Voici (à quelques détails près de mon cru) le titre d’une récente tribune parue dans le journal Libération, dans lequel son auteur entend dénoncer un type de préjugé fort répandu (quoique la majorité d’entre nous s’en défende) et qui selon lui participe activement à la reproduction des inégalités scolaires:
Dans le fond de l’air, la question de l’effort revient comme un leitmotiv, sous-entendant que les enfants de maintenant seraient moins méritants qu’avant. Alors, si l’échec est d’abord ce manque d’effort déployé par un individu, posons la question : «Les enfants de pauvres sont-ils fainéants ?». Si oui, alors ils n’ont que ce qu’ils méritent. Sinon, il est scandaleux et injuste qu’ils soient les premières victimes de la production d’échec scolaire massif de notre système éducatif.
Les inégalités générées par le système éducatif français ne sont un mystère pour personne comme le pointent tous les trois ans et depuis plus d’une décennie les enquêtes PISA. La dernière édition en particulier montre des résultats édifiants (c’est moi qui souligne):
En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans la plupart des autres pays de l’OCDE ; le niveau de performance en mathématiques y reste toutefois dans la moyenne des pays de l’OCDE. L’augmentation d’une unité de l’indice PISA de statut économique, social et culturel entraîne une augmentation du score en mathématiques de 39 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, et de 57 points en France, soit l’augmentation la plus marquée de tous les pays de l’OCDE.
Le système d’éducation français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était 9 ans auparavant et les inégalités sociales se sont surtout aggravées entre 2003 et 2006 (43 points en 2003 contre 55 en 2006 et 57 points en 2012). En France, lorsque l’on appartient à un milieu défavorisé, on a clairement aujourd’hui moins de chances de réussir qu’en 2003.
Les élèves issus de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté. La proportion d’élèves issus de l’immigration se situant sous le niveau 2 en mathématiques lors du cycle PISA 2012 ne dépasse pas 16 % en Australie et au Canada, mais atteint 43 % en France et globalement plus de 40 % uniquement en Autriche, en Finlande, en Italie, au Mexique, au Portugal, en Espagne et en Suède. Même après contrôle du milieu socio-économique, en France, les élèves issus de l’immigration accusent des scores inférieurs de 37 points à ceux des élèves autochtones, soit presque l’équivalent d’une année d’études (contre 21 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE).
En France, les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé n’obtiennent pas seulement des résultats nettement inférieurs, ils sont aussi moins impliqués, attachés à leur école, persévérants, et beaucoup plus anxieux par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE.
Depuis Bourdieu, on le sait: l’école telle qu’elle existe aujourd’hui en France valorise et reproduit l’élite sociale pré-existante. Essentiellement parce que le système de sélection scolaire repose sur les valeurs de la classe dominante (en d’autres termes: la partie aisée financièrement et/ou éduquée culturellement de la société), considérées comme « naturellement » meilleures. Ce présupposé, en large partie inconscient, favorise ainsi les enfants qui apprennent à reconnaître ces valeurs dès la naissance dans le cadre familial et défavorise ceux qui ne naissent pas dans un tel contexte.
Pour une illustration concrète, je ne saurais que trop vous conseiller le visionnage de cette excellente vidéo de Franck Lepage sur le sujet. En particulier, à partir de la 32ème minute 35 secondes…
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=ACxRSSkYR_k]
Petite transcription rapide pour les flemmard-e-s et les pressé-e-s:
Une riche est en train de promener son riche dans une poussette. Passe un chien qui court après un chat. Que dis la riche?
– « Ahh Jean-Thibault, regardez! regardez! Un Golden retriever qui court après un siamois silk point! Je crois même que c’est un rex cornish! Oooooh c’est le même que chez mamie Béatrice » […]
La pauvre, elle est en train de promener son pauvre dans une poussette de pauvre. Un chien court après un chat. Que dis la pauvre?
– « Ahh Kevin! Regarde!! Oh un Ouhouh qui court après un Mimi! Oh pourquoi il court après le Mimi le Ouhouh? Il est pas mimi le Ouhouh! »
Le gosse arrive à l’école. La maîtresse pose une image de chien devant Jean-Thibault et demande: « Qu’est-ce que c’est? »
Le riche répond: « C’est un golden retriever » et la maîtresse de s’exclamer « Mais oui!! Mais oui!!! Mais Jean-Tibault c’est très très bien!!! » La maîtresse est contente.
