En ce moment, je suis une insurgée. Du genre bien comme il faut. Entre le Manifeste des 343 salauds (ces 19 ploucs…), le Dico des Filles 2014-qui-vient-en-fait-du-Moyen-Âge, et rien qu’hier ma découverte des touchers vaginaux sur des femmes endormies au bloc opératoire, figurez-vous que ça va pas fort et que j’ai mal à ma sécurité sexuelle.
J’avais envie de vous parler de cet article sur LeMonde.fr, qui est censé enjoindre les parents à s’intéresser d’un peu plus près à l’éducation sexuelle de leurs garçons (je dis censé parce que j’ai beau être tout à fait réveillée, j’ai pas trop saisi le véritable but de cet article, à part les citations de James Baldwin que je trouve très percutantes), et puis finalement je suis pas trop d’accord avec ce que dit la nana… Par exemple, elle dit :
Certes il est souhaitable que les garçons aient une connaissance solide de l’anatomie féminine, de la menstruation, de la contraception… Mais qu’en est-il de leurs propres troubles troublants ? L’effet de la montée des hormones n’est pas le même chez le garçon que chez la fille. Qu’est-ce qu’avoir un corps masculin désirant, bandant, frémissant, vulnérable, bouleversé ? Que faire des fantasmes qui tourmentent ? Peut-on se donner soi-même du plaisir hors culpabilité… et hors vulgarité ? Que faire de l’amour, de la jalousie, de l’impuissance, de la dépression post-coïtale ? Que faire des passions et peurs que suscite la sexualité masculine naissante, souvent totalement obsédante ?
Et je suis pas du tout d’accord. Je trouve que parler de l’anatomie féminine, de la menstruation et de la contraception aux jeunes hommes, c’est pas assez. Déjà , mettre la contraception dans la même case que « ces problèmes de filles », c’est un peu passer à côté du fait que la contraception c’est une histoire de couple : les hommes aussi peuvent gérer la contraception, ça fait aussi partie de « leurs troubles troublants », c’est eux qui seront pères s’il y a un défaut de contraception. Ensuite, c’est pas ça l’essentiel.
Ce n’est pas une solide connaissance de l’anatomie féminine et des menstruations qui permettra aux jeunes hommes d’appréhender de manière saine la sexualité avec leur partenaire (féminine ? dommage qu’on ne parle pas non plus de l’homosexualité dans un article qui cite un écrivain gay…). Alors je suis embêtée par cet article, qui commençait pourtant bien :
Grâce à nos médias performants et omniprésents, on reçoit chaque jour d’innombrables messages sauvages primitifs antiques pour ne pas dire préhistoriques : l’homme est un guerrier déchaîné meurtrier musclé violent ; la femme est une chose à  décorer, à  maquiller, à  habiller, à  déshabiller, à  protéger, à  sauver, à  frapper et à  baiser. Les hommes se rentrent dedans, en politique, en économie, en sport, sur les champs de bataille, les femmes s’occupent indéfiniment d’être belles et/ou maternelles.
Donc oui, il y a un problème. Mais le problème, ce n’est pas qu’on ne parle pas assez aux garçons de ce que ça fait quand ils bandent, et de ce que leur jalousie est un reste archaïque de l’injonction biologique à se reproduire (si si, elle dit ça : « [La] fonction primordiale [de la sexualité] étant la reproduction de l’espèce, elle est très littéralement une question de vie et de mort. D’où la violence parfois extrême de la jalousie sexuelle (surtout masculine). » Pardonnez-moi de trouver ce déterminisme sexuel tout à fait déplacé dans une époque où on ne parle pas de « meurtre conjugal » mais de « crime passionnel » parce que c’est tellement plus romantique et glamour). Le problème avec l’éducation sexuelle des garçons, c’est qu’on n’apprend à  personne ce qu’est la base de relations d’humains à humains saines et équilibrées. (à PERSONNE)
On ne parle que rarement de communication, de confiance, de consentement, de respect, et du fait d’être prêt.
Je ne sais pas ce qu’on dit généralement aux garçons. Je n’en suis pas un, et je me doute bien que les parents de garçons qui lisent les Vendredis Intellos en général vont me dire qu’ils font en sorte que leurs garçons n’aient pas une idée déformée de ce qu’est une relation sexuelle équilibrée. (mais c’est un autre sujet : comment, une fois que nous avons ouvert les yeux, on a un peu envie de penser que tous les yeux sont ouverts et on n’a pas envie de se dire qu’au contraire, on fait partie d’une minorité)
Cela dit, je sais ce qu’on dit aux filles : c’est écrit en toutes lettres dans le Dico des Filles.
Du respect avant toute chose !
