Aider les enfants à surpasser leurs peurs et angoisses grâce au jeu

Je souhaite partager une lecture géniale : Celle du livre « THE OPPOSITE OF WORRY » de Lawrence J. Cohen, psychologue américain spécialiste de la parentalité ludique ou comment aider les enfants à surpasser leurs peurs et leurs angoisses par le jeu. J’adore cet auteur parce que son approche de la psychologie est très pratique avec des exemples concrets du quotidien et des solutions efficaces pour aider les parents.

Dans ce livre, dont il n’existe qu’une version en anglais à ce jour, il partage de manière exhaustive la façon dont les enfants deviennent anxieux et nous montre comment nous pouvons les accompagner pour surpasser leurs peurs grâce au jeu. Je vais donc piocher quelques points mais vous invite à lire l’intégralité du livre si vous lisez l’anglais of course ;) parce que c’est un mine d’informations.

jouer pour gérer peurs et angoisses

Comment gérer les angoisses et les peurs des enfants : L’approche de la parentalité ludique

 

1- Le réglage de notre système d’alarme interne

 

Pour bien répondre à un problème donné, il faut bien sûr en comprendre la source et les fondements. Lawrence Cohen, nous explique que nous avons tous un système de sécurité interne et détaille la façon dont il fonctionne. Ce système de sécurité est très utile parce qu’il nous aide à nous protéger de dangers réels, mais chez les personnes angoissées et particulièrement chez les enfants, le système d’alarme reste bloqué sur « danger » et fausse leur perception. J’ai écrit un article et tourné une vidéo sur ce système sur mon blog Leo-Melrose, je ne vais donc pas m’étendre sur ce sujet ici mais je souhaitais l’aborder parce que c’est la base pour comprendre la façon dont notre corps gère l’anxiété et comment nous pouvons accompagner nos enfants.

2- Faire preuve d’empathie et réconforter

 

Lawrence Cohen aborde la façon dont nous pouvons, en tant que parents, donner confiance à nos enfants et les aider à baisser leur niveau de peur en faisant preuve d’empathie. Les peurs de nos enfants sont réelles pour eux. Donc, même si elles nous paraissent ridicules, le sentiment de peur n’étant pas rationnel, il faut écouter et non pas raisonner. Même si on ne partage pas le même sentiment, on doit écouter et réconforter.
Si on leur dit : » ne sois pas ridicule » ou « il n’y a aucune raison d’avoir peur », le message qu’on leur fait passer, c’est qu’ils ne peuvent pas compter sur nous parce que nous ne les comprenons pas.

Et puis la peur d’un enfant face à une situation sans danger réel, peut cacher autre chose, une peur liée à quelque chose de plus profond, par exemple la peur de perdre son papa ou sa maman, la peur de la séparation de ses parents, etc.
Faire preuve d’empathie est le meilleur moyen de faire le premier pas pour aider nos enfants à baisser leur niveau d’anxiété.

3- Inspirer la sérénité comme les poussins…

 

L. Cohen fait également référence à la façon dont les poussins se comportent face au danger en faisant le parallèle avec la relation parent-enfant.

Les poussins observent le comportement des autres poussins pour évaluer s’il y a du danger ou non. Un poussin qui a peur, inspire la peur aux autres poussins qui s’immobilisent. Si le poussin en question se promène l’air calme et serein, ça veut certainement dire qu’il n’y a pas de danger, les autres poussins peuvent alors se promener en toute confiance.

En tant que parents, nous pouvons de la même façon transmettre un signal « tout va bien » ou au contraire « danger » par notre comportement. Par exemple, si notre enfant a peur, lui dire en se mettant à sa portée et en le prenant dans ses bras :  » Est-ce que tu vois de la peur dans mes yeux ? ». On aide de cette façon à passer en mode « tout va bien » comme le petit poussin : « Si maman – la personne en qui j’ai confiance – n’a pas peur, c’est qu’il n’y a pas de danger ».

C’est pour cela que si vous êtes un parent anxieux, il est important que vous reconnaissez vos peurs et vos angoisses et que vous pratiquez la relaxation car vous êtes un modèle pour vos enfants et ils se comportent avec vous comme des poussins. Par exemple, si vous aimeriez que votre enfant aille vers les autres mais que vous n’invitez jamais de nouvelles personnes à la maison, cela ne peut pas fonctionner… Vous allez me dire, « c’est du bon sens », mais face à nos angoisses et à nos peurs, nous ne raisonnons pas toujours de la meilleure façon qui soit…

4- Pousser nos enfants vers la confrontation à leurs peurs grâce au jeu

 

Une fois que l’on a réconforté nos enfants par de l’empathie et par notre comportement qui transpire la sérénité, L.Cohen nous invite à pousser les enfants à se confronter à leurs peurs pour les surpasser, c’est de cette façon que l’on peut les accompagner pour qu’ils gagnent en confiance et vivent une vie épanouissante.
Les surprotéger, leur éviter à tout prix la frustration et la souffrance n’est pas une solution. C’est d’ailleurs valable également pour les adultes ;)

Les pousser vers la confrontation à leurs peurs signifie les accompagner en douceur, les aider à sortir de leur zone de confort. Et il faut faire preuve de patience, car la peur est résistante au changement.

