Il y a quelques jours un fait divers particulièrement tragique – la mort d’un bébé de 4 mois – faisait la une des médias.
Comme à chaque fois, il s’agit d’un cas extrême qui s’est déroulé dans des conditions sordides. Comme à chaque fois qu’un tel drame se produit, on parle dans les médias des conditions sordides de vie de l’enfant concerné, on insiste sur le pathologique.
Mais combien de fois entend-on dans les médias aborder la question de la maltraitance infantile ?
Cet article du Nouvel Obs pose la question.
Si j’adhère avec ses conclusions, le journaliste traite bien maladroitement le sujet.
D’abord parce qu’il semble dire de prime abord que les médias auraient dû soupçonner une maltraitance et non aller dans le sens d’un kidnapping.
Ses parents ont fini par avouer leur implication dans la mort de leur fils, après avoir défendu la thèse d’un enlèvement. Pourquoi n’a-t-on pas imaginé cet épilogue tragique avant ?
Ensuite l’article insiste sur le fait que la presse dans son ensemble semble avoir adhéré à la thèse du kidnapping et qu’elle n’aurait pas dû :
Mais non, la presse dans son ensemble, reflet de l’opinion commune, semble avoir adhéré au mensonge des parents ! Un kidnapping.
L’article semble donc sous-entendre que là est le problème du traitement de la maltraitance dans les médias.
Avis que je ne partage pas.
Il m’aurait paru bien inapproprié que la presse indique clairement soupçonner les parents de maltraitance. La présomption d’innocence étant ce qu’elle, il me semble que ce n’est peut-être pas le rôle des médias de faire cela mais celui de la police. Et c’est, en l’occurrence ce qu’elle a fait puisqu’elle a rapidement obtenu des aveux.
Cependant cet article assez mal fait sur la forme dénonce quand même un fait avéré : la maltraitance des enfants en France est un sujet globalement passé sous silence, royalement ignoré de beaucoup de gens et des médias en particulier.
Et il est particulièrement mal traité dans les médias d’une façon générale comme je l’expliquerai plus bas.
Comme le dit l’auteur de l’article du Nouvel Obs :
Cette triste histoire se répète inlassablement sans casser le stéréotype de la famille idéale.
Comment pourrait-on soupçonner des parents d’être maltraitants ? Pire, de tuer leur enfant !
La sous estimation de la maltraitance en France
Cette question de la sous-estimation de la maltraitance en France n’est pas que le fait des médias.
Une enquête de l’INSERM – abordée dans cet article du Monde (une bonne partie n’est accessible qu’aux abonnés mais l’article peut être acheté pour 2 euros) – menée pendant 5 ans sur les décès suspects d’enfants dans 3 régions de France a permis d’amener des conclusions alarmantes … mais passées quasiment sous silence.
Ses conclusions ?
La maltraitance est « un phénomène de santé publique massif »
nous dit Anne Tursz – épidémiologiste, directrice de recherche à l’INSERM dans l’article en question.
Cette étude nous montre bien que le sujet de la maltraitance n’est pas qu’une lubie de hippies qui n’ont rien d’autre à faire, comme le sous-entendent parfois certaines personnes quand on leur parle de la violence éducative. Dans les pays développés, 10% des enfants – 1 sur 10 donc 2 à 3 enfants parmi ses camarades de classe ! – seraient donc concernés par de la maltraitance.
Cette sous-estimation chronique explique qu’on ne s’est que peu intéressé au sujet puisqu’il semblait ne concerner qu’une infime minorité de la population.
En quoi le traitement dans les médias de la maltraitance contribue à sous estimer la maltraitance infantile ?
On ne parle généralement de maltraitance que lorsqu’un drame particulièrement violent se produit. Et dans ces cas, le traitement des médias se résume généralement à montrer combien les parents qui ont commis ces actes semblent être des « cas sociaux » comme on dit, des parents « pathologiques ».
Ce traitement particulièrement pathologisant contribue à mon avis à renforcer la sous-estimation chronique dénoncée par l’enquête de l’INSERM.
Il se produit en effet un phénomène fort logique de déculpabilisation : pas besoin pour tout un chacun de se pencher sur l’éducation donnée à ses enfants, de se poser des questions sur la violence éducative et sur la relation à l’enfant d’une manière générale, pas besoin de remettre en cause la bonne vieille fessée puisque la maltraitance ne concerne que les autres, les malades mentaux, les cas sociaux, cqfd.