Elle pose une image de chien devant le pauvre: « C’est quoi? »
Le pauvre répond: « Ouhouh! »
La maîtresse: « Non, c’est un chien! C’est un chien, répète après moi. Tu vois tu es en train de confondre le sujet avec l’action. « Ouhouh » c’est ce qu’il fait pas ce qu’il est! Allez fais un effort! »
Je vous vois venir… je suis sûre que êtes à deux doigts de ranger ces quelques lignes ci-dessus dans la catégorie « racisme anti-pauvre », et que tout cela est bien caricatural.
Sauf que… le problème est-il de dire que nous ne sommes pas tous égaux devant le langage? Et qu’être né dans un milieu culturellement favorisé permet aux enfants d’arriver dès la première année d’école avec un bagage que les enfants nés dans les milieux défavorisés mettront des années à rattraper (et souvent, grâce à d’autres mécanismes de sape, n’y parviendront jamais)? Ou le problème est-il justement de faire comme si tout ceci n’existait pas? Comme si l’égalité des chances n’était en réalité pas qu’une sombre institutionnalisation des inégalités? Comme si l’apartheid scolaire était une chimère, un truc de gauchiste post-soixantehuitard?
Face à ces questions, plusieurs types de réactions sont généralement observées… il y a ceux qui disent:
« Puisque les inégalités sont constatées dès le plus jeune âge, il faut œuvrer pour que l’enfant entre le plus rapidement possible dans une structure éducative collective » c’est par exemple le cas de ceux qui cherchent à démontrer l’efficacité de la scolarisation dès deux ans. Concrètement cela veut dire: permettre aux enfants d’acquérir plus tôt les codes et les valeurs qui leur permettront de réussir à l’école… c’est déjà ça vous me direz… Mais à quel moment est-il prévu de questionner l’hégémonie de ces codes et de ces valeurs? A quel moment est-il question de questionner ne serait-ce que leur utilité dans le monde du travail, ou simplement leurs bénéfices sur la construction de l’estime de soi, la créativité ou l’épanouissement des enfants?
Mais il y aussi ceux qui disent…
« Puisque les inégalités sont constatées dès le plus jeune âge, c’est que l’école n’y est pour rien!! » (ouf génial, on va pouvoir ne rien faire) c’est un peu (un peu seulement car leur préconisation n’est heureusement pas l’inaction!) le parti pris de cet article qui considère avant tout qu’on accuse à tort l’école de générer des inégalités là où elle ne fait qu’accueillir et gérer des inégalités sociales préexistantes. Si ces affirmations ne sont pas entièrement fausses (évidemment que les inégalités vivent et se forgent aussi à l’extérieur de l’école!) le problème de cette modélisation est à mon avis qu’elle occulte assez largement les effets à long terme des inégalités scolaires: les enfants d’hier, malmenés par l’école sont devenus les parents qu’on pointe du doigt parce qu’ils ne sont pas en mesure de transmettre aux enfants ces mêmes normes scolaires considérées comme facteur de réussite.
La conclusion de cela mène alors naturellement au dernier stéréotype répandu…
En fait, TOUT est la faute des parents !! Ben oui, ces parents démissionnaires qui ne s’impliquent pas dans la scolarité de leurs enfants (comprenez = qui ne valorisent pas autant que souhaité la norme scolaire telle qu’elle existe)! Cette dérive relativement récente, qui oriente aujourd’hui assez largement les politiques de soutien à la parentalité a bien été décrite par Gérard Neyrand dans son ouvrage Soutenir et contrôler les parents. Le dispositif de parentalité (c’est moi qui souligne).
Les parents se trouvent donc non seulement reconnus mais désignés comme porteurs d’une responsabilité fondatrice dans la socialisation de leurs enfants. Ils sont ainsi placés en position de devoir répondre de ceux-ci devant la société, non seulement comme jusqu’alors sur le plan civil mais de plus en plus sur le plan pénal s’il est établi qu’ils n’ont pas rempli leur fonction présumée, quelles que soient par ailleurs leurs condition de vie ! Cette attente excessive à l’égard de capacités parentales décontextualisées va être renforcée sous l’influence de l’évolution économique néolibérale des fonctionnements sociaux, qui s’est étendue jusqu’à investir les domaines de l’éducatif, du sanitaire et du social. p.31
A noter également, l’intéressant travail des Universités Populaires de Parents qui invite à réfléchir sur la notion de parent « démissionnaire » en faisant l’hypothèse que ces parents « démissionnaires » seraient peut être simplement ceux que l’institution aurait « démissionnés ».
