Après en avoir entendu parler souvent, pour avoir soulevé des opinions divergentes (il en a d’ailleurs déjà été question sur les Vendredis Intellos: ici, là ou là), je voulais me faire mon propre avis sur Le conflit/ La femme et la mère d’Elisabeth Badinter. J’ai pu l’emprunter grâce à la bibliothèque volante des VIs (merci :)
Je livre ici mes impressions.
Le désir d’enfant
Dans ce livre polémique, l’auteur interroge le désir d’enfant : ce qui me frappe dans cette analyse est l’absence de considération « psy« . Je sais bien que l’auteur est philosophe et que son angle d’attaque n’est donc pas nécessairement psychanalytique…
Mais faire un enfant, c’est, selon moi, tout sauf rationnel. Elle le dit d’ailleurs au début du livre en démontrant que le désir d’enfant est « injustifié ». En effet, je pense qu’il est d’abord et surtout une réparation. Celle de notre enfance, des projets que nous n’avons pas réussi à mener à bout, etc. Elle répond à notre complexe d’œdipe et notre désir de faire plaisir à notre père, etc. En cela, il faudrait 10 ans d’analyse au bas mot pour être capable de synthétiser ce désir en une seule phrase.
Tout choix suppose une réflexion sur les motifs et les conséquences. Mettre un enfant au monde est un engagement à long terme qui implique de donner la priorité à celui-ci. C’est la décision la plus bouleversante qu’un être humain est amené à prendre dans sa vie. La sagesse commanderait donc qu’il y regarde à deux fois et s’interroge sérieusement sur ses capacités altruistes et le plaisir qu’il peut en tirer. Est-ce toujours le cas ?
Et de fait, il n’est pas simplement question d’épanouissement mais plutôt de construction. Il me semble que la plupart des femmes ne sont pas capables d’objectiver leur vision d’une vie réussie au point d’être capable de dire posément qu’une carrière professionnelle brillante suffit parce qu’elle comblera ce qui a manqué à l’enfant tant dans sa relation à sa mère que dans sa relation à son père. Non, la vie se bâtit lentement une pierre après l’autre, à force d’essais et d’erreurs.
Le fantasme de la maternité
Dans la première partie de cet ouvrage, l’auteur démolie le fantasme de la maternité : à travers l’exemple d’une écrivain presque exclusivment [Eliette Abecassis, Un heureux évènement], elle extrapole les difficultés que l’on peut éprouver les premiers mois avec un bébé dont on n’a pas encore trouvé le mode d’emploi. Mais en quoi un exemple peut-il être aussi hâtivement généralisé et les toutes premières semaines préjuger des années à venir ? Il faut aussi bien se dire que les trains qui arrivent à l’heure ne font pas de bonnes histoires…
Les épreuves de la maternité sont réelles mais toute confrontation avec la réalité l’est, à chaque étape de la vie depuis que le tout petit enfant que nous étions a dû à expérimenter la frustration : études, histoires d’amour, deuils, déménagements, changement de travail,…
Pourtant, avant de prendre leur décision, rares sont les femmes (et les couples) qui se livrent lucidement au calcul des plaisirs et des peines, des bénéfices et des sacrifices. Au contraire, il semble qu’une sorte de halo illusoire voile la réalité maternelle. La future mère ne fantasme que sur l’amour et le bonheur. Elle ignore l’autre face de la maternité faite d’épuisement, de frustration, de solitude, voire d’aliénation avec son cortège de culpabilité. A lire les récents témoignages de mères, on mesure à quel point elles sont peu préparées à ce bouleversement. On ne m’avait pas prévenue, disent-elles, des difficultés de l’aventure.
L’instinct maternel
Alors qu’elle semble l’avoir déjà fait dans L’amour en plus (je ne l’ai pas – encore – lu), Badinter justifie aussi l’absence d’instinct maternel. Le texte est tellement rageur qu’on a l’impression que cette dame se justifie en long, en large et en travers de ne pas avoir ressenti quoi que ce soit de « spécial » pour ses enfants ?
