homme explique l’intérêt que l’enfant a à se lier avec un animal pour développer ses émotions et notamment les 6 qu’il considère comme fondamentales :

Dans ce cas, il va pouvoir libérer les 6 émotions considérées comme fondamentales, universelles et innées à l’espèce humaine : la joie, la colère, la peur, la tristesse, le dégoût et la surprise.

En effet, l’animal permet la libération de compétences qu’il nomme compétences-socle.

Il s’agit des compétences qui constituent le socle du développement affectif, émotionnel, social et cognitif. En clair, il y a 5 compétences-socle :
– l’attention visuelle soutenue,
– l’élan à l’interaction
– les comportements affiliatifs
– l’organisation structurée du geste
– l’imitation

5 groupes d’animaux permettent, d’après lui, de développer ces compétences et favorisent une sorte d’apprentissage de l’empathie :

Alors précisément, dans la relation avec l’animal – les animaux familiers, j’entends – il y en a cinq groupes qui peuvent être qualifiés d’animaux familiers, c’est-à-dire le chien, le chat, le cheval, le dauphin, et le perroquet – quand l’enfant est en interaction avec l’un de ces animaux, il peut rester les yeux dans les yeux avec l’animal, sans que l’animal lui-même détourne le regard. Autrement dit. l’enfant peut faire l’hypothèse, peut former l’idée, peut avoir le sentiment, que l’autre l’écoute, que l’autre l’entend, et il peut en même temps formuler des hypothèses ou des certitudes sur ce que l’animal ressent.

Cela m’intéresse d’autant plus qu’à la maison, nous avons deux chats et plusieurs chevaux. Autant vous dire que je vais de ce pas étudier le comportement de ma progéniture avec ces petites et grosses bêtes ! Commençons par nous intéresser aux chats :

Chez les chiens, il y a une quête affective permanente, il y a un élan permanent. Les chats, c’est la même chose. Mais les chats sont des alternatifs, ils ont des temps égoïstes et des temps de dépendance obligée et complète vis-à-vis de l’être humain. Et dans leurs temps de dépendance obligée, ils ont tellement d’élan à l’interaction, qu’ils sont invasifs, qu’ils sont intrusifs, qu’ils sont embêtants, on ne les supporte plus. Mais ils ont un élan à l’interaction extrêmement fort. […] eh bien c’est important qu’ils aient ce partenaire d’élan à l’interaction.

C’est vrai que parfois nos chattes sont invasives, et parfois elles préfèrent qu’on les laisse tranquilles, enfin surtout une. Ma fille a appris à repérer les signaux envoyés par le chat pour stopper les câlins lorsque ceux-ci deviennent dérangeants. L’une d’elle est particulièrement proche par contre et suit ma fille partout, et inversement. Passons aux chevaux : Rania

Avec les chevaux c’est un peu différent. Ils sont plus grands, ils ont une latéralisation des yeux, ils ont une masse corporelle impressionnante, ils ont une tête impressionnante, ce qui crée de la distance, de la distance sensorielle et interactive. Mais quand ils arrivent à s’apprivoiser mutuellement, là le cheval peut avoir des élans à l’interaction tellement forts que si un enfant siffle le cheval va arriver de loin.

Intéressant ! Pour l’instant ma fille de 21 mois ne se sent pas encore à l’aise avec eux, elle n’est qu’au stade de comprendre les poules qui lui faisaient peur il y a peu, et encore, quand le coq chante, on retourne vite dans les jambes de maman !

Mais cette capacité à développer l’empathie, c’est aussi possible chez les adultes, non ?

Avec l’adulte ce n’est pas différent, mais souvent, les adultes qui n’ont pas fait la démarche de s’attacher à un animal particulier vont ignorer les animaux, ou vont même développer des conduites agonistiques liées aux animaux  » qu’est-ce qu’il fait là, il nous emmerde, il n’a rien à faire là « … donc ils ont des a priori très forts par rapport à ça.

Si j’ai bien compris, ma fille, qui a développé un lien très fort avec un de nos chats, sera donc plus apte à développer de nouveau ce type de lien à l’âge adulte ! J’ai moi-même eut beaucoup d’animaux, je me suis beaucoup confiée à eux étant petite. Cette capacité à se mettre au niveau de l’animal pour obtenir de la coopération, je l’ai toujours. Mais les humains me paraissent bien plus complexes…

L’animal présente un avantage, c’est un partenaire qui ne parle pas, ne juge pas, ne trahit pas, ne renvoie pas aux difficultés. Au contraire, il a l’air d’écouter, d’entendre, d’être toujours d’accord. En fait, la relation avec l’animal est anxiolytique. Quand un enfant caresse un chien, on observe une diminution significative de son rythme cardiaque (c’est la même chose pour un adulte).

On appelle ça de la « lapinou-thérapie » chez nous ! En effet, quand nous souhaitons un moment de calme, nous prenons un « saut » de lapereaux et nous les câlinons tous un par un. C’est extrêmement relaxant, apaisant, pour nous, comme pour les animaux. En effet, ceux nés chez nous sont très calmes vis à vis de l’homme, voir recherche le contact avec beaucoup d’insistance, jusqu’à nicher leur tête sous la mesure versant l’aliment ! Double avantage donc ! Tout le monde y gagne !

Mais concernant les chevaux, étant cavalière et éleveuse, cela m’interpelle, cette empathie est nécessaire pour comprendre l’animal et notre posture est tout aussi importante lorsque nous abordons l’animal à pied au en le chevauchant ! Ce sont de véritables éponges à émotions, comme nos enfants au final…

Mais ça dépend aussi si la relation avec le cheval est « à terre » [à pied], si je peux dire ou si c’est dans le cadre du chevauchement. Car le chevauchement est une situation intéressante, parce qu’il y a une sorte de dialogue tonico-postural qui s’instaure entre l’enfant, (si on parle de l’enfant), ou l’adulte, et l’animal. C’est-à-dire que tout se passe comme si à un changement d’allure, à un changement de mouvement de l’animal, l’humain répondait de façon extrêmement ajustée, et réciproquement. Mais si l’homme développe une émotion comme ceci ou comme cela, il va modifier son comportement, et ceci va être perçu par le cheval, qui va s’ajuster. Et alors on va penser que le cheval a compris non pas seulement le message comportemental, mais aussi le sens émotionnel qu’il revêtait.

Je continuerai donc d’apprendre le respect et l’observation des animaux à ma fille. Ils ont tout à nous apprendre. L’un de mes plus beaux moments : le matin, au levé du soleil, parmi les chevaux, comprendre leurs interactions, les liens entre eux et s’intégrer, dans ce silence, sans parole, tout étant dans l’observation de l’autre.

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L’interview parle aussi des « leaders » au sens « ceux que l’on suit naturellement » et de la transposition au monde du travail, de l’entreprise. Elle parle aussi de l’intérêt des animaux dans les classes ou avec des enfants en difficulté.

Marmou

Références :

Hélène Dufau, « Rencontre avec Hubert Montagner », Communication et organisation [En ligne], 23 | 2003, mis en ligne le 27 mars 2012, consulté le 25 juin 2015. URL : http://communicationorganisation.revues.org/2865