Or, les parents sont souvent trop peu associés et consultés par les professionnels qui s’occupent de l’enfant. En partie, les parents dits « démissionnaires » sont ceux qui sont « démissionnés » par les institutions, c’est-à-dire auxquels on n’offre pas une place au sein de l’institution, ou qui ne la trouvent pas, pour des raisons de distances de codes, de cultures... p.9
Je terminerai cet article par un petit extrait d’une bande dessinée (d’un manga même!) que mes enfants ont eu le bon goût de me faire découvrir…Il s’agit d’une série en plusieurs tomes qui s’intitule « Une sacrée mamie » dont voici le résumé
1958, Hiroshima. A cette époque au Japon, il est difficile pour une jeune femme d’élever seule ses deux fils. Acculée, Hikedo décide un jour de confier son plus jeune garçon, Akishiro, à sa mère qui vit à la campagne. Arrivé chez sa grand-mère, une vie complètement nouvelle va commencer pour Akishiro. Pas facile de quitter la ville pour la campagne quand on n’y est pas préparé! Mais le petit garçon va vite s’habituer à sa nouvelle vie au grand air. Suivant l’exemple de sa super mamie débrouillard, il apprend à s’adapter à toutes les situations.
Ce que ne dit pas le résumé c’est qu’il s’agit d’une adaptation d’un roman autobiographique. Ce que ne dit pas non plus le résumé c’est que la grand-mère débrouillarde en question vit dans le plus complet dénuement (cliquez sur l’image pour agrandir, et n’oubliez pas de lire de droite à gauche).
C’est la réaction du maître d’école face à tout ça… Celui-là même qui ne fait pas une remarque alors que le petit héros n’a pas le début du commencement d’un crayon de couleur, qui lorsque sa mère ne peut pas venir à l’exposition de dessin de la classe (un petit événement!) console l’enfant plutôt que de traiter sa mère de démissionnaire, qui se débrouille en douce pour qu’il puisse prendre du rab à la cantine lorsqu’il sait qu’il n’a pas eu assez à manger…
Alors oui, bien sûr, les temps ont changé! La pauvreté d’aujourd’hui ne ressemble pas à celle du Japon de l’après guerre. Et je connais aussi des dizaines d’instits qui, à leur façon, agissent similairement (je suis bien placée pour vous en parler étant parent d’élève dans une école où le Réseau Education Sans Frontières est particulièrement actif) mais j’en connais aussi quantité d’autres qui classent bien vite un parent dans la catégorie des « démissionnaires » à cause d’un cahier de liaison non signé (sans même se demander s’il sait seulement lire!), qui refusent des accès aux cantines aux enfants dont les parents sont en recherche d’emploi, ou encore qui oublient trop facilement comme il est plus simple de connaître ses lettres en fin de maternelle quand on est issu d’un milieu où les livres sont partout que lorsque les seuls qu’on croise sont à l’école.
Alors oui, il serait peut être temps que nous acceptions de regarder nos privilèges en face et que nous réfléchissions à une vraie façon de construire une plus juste équité.
Mme Déjantée
Mes enfants aussi adorent « une sacrée mamie » qu’ils ont emprunté à la bibliothèque.
Je trouve le partage entre riches et pauvres un peu carricatural.
Bien sur qu’un enfant qui ne mange pas à sa faim, et ressent la précarité que vit sa famille n’est pas vraiment disponible pour quelque apprentissage que ce soit.
Dans les écoles de mon coin, les enseignants du RASED présentent régulièrement des statistiques en Conseil d’école. Une année , ils ont indiqué qu’au cours d’une scolarité, sur leurs deux communes d’intervention environ 25% des enfants ont besoin du RASED.