Et pourtant, je pense qu’elle a raison: l’instinct maternel n’a rien d’obligatoire. De nombreuses mères n’arrivent pas à éprouver de sentiments à la hauteur de ce qu’elles avaient préalablement imaginé… Mais à l’extrême inverse, il existe un instinct tout autre : celui du coucou, qui n’élève pas ses petits et les pond dans le nid d’un autre… rien d’anti-naturel donc, même si parfois indicible.
En vérité, il n’y a pas deux façons de vivre sa maternité, mais une infinité, qui interdit de parler d’un instinct fondé sur le déterminisme biologique. Celui-ci dépend étroitement dépend étroitement de l’histoire personnelle et culturelle de chaque femme. Si nul ne nie l’intrication entre nature et culture, ni l’existence des hormones de maternage, l’impossibilité de définir un comportement maternel propre à l’espèce humaine affaiblit la notion d’instinct et avec elle, celle de « nature » féminine. L’environnement, les pressions sociales, l’itinéraire psychologique semblent toujours peser plus lourd que la faible voix de « notre mère Nature ».
L’allaitement
Un long passage présente aussi la Leche League comme à l’origine de toutes les recommandations officielles. Comme si on ne pouvait reconnaître aucune légitimité scientifique ou médicale aux prescriptions de l’OMS. Cette longue diatribe pue la théorie du complot: la Leche League tirerait toutes les ficelles possibles afin que le monde entier s’acharne à obliger les femmes à allaiter…
L’Organisation mondiale pour la santé et l’UNICEF s’emparent du problème pour ne plus le lâcher. La Leche League va trouver la des appuis inespérés. Dès octobre 1979, elle envoie des représentants au colloque commun organisé à Genève par l’OMS et l’UNICEF, qui conclut à la nécessité de l’allaitement. Deux ans plus tard, la League obtient le statut de consultant à l’UNICEF et va s’employer à faire de l’allaitement un problème de santé publique mondial.
Badinter prétend même que le corps médical est uni pour annihiler toute tentative d’opposition à l’allaitement. Pourtant, je connais beaucoup de contre-exemples (y.c. personnels) de cette soi-disant alliance pro-allaitement.
Rares sont ceux qui se risquent à critiquer la nécessité d’allaiter dans les pays développés, et il faut un sacré caractère aux jeunes accouchées pour braver les consignes des infirmières et puéricultrices.
Dans mon cas, ça aurait plutôt été: « il faut un sacré caractère pour surmonter les critiques et découragements des infirmières et puéricultrices… »
Rien n’évoque par ailleurs un potentiel désir intrinsèque des mères ou encore une frustration de leurs propres mères qui aurait conduit à ce « retour ». Elles ne sont encore une fois qu’un pur produit de la société, non une histoire personnelle complexe et ramifiée.
En revanche et cela me dérange beaucoup, rien ne décrit les pratiques de l’industrie agro-alimentaire pour promouvoir le lait artificiel tout en soutenant l’injonction à la femme de se libérer de ses seins. Comme si on pouvait les considérer comme des organismes caritatifs ne cherchant que le bien d’autrui et non un quelconque profit… Bien au contraire, elle ne fait que souligner les bienfaits et les progrès des laits maternisés.
Seule, Linda Blum, sociologue américaine osa écrire dans son étude sur le sein qu’on avait gonflé les avantages de l’allaitement dans les pays développés. Que nombre des bénéfices proclamés étaient loin d’être établis et appelaient d’autres recherches ; enfin que les laits artificiels (ou maternés) ne cessaient de s’améliorer pour reproduire les mêmes avantages que le lait maternel. Propos iconoclastes dont les médias se font peu l’écho !
La pression sociale
La très longue condamnation de la pression exercée sur les femmes pour être de bonnes mères s’articule autour de plusieurs axes.
Ces pressions commencent déjà lors de la grossesse : l’auteur se lance dans une diatribe contre les interdictions de boire ou de fumer qui semblerait venir d’un autre temps si elle n’était pas quelque peu dangereuse…
Celles qui n’ont jamais fumé une cigarette ou but un verre de vin de leur vie applaudissent des deux mains. D’autres se refusent à abandonner leurs habitudes « vicieuses ». Mais la plupart tentent de se conformer au nouveau diktat du principe de précaution.
