Nous terminons la semaine spéciale consacrée au cerveau. Ça tombe bien, j’adore ça… même si je ne suis malheureusement pas très compétente pour vous parler de ce formidable organe. Qu’à cela ne tienne car nous avons à notre disposition de formidables revues de vulgarisation qui mettent en lumière le résultat des études en neuroscience et surtout les conclusions à en tirer pour nos activités du quotidien.
Quand les dites études concernent les enfants, c’est encore plus palpitant. Premièrement parce nous souhaitons tous le meilleur pour eux. Deuxièmement parce que nous avons tous quelques exemples en tête concernant l’école et le système éducatif en général sur la façon dont il gère les jeunes cerveaux en pleine maturation… Certains de ces exemples nous poussent à nous interroger :  les méthodes selon lesquelles on enseigne aujourd’hui correspondent-elle bien aux résultats des études sur le fonctionnement du cerveau ?

C’est à ce sujet que s’attaque l’un des articles du dernier numéro de la revue « Cerveau & Pyscho » (N°68). Ce numéro est consacré aux « intelligences multiples » mais il y a plein d’autres sujets palpitants (dont la couvade, terme désignant la grossesse nerveuse des pères).
Bref, l’article dont je veux vous parler s’intitule « Les intelligences multiples vécues à l’école » rédigé par V. Garas et C. Chevalier toutes les deux impliquées à l’ESPE (Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education).

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De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de repérer, de mettre en avant LA forme d’intelligence PROPRE à un enfant. Car comme nous le savons tous, les enfants ne sont pas tous les mêmes et ils n’ont pas tous les mêmes capacités dans les mêmes domaines.
On présente d’ailleurs plusieurs types intelligences dans un autre article du magazine, selon « la théorie des intelligences multiples ». Notre culture nous a donné une vision tronquée de l’intelligence, celle qui se cristallise autour de la logique et des mathématiques. C’est cette vision tronquée, parcellaire qui est mise en valeur dans le système éducatif.
Plus récemment, de nouvelles formes d’intelligence ont été mises en avant : notamment par le psychologue Howard Gardner de l’université d’Harvard qui n’en évoque pas moins de 8 types:  intelligence musicale, corporelle kinesthésique, logico-mathématique, interpersonnelle, naturaliste, verbale linguistique, intrapersonnelle, visuelle-spatiale. détectées.
Toutes ces formes d’intelligence ont été dans un premier temps, décrites par rapport à des observations comportementales ou des comparaisons de traits de génie, mais elles ont depuis été visualisées au sein du cerveau grâce à l’imagerie cérébrale.

« Ainsi, pour sept des huit intelligences postulées par le modèle, il existe des données d’imagerie cérébrale qui les objectivent… La multiplicité des intelligences est, dans notre cerveau, une réalité ».

Comment exploiter ce résultat ?
Il faut absolument profiter de ces résultats pour s’appuyer sur les points forts de chacun pour atteindre épanouissement et dépassement.

« Le conseil est ici de développer une pédagogie nouvelle et individualisée qui soit informée, au plus près, des avancées récentes de l’imagerie cérébrale »

« Il devient possible de promouvoir à présent une conception dynamique de l’éducation des différentes facettes du potentiel humain »

Il s’avère qu’en stimulant un certain type d’intelligence, celle qui est dominante, on arrive peu à peu via l’interconnexion locale et à large échelle des différents réseaux de neurones au sein du cerveau, à développer les autres formes d’intelligence (celles qui sont plus en retrait). Il y a même une partie de notre cerveau qui s’active pour toutes les formes d’intelligence : une espèce de « carrefour obligatoire ». Bref, il y a moyen, selon les apprentissages de prendre des passerelles et de jongler avec les différents types d’intelligence.

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En pratique, ça donne quoi ?
Il s’avère que certains établissements ont testé une nouvelle forme de pédagogie en mettant en place les résultats de la théorie des intelligences multiples confortée par les résultats de l’imagerie cérébrale.
Ainsi, à titre expérimental dans certains écoles, des enseignants ont mis en place :
– des coins intelligence en classe de maternelle : des jeux de nombres et d’énigme ici, des coins visuels avec des puzzles là, des coins musique ailleurs
– des jeux de collage de photos selon les affinités des enfants pour les classes d’enfants plus âgés.

Des infos complémentaires ICI

Le but de tout ceci est de repérer peu à peu le profil d’intelligence des enfants.

« Ainsi émerge un portrait de classe avec la proportion d’élèves attirés par chaque forme d’intelligence »
« Ce qui permet ensuite à l’enseignant de former plusieurs groupes de travail qui, face à un exercice donné, emploieront chacun leur intelligence de prédilection afin de l’aborder »

Les résultats
Comme on peut s’en douter, les élèves sont en sécurité affective ce qui favorise leur confiance en soi et développe leur capacité d’écoute, leurs réflexes, leur autonomie d’où une plus grande facilité pour glisser vers les autres formes d’intelligence.

« Après un temps consacré aux intelligences qu’il maîtrise le mieux, l’élève peut être amené à aborder l’exercice par le biais d’autres formes d’intelligences qui lui sont moins naturelles »

Les expériences menées en France (ex : Collège François-Villon, à Saint-Fargeau-Ponthierry) sont très positives (voir le document de synthèse de l’ expérience de ce collège ICI). Les relations élèves-enseignants et parents-enseignants sont de plus améliorées… et on le comprend aisément.

« Les relations avec les parents sont bien meilleures car ils leur proposent un regard différent sur leur enfant, une sorte de « lecture » stimulante qui amène tout le monde à s’interroger sur l’élève et à oeuvrer pour sa réussite »

L’article se termine par cette belle conclusion que je ne peux qu’approuver :

 » Les enfants ont tous une force qui peut leur servir de tremplin dans la vie »

Conclusion
Etre à l’écoute des spécificités de chacun, favoriser l’épanouissement avant tout, prouve, encore une fois, qu’il s’agit de la première étape d’un apprentissage fiable et efficace.

Je ne sais pas vraiment si les exemples présentés dans cet article (à lire pour celles et ceux qui en ont la possibilité) vont pouvoir se multiplier ailleurs . Ce n’est peut-être pas très facile à mettre en place, mais je trouve que cela vaut le coup d’essayer ! Quand on voit que dans certains collèges, on en est encore à prôner la punition, l’humiliation dès qu’on est un peu « original »  et que les cas de phobies scolaires se multiplient : il y a de quoi s’interroger.

A voir dans quelques années.

Si vous avez vécu avec vos enfants ou élèves, des expériences ou des exercices basés sur les intelligences multiples : venez nous en parler.

A bientôt, ici ou sur mon blog !

Pascale72