La mère poule que je suis, s’inquiétait toujours un peu quand son fiston commençait sa journée par deux heures de sport, suivies d’une évaluation de maths ! Bien souvent je me disais, que dans de telles conditions, l’élève serait tout raplapla de sa dépense physique et que se concentrer sur un épineux (ou pas) problème d’analyse ne serait pas une mince affaire. Oui mais çà; c’était avant !
Avant que je tombe sur une série d’articles, mettant en lumière, l’impact de l’activité sportive sur les capacités cognitives…Bien sûr, cela paraît logique, on oxygène le corps donc le cerveau…oui, mais jusqu’à quel point ? Et pour quels types d’individus ? Quels sont les mécanismes mis en jeu ?
Sport et cerveau plus efficace
En effet, depuis plusieurs années, des résultats d’études s’accumulent, se confirment pour affirmer que l’activité physique a des conséquences sur l’amélioration des fonctions cognitives et se traduit par de meilleurs résultats scolaires [1] [2].
Par contre, les recherches se sont un peu moins intéressées à analyser dans quel(s) contexte(s), cette relation « pratique sportive – performances intellectuelles » était la plus marquée.
Des enfants qui profitent plus que d’autres
Des études plutôt très récentes ([3] [4]) se sont attachées à déterminer quels étaient les enfants les plus concernés par cette association bénéfique. Il s’avère que la mémoire de travail (ce système de mémoire active qui s’occupe à la fois du traitement et du maintien des informations à court terme) est généralement améliorée après une série d’exercices physiques (activités stimulant le système cardio-pulmonaire) mais surtout chez ceux dont le niveau de performance initial était le plus bas (pas par manque de facultés, mais parce qu’ils avaient soit plus de mal à se concentrer soit qu’ils étaient plus lents). L’étude de 2014 portait sur une quarantaine d’enfants américains âgés entre 8 et 10 ans, en parfaite santé, dont on connaissait le profil socio-économique. Une évaluation préalable de leur capacité intellectuelle a été réalisée grâce à des tests calibrés. L’étude a consisté à soumettre les enfants à des exercices d’endurance cardiovasculaire suivis d’une courte période de repos puis de nouveaux tests de performance cognitive (l’activité cérébrale (électroencéphalogramme) a été suivie pendant ces tests). Ces essais ont montré une amélioration des résultats aux évaluations (meilleure précision dans les réponses données) chez les enfants classés dans la catégorie « moins performants » initialement.
« Overall, findings revealed that a single, acute bout of moderate aerobic exercise facilitates cognitive performance, with more widespread effects observed for the lower-performing group »
Il s’avère même que les mesures neuro-électriques relatives à l’amplitude de certaines ondes cérébrales atteignait des niveaux comparables à celles des autres enfants.
D’autres analyses des électroencéphalogrammes ont permis aux auteurs d’expliquer que la meilleure réussite des élèves après activité physique n’est pas liée à une meilleure gestion du temps mais à un gain dans la stratégie de contrôle cognitif, les ressources dédiées à l’attention agissent de façon plus efficace, en diminuant les conflits internes.
Ces travaux sont intéressants car ils font écho à ceux d’une autre équipe [4] qui s’est focalisée sur des groupes d’enfants atteints de troubles de l’attention (TDAH). Des exercices physiques avaient prouvé un net effet bénéfique chez ces enfants (en comparaison avec un groupe de contrôle d’enfants non atteints de TDAH) ce que les auteurs analysent comme une meilleure auto-régulation des processus impliqués dans le contrôle de l’action.
Des explications quant aux mécanismes mis en jeu
Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer les modifications de performance cognitives liés aux efforts physiques ; notamment une augmentation du flux sanguin cérébral (une meilleure oxygénation des neurones), une modification dans la quantité et qualité des neurotransmetteurs ou encore un changement dans les propriétés de microstructure de la substance blanche. La voie de angiogenèse dans le cerveau liée à l’exercice est également évoquée.
Mais c’est surtout la piste de la prolifération neuronale qui est actuellement suivie ([5], étude chez le rongeur). L’ hippocampe, une zone du cerveau importante pour l’apprentissage et la mémoire, est particulièrement l’objet d’uneneurogenèse marquée lors de la pratique d’exercices physiques. Et une prolifération de neurones s’accompagne d’une capacité cognitive accrue.
