Hmmm le bon léguuume!

Hmmm le bon léguuume!

J’aime mon régime Paléo; j’aime ne pas manger de gluten. J’aime l’énorme différence qu’a l’alimentation saine sur mon corps.
Mais je n’aime pas voir ma fille manger des bonbons, boire des sodas et préférer les frites aux brocolis.

Le premier défi alimentaire en tant que parent, on est d’accord, est déjà de libérer le temps pour manger correctement. Notre train de vie va trop vite pour réellement se soucier de la qualité des aliments qu’on achète et de la cuisine qu’on pratique. Mais le défi le plus difficile est celui de sensibiliser nos marmots à la santé culinaire. Je pense avoir loupé le coche déjà lors de la diversification de ma fille (si ce n’est avant, lors de ma grossesse et mon allaitement). En y repensant je me dis que j’aurais bien aimé considérer la diversification pour ce qu’elle était: une période de découverte gustative pour ma fille. La laisser jouer avec les aliments que je lui donne plutôt que juste la nourrir.

Bref, la diversification de ma fille n’est pas le sujet de ce billet mais le résultat en est quand-même assez embêtant: ma fille voit la nourriture comme un combustible mais surtout comme un plaisir. Elle ne considère pas la nourriture comme une source de bienfaits. Elle juge chaque aliment à son goût et non à son apport. Au grand damne de sa mère qui vient d’ouvrir ses yeux alimentaires il y a six mois.

Reprendre sa santé alimentaire en main en tant que parent n’est pas évident. Pour le coup, ma position « d’exemple » n’aide en rien à modifier les habitudes et les envies de ma fille de six ans. En temps normaux, quand je m’habille en rouge, ma fille veut s’habiller en rouge. Quand je chante, ma fille veut chanter. Mais quand je mange une asperge, ma fille veut croquer un bonbon. Rien à faire.

Alors comment faire?! Comment faire pour attirer ma fille vers une alimentation saine?
Lui forcer la main n’est pas une option car ça ne mènerait que vers le dégoût total.
Nier son opinion (« mais siiiii, le navet cru c’est haaachement bon! ») ne fait que lui manquer de respect.
Alors il reste quoi?

Il reste la sempiternelle patience, la responsabilisation participative et la validation.
En gros: plutôt que se battre contre son enfant, mieux vaut jouer avec lui pour faire coïncider nos principes avec les siens.

Et comme le hasard fait bien les choses, une amie m’a envoyé ce bel article chez Mark’s Daily Apple, traitant du sujet de la Co-Nutrition (en référence au Cododo): Co-Feeding: How to Get Your Family Involved with Healthy Food (Comment réussir à impliquer votre famille dans la nutition saine).
Voilà ce que nous dit Mark:
« When kids have a role in the decision-making, food-preparing, and cooking processes, they are far more likely to be interested in the end result: a healthy, […] plate of food »
Lorsque les enfants jouent un rôle dans la décision, la préparation et la cuisson de la nouriture, ils seront probablement plus intéressés dans le résultat final: une assiette de nourriture saine.

Il aborde trois aspects de la nutrition dans son article; j’ai choisi quelques sous-points qui me parlaient plus que les autres.

Le glanage

Laissez-les choisir
“Kids (humans, really) like having a choice. When they can make a decision, they feel empowered. They are empowered. Yeah, they might grab the durian because it looks funny and has spikes, or want ten pounds of chicken feet because, well, they’re chicken feet, but so what? They’re getting invested in actual, real, […] food (and you can make some awesome broth).”
Les enfants (les humains, en vrai), aiment avoir le choix. Quand ils peuvent prendre une décision, ça leur donne un sentiment de pouvoir. Ok, ils choisiront peut-être le durian parce qu’il a l’air rigolo avec ses piques ou ils achèteront 5 kg de pieds de poule parce que… bah parce ce sont des pieds de poules, et alors? Ils s’intéressent dans de la véritable, réelle nourriture (et ça vous fera faire un bon bouillon).

Quand on va au marché, ma fille a le droit d’acheter ce qu’elle veut, tant qu’elle le mange. Que ça soit une banane, une carotte, une feuille d’épinards ou une pomme, elle a tous les droits. Même si à midi elle n’a plus faim ça m’est égal, je sais qu’elle aura savouré un bon fruit ou un fromage de bonne qualité. Zéro scrupules. Tant pis si elle ne mange pas de poulet rôti tant qu’elle a mangé trois carottes et deux pommes Leratess. Le bilan positif est dans son ventre.

Donnez-leur des instructions générales mais laissez-les remplir les détails
“When you take your kid shopping, give them a framework for making decisions. Say “I need two green vegetables, two meats, a fruit or vegetable of every color, and a nut,” and then they take it from there.”
Quand vous emmenez vos enfants faire les courses, donnez-leur un cadre général pour les décisions. Dites “j’ai besoin de deux légumes verts, deux viandes, un fruit ou un légume de chaque couleur et une noix,” et laissez-les gérer le reste.

