Avant de devenir mère, j’avais hérité, plus ou moins consciemment, de principes ou à tout le moins d’opinions sur la façon d’élever un enfant. Je me les étais forgés parfois un peu « dans le vent », pour la plupart certainement par mimétisme ou opposition au regard de ceux de mes parents.
En devant mère, j’ai découvert l’envers du décor : s’adapter à son enfant, pour une part ; déceler de tous nouveaux ressentis d’autre part, des envies et des certitudes nouvelles, étroitement liées au petit être qui occupait dès lors mes jours et mes nuits. J’étais conquise, angoissée, dévouée à son bien-être mais aussi, souvent, en proie au doute quant à certains choix ou façons de faire. Parfois écrasée par le poids de la responsabilité, la conscience extrême de l’impact des décisions à prendre.
Dans ces moments-là , chacun trouve ses réponses – qui ne sont d’ailleurs pas forcément définitives – en s’appuyant sur ce qu’il peut / veut : l’expérience de la génération précédente, les conseils d’autres jeunes parents, des lectures, le seul « feeling », …
Parmi toutes ces pistes, des raisons tout à fait valables nous permettent de trancher : parce qu’un choix nous convient, parce que nous déterminons une chose comme meilleure, nous pouvons chercher à lui adjoindre un qualificatif légitimant : cette chose est « naturelle » ; ou bien elle paraît en adéquation avec la société dans laquelle nous sommes, or il est logique de « vivre avec son temps« .
Sur le cheminement de la vie où nous sommes destinés à accompagner nos enfants aussi longtemps que possible – même si d’une manière évoluant avec le temps – nous aurons à poser des actes. Souvent beaucoup plus nombreux que nous ne l’avions imaginé. Et ce, d’autant plus que nous vivons dans une société « libre ».
Vivre dans la société ou revenir à une nécessaire nature ?
L’option, par exemple, de vivre au cÅ“ur de la société, démêlant en son sein ce qui nous souhaitons en accepter et ce que nous préférons écarter, ou bien la détermination de nous en éloigner autant que possible dans une ambition de retour aux origines et de « liberté totale ». Parce que l’on éprouve un besoin beaucoup plus fort de proximité avec la nature, de vie autonome, d’affranchissement des diktats et des contraintes qui constituent le pendant de l’abondance… C’est le choix mis en évidence par Dechairetdelait, qui nous présente le film La Vie Sauvage. Un long-métrage retraçant le parcours vrai d’un père ayant choisi de conduire ses enfants sur le chemin d’une vie anti-conformiste. Une vie qu’ils devront surtout vivre cachés, dans la mesure où le père n’aura pas respecté le jugement concernant la garde de ses enfants. Un choix aux motivations légitimes mais qui conduit à une solution finalement d’une grande violence puisque ses deux jeunes enfants ne reverront leur mère qu’11 ans après.
Alors, est-il naturel d’être privé de l’un de ses deux parents – quand tous deux souhaitent participer aux soins et à l’éducation de leurs enfants – pour la seule raison de vouloir pallier le manque cuisant de lien entre notre société actuel et la nature ? De chair et de lait ne prend pas partie mais formule de façon pertinente un certain nombre des questions soulevées par cette histoire.
Au père qui voulait leur offrir la liberté, le fils reproche d’avoir fait d’eux des prisonniers.
Où est-on le plus libre : en-dehors de la société, en se privant de nombreuses choses – à commencer par un panel plus large d’interactions humaines ; ou à l’intérieur d’elle, en tentant de filtrer et d’ajuster, pour nos enfants, les messages, les actes comme les images qui leur sont délivrés ?
Soumettre la culture à notre nature profonde
Etre une fille d’avril nous a ainsi dévoilé les extraits d’un ouvrage proposant une approche raisonnée de la question des écrans et des enfants, organisée par tranches d’âge. A l’heure du numérique et des écrans omniprésents, la question n’est plus de savoir si on souhaite y soumettre nos enfants mais plutôt comment le faire, au regard de nos convictions profondes. Parce qu’il n’est pas « naturel » ni souhaitable de passer plusieurs heures par jour assis face à un écran – que l’activité soit passive ou interactive – peut-on pour autant les bannir, au risque d’handicaper nos enfants dans leur vie future (ne serait-ce que professionnelle) ?
Alors que notre culture et le mode de vie actuel des humains exigent qu’ils soient présents sur de nombreux fronts…
Beaucoup de parents font le choix de la télévision « nounou ». Elle les dépanne lorsqu’ils doivent gérer en urgence la crise de colère d’un plus grand, passer un coup de fil important, préparer le dîner… Dans ce cas, mieux vaut avoir le réflexe DVD.
Tous les produits de notre culture d’aujourd’hui sont-ils nuisibles ? Nous pouvons certainement combiner la connexion indispensable à la nature et à notre Terre avec les usages et connaissances de notre époque. Mais ce n’est pas simple, De chair et de lait concluait d’ailleurs ainsi son article.