Je ne pense pas qu’il y ait 25% de familles en situation précaire…
Par ailleurs une psychomotricienne que je connais m’a dit recevoir beaucoup d’enfants qui lui sont envoyés pour des problèmes d’écriture, manifestement parce qu’on leur a demandé trop tôt de dessiner des lettres (elle m’a dit dès la moyenne section en maternelle ) alors que leur développement psychomoteur n’est pas suffisant pour ça.
Si on ajoute à cela le regard de certains enseignants qui sont plus dans l’évaluation que dans la recherche de transmission, c’est clair que la moindre difficulté familiale devient insurmontable , alors qu’au contraire l’école devrait être une chance de voir autre chose.
Partage caricatural dans le manga ou dans mon article? Si c’est la deuxième oui bien sûr, c’est plus manichéen que les catégories de l’INSEE mais en France, tout le monde a tendance à se considérer comme appartenant aux classes moyennes, c’était une façon de rappeler que ce n’était pas le cas.
Par ailleurs, je pense que les 25% de familles précaires sont assez réalistes. Je ne sais pas où tu vis, il est possible que ce ne soit pas le cas mais la classe populaire est définie comme les 30% de ménages les plus pauvres. Par ailleurs, quand on pense à la proportion légale (malheureusement rarement atteinte) de 20% de logements sociaux, on peut considérer que le législateur prend effectivement en compte environ 20% de la population comme étant en situation précaire. Cela ne veut pas dire que les enfants de famille en situation précaire représentent 100% des enfants accueillis dans le cadre du RASED, mais en large proportion cela n’aurait pas grand chose d’étonnant…
Sauf que ce n’est pas parce que l’on est pauvre ou « populaire », que l’on est forcément « en difficulté »: ce qui me gêne dans votre article, c’est qu’il y a une assimilation de la richesse financière et de la richesse sociale. Or, pour venir de régions relativement pauvre de la France, il me semble que c’est loin d’être équivalent.
Dans ma ville d’origine, il y a bien sûr des gens qui auraient besoin d’aide pour faire avancer leur gamin au mieux, mais il y a aussi un nombre de gens assez important qui, avec des salaires qui les classent clairement en dessous de la classe moyenne -et ce depuis au moins la fin du XIX-, possèdent néanmoins le capital culturel nécessaire pour élever leurs enfants -ma région a fourni de nombreux cadres de la fonction publique-.
Cette expérience est évidemment ancienne. Mais aujourd’hui, je constate par exemple que, dans le lycée où une proche travaille, les enfants de famille immigrées de première génération (dont les parents viennent d’arriver en France, généralement avec un niveau social élevé dans le pays d’origine, puisque c’est devenu nécessaire pour avoir le visa) réussissent mieux que des français pauvres acculturés par la télé ou autre facteur (mais la télé est à mon sens un facteur puissant), et dont les mômes ne possèdent qu’une sorte de sous culture très influencée par les programmes les plus nuls de la télé US.
Il me semble que les parents disposant d’un capital social et intellectuel, même fortement différent de celui reconnu en France, arrivent mieux à défendre leurs enfants contre tout un tas de sollicitations « culturelles » à but essentiellement marketing.
La responsabilité, non pas forcément du milieu social, mais de l’exposition culturelle devient très forte.
J’aimerai souligner que l’on a globalement depuis 10-15 ans les enfants de la première génération qui a reçu un apport « culturel » massivement télévisé. Mon analyse serait donc plutôt que l’on récolte aujourd’hui les fruits d’un cercle vicieux où des parents partiellement acculturés dans leur enfance transmettent cette acculturation alors même que l’environnement l’amplifie. Je suis prêt à parier que dans trente ans, lorsque les enfants d’aujourd’hui auront leurs propres enfants, le niveau et la capacité de s’en sortir des petits sera encore plus dégradée pour cette raison.
Je ne peux qu’être d’accord avec vous. Et notamment sur le choix de l’exemple issu de la vidéo de Franck Lepage (qui est plutôt à visionner dans son ensemble) comme je le précisais dans un autre commentaire.
Bien entendu, il faut prendre en compte capital financier et capital culturel. Et les migrants sont souvent dans un exemple atypique au regard de ces catégories (ils peuvent notamment avoir fort capital culturel, parfois même capital financier mais le décalage culture et de langue peut induire d’autres formes de difficultés et de ressources).
