Le maternage proximal commence avec un accouchement bienveillant et respectueux de son bébé. Vous l’aurez compris, dans cet article, je vais faire l’éloge de cette normalité qui s’est perdue dans le monde occidental durant les 30 glorieuses. L’industrialisation et le lobby du faux lait en poudre et de la poussette ont eu raison de notre instinct. Ici, on va parler confort de bébé avant de parler de confort de maman, quoique l’un ne peut aller sans l’autre ! Le maternage proximal porte très mal son nom. Rien que le nommer de cette façon, c’est en faire une pratique alternative. C’est d’ailleurs bien souvent le discours des grands magazines et médias comme en témoigne l’article du mois dernier de MèreCruelle : Le maternage proximal entre amour et malaise.  A la fin de cet article, je partagerai aussi avec vous la vision du maternage proximal par le magazine Parents. Attention ca va rire jaune :-)

C’est en rédigeant notre projet de naissance que nous avons compris l’importance de l’accouchement sans douleur pour le bébé. Il existe à présent de nombreuses préparation à l’accouchement qui permettent aux femmes d’atténuer leurs douleurs, mais qu’en est-il de la douleur du nouveau-né ? Pouvons-nous imaginer que l’accouchement soit indolore pour lui ?

Nous vous proposons un éclairage détaillé sur le sujet à l’aide du livre de Frédérick Leboyer « Pour une naissance sans violence ». Nous avons beaucoup aimé ce livre qui permet de replacer le bébé dans le contexte de sa naissance et de ses souffrances. Cet ouvrage nous aide à prendre conscience des gestes et des actes qui sont à notre portée pour faire vivre au nourrisson une naissance plus douce et moins violente.

Les extraits cités dans cet article viennent tous du livre de Frédérick Leboyer « Pour une naissance sans violence« .accouchement sans douleur

Quelles sont les douleurs du nouveau-né lors de sa naissance ?

L’enfant vient de passer 9 mois (ou presque) dans un univers chaud (37°), silencieux, plus ou moins obscure. Il a été bercé par le rythme de sa maman, il n’a manqué de rien car il était alimenté selon ses besoins de manière continue.
Et tout à coup, voici le moment de sortir et de se retrouver dans un nouveau monde :

  • Froid : il ne fait pas plus de 22° à 23° dans une salle d’accouchement,
  • Bruyant : la maman, le papa, et l’équipe médicale peuvent représenter au moins 5 à 6 personnes, voir plus dans certains hôpitaux,
  • Très lumineux : observez l’éclairage souvent intensif d’une salle d’accouchement. Est-il approprié à des petits yeux ayant passé 9 mois dans une quasi obscurité ?

Il est possible de demander, souvent à l’aide d’un projet de naissance, un éclairage tamisé lors de l’arrivée de l’enfant et un niveau sonore ambiant le plus bas possible.

Mais qu’en est-il des autres douleurs ? Celles qui sont plus subjectives ?

Le déclenchement de l’accouchement

Lorsque l’accouchement est déclenché (en dehors de pathologies particulières et des causes d’urgences) l’enfant va subir de plein fouet l’expulsion de son abri si confortable et si douillet. Respecter le rythme de l’enfant, c’est commencer par attendre le moment où l’enfant se sent prêt à naître. A ce moment là, il le fera savoir et saura se manifester.

L’idée que l’on se fait en général de la naissance est que l’enfant n’y prend aucune part personnelle. On le voit passif et subissant son expulsion. La mère fait tout le travail, ou plutôt la contraction utérine. Il n’en est rien. Les Grecs pensaient avec Hippocrate que l’enfant cherchait à naître. Ils disaient que, vers la fin de la grossesse, l’enfant sentait ses vivres s’épuiser. Pour se sauver, il lui fallait fuir la caverne qui l’avait, jusque-là abrité.[…] Les Anciens avaient pressenti la vérité. On sait, aujourd’hui, que c’est dans le corps de l’enfant qu’apparaît l’hormone responsable du déclenchement du travail.

La section du cordon ombilical

Le cordon ombilical ne doit pas être coupé trop tôt (sauf en cas d’étranglement ou autres cas particuliers)

Pour l’enfant le bienfait est considérable. Selon que le cordon est coupé immédiatement ou quand il a cessé de battre, l’expérience que fait le bébé de son entrée dans le monde, […] le sentiment qu’il a de son nouvel état, le goût qu’il aura de la vie, est tout différent. Couper le cordon immédiatement c’est priver brutalement le cerveau d’oxygène. A quoi tout l’être réagit avec la violence que l’on sait : panique, agitation frénétique, hurlements déchirants, angoissants. Nous avons créé le plus magnifique des stress ! Contre cette agression tout le système de défense s’est déclenché. Si l’on veut s’assurer que le système d’alarme fonctionne, c’est parfait.