Des exemples de jeux pour aider les enfants

 

Le livre regorge d’exemples de jeux, notamment de jeux physiques, comme jouer à la bagarre par exemple, pour aider les enfants à sortir de l’anxiété parce que l’anxiété « paralyse » notre corps. Pour aider les enfants à la surmonter, ils doivent en reprendre le contrôle. Reprendre le contrôle sur leur système de sécurité interne pour passer du mode « je vois du danger partout » à « tout est ok », sur l’expression de leurs émotions pour les vivre pleinement, qu’elles soient agréables ou désagréables, le contrôle sur leur petite voix anxieuse interne.

Un instrument utile pour mesurer la peur est le « trouillomètre » que les parents peuvent matérialiser par une toise fabriquée maison, graduée selon l’échelle définie par l’enfant. L’idée est de pouvoir s’y référer lorsque nos enfants sont angoissés afin de mesurer leur niveau d’angoisse et de les aider à mesurer leurs progrès en faisant baisser le niveau et en constatant les progrès avec eux.
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Les différentes peurs communes sont traitées en détails dans le livre « The opposite of worry » : De la peur des monstres en passant par les peurs liées à un traumatisme, les phobies et la peur de la séparation…

Par exemple, L. Cohen explique que si les enfants ont peur de choses imaginaires comme les monstres sous leur lit, les dinosaures, c’est que les images et les pensées peuvent déclencher les mêmes peurs que les dangers réels de la vie. Par exemple lorsqu’ils sont exposés à des films avec des images fortes accompagnées de musique, des jeux vidéos, etc.
Par ailleurs, les enfants ne sont pas toujours capables d’exprimer leurs plus grandes peurs par des mots. S’ils se sentent seuls ou s’ils ont peur de la mort, ils ne savent pas comment l’exprimer et ne comprennent pas toujours d’où vient la source de leur peur et la matérialisent sous la forme d’un monstre.
Ils ont donc vraiment peur, ce n’est pas de la manipulation de leur part.

Je terminerai par partager 2 idées de jeux pour accompagner vos enfants :

  • Un jeu pour aider les enfants à évacuer une situation mal vécue : Par exemple, si votre enfant a eu un vaccin, le laisser rejouer le docteur et vous faire une piqûre avec une seringue virtuelle. de cette façon, en rejouant la scène avec vous, il se débarrasse de cette situation contrariante pour lui
  • Un jeu pour renforcer la confiance des plus petits : Courir après son enfant et ne jamais réussir à l’attraper ou tomber de manière loufoque au moment où on est sur le point de l’atraper.

 

Est-ce que vous utilisez le jeu quand vos enfants ont peur  ? Merci de laisser un commentaire

A vous de jouer !

Cecile de Leo-Melrose.com, le blog sur la parentalité ludique

 

9 réflexions sur “Aider les enfants à surpasser leurs peurs et angoisses grâce au jeu

  1. En réponse à Aider les enfants à surpasser leurs peurs.
    Pas si facile à gérer.
    Quand mes enfants avaient 6 et 9 ans j’ai voulu tester leur peur d’être abandonnés lors d’une promenade . Je me suis cachée derrière un arbre à leur insu et les ai observés.
    Quand ils se sont rendu compte de mon absence ils ont commencé à me lancer des insultes de vouloir les abandonner et d’être une mère indigne. Je n’ai pas su expliquer le but de ma manœuvre et les convaincre que je voulais simplement voir leur réaction et les rassurer . J’avais raté mon test.
    Une autre fois, je voulais savoir comment ils se comportaient quand ils allaient ensemble à l’école. Je suis allée les observer de loin. Quand je leur ai dit que j’étais fière d’eux , qu’ils traversaient bien la rue ensemble au bon endroit, etc…ils m’ont reproché de  » les espionner en cachette ».
    Pas facile d’être parent!!
    Espérons qu’ils feront mieux que moi quand viendra leur tour d’être parent!