Ce que je voulais souligner dans mon article c’était l’existence d’inégalités culturelles (et souvent liées aussi à des inégalités sociales) qui biaisaient dès les premières années d’école les performances scolaires (avec tout ce qu’elles ont de réducteur) des enfants et qu’on a tendance (pour un tas de raisons) à nier et donc à ne pas prendre en charge ni même en considération dans la réflexion que l’on porte sur le système scolaire.
Pour autant je ne saurais étendre ma réflexion à une question intergénérationnelle. Les outils évoluent, comportent toujours leurs potentiels comme leurs dangers (la tablette éducative VS la télévision passive et laveuse de cerveau). Il n’est donc pas toujours simple de comparer le « niveau » des générations entre elles puisque ce qu’on leur demande est juste très très très différent.
il me fait bien rire l’extrait de la vidéo que tu cites ! Pourtant dans la vraie vie, elle déjà pas si mal l’intervention de la mère de Kévin : dans mon école, beaucoup de parents ne parlent tout simplement pas à leurs enfants…40% des familles vivraient en dessous du seuil de pauvreté, il bien difficile dans ce cas pour les parents de transmettre la norme scolaire. Je partage la grande partie de ton analyse, mais je constate aussi que toute ma bonne volonté d’enseignante est parfois loin de renverser la vapeur .. Enfin, si on pointe du doigt les parents en cas de difficulté, c’est aussi parce qu’ils sont une cible facile et qu’on ne veut pas voir le choix de société qui est derrière.
PS : ça fait longtemps que je connais ce vraiment chouette manga ;)
A l’école de mes enfants je constate chaque jour les inégalités culturelles et ça me mine… Il y a quelques mois j’entendais des mamans de milieu populaire discuter entre elles: elles avaient un enfant en fin CP et rapportaient les inquiétudes de l’enseignant à l’idée que leurs enfants (tous sans exception) ne sachent toujours pas leurs lettres (c’était donc des mamans qui s’intéressaient un minimum à la scolarité de leur enfant!). Je ne peux pas croire que 4 ou 5 enfants (comme par hasard ceux-là) aient TOUS des difficultés cognitives telles qu’en fin de CP ils ne peuvent toujours pas reconnaître convenablement les lettres de l’alphabet là où mes gamins (et la plupart des enfants de mes connaissances) ont su le faire en cours de moyenne (ou grande éventuellement) section. Je ne peux pas croire à cette fable là…
Et pourquoi pas ? Qu’on le veuille ou non, il y a une part de génétique dans le potentiel intellectuel. Je parle de potentiel, parce qu’il est évident que sans accès à la culture et à la connaissance, même un enfant HPI (je n’aime pas le terme de « surdoué ») n’ira pas très loin. Mais il n’en reste pas moins que même en baignant dans la culture et le savoir, un enfant ayant un potentiel intellectuel limité ne sera jamais un foudre de guerre. Ma sœur en est un bon exemple. Je suis HPI, mes deux parents sont HPI et docteurs, leur maison est une bibliothèque géante, nous avons toujours eu un accès quasi-illimité à la culture : ma sœur, elle, est structurellement rétive à tout savoir abstrait, a de grandes difficultés à apprendre un savoir qui ne soit pas pratique, a fait une scolarité médiocre et aura très vraisemblablement un niveau de vie largement inférieur à celui de mes parents, vu les métiers vers lesquels elle se dirige.
En bref, un « surdoué » peut finir « imbécile » faute de stimulation intellectuelle mais un « imbécile » restera toujours un « imbécile ». Et le fait est que si deux personnes à potentiel intellectuel limité se reproduisent, les chances sont maigres que leurs enfants aient un potentiel intellectuel considérablement plus élevé. Et depuis des siècles que le savoir joue un rôle majeur dans la possibilité d’avoir un bon niveau de vie pour les classes dominées, une sélection naturelle a fini par s’opérer.
Je ne conteste pas l’hypothèse d’une inégalité innée d’ordre génétique mais il me semble que l’homme tire son humanité de sa capacité à agir sur ce genre de déterminisme pour, sinon les dépasser, au moins oeuvrer pour que les individus n’en souffrent pas (c’est cela l’équité! Mon article portait justement sur les progrès qu’il restait à faire en la matière).
