Tu n’as pas eu de mention au bac ? La faute à ton prénom !

Bon, ceci est un peu exagéré, mais suite aux résultats du baccalauréat 2014, le sociologue Baptiste Coulmont a passé quelques 310 000 prénoms de bacheliers à la moulinette, comme tous les ans, pour en déduire un lien entre mention au bac et prénom.

Dire que quand j’étais moi-même bachelière, mon rêve d’avenir professionnel était de réaliser ce genre d’études.

La grande majorité des bacheliers 2014 est née en 1996, année où les prénoms Manon, Thomas, Camille et Marie étaient dans le top 5 des prénoms les plus donnés.

La réussite scolaire varie en fonction de l’origine sociale, du niveau de diplôme des parents et du sexe des lycéens. Le choix des prénoms varie aussi avec ces mêmes critères (origine, diplôme, sexe de l’enfant). C’est pourquoi en 2014 environ 20% des Agathe, Jeanne et Gabrielle (qui ont eu plus de 8/20 au bac) ont obtenu la mention « Très bien », c’est à dire dix fois plus que les Dylan, Jordan ou Steven. (source)

En analysant le nuage de données, que vous pouvez voir ici, le sociologue dit :

En filigrane, le même graphique donne à voir, à travers certains prénoms – Mohamed, Anissa, Inès – ceux qui sont probablement les (petits-)enfants de migrants du Maghreb, dont la place est ici équivalente à celle des enfants d’ouvriers et d’employés : Mickaël ou Mohamed, Mehdi ou Dorian, sont ici à la même position.

Je serai curieuse de découvrir les résultats dans 8, 9 et 15 ans, quand mes enfants passeront leur bac. Justement, mes enfants ont des prénoms tels que Mohamed, Anissa ou Inès, bien que ce ne soit pas ceux là. Ils sont les enfants d’un migrant du Maghreb. La 1ère génération. A la différence que leur père n’est ni ouvrier ni employé. Il est cadre, comme d’autres parents de leurs amis, enfants eux aussi migrants du Maghreb (mais j’ignore de quelle génération). Dans la classe de CM1 de mon fils, certains des meilleurs élèves sont d’origine maghrébine.

Il y a 16 ans, quand j’ai moi-même passé mon bac, j’étais certainement classée en tant que fille d’ouvrier (bien que ma mère soit institutrice, mais institutrice, ce n’était pas professeur des écoles) et pourtant, en 1ère et terminale, j’étais la meilleure de ma classe. Ma meilleure amie, fille d’ouvrier et migrant du Maghreb, avait elle aussi de très bons résultats. Elle a d’ailleurs poussé ses études supérieures bien plus loin que moi. Nous avons toutes 2 eu notre bac avec mention. J’ai raté de quelques centièmes la mention Bien … une déception.

Bien qu’on ne puisse pas nier les résultats du graphique, bien que les prénoms soient souvent très différents d’une classe sociale à l’autre, je trouve cela réducteur de penser qu’on ait plus de chance d’avoir la mention « Très bien » en portant le prénom Gabrielle, Héloise, Victoire, Jeanne ou Apolline (notez que ce sont que des prénoms de filles).

Notons tout de même que la meilleure bachelière 2014 se prénomme Myriam. Mais cela, l’étude ne le mentionne pas …

A ce propos, je vous invite à relire mon billet sur « L’importance du choix du prénom« 

Capture

(source)

MissBrownie

5 réflexions sur “Tu n’as pas eu de mention au bac ? La faute à ton prénom !

  1. Merci beaucoup de ta contribution Miss Brownie!! Bien d’actualité! Ce que tu décris là correspond en partie au cercle vicieux de la reproduction scolaire… Les prénoms sont des objets de consommation captivants puisqu’ils sont gratuits mais obligatoires: on peut appeler son enfant François Gonzague même si on est issu d’un milieu très populaire et quoi qu’il arrive, il faudra bien choisir un prénom pour son enfant. Pour autant, les gens issus d’un milieu populaire n’appellent généralement pas leur enfant François Gonzague, parce que le choix du prénom correspond à des modes et des codes qui sont marqués socialement… Suivant ce raisonnement les études montrent non pas quels prénoms réussissent le mieux le bac, mais quelles catégories sociales attachées à un moment donné à ces prénoms réussissent le mieux le bac… En gros, ça revient à dire: pour réussir son bac, mieux vaut naître dans un milieu bourgeois… ce qui n’est pas vraiment un scoop malheureusement…
    Tout ça pour dire que ça n’énerve un peu de voir les médias faire chaque année les gros titres avec « ces prénoms qui nous donnent le plus de chance d’avoir le bac »… parce que ça masque le vrai scandale qui restent les inégalités sociales sous tendues…

  2. (J’avais justement reçu un mail ce matin relatant l’exploit de Myriam. )
    Ah les petites cases ! Origine, milieu social… les étiquettes collent bien! Pour ma part, mes racines sont assez locales. Mais mon père est ouvrier, et j’étais assez fière de cocher la petite case correspondante en m’inscrivant à l’université (pour leurs statistiques!). Les stéréotypes ont la vie dure. En plus, comme dit mon père, on a besoin aussi de menuisiers intelligents, d’électriciens intelligents, etc. Donc bon, ouvriers, ça veut pas dire débiles non plus. (Même si le niveau baisse – cf. dévalorisation des métiers manuels, etc.)

  3. Pingback: Les inégalités innées ou acquises [Mini-Debrief] | Les Vendredis Intellos

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