Il y a quelques semaines, j’ai lu un livre bouleversant dont je souhaitais parler. Il s’agit du livre de Maude Julien : « Derrière la grille ». Cette autobiographie raconte l’enfance innommable de l’auteur. Une enfance bien au delà des douces violences et la violence éducative ordinaire. Ce témoignage édifiant nous montre à quel point l’emprise peut nous conditionner, et en même temps, il offre un message d’espoir sur la possibilité que l’on a de reconquérir sa liberté émotionnelle après avoir vécu un tel drame. Ce livre nous fait prendre conscience de la bonté innée de l’esprit de l’enfant et à quel point nos chères petites « têtes blondes » sont naturellement bien intentionnées. Malgré les épreuves que son père lui fera subir, elle ne cessera de se raccrocher à des détails, des livres, des animaux qui lui permettront de continuer à se sentir vivante et surtout lui insuffleront le courage et la volonté nécessaire pour en finir avec cette emprise.
Le Larousse propose la définition suivante de l’emprise :
« Ascendant intellectuel ou moral de quelqu’un ; influence de quelque chose sur une personne »
J’ai choisi de vous parler de ce livre parce qu’il met en lumière le fait que l’on est influencé par l’éducation que l’on a reçu étant enfant. Nous sommes tous sous l’emprise de ce que nous avons reçu, de nos préjugés, de nos acquis, de nos idées reçues. Et ce, qu’ils soient positifs ou négatifs. Maude Julien a subi des actes qu’heureusement la plupart des enfants ne subissent pas mais elle a su retrouver sa liberté émotionnelle au bout d’un long travail de reconstruction. Elle s’est cependant sentie très longtemps « enfermée derrière les « grilles » du conditionnement ».
Alice Miller, dans son livre « C’est pour ton bien, racines de la violence dans l’éducation de l’enfant » pose la question suivante :
Que pouvons-nous faire pour nos enfants à partir du moment où nous avons constaté que nous étions sous l’emprise d’une compulsion de répétition ?
A travers cet article, j’aimerais porter l’attention sur deux points :
- Prendre le recul nécessaire à l’analyse de l’éducation que l’on a nous même reçu.
- Essayer de voir en quoi nous agissons sous l’emprise de la répétition avec nos enfants et surtout de savoir si ces comportements répétés sont bons pour nos enfants.
Je tiens à préciser, pour ceux qui ont lu le livre de Maude Julien et/ou ceux qui vont le lire, qu’il s’agit d’un cas très extrême. Je ne souhaite pas du tout créer d’amalgame entre « l’enfance standard » de la plupart des petits français et le cas de l’auteur. Ce livre m’a simplement éclairé sur le fait qu’il n’est pas facile de se détacher de l’éducation que l’on reçoit étant petit pour créer sa propre relation avec son enfant.
Quel type d’éducation avons nous reçu ?
Je pense qu’il y a autant de parents et d’enfants qu’il y a de type d’éducation différente. C’est souvent un sujet très sensible que de « remettre en cause » l’éducation que l’on a reçu. Dans la plupart des cas on aime très fort ses parents, on les admire et on ne souhaite pas leur causer de peine en leur disant qu’ils auraient pu agir de manière différente.
Cependant « remettre en cause » n’est pas forcément négatif, nous pouvons porter un regard constructif sur les choses dont on se souvient avec amour et tendresse, et mettre d’un autre côté les choses que l’on a moins apprécié.
Il est souvent très intéressant d’observer les traits de caractères et les réactions de nos propres parents pour se rendre compte, inconsciemment, qu’il nous arrive de les reproduire à l’identique. N’avez-vous jamais entendu votre conjoint(e) vous dire : « On dirait ton père / ta mère ! » :-) Et alors ? Ce n’est pas un défaut ! ;-)
Cependant, il est intéressant de prendre conscience de cela pour ne pas reproduire les situations avec lesquelles nous n’étions pas à l’aise étant enfant.