    • Bonjour Mamamia et merci de ce témoignage sincère !
      Si être parent était facile, il n’y aurait ni blog, ni livres, ni ressources sur le sujet ;)

      Se cacher aurait pu être un jeu pour aider vos enfants à prendre de l’assurance dans un lieu inconnu mais sécurisé, par exemple si vous aviez annoncé « on joue à cache-cache » en donnant des consignes sur le périmètre du jeu (entre tel arbre et tel arbre par exemple) et si le lieu s’y prêtait (pas trop touffu par exemple).

      Je ne comprends pas bien par contre pourquoi vous vouliez tester leur peur d’être abandonnés ?…
      A mon sens, si on donne ne serait-ce qu’un indice à nos enfants sur le fait qu’on pourrait les abandonner, on sème cette petite idée en eux et du coup ça ne peut que leur faire peur … Je ne vous jette pas la pierre, j’essaie juste de comprendre votre test ;) Est-ce qu’avant cette balade, ils avaient déjà exprimé le fait d’avoir peur d’être abandonnés ? Si oui, un jeu que vous auriez pu faire c’est par exemple inverser les rôles en faisant comme si vous aviez peur d’être abandonnée et en amplifiant le truc de manière loufoque avec un ton larmoyant-comique pour bien montrer que vous êtes dans le jeu et provoquer le rire de vos enfants…

      Pour votre 2nd exemple, je comprends que vous ayez eu besoin d’être rassurée et je comprends aussi la réaction de vos enfants qui est assez logique : Personne n’aime être « espionné », (enfant ou adulte d’ailleurs…) parce que le message perçu c’est : « tu n’as pas confiance en moi ».
      Dans le jeu, on peut dire par exemple : « ok je m’en vais maintenant !… » en faisant semblant de se cacher pour observer les enfants mais en étant sûre qu’ils nous voient bien, par exemple derrière un poteau tout fin ( plus fin que soi :).
      Ceci dit c’est toujours facile de refaire l’histoire ;)
      Et entre nous, mon avis c’est que – en dehors du jeu – on est peut-être pas obligé de leur dire qu’on les a observés…
      Certains vont dire que c’est inadmissible de faire des choses dans le dos de ses enfants, mais bon – si on ne tombe pas dans l’espionnage récurrent et obsessionnel – le faire une fois pour valider que les consignes données ont bien été comprises me paraît plutôt louable pour pouvoir revenir dessus si ce n’est pas compris :) Et puis cela n’empêche pas de leur avouer « notre méfait » lorsqu’ils sont en mesure de le comprendre quelques années plus tard…

      En tant que parent on essaie des trucs, c’est déjà une belle preuve d’amour, et les résultats ne sont pas toujours ceux escomptés. Et puis, vous avez bien fait votre « boulot de maman » puisque vos enfants ont bien compris comment traverser la rue en toute sécurité, donc bravo à vous ;)
      Amicalement
      Cecile

    • Ben non, test reussi : ils ont transformé leur peur en colère, c’est leur maniere à eux de ne pas se laisser déborder par la panique.

      Enfin, par deux fois vous faites des choses « à leur insu », sans les prévenir, en vous cachant : c’est une forme de mensonge, alors que je suppose que vous leur répetez qu’il n’est pas bien de mentir…
      Vous semblez étonnée de leur réaction, mais voyons, quelle aurait été la votre à LEUR place ? Si vos parents vous avaient fait ca à leur âge ? Ou imaginez votre mari vous surveillant à votre insu pour vérifier que vous ne le trompez pas ? Imaginez qu’il disparaisse soudain et vous laisse sans nouvelles, pour « tester votre peur de l’abandon » ? Ne seriez-vous pas vous aussi furieuse ?
      Un peu d’empathie, que diable…

      Faire les choses a l’insu des autres c’est prendre le pouvoir sur eux. C’est donc tout l’inverse du jeu, où les regles sont donnees avant, et ou pour aider ses enfants à prendre confiance en eux, on va tricher pour les faire gagner ou se mettre en position de faiblesse : « on joue au petit Poucet abandonné dans la forêt par ses parents », ce n’est pas la meme chose que le leur faire vivre en direct sans les prevenir… De toute facon ils auront bien assez tot l’occasion de le vivre en vrai un jour : il est si facile de se perdre de vue… (et pas seulement dans la foret)

  2. Merci beaucoup pour cet article!!! On ne dira sûrement jamais assez tout ce que le jeu permet, à l’enfant comme à l’adulte, en terme d’apprentissage, de gestion des émotions et de dépassement des épreuves… et surtout à quel point nous faisions spontanément étant enfant ce que nous devons réapprendre à faire étant adulte…

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