On peut avoir envie de caresses sans forcément vouloir aller plus loin. L’important c’est de le savoir et de le dire, mais aussi de ne pas laisser le garçon s’embarquer trop loin dans le désir pour dire « stop » au dernier moment. Un garçon ne fonctionne pas comme une fille, et il ne comprendra pas forcément que vous passiez des heures à vous laissez cajoler sur un lit si ce n’est pas pour avoir une relation sexuelle. C’est important de vous faire respecter, mais aussi de faire attention à l’autre !
(petite parenthèse vite fait : est-ce qu’on est automatiquement censé savoir à l’avance qu’à partir de tel moment ça va être « stop » ? NON. On l’apprend sur le tas. Donc on dit « stop » sur le tas. Et un « stop, arrête », c’est jamais égoïste et « ne pas faire attention à l’autre ». Parce que vous comprenez, les garçons et leur désir bestial et incontrôlable. Je ris. Jaune. Nerveusement.)
Enfin bref : voilà . On dit aux filles « respectez-vous, mais pas trop parce que sinon pauvre garçon, il va rester là avec son désir et c’est vraiment pas cool ».
Est-ce qu’on dit aux garçons « respectez-la : si elle dit non, c’est non, c’est pas grave, ça veut pas forcément dire non pour toujours mais c’est important que son non soit respecté, et tant pis pour votre désir, franchement entre dormir sur la béquille et violer une nana c’est quoi le pire ? »
Est-ce qu’on dit aux garçons que forcer une fille, c’est du viol ? La forcer, ça veut pas dire la tabasser, la droguer, ça veut pas dire qu’elle hurle, qu’elle se débat, ça peut vouloir dire aussi qu’elle baisse les bras après avoir trop dit « non, steuplé, non j’ai pas envie », sans avoir été écoutée. Et céder, ce n’est pas consentir. Mais ça, est-ce qu’on leur explique aux garçons ?
Attention, comprenons-nous bien. Je ne dis pas que tous les jeunes garçons, pleins d’hormones en ébullition, « désirant, bandant, frémissant, vulnérable, bouleversé« , sont des violeurs en puissance.
Je dis juste que la société leur renvoie les mauvais messages. L’article du Monde s’appelle « Le désir des hommes livré à l’industrie du prêt-à -jouir ». D’un côté, je suis tristement OK avec ça.
Nos crânes sont sans cesse bourrés d’idées pourries :
- « Femme qui rit à moitié dans ton lit » = ah donc il me suffit de rigoler pour donner l’impression que je suis open sexuellement ? intéressant, je pensais juste que ça voulait dire que quelque chose était drôle. Naïve petite chose
- Elle a une jupe courte = elle est open
- Elle sort en boîte avec ses copines = elle veut forcément trouver un mec pour coucher ce soir
- Elle l’a laissé la raccompagner chez elle = elle veut coucher
- Elle l’a invité à monter boire un dernier verre = elle veut coucher
- « Sois belle et tais-toi » = une femme ne vit donc que pour satisfaire son entourage. Ici, par sa beauté, mais on peut étendre à tout ce qu’elle est censé représenter : une belle femme, une procréatrice, une mère, un objet sexuel, un trophée
- « Chez les femmes, parfois, non, ça veut dire oui hihihi continue, parce qu’elles sont un peu manipulatrices quand même » = impossible donc de savoir quand c’est vraiment oui, et quand c’est vraiment non, et là on prend le problème à l’envers, on oublie le principe de précaution, on se dit que « non = oui » quelles que soient les circonstances alors qu’on devrait se dire « dans le doute, non = NON »
Je rédige ça un peu sous le coup de la colère, mais vous voyez l’idée. (pour l’exactitude scientifique on repassera, ça a jamais été mon truc de toute façon)
Donc je sais pas trop quoi retirer de cet article, si ce n’est que NON, le problème n’est PAS qu’on ne parle pas assez des garçons (aux garçons, mais aussi en général). On en parle bien assez. Ils sont partout ! Même dans les livres destinés aux filles, leur approbation est constamment recherchée ! Zut à la fin !
Par contre, les états d’âmes des filles, leurs envies, leur fonctionnement autre que reproductif et physiologique (menstruations et tutti quanti), leurs droits, leurs besoins : on leur en parle pas aux mecs. On se dit que c’est pas nécessaire. Peu importe, tout ce qu’elles veulent c’est plaire aux mecs donc elles feront bien tout ce qui est en leur pouvoir pour y parvenir. Même si ça veut dire « se respecter mais pas trop trop non plus, abusez pas de la patience de Monsieur sinon, sa jalousie sexuelle inhérente à sa condition d’homme de Cro-Magnon en charge de la reproduction de l’espèce vous fera une démonstration de violence parfois extrême« .