Ca me semble un peu bizarre mais après tout, pourquoi pas?! Je me dis que je pourrais adapter ma cuisine aux ingrédients de ma fille et que ça inciterait ma fille à manger ce qu’elle a choisi. Bon, ok, dimanche dernier elle a choisi un fruit de la passion et n’a pas voulu le manger… qu’à cela ne tienne, elle est impliquée et moi je me suis bien léché les doigts à le déguster, ce fruit!

La préparation

Faites-leur confiance
“Assuming they have full control of their opposable thumbs, functional nervous systems, and reasonable hand-eye coordination, let them cut things with actual sharp knives and handle hot pans.”
En partant du principe qu’ils sont en plein contrôle de leurs mains, qu’ils ont un système nerveux qui fonctionne et une coordination oeil-main raisonnable, laissez-les couper des choses avec des couteaux aiguisés et laissez-les manier des poêles chaudes.”

Je suis de l’école de la responsabilisation. Si ma fille comprend que le couteau est dangereux et qu’elle a appris la notion du danger de façon empirique, elle risque d’être de confiance avec des couteaux. Interdire quelque chose de risqué à un enfant: ok. Mais lui démontrer le degré de danger ne fait que lui donner un pouvoir de décision et un contrôle du danger bien plus puissant que celui de notre domination parentale.

Nettoyez à fur et à mesure
“This is good advice for anyone who spends time in the kitchen, but it’s especially important for parents who want their kids to actually like (or at least tolerate) cooking.”
Ceci est un bon conseil pour tout le monde qui passe son temps en cuisine mais est particulièrement important pour les parents qui veulent que leurs enfants aiment (ou du moins tolèrent) faire la cuisine.

J’entends ma mère rire jusqu’ici! C’est ultra décourageant d’avoir à gérer une montagne de déchets et de vaisselle après avoir dégusté un bon repas. Rien de plus démoralisant. Alors autant apprendre les bonnes habitudes dès le début et éviter ce découragement à nos gamins.

Manger

Utilisez du gras
“A recent study just came out showing that adding fat to veggies helps kids learn to like them.”
Une étude récente nous démontre que le rajout de graisse aux légumes les aide à apprécier les légumes.

Bon, bah en bonne belge moi je n’ai rien à redire hein: le gras c’est la vie. Le gras ne fait pas grossir. Faites manger du gras à vos enfants. Leurs ventres ne grossiront pas mais leur amour culinaire, si! Tout est dit.

Mangez avec vos mains
“Kids are naturally inclined to eat with their hands and I’m not convinced it’s all that awful.”
Les enfants ont naturellement tendance à manger avec leurs mains et je ne suis pas persuadé que ça soit si mal que ça.

AH LA LA MAIS QUELLE ABERRATION!! MANGER AVEC LES MAINS!!! Ca nous rappelle les MacDo, les hamburgers et tout, beeeeeeurk c’est pas civiliséééé!
Mais si on y réfléchit bien, est-ce que le toucher ne ferait pas partie de l’apprentissage culinaire? Justement? Est-ce que ça ne serait pas persque Montessorien? La multisensorialité n’aide-t-elle pas à la croissance affective? Bon, ok, ça aide à la croissance du produit lessive aussi mais qu’à cela ne tienne, si çe veut dire que ma fille mange mieux et apprend à apprécier de la vraie bonne nourriture, moi, je suis ok!

Somme toute un beau billet, à lire en considérant que Mark vient d’une culture anglo-saxonne, où le repas n’est pas toujours pris en famille et les courses se font dans des supermarchés.

En ce moment, ma fille m’aide à cuire de la viande, à couper des légumes, à acheter du poulet. Elle range les ingrédients dans le garde-manger et classe les œufs en notant bien leurs dates de péremption sur la coquille (à côté des petits coeurs qu’elle dessine). Je ne peux m’empêcher de me dire que ça l’aidera à ne pas naturellement choisir des plats préparés parce que ça ne lui parlera pas. Je préfère qu’elle connaisse la différence entre un poivron et une tomate grâce au contact quotidien plutôt que grâce aux images dans son livre de lecture. Je préfère qu’elle choisira un plat préparé du supermarché en connaissance de cause, en se disant que c’est ok d’en manger de temps en temps mais que ça ne sera jamais aussi appréciable que de préparer sa propre ratatouille. Je préfère qu’elle adhère à la fameuse règle de Michael Pollan “Just eat what your (great-)grandma ate” (mangez juste manger ce que mangeait vos grand-mères ou arrière-grand-mères) plutôt que le fameux “cinq fruits et légumes par jour” qui ne veut rien dire.

Ilse