Je me pose une question ! A quoi reconnaît-on une bonne élève ?
Est-ce la fille au cheveux lisse qui sort de l’école habillée comme elle est arrivée blouse toujours dans sa jupe, aucune égratignure, couette de cheval toujours en place et absence de tâches ?
Ou est-ce cette petite fille qui ne tient pas en place parce qu’elle comprend tout vite et a envie de passer à autre chose ?

Nathalie Loiseau directrice de l’ENA nous dit « Nous ne sommes ni meilleures ni pires que les hommes ».
Mais dans l’inconscient collectif on attend beaucoup des filles et notamment qu’elles se comportent comme des filles et qu’elles ressemblent à des filles. La preuve en image dans cette vidéo tournée pour la marque Always, d’une justesse bouleversante.

www.youtube.com/watch?v=XjJQBjWYDTs

Non seulement les filles doivent être bonne élève mais elles doivent faire le job de la bonne élève et remplir leur rôle de bonne élève.

« Si les filles sont rétribuées dans le système scolaire sur leur capacité à se conformer, ce n’est pas le meilleur chemin pour prendre des responsabilités, prendre des risques, oser, être innovant » déclare Nathalie Loiseau.

Non, être conformiste ne permet pas de créer des entreprises, prendre des postes à responsabilités et donc à risque, ni de sortir des sentiers battus en réinventant son propre métier…
Car les bonnes élèves ne veulent pas décevoir. Elles se font discrètes. « Vous êtes bonne élève, tant mieux, vous êtes un problème en moins ».
Elles font le job que l’on attend d’elles.

Bien sûr que le piège se referme sur la bonne élève. Car tout le monde en profite : l’école comme les parents ! Et ils auraient tort de se priver de ce beau cadeau quand ils ont à côté de la bonne élève à gérer « les décrocheurs ou mauvais élèves, qui sont essentiellement des garçons ».

Que faut-il changer ?

Nathalie Loiseau parle de l’apprentissage des compétences et notamment de la prise de parole en public. Elle cite les Etats-Unis en exemple et elle a raison. J’y vis depuis peu et parmi mes 3 filles : 2 bonnes élèves (je m’en sors bien c’est vrai). Une de mes 2 bonnes élèves est aussi la timide de la maison. En 6 mois à peine de prise de parole en public et d’encouragements (« great job !»), elle s’est ouverte comme une fleur.
Je ne sais pas si j’ai gagné au change car elle devenue aussi un peu plus rebelle ;-) mais c’est un bonheur de la voir se révéler, défendre ses idées, et parler plus fort !
Voici l’exercice de la classe qui m’a le plus épaté :
Tour à tour les élèves ramènent une « me box » à la maison et la remplissent d’objets « qu’ils aiment, qui leur ressemblent, qui leur font penser à leur maison ». Ils doivent ensuite présenter à leur classe ces objets en argumentant… Et le résultat est époustouflant pour des enfants de 4/5 ans.

Puis, Nathalie Loiseau évoque « l’évaluation qui ne doit être une sanction ». Cet argument aussi est très américain. Ici les notes ont une vraie importance en High school c’est à dire à partir de la 3ème. Avant, et surtout en primaire, l’essentiel est de faire et de progresser. Il n’est pas rare de donner à l’élève une deuxième chance si son devoir n’est pas à la hauteur.
« Encourager la prise de risque » est sans doute le prochain enjeu de l’éducation et non plus celui du conformisme.
Car la concurrence sur le marché du travail est rude d’autant plus pour les femmes qui sont aussi confrontées aux problèmes d’inégalités hommes-femmes et à leur propre peur de ne plus être « bonne élève ».

Prendre des risques pour la bonne élève c’est déjà commencer par négocier son salaire. 60% des femmes ne le négocient pas. Ce qui contribue à maintenir des inégalités homme-femme tant au niveau salaire (pourquoi payer plus un salarié qui ne le demande pas ?) qu’au niveau quota (ne pas négocier peut être perçu comme un manque de motivation).

C’est aussi se réjouir d’être une femme qui peut aider les autres femmes à ainsi réduire les inégalités.
Nathalie Loiseau a travaillé « sur la composition et la formation des jurys (à l’ENA) pour éviter toute discrimination »

Moi j’ai fait 3 filles pour les quotas ;-)

Et vous ?

Barbara Meyer