Autre point important, l’exemple pris (tiré de la vidéo de Franck Lepage) a une limite: il évoque une inégalité basée sur l’acquisition (ou non) d’un savoir explicite de type savoir encyclopédique. Or ce type de savoir reste malgré tout le plus démocratiquement accessible, parce que justement il existe quelque part un « texte du savoir ». Ce n’est malheureusement pas le cas de tous les « savoirs »: savoir se comporter (parler aux gens, tisser des liens) dans une soirée mondaine par exemple, ne figure dans aucun (bon) livre! D’une façon générale, tout ce qui relève de l' »habitus » (pour reprendre Bourdieu) est si « incorporé » qu’il n’est que très peu explicitable. Dans ce cas de figure, le potentiel intellectuel n’est qu’une piètre ressource: bien sûr, il sera peut être possible d’identifier les mécanismes interactionnels, de les comprendre et de les disséquer, mais avant de là à « parler couramment » le langage corporel des classes très aisées, c’est autre chose!! Or ceci est fondamental dans ce qu’on appelle communément « réussir » (c’est à dire ici, et au regard de l’exemple que vous prenez de votre soeur: gagner de l’argent). Le travail des Charlot-Pinçon à propos de la sociologie des riches est très éclairante sur ce point…car ils montrent justement pourquoi travailler et être intelligent ne suffit pas à être riche.
Enfin, dernier point, l’école entretient à mon sens un mensonge lié à l’élite culturelle qu’elle protège et reproduit: l’échelle des salaires ne correspond que très partiellement à l’échelle du plus haut niveau intellectuel. Par exemple: un avocat gagnera toujours plus qu’un chercheur en philosophie (réputé pour son haut niveau d’abstraction), un agent immobilier ou un artisan peut gagner beaucoup plus d’argent qu’un enseignant, un journaliste, un écrivain, ou un joueur d’échec…Je ne déplore pas cet état de fait, je constate juste que l’école fait croire aux jeunes générations que la société est structurée hiérarchiquement comme elle-même, c’est à dire selon le niveau de fonctionnement cognitif (avec ce qu’elle entend elle-même par fonctionnement cognitif c’est à dire essentiellement réduit à connaissances encyclopédiques + un peu de logico-mathématique) alors que c’est complètement faux (et heureusement!). C’est ainsi que des gens débrouillards, créatifs, ou capables de tisser des liens sociaux de qualité, etc…se retrouvent en échec scolaire se retrouvent avec la certitude qu’ils seront également en échec dans la « vraie vie ».
Un imbecile finira toujours imbecile : heureusement que les parents de ce jeune autiste, dont on pronostiquait qu’il ne saurait jamais parler, et encore moins lacer ses chaussures, et qui est actuellement à l’université, à… 14 ans, ne vous ont pas écouté.
La stimulation peut faire des miracles. Renseignez-vous sur l’epigénétique : on est en train de réaliser que tout ce qu’on croyait sur la génétique est faux : chaque parent a la possibilité de modifier l’héritage de son enfant JUSQUE DANS SES GENES.
La lecture du roman autobiographique « Pour en finir avec Eddy Bellegueule » m’a fait découvrir le monde des classes pauvres : on y voit que le déterminisme n’est pas tant génétique qu’environnemental : on apprend par l’exemple, et quand l’exemple c’est l’absence de livres, la télé allumée du soir au matin, le langage relaché voire grossier, le père au chômage affalé devant, les copains qui zonent, la fierté de fiche le bazar à l’école et les bons élèves qui sont malmenés, la difficulté de faire ses devoirs ds le vacarme sur un bout de table de la cuisine, les repas sans parler devant la télé (l’auteur décrit son humiliation lorsqu’il découvre chez une amie plus aisée que lors du diner les parents parlent avec leurs enfants, de sujets d’actualité ou d’éléments culturels ou historiques : on est à fond dans l’exemple ouaoua-chien-Golden)
Je pense qu’on peut prévoir l’avenir d’un enfant rien qu’en regardant le nombre de livres dans la maison, et la façon dont les parents s’adressent à leurs enfants… Et non en fonction de la génétique
Dans ce genre d’environnement le poids de l’école est malheureusement très faible, mais c’est aussi leur seule chance de s’en sortir…
Et ensuite 20 ans plus tard, chacun considèrera qu’il est normal que Jean-Thibault ait un salaire 4 fois plus élevé que celui de Kévin puisqu’il « a fait plus d’études »…..