Elle jette largement l’opprobre sur les associations (toutes celles tournées vers le maternage) sans mentionner le fait que notre société a déconstruit le lien familial intergénérationnel… Vivre dans une grande maison, entourée de sa mère, de sa grand-mère, tantes, belle-soeurs… permettrait sans aucun doute de recevoir les conseils et attentions nécessaires aux premiers mois de la jeune mère et de son enfant. Pourquoi alors s’en prendre vivement aux doulas qui répondent manifestement – et comme Badinter le reconnait elle-même – très bien à ce besoin ?
Sa formation ? Essentiellement son expérience personnelle de mère complétée par des connaissances en physiologie de la grossesse, sur la naissance, le nouveau-né, l’allaitement, etc. Il s’agit avant tout « du principe de la transmission de femme à femme, sur le partage de l’expérience et sur l’échange dans l’accompagnement ».
Pour contre-balancer la démonstration véhémente de la pression sociale qui nous enferme dans le rôle de « la bonne mère », un passage sur la tyrannie du monde du travail qui nous exclue lorsqu’on ne lui sacrifie pas tout aurait permis de jouer l’avocat du diable. En effet, le choix n’est pas forcément réel quand on est mal dans son travail, mal avec ses collègues, mal dans sa profession et qu’on ne gagne pas suffisamment d’argent pour justifier l’emploi d’une nounou… C’est une réalité tout aussi complexe qui permettrait de nuancer sa vision de la liberté de choix mais qu’elle ne fait qu’effleurer.
La négociation est d’autant plus difficile à réussir que les exigences sont grandes de part et d’autre. L’idéal maternel se heurte de plein fouet aux contraintes de plus en plus dure du monde du travail. Comment répondre à l’un sans sacrifier l’autre ?
Son propos plonge finalement dans le paradoxe total lorsque, malgré sa défense des politiques familiales susceptibles de décharger les mères de la pression morale et de prendre en compte leurs aspirations, elle constate que le choix n’est pas plus libre là où la politique est la plus incitative. Alors, Badinter se recentre sur le modèle français qui échappe certes aux statistiques mais qui fait perdre au discours toute prétention d’universalité.
Plus on allège le poids des responsabilités maternelles, plus on respecte les choix de la mère et de la femme, et plus celle-ci sera encline à tenter l’expérience, voire à la renouveler. Soutenir la maternité à temps partiel, que d’aucuns considèrent pourtant comme insuffisante et donc coupable, est aujourd’hui la voie royale de la reproduction. En revanche, exiger de la mère qu’elle sacrifie la femme qui est en elle ne peut que retarder encore plus l’heure de la première maternité et même la décourager.
La femme plurielle
Quand finalement, Badinter fait perdre à la mère sont statut de femme étroitement corrélé à sa fonction sexuelle, l’ouvrage touche à la caricature. La mère perdrait tout intérêt pour l’acte sexuel et négligerait son couple : si cette phase est traversée lors des premiers mois par la plupart des jeunes mères, la généralisation frise la satire.
Pour les unes, les activités liées à la maternité sont désexualisantes donc déféminisantes. La maternité est associée à des « sacrifices », à la perte de leur identité féminine. Pour les autres, le désir d’enfant leur est totalement étranger et la notion même d’instinct maternel n’a aucun sens.
Je suis réceptive et particulièrement perméable aux injonctions du maternage dit proximal. Je veux être une bonne mère. Ce livre aura eu le mérite de me faire remettre en cause et prendre du recul par rapport à certaines de ces prescriptions. Il est légitime par exemple de s’interroger sur le fait que 100% des femmes suédoises allaitent à la naissance de leur enfant… Néanmoins, il est trop clivant, le choix du vocabulaire est souvent trop négatif pour être parfaitement convaincant.
Je trouve que l’auteur a une vision manichéenne qui, dès le titre, dissocie la femme d’une part et la mère d’autre part, l’intérêt d’un côté, le désir de l’autre. Tout le long du livre, dans les constructions des phrases, la femme en tant que personne est opposée à la mère en tant que fonction. C’est méconnaître la complexité de l’individu qui est capable de davantage de subtilité : on peut allaiter et travailler (dans la même journée, pas forcément au même endroit…), on peut faire certains choix pour quelques mois sans qu’ils retombent sur nous pour des années, il y a un temps pour la mère et un temps pour l’amante (sans renoncer ni à l’une, ni à l’autre), etc.