Je trouve étonnant qu’il y ait des cours d’informatique à la maternelle et au primaire alors que quoi qu’il arrive les enfants apprendront à se débrouiller avec un clavier… mais je doute que beaucoup soient emmenés par leurs parents se balader dans la nature. Moi-même qui y apporte beaucoup d’importance et habite à la campagne, j’ai du mal à trouver le temps dans des semaines très rythmées ne laissant finalement que peu de temps pour les loisirs quand l’école monopolise tant d’heures dans la semaine…
Arbitrer entre nature et culture constitue ainsi un questionnement permanent ; un numéro d’équilibriste quotidien, d’autant plus délicat lorsque nous faisons ces choix pour autrui, pour les êtres encore influençables que sont nos enfants. Mais, ô joie, nous avons tout de même une certaine latitude. Nous nous en saisissons donc et définissons les contours de notre liberté… jusqu’à ce qu’elle se heurte à celle des autres. Nos enfants sont un jour amenés à appréhender les conceptions d’autrui, nous fournissant de belles occasions de réflexions et mises en perspective… Mais que se passe-t-il lorsque les vérités d’autrui questionnent notre décision même de procréer. Un acte « naturel » s’il en est…
Quand la culture nous offre le choix… de devoir nous justifier
Nous avons aussi, aujourd’hui, un acquis considérable, qui est celui de la planification des naissances. Un pied de nez à la nature, un pas de géant pour les êtres cultivés que nous sommes, une liberté de corps et d’esprit pour les représentantes de l’espèce chargées de la procréation, les femmes. Mais puisque le choix est possible, alors il devient « discutable », au sens premier du terme. Si l’on peut choisir – dans une certaine mesure – le moment ou l’on veut faire un enfant, il n’est plus de place pour la fatalité (tout rapport sexuel n’entraîne plus forcément de risque de grossesse) ; mais il y en a une grande pour les avis de tous…
Mamanuages nous a raconté son vécu et sa vision de la maternité – choisie – à 20 ans. Elle questionne un article de Psychologies Magazine à l’approche quelque peu réductrice sur le choix de la parentalité que l’on considère aujourd’hui comme « précoce ». Alors qu’avant la légalisation puis la généralisation de l’accès à la contraception, 20 ans était un âge largement « mûr » pour enfanter (si on n’avait pas déjà plusieurs enfants). On peut considérer que la nature régnait alors…Tandis qu’aujourd’hui, en substance, la jeune femme de 20 ans qui fait sciemment un bébé a un compte à régler avec ses parents, nous susurre l’article cité par Mamanuages. Les possibilités offertes par la culture influent notre façon de penser la norme sur ce sujet…
Et puis j’ai essuyé les commentaires et les remarques des autres. Ou l’infirmier qui me demande l’âge du père et lorsque je réponds qu’il a 30ans on me dit « Ah, ça va alors » l’air soulagé qu’il y ait au moins un adulte dans cette histoire. On m’a dit que c’était une « connerie » et ce même au sein de ma propre famille. Être mère à 20 ans, c’est faire un choix qui n’est pas simple à assumer. Et dans une société qui prône la tolérance, en réalité les esprits sont que trop formatés.
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Alors est-on plus libre en bénéficiant d’un choix que nous devrons sans cesse justifier et réaffirmer ou en étant soumis à la nature, vivant sous le joug de phénomènes qui ne peuvent, au moins, nous être reprochés ?
S’il y a une personne qui n’a pas eu à justifier de son choix c’est bien madame Ming. Madame Ming c’est l’héroïne du roman d’ Eric Emmanuel Schmitt intitulé « Les dix enfants que Madam Ming n’a jamais eus  » et que je vous invite à lire. C’est un conte philosophique d’une chinoise qui vit dans l’empire du milieu et qui échappe à la dictature de l’enfant unique en se créant une famille de 10 enfants .elle vit de manière très heureuse de son statut de dame-pipi dans un grand hôtel après avoir été congédiée de son statut d’ouvrière dans une usine de jouets. Pour un résumé du livre et des appréciations je vous laisse regarder http://www.critiquelibre.com, en espérant que l’une d’elles vous donnera l’envie de lire ce court roman plein de sagesse.
Personnellement je pense que pour être libre il faut vivre la pleine conscience de son temps et de ses actes et ne pas laisser le temps nous les dicter. Plus facile à dire qu’à faire.
Et pourquoi tu ne le présenterais pas dans une contribution sur les VI?? ;)
Bravo pour ce beau texte!! Quel boulot de synthèse!! Merci!!
Bravo pour ce debrief ! Quel travail ! Un debrief passionnant !
Merci beaucoup au fait !
J’ai adoré l’écrire et challenger mes neurones en effet ;-)
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