Ben oui, il est plus méritant voyons!!
Heu ben non justement il est moins méritant : le mérite correspondant à l’effort, la tortue a plus de mérite de faire le 100m en 20 minutes que le lapin en 2.
Si le salaire correspondait au mérite et non au niveau, ca se saurait.
C’est justement la grande arnaque de prétendre que niveau et mérite son equivalents alors qu’ils ne sont presque jamais corrélés (cf le super dessin « Une seule épreuve pour tous pour plus d’égalité ! hop ! tous dans l’arbre ! »)
C’était ironique bien sûr (mais désolée d’avoir oublié le smiley ;) ).
Est-ce que les nouvelles méthodes d’apprentissage ludiques et pédagogiques n’exacerbent pas cette inégalité au final au lieu de la contrer?
A l’époque de mes parents babyboomers, clairement l’école était un passage obligé où on n' »annonait » certains savoirs sans qu’il y ait une finalité d’ascenseur social, la très grande majorité arrêtait au certificat d’études (et encore) et trouvait du boulot à 17 ans sans volonté d’améliorer son statut par rapport à leurs parents (inimaginable à l’époque). Les enfants y allaient pour apprendre à lire et écrire, les parents obéissaient à cette contrainte en bougonnant que ça ne servait à rien mais mettaient une claque si un enfant revenait avec une mauvaise note.
Sans revenir aux claques et coups de règles, on apprenait aux enfants que la vie n’est pas toujours ludique, que cela peut être ennuyeux, que le travail et le » parcoeur » cela peut être casse-pied. Alors certes, les enfants d’hier n’apprenaient pas à l’école l’histoire des pharaons mais au final ils savaient parfaitement lire et écrire, qui est la base pour s’ouvrir au monde. En 1957, le livre « docteur jivago » prix nobel s’est vendu à UN MILLION D’EXEMPLAIRE dans une France de non-diplômés.
Peut-être qu’il faut remettre au centre de l’école l’apprentissage basique de l’écriture et de la lecture et que ce doit être un objectif en soi, pas pour trouver du boulot (parce qu’alors certains diraient « oui mais le chômage »), pas pour s’amuser tout le temps (cela apprend la contrainte de la vie en société, cela rend les récréations encore plus amusantes), pas pour apprendre la vie des pharaons parce que les gamins défavorisés n’arrivent déjà pas à déchiffrer et que les gamins favorisés l’apprendront de toute façon par un autre biais.
Dans les écoles « favorisées », c’est génial l’éveil des enfants, mais on est dans un milieu favorisé, et est-ce que franchement les plus de 40 ans d’aujourd’hui sont massivement sans imagination, sans personnalité, sans ambition, sans culture parce qu’on leur a appris la lecture en répétant les syllabes? On constate plutôt une régression chez leurs enfants. Je reste convaincue qu’un étudiant défavorisé pourra « rattraper » son retard des normes culturelles pour réussir un concours de grande école en ayant parfaitement appris à lire et écrire et en bachottant à 17 ans les bouquins de préparation que si l’école essayait de lui faire découvrir ces normes en primaire alors qu’il n’a que l’école comme soutien pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture que c’est le principal sur le moment (parce que ses parents ne savent pas lire ou qu’ils sont en décalage horaire, ect)…
Je ne sais pas si je suis vraiment de la classe moyenne, en tout cas j’étais des les fameuses classes « d’allemand première langue », et en 6ème sur 28 élèves, nous étions 4 à lire fluidement à voie haute alors que nos propres parents ne faisaient pas une seule faute d’orthographe.
A mon sens, c’est lié à l’explosion de l’usage de la télé à partir des années 70. Si vous regardez bien, chronologiquement, mai 68 détruit une école très conservatrice au moment même où la place de la télé (et de la décérébration qui va avec) se trouve confortée. Comme par hasard, seules les familles ayant un très fort capital culturel, capable peut-être de compenser l’effet de la télé, s’en sortent.
Et comme par hasard, on trouve aujourd’hui plétore d’études diverses montrant les ravages de l’écran sur le développement du cerveau de l’enfant préscolaire… A part Desmurget, je ne vois pas grand’monde en tirer des conclusions.
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