Je sais qu’elle défend une thèse mais pour être trop peu nuancée, je n’arrive pas, malgré des tentatives de démonstration éloquente, à la trouver persuasive.
Néanmoins, comme la fin du livre semble enterrer la hache de guerre à travers la figure de la femme française (et malgré ce qu’il y a de bizarre à ce que Badinter utilise une figure stéréotypée alors qu’elle a tenté de dichotomiser les différentes facettes des femmes tout au loin du livre), je souhaiterais néanmoins conclure par une phrase qui me semble – enfin – mesurée et dans laquelle je me suis retrouvée, une citation où la femme ne s’attaque pas à la mère :
En ce début de XXIe siècle, la majorité des Françaises reste attachée à la trilogie des rôles : conjugal, maternel et professionnel. Pour elles, la maternité représente un facteur d’épanouissement nécessaire mais pas suffisant.
Retrouvez ce billet (et pleins d’autres) sur mon blog.
Euphrosyne
Quand je l’ai lu je me rappelle avoir pensé à plusieurs reprise « Mais pourquoi tant de haine ». De nos jours il y a une solution quand on ne veut pas être une « bonne mère » ça s’appelle la contraception. pourquoi se forcer si être mère est trop de souffrance et de sacrifice?
Entre les figures extrêmes de la mère parfaite et de la femme sans enfant (j’ai failli écrire : de la « mère » sans enfant en voulant parler de la femme qui aurait souhaité être mère mais qui y renonce par peur de ne pas être à la hauteur…), je pense qu’il y a simplement le « être mère ». On aime nos enfants pour ce qu’ils sont, ils nous aimeront (ou non d’ailleurs) pour ce que nous sommes. Faire du mieux qu’on peut est le minimum, certes, mais on n’évitera jamais de faire des erreurs et nos enfants auront toujours des choses à nous reprocher.
Alors, oui, je pense qu’il faut se ménager, préserver nos libertés fondamentales et poser des limites à nos enfants pour se respecter soi-même mais pas forcément renoncer à faire des enfants si l’on se sent incapable d’allaiter ou qu’on a un seuil de patience très bas… C’est en cela que le propos de Badinter me semble tout de même intéressant puisqu’il questionne une image de mère idéalisé difficile à assumer.
Il est bien dommage que la cause féministe en fasse oublier à Badinter de s’appuyer sur des études. La conviction, c’est bien, les faits, les chiffres, c’est bien pour donner de la crédibilité.
Concernant l’allaitement (!!) voici ce que j’en pense : http://jesuisuneseinte.wordpress.com/2011/10/12/lettre-a-elisabeth/
Ton billet est très intéressant même si pour ma part, j’essaie de ne jamais oublier qu’une mère qui ne « peut » pas allaiter (sachant qu’un blocage psychologique peut être plus difficile à surmonter qu’un problème physiologique) n’a pas à être culpabilisée. Et même si Badinter se trompe de combat, elle a le mérite de questionner certains modèles dont l’influence peut-être effectivement culpabilisante. J’ai assisté personnellement à une réunion de la Leche League et même si j’estime que mon allaitement a été « réussi » et long (14 mois), je suis ressortie de cette séance passablement contrite parce que je ne répondais pas aux « exigences » de cododo, portage ou utilisation de la tétine…
En ce qui concerne les études, je ne suis pas tout à fait d’accord puisque le livre cite constamment ses références… Cependant, je n’ai pas fait l’effort de les vérifier et peut-être me suis-je laisser berner… Je crains de toute façon qu’une vision partielle de l’ensemble des études existantes ne permette de cautionner une thèse comme son contraire.
Effectivement, n’ayant pas lu le livre, je ne savais pas que sa réflexion était argumentée. Même si on peut faire dire ce que l’on veut aux études… Bon j’arrête là ^^ Je suis d’accord avec LLL, mais on peut allaiter sans être extrémiste et suivre des dogmes du maternage proximal. Aucun extrémisme n’est bon, que ce soit dans LLL ou… dans le féminisme.
Pour l’allaitement je suis tout à fait d’accord. Le blocage psychologique n’est pas négligeable dans le processus de la lactation. Et je le respecte. Je ne suis pas dans allaiter à tout prix, mais plutôt dans le droit d’être accompagné dans ses choix ;) Sans être jugé.
