Voici une méthode pour combattre les comportements que nous jugeons néfastes pour nos enfants et qui s’appelle: « la prescription du symptôme ». Je l’ai découverte en lisant « Ma voix t’accompagnera » de Milton Erickon, commenté par Sydney Rosen (ed. hommes et groupes éditeurs 1986).
milton-hyland-ericksonMilton Erickson est le père de l’hypnose moderne. Reconnu comme l’un des plus grands thérapeutes du 20ème siècle, ses découvertes ont données naissance à de nombreuses approches thérapeutiques utilisées aujourd’hui (dont la PNL).
Erickson raconte toutes sortes d’anecdotes passionnantes aussi bien avec des patients qu’avec sa femme ou ses enfants. (cf: « Comment réagir quand un enfant se fait mal? »)

« En rentrant de l’école ma fille me dit: « Papa, à l’école toutes les filles se rongent les ongles, je veux être à la mode. »
« Tu as tout à fait le droit d’être à la mode, lui répondis-je. Je pense que la mode est très importante pour les filles. Tu es bien loin derrière les filles, elles ont beaucoup d’entrainement. Je crois que pour toi, la meilleure façon d’être à la hauteur c’est de t’assurer quotidiennement que tu te ronges bien les ongles. Je crois que si tu te ronges les ongles pendant un quart d’heure, trois fois par jour tous les jours à telle et telle heure, tu pourras tenir le rythme ».
Elle commença d’abord avec enthousiasme. Puis elle s’est mise à commencer plus tard et à arrêter plus tôt, et un jour elle a annoncé: « Papa, je vais lancer une nouvelle mode à l’école – les ongles longs ».
En commençant par « rejoindre le patient » dans son désir d’être dans le vent, Erickson transforme le « comportement à la mode » en une épreuve. Il approche souvent les symptômes de cette façon, en rendant bien plus ennuyeux leur conservation que leur abandon. »

Il raconte ensuite une autre anecdote avec une fille de quinze ans qui ne pouvait s’empêcher de sucer son pouce. Il lui a prescrit de le faire uniquement en présence de sa mère et de son père et de tous ceux à qui elle voulait témoigner son mécontentement, à des heures précises et pendant un temps donné. En même temps, il a « ordonné » à ses parents de ne plus rien lui dire à ce sujet.

« En moins d’un mois, elle avait découvert qu’il y avait d’autres choses à faire. Je l’avais obligée à sucer son pouce et elle ne voulait pas qu’on l’oblige à quoi que ce soit. (…) On peut considérer ce mode de prescription du symptôme comme une application du mot d’Alfred Adler à propos de la thérapie: « La thérapie, c’est comme cracher dans la soupe de quelqu’un ». Après on peut continuer à manger, mais on n’y prend plus plaisir ». En rendant obligatoire la succion du pouce, Erickson « a craché dans la soupe de cette fillette ».

J’ai essayé d’appliquer cette technique de prescription du symptôme avec ma fille un jour où, soudainement angoissée par l’idée de faire pipi au lit, elle faisait chaque soir 6 allers-retours aux toilettes avant d’aller au lit. Après avoir essayé de la rassurer avec tous les moyens habituels, sans succès, le troisième soir, je lui ai dit:
« ce soir, dès que tu seras couchée, tu vas aller aux toilettes. Puis tu te recoucheras dans ton lit et dès que tu seras couchée, tu retourneras aux toilettes et tu le feras trois fois de de suite ».
Dès le deuxième aller-retour, elle voulait rester couchée, mais je l’ai encouragée à tenir « la prescription de 3 allers-retours ». Depuis, elle n’a plus jamais fait ces allers-retours à répétition et n’a, d’ailleurs, plus jamais fait pipi au lit.
Magique, non?…

Valsita