Je sais pas si vous avez saisi, mais j’en ai un peu marre.
Ca ne veut pas dire qu’on ne doit pas parler aux garçons de ce qui se passent dans leur corps, de ce qu’ils ressentent, de ce qu’ils expérimentent en tant qu’ados pubères. Mais c’est peut-être aussi à mettre en parallèle avec la réalité, qui est que beaucoup de trop de femmes encore se font violer chaque jour, par des gens qu’elles connaissent et en qui elles ont confiance… notamment, peut-être, parce qu’il faut apprendre pas aux garçons que non, c’est non.
Qu’endormie, c’est non.
Que bourrée, c’est non.
Que sans un « oui, ça me plaît, continue, j’ai envie », c’est non.
PS : j’ai pris ce chemin pour parler de l’article (qui finalement n’a pas grand chose à voir avec ce que je viens de dire, à part les passages que j’ai cité et que j’ai liés directement à mon contenu, parce que dans la liste de lecture des VI, l’article était introduit de cette manière : « Un article du Monde pour appeler les parents à mieux réfléchir l’éducation sexuelle des garçons ». Je m’attendais donc à tout autre chose. Je ne dis pas que l’article est fondamentalement nul, je l’ai lu avec mes lunettes de nana qui veut qu’on parle de consentement et de respect, et ce n’est pas ce que j’ai trouvé. D’où mon coup de gueule. Cela n’engage que moi ;-)
Une jeune idiote
J’ai beaucoup aimé votre article. Une seule chose manque, à mon humble avis : à la partie On ne parle que rarement de communication, de confiance, de consentement, de respect, et du fait d’être prêt., j’aurais ajouté de PLAISIR ! pourquoi ne pas parler de plaisir quand on parle de sexualité ! c’est quand même la première des raisons qui nous attire vers le sexe, non ?
C’est très vrai ! J’étais tellement dans ma colère que j’ai oublié ce point des plus importants. Merci du correctif plus que bienvenu !
Je suis tout à fait d’accord avec vous pour le fait que le consentement soit une condition sine qua non et qu’il faut l’apprendre à tous, et peut-être surtout aux filles d’ailleurs (vu le journal des filles, c’est clair qu’il y a du boulot!!!). Mais je ne comprends pas votre colère face à l’article du monde, que j’ai beaucoup apprécié. J’ai d’ailleurs trouvé que votre avis rejoignait celui de l’auteure: parler des garçons aux garçons oui, mais aussi parler des filles aux garçons. Ce qu’elle dit dans le premier extrait que vous citez.
Malheureusement, le cycle menstruel est une chose bien compliqué à apprivoiser et qui joue sur des tas de choses chez la femme (peut-être moins sous pilule vu que tout devient artificiel…) et, pour avoir travaillé en internat de filles, je peux vous dire que les filles elles-mêmes n’y connaissent rien. Et qu’en parler, c’est très gênant pour elles. Sinon, parler du cycle implique forcément parler de ce qui va avec, les états d’âme ou les douleurs qui peuvent y être liées. Seulement je crois qu’on vit dans une société qui ne veut toujours pas entendre parler de ça sur la place publique. On aime imaginer, et les femmes aussi, que TOUT (et le désir) peut être le même pour une homme et une femme, au nom de la sainte égalité. Mais la vérité, c’est qu’on est pas égaux du tout, et là je parle de biologie. Et que ça ça ne changera pas. Alors, il vaut mieux éduquer. Et je parle aussi d’éducation au respect, qui, malheureusement, ne se fait que rarement en famille.
Pour finir, une petite touche de défense masculine: les filles parlent entre elles, les mecs non. ça change beaucoup de choses en cas de questionnement ou de problème. Je pense que les garçons resteront plus avec leurs questions, malheureusement…
Je comprends ton coup de gueule, en même temps je me sens un peu frustrée par le traitement de cet article du journal Le monde sur lequel j’avais « flashé ».
Moi j’y ai plutôt vu la grande hypocrisie de notre société de marché qui n’a d’autres réponses que la consommation aux questions existentielles liées au désir sexuel, et qui finalement ne permet pas aux jeunes -sans doute pas seulement les garçons- de parvenir à une maturité sexuelle épanouie.
Eh ben moi j’avais pas *du tout* vu ça ! Du coup c’est vraiment chouette que tu aies fait cette lecture parce que l’article a bien plus de sens pour moi maintenant.
Merci beaucoup de ta contribution Pauline! Je vois que tu ne décolères plus depuis le dico des filles! Charge à moi de vous proposer très vite d’autres lectures plus progressistes alors…! Je médite une lecture publique twitterale du dernier bouquin de Christine Castelain Meunier que je viens de recevoir pour la bibli…
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