Heureusement que Badinter existe, juste cette question de l’allaitement qui me chiffonne. Pour avoir biberonné et allaité, l’allaitement est tellement plus simple. Mais il a aussi des inconvénients.
Je pense enfin qu’effectivement elle est un peu dans le jugement. Il y a des femmes qui aime être mère au foyer, se consacrer à leurs enfants et s’occuper de leur maison (j’en connais), il y a des femmes à temps partiel qui ont besoin d’épanouissement et de voir leurs enfants (j’en suis) et il y a des femmes qui sont heureuses à temps complet avec leurs enfants à la crèche ou à l’école.
Laissons la liberté aux femmes d’être ce qu’elles veulent être, et pas ce qu’elles ont le droit d’être. Une femme n’est pas toutes les femmes :)
Je ne me suis jamais reconnue dans ce « fantasme de la maternité ». Et si tout cela n’est qu’une question féminine, elle situe où le désir d’enfant chez l’homme ? Car il est bien réel, et en tant que femme qui a voulu des enfants, j’aimerais bien qu’on ne me fasse pas plus de procès d’intention à ce sujet qu’on n’en ferait à un homme qui a voulu des enfants.
J’avais analysé qu’un thème récurrent dans la Bible, et qui expliquait un certain nombres de récits et/ou de principes horrifiants qui s’y trouvent, était le désir d’enfant à son comble. Le pacte entre Dieu et Abraham est scellé par la promesse d’une descendance innombrable. Eh bien, j’ai autant de mal à voir dans cette sacralisation de la descendance une réparation (comment les descendants qui naîtront bien après notre mort et dont on n’aura jamais conscience peuvent-ils être une réparation ?) qu’un fantasme maternel d’amour et de bonheur. En fait, je ne vois pas du tout le rapport. Personnellement, je ne prétends pas comprendre d’où peut bien venir le désir d’enfant, mais il me semble à tout le moins que cela a des racines bien plus profondes et mystérieuses que notre personne et/ou notre société, et relève de l’énigme de l’humanité même.
Et « faire du mieux qu’on peut », par définition, me semble être le maximum, pas le minimum ! Mais peut-être nous sous-estimons-nous nous-mêmes, et voyons notre « mieux » ou notre « pouvoir » bien plus bas qu’il n’est en réalité. En ce qui me concerne, je fais rarement quoi que ce soit « du mieux que je peux », y compris avec mon fils. Je cherche plutôt le seuil critique en dessous duquel il pourrait y avoir des problèmes ou des conséquences que je juge indésirables et, en fonction, je fais le moins possible. :P (Bien sûr, il m’arrive aussi de faire plus, mais c’est parce que j’en ai spontanément envie, et non par effort ou par intention. La maternité EST énormément d’amour et de bonheur, quoi qu’en dise Badinter.)
Le désir d’enfant et le fantasme de la maternité sont abordé comme 2 points distincts. Le désir d’enfant d’une part est traité souvent dans le livre comme un désir de couple et j’adhère complètement à cette idée. Pour ma part, d’ailleurs, j’ai rencontré davantage d’hommes ayant toujours voulu être père que de femmes ayant toujours voulu être mère…N’empêche que l’ouvrage de Badinter traite de la femme et le désir d’enfant de l’homme pourrait faire un sujet d’analyse à part entière (dans un autre livre: l’homme et le père ?).
Le fantasme de la maternité est davantage décrit comme une figure que la femme élabore d’elle-même en tant que future mère et qui ne questionne pas nécessairement le désir d’enfant (sauf lorsque celle-ci s’estime une mauvaise mère indécrottable et que donc, elle renonce à la maternité). On a tou.te.s tendance à idéaliser (ou au contraire, à dramatiser) l’avenir et nos projets et certaines réalités sont déconcertantes si ce n’est décevantes (plus rarement réjouissantes). Je pense qu’on imagine tou.te.s que les enfants vont nous apporter davantage de joies que de peines sinon, bien évidemment, nous n’en ferions pas et par moment, dans le creux de la vague, les moments difficiles d’épuisement et d’exaspération, nous pouvons avoir des pensées très négatives sur la maternité et sur nos enfants. Peut-être n’as-tu pour ta part rien idéalisé de ta future vie de Maman et dans ce cas, je crois que tu peux t’estimer chanceuse soit de beaucoup de pragmatisme et / ou de fatalisme, soit d’avoir un bébé proche de la perfection pouponnesque.
