L’imaginaire enfantin et ses nouveaux héros

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Vaste question en effet que l’imaginaire enfantin … Il est vrai qu’à notre époque, où l’ »hyperparentalité » fait la norme, ne pas essayer de comprendre ce domaine de l’enfance relève de l’inconscience ?! D’une incontinente bienveillance ? Et, nous, bienveilleurs agréés, ne devons-nous pas, à l’instar des couches qui leur évitaient lors de leur petite enfance, oui, quand nous étions des dieux, d’inconfortables débordements, entourer de barrières protectrices anti-fuites leur « légende personnelle » ? Pour le bien de nos descendant bien sûr …

Si Marina D’Amato, par le biais de cet article, n’entend qu’ébaucher une réponse nous permettant d’imaginer des origines, mondes parallèles ou valeurs véhiculés par les héros des enfants du monde, elle s’abandonne parfois à un léger parti-pris, à peine perceptible et pourtant …

J’avoue écrire cet article avec une pointe d’agacement . En effet, moi, Minnie Souris, ai du mal à comprendre où nous, adultes, voulons en venir avec nos enfants . Après les avoir sorti des usines, après leur avoir légué une constitution, après nombre de combats destinés à les libérer de notre joug, voilà que de la manière la plus insidieuse qui soit nous continuons de les exploiter, de les contraindre à soumettre ce fabuleux imaginaire à notre vision tellement plus : cadrée, raisonnable, limitée, limitée, LIMIT … Oups, j’vais vite prendre une douche avant la combustion spontanée ..!

Me revoilà, avec des idées fraîches . Bref, l’auteure de cet article avait sans doute la louable intention d’informer les parents hyperprotecteurs que nous sommes du manque de valeurs « honorables » véhiculées par les héros de nos enfants . Enfin, moi c’est ce que m’inspire l’emploi de ces termes : individualisme, narcissisme, hédonisme, cynisme … M’enfin, peut-être me trompé-je ..? Bien sûr, elle n’oublie pas de rappeler que ces personnages sont créés par … des adultes …

S’inquiétant d’une uniformisation mondiale de l’imaginaire des jeunes et enfants, la faute aux nouvelles technologies qui leur permettent de partager leurs jeux et passions, elle reproche à ces personnages dont ils s’inspirent d’être au fond trop conformistes et nous retartine de « relativisme moral » . Moui madâââme .

Enfin, elle n’oublie pas de mettre en exergue les liens entre événements historiques percutants et modification fondamentale de cet imaginaire . En même temps, il va de soi que le point de départ de la fiction, ben c’est la réalité . Là encore, je ne suis pas à l’abri d’une erreur .

Bref, en tant que parent qui aime bien contrôler mes petits pantins, cet article m’intéresse . Mais du point de vue de l’enfant éprise de liberté que j’ai été , je suis outrée . Personne, lorsque je me gavais de télé les jours de pluie, n’est jamais intervenu pour m’imposer un programme moral mais pas trop conformiste . Enfin, façon de parler puisque je sais aujourd’hui que le « petit » écran, bah oui, il l’était encore dans les années 80, me soumettait déjà à sa tooooute-puissance . En l’occurrence, j’adorais « Cat’s eyes », trois voleuses qui menaient la police en bateau, et « Les trois mousquetaires », inspirés de Dumas, pas moins . Conformistes puisqu’il s’agissait de trios … Et quand je rejoignais les autres gosses, dès qu’il faisait beau, et sans aucun parent pour nous diriger,  nous nous arrangions pour mettre en scène nos héros, certes, mais aussi nos propres histoires . La culture n’était qu’un support, ce qui résultait de nos jeux, nos primes apprentissages, demeurait influencé par nous, les petits empereurs . Aujourd’hui, nos enfants ont beaucoup moins d’occasions de confronter leurs supports, prélevés dans leur culture, et leurs idées, puisées dans leur imaginaire, avec ceux de leurs petits voisins parce qu’il est devenu presque impossible de trouver une bande de marmots jouant dehors sans surveillance .

-si d’avoir lu sans surveillance vous hérisse le poil, ne finissez en aucun cas la lecture de cet article sous peine de devoir discipliner une chevelure Einsteinienne, tâche laborieuse, pour ne pas dire impossible-

Le terrain de jeu de nos petits, c’est le web . Pour nous échapper, il doivent retrouver sur la toile des copains dont nous ignorons absolument tout . Et évidement, cet état de fait génère des angoisses, que je n’énumérerai pas parce que là j’suis à peu près certaines que si quelqu’un(e) me lit bah il (elle) est devenu livide … Paradoxalement, cela rassure certains parents de savoir leur enfant rivé à un écran et conversant avec Dieu sait qui, oui, mais dans l’enceinte ô combien protectrice du foyer … Nos enfants ne sont pas moins épris de liberté que nous l’étions, ils se sont simplement adaptés . Nous les enfermons, ils s’évadent par la lucarne . Ils ne méritent pas un monde moins vaste que le nôtre . Et si nous cessions de remettre en cause les sources et valeurs de leur imaginaire pour leur rendre leur place dans la réalité ? Et si plutôt que de leur reprocher leur addiction aux nouvelles technologies, nous leur proposions une nouvelle lucarne ? Et si nous cessions de les soumettre à notre surveillance perpétuelle ? Et si nous leur faisions simplement confiance ? Nos chérubins sont tout autant capables que chacun d’entre nous d’agencer leur enfance entre réalité et chimère . Il est de notre ressort non pas de régir, mais de baliser leur route, sans leur infliger la « richesse » de notre grande expérience . Et si nous les laissions jouer avec de véritables camarades en chair et en os, aves les bleus bosses et ouins ouins que cette énorme prise de risque implique, au lieu de les remplacer par des jouets, des gadgets, nous ..? Nos enfants doivent se construire une vie qui risque d’être différente de celle qu’on projette pour eux . Un monde dans lequel nous n’avons pas de place . C’est la règle de l’évolution . Lâcher-prise et leur laisser la barre, n’est-ce pas un joli cadeau ?

Minnie Souris