Couper le cordon ombilical lorsqu’il cesse de battre est encore une façon de respecter le rythme de l’enfant dès sa naissance. Car ce cordon aide l’enfant à prendre ses repères dans le nouveau monde qui s’ouvre à lui.

Combien différente, combien douce l’entrée dans la vie si le cordon est respecté. A aucun moment le cerveau n’est privé d’oxygène. Il en reçoit, au contraire, de deux côtés. Sans agression, pourquoi le système d’alarme se déclencherait-il? Pas de stress. Partant, pas de panique. Un passage harmonieux, progressif d’un monde dans un autre monde. Le sang, pour sa part, change de route sans heurt. Les poumons ne sont débordés à aucun moment. Pas plus du dehors que du dedans. Quand l’enfant sort, il pousse un cri. La cage thoracique, jusque-là comprimée à l’extrême et que, brusquement, plus rien n’entrave, s’est ouverte. Un vide s’est crée. L’air s’y est engouffré. C’est la première inspiration. Laquelle est acte passif. C’est aussi la brûlure. Blessé, l’enfant répond en expirant. Il chasse l’air furieusement. C’est le cri.

Pour plus d’information sur le cordon ombilical, nous vous suggérons de lire l’article quand couper le cordon ombilical sur notre blog Famille Epanouie :-)

Le passage d’un monde à l’autre

Lorsque l’enfant sort du ventre de sa maman, il est souvent très (trop) rapidement examiné sous tous les angles. Ces propos peuvent être relativisés car ces dernières années on remarque une prise de conscience des bienfaits du peau à peau immédiat qui se manifeste par un décalage des examens après le peau à peau. Cependant, il est toujours bon de rappeler que le peau à peau, avec la maman ou le papa (si la maman ne peut pas le pratiquer) est bon pour l’enfant.

Il sort… […]Et on le dépose directement sur le ventre maternel. Quel endroit conviendrait mieux pour recevoir l’enfant ? Ce ventre de la femme, il a la forme, il a la taille exacte du bébé. Bombé l’instant d’avant, creux maintenant, il semble attendre, comme un nid. En outre, sa tiédeur, sa souplesse, le fait qu’il monte et redescende au rythme de la respiration, la douceur, la chaleur vivante de la peau, tout en fait par excellence le lieu où déposer le nouveau-né.

La position de l’enfant en peau à peau

Le bébé vient de passer 9 mois enroulé sur lui-même. Il est très important de ne pas brutaliser son petit corps et de le mettre dans une position qui lui permettra de se mouvoir à son rythme et à sa façon.

Jamais directement sur le dos! Ce serait redresser, déployer d’un coup cette colonne qu’il a fallu des mois pour courber.[…] Laissez l’enfant dérouler son dos comme il l’entend.[…] Aussi, le mieux est-il de déposer l’enfant à plat ventre, jambes et bras repliés sous lui. C’est la posture ancienne, familière. Elle permet à l’enfant d’évoluer, à son allure, vers l’ouverture, l’étirement, l’allongement.

Faut-il que le nouveau-né crie à sa naissance ?

Grand débat qu’est celui du cri de l’enfant à sa naissance. Nous sommes persuadés qu’un cri physiologique doit être poussé au moment où l’enfant va prendre sa première inspiration.

Quand l’enfant vient au monde, il faut qu’il crie ? Sans aucun doute. Mais pourquoi faudrait-il qu’il sanglote ?

Cependant, il doit s’agir d’un cri ou deux, car une fois sur le ventre de sa mère, l’enfant n’a plus de raison de crier.

Oui, il faut que l’enfant crie. Il importe même que le cri soit ce qu’on appelle un bon cri. Sonore, vigoureux. Un cri franc auquel tout le corps du bébé participe.[…] Un cri. Ou deux. Et c’est plus que suffisant. Ensuite, il faut qu’il respire. Ou que les cris soient cris de force, de vitalité, de satisfaction. Et non cris de douleur, d’angoisse, de terreur, de désolation.

Nous voudrions terminer cet article par une très belle citation de Lao Tseu.

Quand il arrive au monde l’homme est souple et sans force. Et, une fois mort, le voilà dur et raide. Les roseaux, les arbres, petits, plient, sont fragiles. Devenus grands, ils sont secs et cassants. Et meurent. C’est que la force et la dureté vont avec la mort. La docilité, la souplesse sont amies de la vie. La force, en vérité, n’a jamais rien conquis.

Comme promis, voici la vision et le regard du magazine Parents sur le maternage proximal. Un avant-goût avec ces expressions bien choisies: « hyper mères », « maternage intensif », « hypermaternantes », « pratique qui a émergé outre-Atlantique », ‘une hyper maternité vécue en quelque sorte comme un refuge dans un monde en crise et plein d’incertitudes » …

Fabien du blog Famille Épanouie