Je suis désolée si le terme de « réparation » a pu te choquer. Je parle là évidemment de ma propre expérience, de longues séances d’analyse et de beaucoup de lectures qui parlent souvent de rapports conflictuels avec ses parents, de désir de « faire mieux » qu’eux, d’image de famille idéale avec 2, 3 ou 4 enfants, de besoin de se sentir utile ou de laisser une empreinte après soi, etc. En même temps, je pense extérioriser le désir d’enfant et le faire reposer sur les épaules de notre condition humaine et une façon de refuser d’explorer son subconscient : nous sommes un produit de l’humanité certes mais aussi d’une société (ce que défend Badinter) et d’une histoire familiale (ce que je défends, pour simplifier). Il est vrai que se baser sur un avenir incertain et inconnu pour réparer le passé est probablement vain néanmoins, dès lors qu’on estime qu’il y a nécessité d’une réparation, nous n’avons pas vraiment d’autre choix… Après, peut-être devrait-on considérer que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » et arrêter de s’interroger mais si nous nagions dans le bonheur 24h/24 7j/7, nous n’aurions probablement pas inventé la philosophie !
Pour ce qui est de l’expression « faire du mieux qu’on peut », je crois qu’elle traduit une intention très intime donc, de ce fait, elle est le minimum… sauf si l’on estime qu’avoir de bonnes intentions est déjà trop demander et que malgré le fait que entre l’intention et la mise en pratique, on perde déjà beaucoup d’efficacité, il vaut mieux ne pas placer la barre trop haut ! Dans ton cas et d’après ce que tu dis, j’ai l’impression que tu fais le maximum pour tes enfants dans la mesure où tu te préserves aussi au maximum de ce que tu trouves trop contraignant et/ou contraire à ta liberté individuelle et je trouve ta position tout à fait légitime.
Merci beaucoup Euphrosyne pour cet article très mesuré, et très argumenté ! En général, Badinter déchaîne les passions, contre ou pour. Or comme tu le soulignes, Badinter pose des questions, parfois, très intéressantes, même si les réponses qu’elle apporte ne sont toujours aussi pertinentes ! J’aime beaucoup ton analyse de ce livre et je te remercie de l’avoir formulé ainsi, elle me permet de mettre des mots sur certaines choses que je pense moi aussi… (idem sur la Leche League, mais c’est un autre sujet).
Il y a peut être un point quand même qui me chiffonne, et comme cela arrive très tôt dans ton article, j’ai eu très peur pour la suite ! Selon le toi le désir d’enfant est « d’abord et surtout une réparation. Celle de notre enfance, des projets que nous n’avons pas réussi à mener à bout, etc. Elle répond à notre complexe d’œdipe et notre désir de faire plaisir à notre père, etc ».
Waouh !! Alors là, j’avoue de ne pas du tout adhérer à ton analyse. C’est peut être vrai pour certaines, mais de là à généraliser pour toutes les femmes, je dois dire que ça me heurte…
Argh, désolée de t’avoir heurtée… Je comprends à te lire ce que cette phrase peut avoir de choquant et à quel point elle aurait mérité d’être détaillée mais je ne voulais pas trop m’étendre puisque le sujet du billet était bien le livre et non pas ma propre vision du désir d’enfant… J’ai résumé à (trop?) gros traits donc… Le but n’était pas de polémiquer mais simplement (comme je l’ai déjà dit dans ma réponse à Jeanne) de ramener l’individu, son histoire et sa psychologie dans les explications possibles de ce désir (par opposition à la simple pression sociale comme Badinter veut nous le faire croire). Je pense que le mot « réparation » est peut-être mal choisi mais c’est celui qui m’est venu pour englober l’ensemble des choses qu’on veut « mieux faire » que ce qui a été raté (ou moyennement réussi :-/ dans notre relation à nos parents. C’est aussi un mot qui me permettait de toucher du doigt les aspirations que nous pouvons avoir à cause de traumatismes (là aussi, le mot est peut-être trop fort…) de la petite enfance. Par exemple (et pour dépassionner le débat, je sors du contexte de la parentalité), j’ai connu un médecin qui avait contracté la polio et en gardait des séquelles: il disait clairement que son désir de devenir médecin venait du fait qu’il espérait pouvoir guérir les autres, mieux qu’il n’avait été soigné. C’est de ça dont je voulais parler. Je ne voulais pas généraliser brutalement mais je pense tout de même que notre passé influe inconsciemment sur nos décisions.
