15 octobre : journée internationale du deuil périnatal

Une nouvelle fois j’aborde ce thème, non pas que ne pense qu’à ça, vraiment pas, mais que j’ai peu de temps pour lire depuis un bout de temps et que je suis amenée de par « mon » association à me documenter un peu plus sur ce sujet.

Hier, le 15 octobre, c’était la journée internationale du deuil périnatal.

Pourquoi une journée ? Pour promouvoir le besoin de casser ce tabou qui poursuit les parents vivant ce deuil très particulier de par son mode de fonctionnement : comment une personne avec qui on n’a pas vécu -ou quasi pas- peut elle nous manquer ? Et qu’à partir de combien de temps partagé on « devrait » avoir le droit de mal vivre cette perte ? De mon expérience, j’ai réalité il y a pas mal de temps que finalement le problème de fond ça n’est pas que c’est la mort d’un bébé… mais c’est la mort tout court …

Car si on y réfléchit bien, quelque soit le moment où la personne meurt les gens ont toujours une bonne réponse à fournir … Un enfant malade, c’est mieux pour lui, handicapé c’est pareil voire pire, un adolescent qui meurt dans un accident ? L’avait il cherché ? avait il bu ? un adulte meurt d’une maladie : c’est mieux comme ça, il souffrait trop. Une personne âgée : elle a eu une belle vie … donc dans tous les cas oui le droit de pleurer est accordé, mais pas trop longtemps. C’est normal au fond, la vie reste la plus forte et cet instinct de survie est essentiel pour ne pas partir dans la dépression : je me rappelle, dans mon deuil à moi, d’avoir déjà dit que stop ! je ne voulais pas en parler car je ne voulais pas être « que ça » ! Mais pour autant c’est très difficile de trouver le juste milieu… et seule la personne peut définir SON bon timing !

La mort aujourd’hui est un problème dans notre culture. Pour autant, sans mort, pas de vie. Donc finalement, cette considération des choses est très propre à notre culture. Moi qui vis en Moselle je vois déjà une considération différente du reste de la Lorraine sur les cimetières : ici (et encore plus quand on va vers l’Alsace) à la Toussaint les gens s’y retrouvent, passent du temps au cimetière pour nettoyer les tombes, dans mon métier de fleuriste j’ai passé du temps à livrer à la Toussaint des fleurs sur des tombes et paradoxalement ce jour de la Toussaint les cimetières sont des lieux on ne peut plus vivant, voire festifs !

Je rêve parfois qu’on ait une vision proche du culte de la Santa Muerte comme au Mexique

Santa Muerte, une sainte pas très catholique

« La tête de mort, loin d’être un symbole macabre, est festive, et les Mexicains s’offrent des pâtisseries sucrées en forme de crâne le lendemain de la Toussaint. Mais depuis peu, la mort est érigée en icône dans des chapelles improvisées à travers le pays. Des pèlerins s’y rendent pour y déposer des offrandes (comme des fleurs, des petites robes de mariée, et même des cigares) en échange de sa protection et son soutien. »

Ce qui est intéressant, c’est que l’article mentionne le fait que l’église catholique est contre ces pratiques païennes !

Le fait que l’on soit tous égaux face à la mort, riches ou pauvres, est vu par les anthropologues comme une explication de ce culte qui gagne des voix au Mexique : dans un pays en crise, les gens, surtout modestes, ont besoin de nouvelles croyances pour trouver des réponses qu’ils ne trouvent pas dans leurs prières à Dieu.

Une vision positive de la mort, car elle fait partie intégrante de notre vie. Est ce trop demander ? Alors forcement je parle avec de l’eau qui a coulé sous les ponts depuis la mort de mon fils. Mais si parler de la mort était plus simple, vivre un deuil resterait il aussi désespérant ? Dans notre société c’est considéré comme malsain voire pathologique que d’en parler des années après, même si on en parle simplement, sans larmes ou même sans trop d’émotion. Est ce normal ?


Malgré tout les choses se font peu à peu sous nos contrées. Des livres existent, mais aussi des livrets sont édités pour aider d’une part les parents à faire face à ce deuil d’un enfant, à faire des fois des choix alors que notre cerveau est incapable de réfléchir en si peu de temps pour trouver les meilleurs choses à faire, à choisir ! Ces livrets n’offrent pas des réponses toutes faites, mais juste un soutien, ils proposent.

