Désolée pour ce titre à rallonge mais j’ai repris sous forme interrogative l’affirmation d’Emmanuel Davidenkoff dans sa chronique publiée dans L’Écho républicain : « Le bulletin, symbole des attentes de l’institution scolaire » que j’ai lue avec intérêt sur le site EducPros.fr (un site de l’Etudiant).

 

L’article commence ainsi : « Trop souvent, les bulletins scolaires sanctionnent des attitudes plus qu’ils n’informent sur la robustesse des acquisitions. Au risque de laisser entendre que l’école est une entreprise de soumission à la norme sociale et non un lieu dédié à l’apprentissage ? »

Je me demande encore ce que le point d’interrogation fait à la fin de cette phrase qui ressemble beaucoup à une affirmation. Sans doute une précaution de son auteur. Inutile car la suite de la chronique montre que l’école invite les enfants à se fondre dans le moule et le chroniqueur considère que le bulletin de notes contribue à la soumission des élèves à des codes sociaux (« politesse, silence, obéissance ») et à des normes de comportements.

 

Le début de la chronique revient sur la circulaire de l’Education nationale datant de 1999 qu’il cite : « Remplir un bulletin scolaire est une tâche exigeante et difficile pour les équipes enseignantes [dont] l’objectif est d’abord d’encourager l’élève à progresser plutôt que de l’enfermer dans une évaluation-sanction ». Il convient de bannir « tout vocabulaire trop vague (‘peut mieux faire’, ‘moyen’), réducteur (‘faible’, ‘insuffisant’) voire humiliant (‘inexistant’, ‘nul’, ‘terne’) , vocabulaire qui n’aide aucunement l’élève. (…) Il faut dire à l’élève ce qu’il fait et ce qu’il doit faire et privilégier les appréciations de nature à l’encourager pour que le bulletin trimestriel remplisse réellement son rôle éducatif. »

 

Cette circulaire a été publiée il y a quinze ans déjà. Pourtant, moi qui n’enseigne que depuis 2008, je n’ai pas vu beaucoup de changement entre les pratiques de mes anciens profs et celles de mes collègues. Certains ne mettent que quelques mots : « bon trimestre », « excellent semestre », « bon travail », « assez bien », « insuffisant ». D’autres font de longues phrases pour ne pas en dire plus (ça remplit la case) : « Machin est un excellent élève, il faut poursuivre ainsi le travail à la maison et en classe et continuer à participer », « Travail insuffisant, Truc doit se reprendre », « Les résultats de Bidule sont mauvais, il est temps de se mettre au travail ».

Je suis d’accord avec Emmanuel Davidenkoff quand il écrit : « Trop souvent, les mentions portées sur les bulletins mêlent allègrement évaluation scolaire et jugement sur l’attitude ». En deux lignes (car c’est tout ce que nous avons pour exprimer un « avis » professionnel), nous devons résumer un trimestre et apporter des pistes aux élèves. Autant dire que c’est impossible. Ceux qui essaient de bien faire se trouvent bloqués par un nombre de caractères limité.

 

Le chroniqueur ajoute que « Les appréciations laudatives se révèlent également aussi peu utiles » car selon lui, bien qu’elles soient agréables à lire pour l’élève et ses parents, elles n’aident nullement à progresser. Je ne suis pas tout à fait d’accord : féliciter un élève pour ses bons résultats ou ses progrès, c’est utile. Ça peut l’aider à prendre confiance en lui ou à continuer ses efforts, le motiver. Ce fait du bien de savoir que nos efforts, notre travail ont payé.

Enfin, Emmanuel Davidenkoff termine sa chronique par un long paragraphe rappelant que le « bulletin n’est qu’un instrument d’évaluation parmi bien d’autres » qui, pourtant,« revêt une charge symbolique puissante » pour les élèves comme pour leurs parents pour qui, parfois, c’est leur seul contact avec l’établissement scolaire. Cependant, je dois ajouter que le bulletin n’est pas une fin en soi, il est complété par un avis du conseil de classe et si cela s’avère nécessaire, un rendez-vous est donné aux parents (ou ils le prennent d’eux-même en recevant le fameux document).

 

A la fin de sa chronique, son auteur rappelle l’idée qu’il développait au début, à savoir que le bulletin de note exprime aussi, « là encore de manière très solennelle, la nature des attentes de l’institution« . Pour lui, cet outil sanctionne le comportement des élèves et ne les encourage pas à s’exprimer mais plutôt à se fondre dans le moule de la société.

 

Cette chronique tend à prouver que le bulletin de notes est un outil dépassé et pas du tout dans l’intérêt de l’élève. Après l’avoir lu, je me pose de nombreuses questions : Faut-il supprimer le bulletin de notes? Faut-il prévoir des cases plus grandes? Faut-il guider les profs comme le font certains établissements (Points positifs, points à améliorer, encouragements, etc.)?

Cependant, si le chroniqueur critique le bulletin de notes, il ne propose aucune autre idée, n’apporte aucune piste. C’est ce que j’essaie de faire dans ce billet (Etre prof : remplir les bulletins de note) où je vous apporte mon expérience personnelle et quelques éléments de réponse.

Kiara