Il y a 3 ans, j’écrivais un billet sur les Mini Vamps, ces petites filles de 10 ans qui veulent porter des talons et se maquiller pour aller à l’école et dont les mères acceptent pour que leurs filles ne se sentent pas exclues de leur groupe de copines. A l’époque, ma fille avait 6 ans. Aujourd’hui, elle va bientôt avoir 9 ans et elle me tanne presque tous les jours pour que je lui achète du maquillage. Quand elle invite une copine, il y a forcément une séance « maquillage » dans l’après-midi. Et ce n’est pas un maquillage de déguisement pour se grimer en chat, non, leur truc, c’est la séance de maquillage à l’aveugle : tenter de se mettre fard à paupière et rouge à lèvres les yeux fermés.

Tout ceci reste de l’amusement. Il n’est pas question d’aller à l’école maquillée. Par contre, le jour du Gala de danse annuel est jour de fête puisque le maquillage est obligatoire. Pouvoir avoir un trait d’eye liner au dessus des cils est un bonheur ultime.

Dans la classe de mon fils de 10 ans, les filles ont des portables et parfois des « amoureux » qui ont aussi un portable et auxquels elles envoient des SMS. Quand il fait plus de 20°, elles sortent toutes les micro shorts. Et si elles peuvent avoir des bottines à talons de 3 ou 4 cm, elles balancent encore plus les fesses et les longs cheveux en marchant. La fille de 9 ans qui porte une robe longue et dansante, imprimée de fleurs fait presque attardée ou sortie d’une autre époque :la mienne, au milieu des filles de cette génération.

Je me souviens de mes 10 ans, dans les années 90, une époque où le téléphone portable n’existait pas, une époque où j’aimais surtout jouer aux barbies, faire de la balançoire et ne faisait vraiment pas attention à ma tenue vestimentaire. Ce n’est qu’en arrivant au collège que j’ai pris conscience que je devais peut-être m’habiller autrement. C’était peut-être l’effet campagne, je ne sais pas. Mais j’étais une petite fille insouciante et naïve qui ne cherchait pas à être bien habillée.

D’ailleurs, dans un rapport d’Enfance et Culture sur l’hypersexalisation des filles, il est dit :

Interroger des adultes sur leurs enfants, c’est se confronter à leurs références permanentes à « l’avant », à l’histoire d’enfance de sa propre génération. C’est écouter la nostalgie de ce que, adulte devenu, on pense in fine avoir été réussi.

(…)

Les parents sont conscients de tous ces changements qui affectent la culture enfantine notamment, et « qu’il faut faire avec

(…)

Le tout est de contrôler, le contenu, le temps passé également dans ce qui ne rejoint pas la culture scolaire, pour ne pas que cette dernière ne se laisse dépasser.

Dans son billet suite à la lecture du livre « Stop à l’hypersexualisation – Protégeons nos filles ! » de Tanith Carey, Phypa fait le même constat et note qu’il est inutile d’enfermer nos filles dans une tour d’ivoire car …

quand bien même nous le ferions, cela ne servirait à rien, car comme le dit très justement l’auteure « la sexualisation des enfants est dans l’air même que nos filles respirent », et nous savons que cela commence dès le berceau avec la couleur et la forme des vêtements !

Parmi les idées données dans le livre de Tanith Carey pour protèger nos filles, il y a :

– Inculquer le droit à l’erreur, le droit à s’aimer soi-même

– Développe l’estime de soi

– Se servir de l’humour

– Revendiquer le droit pour les jeunes filles et les femmes de ne pas subir une identité sexuelle imposée par les images véhiculées

– Soutenir les initiatives telles que le blocage des pop up de pub pour le porno sur internet , telle que celle du site anglais, à noter dans la loi française, l’article 227-24 du Code pénal, selon lequel « le fait de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende, lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur.

– élargir le cercle des connaissances des enfants afin qu’ils connaissent d’autres point de vue que ceux de leurs camarades de classe

– la nécessité de l’éducation sexuelle

– limiter le maquillage, surtout pour les fillettes

– résister à l’influence de la publicité

– attendre que notre enfant ait au moins 12 ans avant d’avoir un téléphone portable

– offrir des jouets qui permettent les jeux d’imagination plutôt que des poupées Bratz

– l’importance de la relation père-fille

De mon côté, j’explique également beaucoup à mes enfants que chaque famille n’a pas les mêmes idées en matière d’éducation, que chacun ses choix, mais que chez nous, c’est comme cela et tant pis s’ils râlent car plus tard, quand ils seront grands, ils nous remercieront. Comme eux, j’ai râlé parce que je trouvais beaucoup de choses injustes et pourtant, vu de mes 34 ans, je trouve finalement que j’avais beaucoup (trop) de libertés.

Ma fille râle 2 secondes de ne pouvoir mettre de micro shorts comme ses copines, puis finalement, avec un cycliste en dessous, c’est tout aussi joli.

Pour endiguer le phénomène d’hypersexualisation des jeunes filles, il pourrait y avoir une charte de l’enfant, comme au Royaume-Uni.

En Grande-Bretagne, le document demande par exemple aux grandes marques de prêt-à-porter de renoncer aux soutien-gorges ampliformes pour les petites filles. Chaque citoyen peut en outre signaler sur un site internet les produits qu’ils jugent inappropriés. (source)

MissBrownie