Pour ma part, j’aurais voulu désirer avoir des enfants pour la simple « beauté du geste » (et ainsi libérer ma progéniture de tout fardeau lourd à porter) mais pour avoir eu un cheminement complexe entre le non désir assumé et le besoin irrépressible, j’ai creusé dans mes motivations inavouables et je dois reconnaître que mon désir d’enfant n’est pas aussi pur que je l’aurais souhaité.
J’espère que ces précisions te permettront – à défaut de te convaincre, je n’ai la prétention ni d’avoir raison, ni d’être convaincante – d’être un peu moins chiffonnée :)
merci pour ta réponse, qui me déchiffonne ;-)
ce que j’en comprends c’est que les termes « réparation », « traumatisme », « mieux faire » reliés à la notion de désire d’enfant, renvoient surtout à ta propre expérience…
John Locke a dit : « La connaissance de l’homme ne saurait s’étendre au-delà de sa propre expérience. » dans la préface de « Essai philosophique concernant l’entendement humain ».
:D
<Y
Merci beaucoup de ta contribution et de ce compte rendu de lecture très complet! Et ravie d’apprendre que La Bibliothèque des VI y a aidé! :-)
Je suis toujours perplexe face aux propos de Badinter et ta présentation ne m’invite pas à changer de point de vue…Je pense qu’elle a raison de dénoncer les pressions colossales qui pèsent sur les épaules des parents, des mères en particulier. La toute première pression: celle de devenir parent (quand on songe aux difficultés que rencontrent les personnes qui souhaitent avoir recours à une contraception définitive avant d’avoir atteint un âge jugé suffisant par la société) puis vient la culpabilité omniprésente, la crainte de ne pas être « une bonne mère », l’équation difficile à résoudre entre vie professionnelle, vie familiale et vie personnelle (car aux inégalités qui président à la naissance de l’enfant succèdent souvent des inégalités dans la répartition des tâches domestiques au sein des couples), et les conséquences malgré tout assez fréquentes de tout cela: le surmenage et perte d’identité de soi (que je ne réduis pas à la question de la vie sexuelle, mais juste de la vie, tout court… notamment lorsque les mères sont en burn out). Donc oui, elle a raison de dénoncer cela. Là où je comprends mal, c’est qu’elle semble faire en premier lieu un procès aux mères: qui ne réfléchiraient pas assez avant de procréer, qui se laisseraient influencer aveuglément par le premier donneur de conseils venus (associations, institutions, représentants du corps médical, connaissances et famille, etc…), qui s’enfermeraient toutes seules dans la course à la perfection, etc… Mais alors, c’est quoi cette vision de la femme débile et soumise qui ne peut pas décider et penser par elle-même? Et qui finalement se demanderait encore à elle-même de faire les sacrifices qui s’imposent pour se libérer… Pour moi, la solution ne peut venir que d’un meilleur partage père/mère et d’une levée de l’hypocrisie sociétale à propos de l’éducation des enfants: oui, un enfant a besoin de la présence de ses parents, oui c’est fatiguant et prenant de s’occuper d’un enfant et NON il n’est pas raisonnable de se donner comme objectif que la « productivité » des jeunes parents égale celle d’un adulte n’ayant pas fait ce choix.
Si je comprends bien ton commentaire, tu es grosso modo d’accord avec le constat de Badinter sur la pression sociale exercée sur les femmes et les mères mais tu lui reproches de s’en prendre aux femmes pour faire évoluer le rapport de force… En effet, une solution plus ambitieuse, plus efficace et plus féministe sans doute, serait de vouloir changer notre société. Seulement, je crains que Mme Badinter n’ait rien d’une révolutionnaire… ;)
Disons que taper sur les opprimés n’a jamais été très efficace mais oui, tu m’as bien comprise :-)
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