Il faut aussi garder à l’esprit qu’il n’y a pas que de mauvaise façon de faire mais qu’il n’y a que de bonnes façon de s’informer !
Avoir son propre schéma d’éducation
Vous êtes à présent parent et vous voulez offrir à votre enfant le meilleur accompagnement possible ? Le type d’éducation que vous avez eu étant petit peut alors ressurgir du passé.
C’est le moment pour avoir une discussion avec votre conjoint(e). Il est important de définir à deux la manière dont vous voulez accompagner votre enfant. Pour cela, vous allez sûrement vous informer, glaner des informations à droite et à gauche, entendre les avis de vos proches. A travers tout cela, il faut arriver à se faire sa propre opinion, son propre raisonnement. Et c’est souvent à ce moment là que l’on confronte ces « nouvelles » idées avec l’éducation que l’on a reçue.
Pour certains parents, l’éducation qu’ils ont reçu les a entièrement épanouie et il leur semble bon de reproduire la même chose. Le choix d’une parentalité positive et bienveillante s’impose alors de lui même et se met en place de manière naturelle. Dans d’autres cas de parentalité, l’un, l’autre ou les deux parents souhaitent aborder un mode d’éducation différent de celui qu’il a reçu pour leur enfant. C’est ce deuxième cas de figure qui est plus compliqué car pour y parvenir il faudra alors faire un effort pour se détacher de l’emprise de la compulsion de répétition.
Gardons en tête qu’avec de la bonne volonté et l’information nécessaire tout devient possible ! La façon dont nous éduquons nos enfants aura une influence sur les hommes et les femmes qu’ils deviendront et influencera également le mode d’accompagnement qu’ils choisiront pour leurs enfants.
C’est un sujet sensible et délicat, mais tellement important pour ceux qui font le choix d’une parentalité différente de celle qu’ils ont reçu. Il faut apprendre à se déculpabiliser, à accepter ses erreurs et surtout, se laisser du temps pour obtenir les résultats attendus.
A très bientôt
Amélie du blog Famille Épanouie
Merci pour ce bel article qui me parle. Il n’est en effet pas simple de se déconditionner puisque nous avons intériorisé ce qui nous a été transmis. Il faut alors identifier le comportement problématique, puis créer quelque chose de neuf à la place.
Les choses peuvent aussi être complexe quand ce qui nous a été transmis, l’a été dans une bonne intention (d’où la difficulté de « remettre en cause »). Il faut alors garder l’intention mais changer de stratégie :-).
Merci beaucoup de ta contribution!!! Et pardon de mon retard à la commenter…
Deux remarques:
– Pourrais-tu nous mettre un extrait du livre que tu analyses? C’est tout à fait le genre d’ouvrage dans lequel je n’ai pas toujours le courage de me plonger (coucou mon hypersensibilité…) et je ne pense pas être la seule. Un extrait pourrait nous permettre de mieux réaliser le ton et le positionnement qu’à choisit l’auteur pour témoigner.
– Quand tu dis en fin d’article « Pour certains parents, l’éducation qu’ils ont reçu les a entièrement épanouie et il leur semble bon de reproduire la même chose. Le choix d’une parentalité positive et bienveillante s’impose alors de lui même et se met en place de manière naturelle » cela m’interpelle… Est-on toujours en mesure de savoir si l’éducation qu’on a reçu nous a « épanouit » ou non? Combien pour dire qu’ils ont reçu des fessées (ou autres violences/brimades) étant enfant et que cela ne leur a pas fait de mal? Est-ce qu’on ne devrait pas TOUS s’interroger sur l’éducation qu’on a reçu, est-ce qu’on ne devrait pas TOUS remettre en question (constructivement j’entends) cette éducation, ne serait-ce que pour se libérer de l’emprise dont tu parles. Emprise généralement pas acquise dans le contexte d’une volonté de contrôle de l’enfant mais peut être juste liée à la position inégale de l’enfant vis à vis de l’adulte et de sa perception émotionnelle différente inhérente à sa construction?
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