Le parent maltraitant n’est pas comme vous et moi bien sur !
Or l’enquête de l’INSERM citée dans Le Monde a conclu que les chiffres des infanticides étaient largement sous estimés en France et qu’on pouvait évaluer le nombre d’homicides de mineurs à 400 à 800 cas par an.
Jusqu’à 2 ENFANTS PAR JOUR !!! 3 FOIS PLUS QUE LES FEMMES VICTIMES DE VIOLENCE !
Et on ne parle là que des enfants MORTS sous les coups de leurs proches. On ne parle pas de ceux qui seront handicapés physiquement, ni ceux qui sont touchés psychiquement par les actes de maltraitance et qui seront plus à risque de reproduire cette violence sur leurs propres enfants.
Comme le dit Gilles Séraphin, directeur de l’ONED dans Le Monde, selon le contexte culturel :
La frontière entre une éducation « à l’ancienne » et la maltraitance peut être ténue.
Etant donné cette très importante sous-estimation du phénomène, ne serait-il pas temps que nous agissions pour que les pouvoirs publics s’intéresse au sujet de la maltraitance infantile de façon sérieuse ?
Pour ma part, je pense que ce sujet est non seulement sous estimé mais très mal abordé. Vous pouvez d’ailleurs lire ici sur mon blog quelques pistes de réflexions pour agir contre la maltraitance. Je vous invite à venir déposer les vôtres en commentaire sur mon blog !
Sandrine S Comm C
Le dernier lien ne fonctionne pas!
Sinon très bon article avec lequel je suis on ne peut plus d’accord.
Merci beaucoup de ta contribution!! Je suis très largement d’accord avec ton propos et suis effarée de constater chaque jour à quel point les adultes (car je pense que le pb n’est pas que de l’ordre de la parentalité mais bien du regard de l’adulte sur l’enfant) est capable de traiter (voir même considère cela comme souhaitable) un enfant pire qu’il ne le ferait avec aucun autre être humain (je ne m’aventurerai pas sur le terrain des violences faites aux animaux…). Je garde néanmoins une réticence (tissée de vieux principes) à discuter des « faits divers » (horrible appellation): ceux-ci génèrent invariablement de la violence (qu’on lise les commentaires de ceux qui en appellent à rétablir la peine de mort pour les parents, comme de ceux qui banalisent les maltraitances et violences que subissent un nombre considérable d’enfant) que je ne suis pas prête à accueillir et que je trouve bien peu constructive…
Mais clairement oui, je ne comprends pas pourquoi ce problème n’est pas posé comme priorité nationale…
J’ai été choquée quand, lors de cette affaire, les médias parlaient de « mort suite à une punition qui a mal tournée ». Pour un bébé de 4 mois, je parle de maltraitance là ….
Les chiffres sont effarants. Je ne comprends pas que rien ne soit fait pour sauver la vie à certains enfants… Voisins, entourage, parfois se taisent. Je pense que ce sujet est peu traité par les médias car si tel était le cas, il faudrait remettre en cause la place même que la violence a dans le monde des adultes. Qu’il y a d’autres solutions, que la raison du plus fort n’est pas la meilleure. Je pense que les mentalités ne sont pas encore prêtes à évoluer autrement, surtout aujourd’hui avec la montée d’extrémismes et de la haine envers autrui. Derrière cette violence, c’est le droit de l’autre d’exister en étant différent de soi. Et comme la différence fait peur, elle peut mener à la violence.
La solution réside je pense malgré tout dans la sensibilisation des parents aux conséquence de la maltraitance. Conséquences physiques et psychologique?. Mais je garde espoir : la question des bébés secoués commencent à faire son chemin, les parents sont sensibilisés. Peut-être si on leur disait que oui, une gifle peut tuer, ils regarderaient ça autrement. C’est un peu fouilli mais c’est un sujet qui me touche. En tant qu’adulte nous devrions tous avoir pour mission de protéger les enfants de la violence, qu’ils soient les nôtres ou pas.
Enfin, je me dis que déjà , les cas d’inceste qui sont plus souvent perpétrés par les ascendants dans une famille, sont encore tabou…
Bref, dans ce commentaire sans queue ni tête, je voulais juste dire que ce sujet me paraissait fort complexe, intriqué dans d’autres problématiques qui dépassait le cadre même de la parentalité.
Par définition, un inceste est forcément perpétré par un membre de la famille. Vous vuoliez dire « viol » peut-être?
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