harcèlement

La semaine dernière, je concluais mon billet en disant qu’une balise GPS sur nos enfants n’empêcherait jamais qu’ils se fassent enlever, raquetter, frapper ou harceler … Je redoute beaucoup plus toutes ces choses que de ne pas savoir le temps exact qu’a mis mon fils pour faire le trajet école-maison et quel chemin il a pris car le jour où il ira à l’école ou au sport seul, c’est qu’il sera assez mûr à nos yeux pour le faire, que nous aurons une entière confiance en lui (je pense que c’est déjà le cas) et que nous n’aurons pas d’autres choix … parce que se faire emmerder en prenant le tramway seule à 18 ans, c’est également possible et je ne pense pas que mes parents, à 150km de là auraient été plus rassurés de me suivre avec un capteur GPS.

En tant que maman, je voudrais pouvoir avant tout protéger mes enfants du harcèlement à l’école.

« 30% des cas (de harcèlement) signalés dans le Nord concernent des enfants de l’école primaire, de tout type de quartier* »

Je ne pensais pas que ma fille puisse se faire un jour harceler.

En maternelle, elle était une petite fille pleine de joie de vivre ayant une foule de copines et copains à l’école. Une petite fille bien dans sa peau. Puis nous avons déménagé. Nouvelle école. Elle a du se refaire des amis et elle est tombée sur la mauvaise petite fille : une petite fille en souffrance familiale qui faisait beaucoup de chantage à ma fille et la forçait à lui donner plein de choses à elle.

Le malaise est monté d’un cran quand le caïd de l’école, un enfant lui aussi en grande souffrance, a pris ma fille pour cible. D’abord comme une cible « amoureuse », mais avec des façons de faire ne convenant pas à leur âge. Il lui disait qu’elle était sexy. Sexy à 5 ans 3/4 … Oui, elle m’avait que 5 ans 3/4 en entrant au CP. Puis, il y a eu la goutte d’eau qui fait tout déborder … le harcèlement devenant sexuel.

« La petite victime a alors souvent le sentiment que si un adulte intervient, cela va aggraver le problème. D’où son silence qui peut durer »

Heureusement, nos enfants n’ont pas peur de nous parler. Et je remarque très vite quand leur comportement change. Quand ma fille se renferme et perd son sourire ou quand mon aîné devient insolent et agressif, avec leur papa, nous pensons directement que quelque chose ne va pas à l’école. Nous nous trompons rarement et nous arrivons généralement à savoir ce qui ne va pas. Alors, on discute beaucoup, on cherche des solutions.

Dans le cas du harcèlement sexuel de notre fille, nous avons directement été avertir la maîtresse et le directeur. L’enfant a rapidement été convoqué avec son tuteur légal et une sanction a suivi.

« Le chef d’établissement recevra séparément le harcelé et le harceleur, chacun avec leurs parents. Puis le harceleur sera sanctionné ou non » (propos de Francis Arnould, Inspecteur de l’éducation nationale dans le Nord

Malgré tout, il a fallu du temps à ma fille pour retrouver le sourire … la mauvaise copine a déménagé et le caïd a été 1 an dans une autre cour de récréation, en changeant de niveau. Aujourd’hui, ils se côtoient à nouveau, mais ma fille semble arriver à gérer la situation. Elle sait le remettre à sa place quand il le faut. Puis maintenant, elle a les bonnes copines qui lui faut autour d’elle.

Mon fils aîné nous a vite apparu comme le genre d’enfant qui pourrait être harcelé. Il n’aurait jamais osé répondre par des coups à quiconque l’aurait embêté de peur de se faire punir. De ce fait, nous l’avons inscrit au judo à 5 ans. Je ne suis pas certaine qu’il aurait fait une prise de judo dans la cour de récréation, mais cela lui a permis de s’ouvrir à d’autres enfants, lui qui restait toujours scotché depuis la TPS à la même copine. Il a appris à devoir combattre contre des enfants qu’il ne connaissait pas et a du combattre sa timidité, sa peur de faire mal à l’autre. Je me souviens d’une fille contre qui il devait parfois livrer combat. Elle n’avait pas peur d’être dure avec lui alors que mon fils avait peur de lui faire mal alors il restait doux.

Faire un sport collectif ensuite l’a aidé à gagner en confiance en lui, à savoir s’imposer dans un groupe.

Bref, le sport lui a beaucoup appris et aujourd’hui, il sait réagir quand un autre l’embête. Il sait également écouter nos conseils.

Cette année, en classe, il se retrouve assis à côté du perturbateur de classe. Encore un enfant qui a une vie familiale animée … Dès le premier jour, le garçon a tenté d’intimider mon fils, de prendre le pouvoir sur lui. Certes, mon fils a un peu peur de lui, mais il lui a vite fait savoir que s’il n’arrêtait pas, son père viendrait voir la directrice et qu’il était déjà au courant de ses agissements.

Dernièrement, il est rentré énervé de l’école car son voisin de classe empiète sur sa table avec ses affaires, si bien que mon grand a envie de tout balancer. Mais il ne le fera pas.

Je lui ai proposais de lui dire :

« Je te serai gré de pousser tes affaires de ma table » ou  » Je te serai reconnaissant de remettre tes affaires sur ta table »

Mais il a eu peur qu’il se moque de lui, qu’il le traite d’intello (ben oui, quand on est intelligent, on se fait traiter …). Justement, c’était pour le faire passer pour un idiot qui n’aurait pas compris la demande, mais tant pis. Je lui ai alors proposé :

 » Vire vite tes crayons de ma table sinon je te les mets DTC « 

Façon vulgaire. A son niveau, à l’autre. Evidemment, mon fils a éclaté de rire et a approuvé cette méthode. Je tiens à dire que mon fils à 10 ans 1/2. En vérité, je ne sais pas ce qu’il a fait de retour à l’école, mais il ne m’a pas reparlé de ce soucis.

Emmanuelle Piquet, psychopraticienne à Lyon dit :

« Je rencontre les enfants harcelés trois ou quatre fois, pour leur donner des flèches ou parades verbales qui fonctionnent comme au judo : on s’appuie sur ce que dit l’agresseur pour le retourner contre lui. Les deux enfants vont alors vivre une expérience émotionnelle durant laquelle l’agresseur va se rendre compte qu’il prend un risque s’il continue à harceler sa victime »

(…)

« Et le parent doit rester un partenaire ; il n’interviendra qu’avec l’accord de son enfant. Cette confiance créée peut alors libérer la parole de l’enfant » (propos de sa conférence sur le harcèlement à l’école )

Sur l’importance de l’écoute des parents, Tatiana Lecuret, psychopraticienne formée à l’écoute active dit :

 » Un enfant qui va mal, pourra devenir harcelé ou harceleur. Certains enfants vivent des situations difficile en famille. A l’inverse, dans les familles aimantes, ils ne se sentent pas forcément assez valorisés et aimés. C’est alors important d’être dans l’écoute active, de mettre régulièrement des mots sur les sentiments que vivent les enfants, sans être dans le questionnement permanent »

D’autres billets sur le thème du harcèlement scolaire sur les vendredis intellos à lire ou relire :

Le harcèlement scolaire , Alameresi

Harcèlement à l’école, Mère Cruelle

Harcèlement à l’école, commentaires d’un article sur le vécu des victimes, Sandrine S comme C

*Source : Direction des services départementaux de l’éducation nationale du Nord

Citations tirées du magazine gratuit Question de Parents, numéro 33.

 

MissBrownie