D’une part, l’association Vivre son Deuil propose un livret « Processus de deuil et relations avec l’entourage » suite au décès d’un tout petit :

Ce livret est relativement dense, mais très intéressant, en le lisant, je me suis souvent dit « ah ! mais je comprend mieux pourquoi j’ai vécu les choses comme ça ! ». C’est rassurant de voir écrit noir sur blanc  que ce que l’on ressent n’est pas « anormal » dans la situation anormale que l’on vit qui nous pousse dans des extrêmes !

Cependant, je ne pense pas que ça soit le mieux à lire à ce moment là, le lire quelque temps après … Après ça dépend de chacun surtout. Le livret est court (une 40ne de pages), et ce que j’y aime particulièrement est la bibliographie très riche proposée en fin de livret, pour tous les âges des enfants pour parler avec eux de la mort et du deuil.


La société de Thanatologie a édité un livret sur un sujet qui souvent met mal à l’aise : Comment parler de la crémation avec mon enfant ? Parler du devenir du corps est souvent compliqué, car on entre dans des questions techniques, d’autant que parler de « brûler » un corps est difficile. Et ça force les parents ou famille à devoir se mettre face à leur propre rapport à la mort, et au corps mort. Ainsi ce livret qui se présente sous deux côtés : un côté à destination des enfants « La crémation c’est quoi ? » et l’autre à destination des parents « Comment parler de la crémation avec mon enfant ?« .

Les textes sont en alternance avec des superbes illustrations de Xavière Devos et propose des textes clairs, simples et précis pour répondre aux questions les plus fréquentes (faut il en parler ? Comment rassurer l’enfant ? Comment expliquer ? …) .

On précise du coup qu’il est nécessaire de parler de « crémation » et non pas « d’incinération« , vu que le terme « incinération » est utilisé pour les déchets ! Il est important pour les personnes concernées d’avoir une distinction claire sur le traitement d’une personne décédée.

Un autre livret sera prochainement édité pour aborder l’inhumation, sous la même forme.


L‘association Petite Emilie propose un livret de référence dans le milieu du deuil périnatal : Interruption Médicale de Grossesse et deuil périnatal.

Ce livret est LA référence du fait qu’il est parmi les plus adaptés pour agir dans l’urgence : celle de l’img que l’on va devoir pratiquer notamment. Lorsqu’on a quelques jours ou semaines pour se poser ces questions. Le livret donne des réponses très concrètes sur les aspects légaux, administratifs.

Il est court, 30 pages, dense et se lit très facilement. C’est une aide précieuse, j’aurais aimé vraiment y avoir accès à l’époque. Ce que j’y aime, c’est le fait que ici et là ils abordent des sujets que les parents vont des fois avoir du mal à aborder, par peur de choquer (prendre des photos ou pas, faire un faire part ou pas, etc..) et l’idée qu’ils renvoient est qu’il n’y a rien de normal ou anormal, que c’est VOTRE ENFANT, c’est vous les parents, donc c’est à vous de voir ce qui vous convient et peur vous aider au mieux pour vous enraciner dans cette parentalité particulière.


Tous ces livrets sont faciles à commander en ligne et peu onéreux. Certaines maternités en ont parfois, mais c’est très aléatoire.

Ainsi, on remarque souvent que lorsqu’un parent vit un tel événement, il cherche des supports divers (groupes de parole, internet, livres..) pour gérer cette situation, se sentir moins seul… trouver des réponses, ou au moins partager sur le sujet avec des personnes avec lesquelles il sait qu’il se sentira compris et surtout pas jugé, ni qu’il ne recevra des « tu devrais… » qui font souvent du mal. Ces livrets peuvent être aussi pour les proches, les familles qui sont désarmés et ne veulent surtout pas risquer de faire du mal par maladresse. Une ressource de plus peut toujours aider.

MamanDragon

2 réflexions sur “15 octobre : journée internationale du deuil périnatal

  1. Merci beaucoup de cette contribution sur un sujet si difficile, si tabou et que tu traites avec tant de justesse! Merci pour toutes ces ressources qui aideront, j’en suis sûre, beaucoup de parents confrontés à ce drame.

  2. Pingback: Trouver des ressources fiables : le défi des parents d’aujourd’hui {Mini debrief} | Les Vendredis Intellos

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