Conclusion
Vive le sport à l’école lors de pauses régulières plusieurs fois par semaine (et ailleurs aussi)… car bien au-delà des conseils habituels du « manger–bouger », il peut être un excellent moyen pour canaliser l’attention des enfants, notamment de ceux qui en ont le plus besoin.
Et pour nous, pauvres parents aux cerveaux vieillissants, vive le sport tout court…car il aide aussi à prévenir le déclin cognitif lié à l’âge [6] voire même des maladies qui nous attendent au coin de la rue. Je cite :
« Together these finding suggest that physical exercise is a promising nonpharmaceutical intervention to prevent age-related cognitive decline and neurodegenerative diseases. »
Pascale72
Références
1- Hillman, C.H., et al., « Be smart, exercise your heart : exercise effects on brain and cognition », Nature Reviews Neuroscience, Vol (9), pp 58-65, 2008
2- Chomitz, V.R. et al., “ Is there a relationship between physical fitness and academic achievement ? Positive results from public school children in the northeastern United States”, Journal School Health, Vol 79, pp 30-37, 2009
3-Drollette ES, et al., »Acute exercise facilitates brain function and cognition in children who need it most: an ERP study of individual differences in inhibitory control capacity », Developmental Cognitive Neuroscience, Vol (7), pp 53-64, 2014
4- Pontifex, M.B. et al., “ Exercise improves behavioral, neurocognitive and scholastic performance in children with attention-deficit/hyperactivity disorder », Journal of Pediatrics, vol (162), pp 543-551, 2013
5- Van Praag H., “Neurogenesis and exercise : past and future directions.”, Neuromolecular medicine, Vol (10), PP 128-140, 2008
6- Bherer, L., et al. « A Review of the Effects of Physical Activity and Exercise on Cognitive and Brain Functions in Older Adults« , Journal of Aging Research, Vol 2013, 2013
Petite question intéressée, puisque activité physique et sport ne sont pas forcément synonymes : rentrer à pied de l’école, passer l’aspirateur / faire les vitres, jardiner, faire les courses, sauter sur le lit, jardiner, pelleter la neige, s’exercer aux percussions etc : est-ce que ces activités ont le même impact sur le cerveau qu’une pratique sportive « officielle » ?
Merci pour cet article.
Je me demandais : de quel ordre est l’effet du sport sur les élèves « performants » au départ ? petite amélioration quand même ou rien du tout ?
Sinon, je ne sais pas ce que sont les cours de sport aujourd’hui en France, mais « de mon temps », c’était une torture. Plutôt que de viser à se défouler, à aérer les neurones justement, il s’agit surtout de choses à savoir faire : le poirier, la roue, etc. Pour ceux, comme moi, qui ne parvenaient pas à faire ce genre de cabrioles, c’était juste barbant et humiliant. Même lorsque le cours portait sur d’autres activités, l’ambiance de compétition était juste paralysante pour les « pas très bons ».
J’ai mis des années à me mettre au sport par et pour moi-même. Des années à croire que je n’aimais pas le sport, alors qu’en fait… j’aime bien!
Il faut que je regarde les chiffres pour les enfants performants au départ. Mais c’était peu marqué.
Je suis d »accord, pour moi aussi c’était torture et humiliation. J’ai l’impression que de nos jours, sur la base de l’expérience de mes deux aînés (garçon et fille), on axe plutôt sur le plaisir de progresser, d’être ensemble pour atteindre un résultat collectif.
Tout comme Dame Andine !
Et non, les choses n’ont pas changé. On chronomètre, on mesure, on note.
Le jour de sport ma fille va au lycée vraiment à reculons, et c’est les larmes dès qu’on aborde le sujet. Pire, c’est noté au bac.
Je trouve que c’est vraiment dommage qu’on fasse du sport « performance et compétition » (athlé, sport co, gym aux agrès…) alors qu’il serait possible avec les mêmes moyens de faire, suivant les possibilités de chacun, de la gym d’entretien type fitness, du stretching, du footing, des activités que chacun pourrait poursuivre sa vie durant au lieu de tout arrêter complètement dégoûté après le lycée.
Merci beaucoup de ta contribution Pascale!! Bon on va dire que je ne suis pas un exemple représentatif mais je me souviens avec horreur de mon année de 6ème où on avait maths après 2H de sport. C’était de 11H à 12H aussi tu me diras.. enfin, je somnolais littéralement…! L’avantage étant qu’au moins, je ne stressais pas en cas de contrôle…
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