Aujourd’hui pour ce mini debrief, je vais tacher de lier deux contributions sur le thème des violences éducatives.

Parlons tout d’abord des violences éducatives passées, avec l’article de Mme Déjantée : Nous sommes tous des enfants-rois

Mme Déjantée nous y présente  Naître et grandir au XVIIe siècle, le récit véritable d’une sage-femme, 1642, suivi du « journal pédiatrique » de Jean Héroüard, années 1601-1602., livre dans lequel Louise Bourgeois, la sage femme de Marie de Medicis raconte ses accouchements et Jean Héroüard décrit ensuite les observations et les soins pédiatriques donnés pendant les deux premières années de vie du Dauphin, le futur roi Louis XIII né en 1601.

Au travers des thèmes évoqués par Mme Déjantée, nous découvrons ainsi que les tensions entre sage femme et médecins existaient déjà au XVIIème siècle et que l’importance de la relation entre sage femme et parturiente étaient déjà reconnus.

Nous apprenons que le bain du nouveau né à peine sorti du ventre de sa mère était déjà la norme (ce qui pourrait s’apparenter à une forme de violence, la toute première donc).
Nous aprenons aussi que le développement psycho moteur observé chez le jeune Dauphin est semblalble à celui de n’importe quel enfant d’aujourd’hui.

Nous apprenons ensuite que les dents et le manque de lait étaient déjà des sujets de préoccupation : le Dauphin changeait de nourrice chaque fois que celle ci avait les seins trop mous et ses gencives étaient observées méthodiquement plusieurs fois par jour afin de détecter la moindre percée de petite dent.

Les remèdes administrés étaient essentiellement des produits naturels. Leur efficacité est pour la plupart douteuse mais ils ont au moins le mérite de donner à l’adulte le sentiment d’être un peu moins impuissants face aux maux des bébés… tout comme certains remèdes utilisés aujourd’hui lors des poussées dentaires ou des fameuses coliques du nourrisson.

Mme Déjantée nous montre ainsi que la jeunesse du Dauphin au XVIIe siècle et d’un enfant d’aujourd’hui sont comparable en bien des points.
Quant à la violence éducative, même si elle n’est pas vraiment évoquée dans ce post qui ne relate que les 2 premières années de l’enfant-roi, elle était tout de même bien présente au XVIIe siècle.
Olivier Maurel cite justement ce journal dans son livre sur les violences éducatives pour montrer que les brimades et punitions existaient déjà, Louis XIII ayant parait il été élevé « à la trique ». On peut d’ailleurs se demander quelle était la réponse apportée aux colères que le Prince a manifesté dès l’age de 9 mois ?

La seconde contribution que je commente est celle de Une Jeune Idiote : Non-violent, l’isolement ?

Une Jeune Idiote nous y présente un article de PEPS, le magasine de la parentalité positive qui revient sur la pratique du « time-out » ou de l’isolement, qui est souvent présenté comme une alternative non violente à la fessée.

Mais cette alternative est elle réellement non violente ? On peut se poser la question.

L’article cite un rapport du conseil de l’Europe, où l’on peut lire entre autres que

« Avec les enfants en âge préscolaire, on a constaté que l’isolement (qui consiste généralement d’un retrait de l’attention parentale positive) renforce l’obéissance (de 25% à 80% environ). »

Cela peut sembler alléchant, mais en fait l’auteur de l’article explique ensuite que le retrait de l’attention parentale, surtout chez un jeune enfant en proie à une grande émotion peut en fait avoir des conséquences néfastes :

  • Il aura du mal à apprendre à reconnaitre et gérer ses émotions. Le rôle de l’adulte est d’aider l »enfant dans cet apprentissage en reconnaissant ses émotions, en les acceptant et les accompagnant.
  • Il va se sentir rejeté et humilié : l’isolement lui montre qu’il n’est pas un interlocuteur valable.
  • Il aura peut être du mal à comprendre pourquoi il est isolé. Le lien de cause à effet entre le comportement de l’enfant et sa conséquence n’est en effet pas évident.

L’isolement ressemble donc en fait à une technique permettant de contôler l’enfant, une méthode pour obtenir l’obéissance à tout prix. Je cite :

Ces mots renvoient directement à la nécessité de contrôler l’enfant, qui est alors considéré comme un être inférieur duquel nous pouvons obtenir les comportements qui nous conviennent, sans se préoccuper de sa vie intérieure propre, des émotions qui le traversent, de la construction de son libre-arbitre.

L’isolement est donc une certaine forme de violence éducative, surtout lorsqu’il est pratiqué par un parent hors de lui qui hurle « file ans ta chambre tout de suite, je ne veux plus te voir » sans aucune autre explication.

Cependant, la discussion qui s’est ensuivi dans les commentaires a montré que l’isolement, proposé comme un temps calme chacun de son côté peut être bénéfique en rompant une spirale de paroles blessantes ou simplement en permettant aux cris de s’arrêter.

Ainsi, ce n’est pas tant l’isolement qui est violent mais la façon dont il est amené.