Ah le baby blues. On en parle, ça paraît tellement cool.
Baby blues, comme le mauvais titre d’une mauvaise chanson.
Celui des débuts de la maternité.
Ces émotions confuses ressenties par la maman les premiers jours de sa nouvelle vie de maman sont souvent présentes.
« Oh c’est rien, ça doit être un baby blues. »
Banalisé, il ne dure généralement pas souvent…

Bien que banalisé, il n’est pas souvent pris en charge ou considéré quand on est jeune maman.
« Oh mais c’est génial, un bébé c’est que du bonheur !!! »
Des mots aussi culpabilisants qu’idiots.

Alors quand le baby blues se conjugue au masculin, là, c’est encore plus un tabou.

Un article de Sciences et Avenir intitulé « Les pères aussi ont le baby blues » donne d’ailleurs les chiffres connus pour la maternité. Cela toucherait 50 à 80 % des mères. Contre 5 à 10 % des hommes.

En voici sa définition selon cette source :

DÉFINITION. Le « baby blues » débute entre le 3e et le 4e jour après l’accouchement et touche entre 50 et 80 % des femmes. Il se traduit souvent par de l’anxiété, de l’insomnie, une hypersensibilité ou encore une perte d’appétit.
Chez la femme, il est généralement relié à la disparition des hormones de grossesse et le début de la production laiteuse.

Bien qu’incomplète à mon sens – selon moi, des facteurs personnels peuvent favoriser le baby blues, comme les conflits familiaux, la non-présence de sa mère, etc., non ? – et l’homme ne connaissant apparemment pas une baisse d’hormone et un début d’allaitement, à quels facteurs peut-on attribuer le baby blues paternel ?

Selon cette étude, 5 à 10% des pères souffrent de mélancolie, de tristesse ou d’anxiété après la naissance de leur enfant. Ces symptômes guettent en particulier les jeunes pères, âgées de 20 à 30 ans : les hommes devenus pères à l’âge de 25 ans et vivant au même domicile que leur progéniture ont même un risque accru de 68% de développer des signes avant-coureurs d’une dépression durant les cinq premières années de vie de leur enfant. Au contraire, ceux qui ne vivent pas au même endroit que leur bébé n’expérimentaient pas de tels symptômes.

Donc, plus le père est jeune plus il serait sujet au blues ?
Et en plus, cela touche les pères qui vivent sous le même toit que leur bébé ?

L’article bascule alors sur le sujet de la dépression, qui elle peut durer de quelques mois à… plusieurs années.
Et d’enfoncer le clou :

Craig Garfield souligne aussi que « la dépression parentale a un effet néfaste, surtout dans les premières années clés de l’attachement parent-nourrisson ». Le chercheur avait déjà, en 2011, publié une autre étude dans la revue Pediatrics démontrant que les pères dépressifs avaient quatre fois plus tendance à recourir aux punitions corporelles et fessées chez les enfants âgés de 1 an.

Et hop, on culpabilise. Heureusement, ce fameux Craig Garfield préconise pour pallier la situation « aider et accompagner au mieux ces jeunes pères en pleine transition est une priorité ».

Je peux dire quelque chose ? Faudrait déjà que la mère soit accompagnée…
Voilà je ferme la parenthèse car là n’est pas le sujet.
(Si promis je me retiens très fort)

Si on oublie que la femme enceinte puis parturiente et jeune maman n’est pas qu’un corps mais aussi une tête avec des émotions, le père est la dernière roue du carosse. Clairement.
D’un, à mon avis, car la stéréotype « quand on est un homme on ne pleure pas » est encore bien présent.
De deux, passé l’émotion de la naissance, exprimé par nos hommes à demi-mot… voire pas du tout, vous en voyez vous des papas craquer et dire à leurs potes « je sais pas ce que j’ai, j’ai envie de pleurer alors que je devrais être heureux » ? Déjà entre mère on ne se l’avoue pas toujours, alors les hommes.
De trois, après la naissance de l’enfant divin et qu’on veut absolument prendre dans les bras même s’il dort, les personnes de l’entourage demande à la maman si elle va bien, et se tourne aussitôt… vers l’enfant. Le père ? Hein ? Lui, il a pas accouché.

Pourtant nos hommes vivent cette grossesse, leur grossesse aussi. Un enfant se fait à deux. Tout au long de ce cheminement qui mène à la naissance, le papa est dans l’abstrait complet. Bon, les mères aussi, mais un peu moins peut-être. Imaginons le choc de la naissance. Mon Ours m’a longtemps dit qu’il avait l’impression d’avoir assisté à un véritable tour de magie. Cela exprime la force de l’incroyable naissance de leur enfant.

Avec cette naissance « choc », les doutes, les questionnements. Une nouvelle place à prendre : celle de père mais aussi de chef de famille.
Personnellement, je trouve ce chiffre de l’étude faible. Je suis prête à parier qu’il y a beaucoup plus d’hommes qui sont vraiment remués par la naissance de leur premier enfant.

Ce que l’étude ne dit pas – et c’est bien dommage – c’est quel est le taux de pères qui font un baby blues à la naissance de leur deuxième enfant.
Une de mes thérapeutes m’avait dit : « Au premier enfant, l’homme devient mi-père, mi-enfant. Au deuxième enfant, il retourne en enfance par peur de devenir vraiment adulte. » Et je pense qu’il y a une part de vrai quelque part. Au premier enfant, on est un couple avec un enfant. Il y a des possibilités pour rester encore insouciant. Mais au deuxième, c’est une vraie famille qui est engagée… Et un écho à sa propre histoire qui peut refaire surface encore plus intensément que pour le premier enfant.

Kiki the mum