Pourquoi cette drôle de recherche ?

On m’a prêté un babycook sans me préciser la date d’achat. Un babycook c’est un cuiseur / mixeur servant à cuisiner des purées ou des compotes. Connaissant les risques liés au bisphénol A, j’ai souhaité savoir si le mien en contenait. Voici le résultat de mes recherches sur le bisphénol A, les types de plastique et enfin une partie pratique concernant le Babycook.

C’est quoi le bisphénol A ?

Le bisphénol A (BPA) est substance chimique de synthèse principalement utilisée en association à d’autres substances chimiques pour la fabrication de plastiques (souvent destinés au contact alimentaire), de résines époxydes (revêtements internes des boîtes de conserve et des cannettes de boissons). Par exemple le polycarbonate (PC) est utilisé dans la production de certains biberons.

Aucune matière n’est totalement inerte. Ces matières ne font pas exception et selon les conditions d’utilisation, elles peuvent se dégrader et libérer leurs constituants. Ainsi le bisphénol A peut migrer en quantité plus ou moins importante dans les denrées alimentaires.

L’ASEF (Association Santé Environnement France) :

Le problème, c’est que le BPA peut migrer dans les aliments et les boissons stockées dans des matériaux qui contiennent cette substance, d’autant plus si les aliments sont chauffés avec leur emballage.

Quels sont les risques ?

Le danger vient du fait que c’est un perturbateur endocrinien*  avec une action oestrogénomimétique : il peut modifier le fonctionnement hormonal du corps humain (augmentation des risques de développer une tumeur mammaire…) et avoir un effet sur la reproduction et sur le développement fœtal. Les chercheurs associent l’exposition au BPA aux cancers du sein et de la prostate, aux troubles métaboliques (diabète, obésité), au risque cardiovasculaire, à des atteintes de la reproduction et des problèmes neurocomportementaux.

Pour en savoir plus, le dossier « les dessous du Bisphénol A » de l’ASEF qui présente plutôt bien cette substance dont le problème n’est pas exclusivement lié au matériel de puériculture :

Selon l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA), l’exposition au papier thermique, autrement dit aux tickets de caisse, représente la deuxième source la plus importante d’exposition au BPA après l’alimentation pour la population âgée de plus de trois ans.

Pour résumer les études et les contre-études, les experts ne sont pas encore d’accord sur le sujet. Encore une fois tout est une question de dose. Dans notre cas on parle de DJA ou Dose Journalière Admissible (exprimée en  µg/kg poids corporel**) ou de DJT Dose Journalière Tolérable. –> seuil en-dessous duquel le BPA ne serait pas nocif : 0,05 mg/kg de poids corporel /jour (2006 confirmé en 2010 par l’EFSA – remis en question par l’ANSES, voir ci-dessous)

Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu’une chose n’est pas un poison. Paracelse

Les pays ne sont pas d’accord entre eux, les institutions non plus…

Site de l’ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (avant c’était l’AFSSA, Agence française de sécurité sanitaire des aliments) : –> liens vers leurs rapports d’études comme celle de mars 2013 « évaluation des risques du BPA pour la santé humaine » –> Recommandation d’une réduction des expositions de la population, notamment par sa substitution dans les matériaux au contact des denrées alimentaires (2011)

Communiqué de presse du REE Réseau Environnement Santé Bisphénol A : un rapport courageux de l’ANSES disqualifie la DJA fixée par l’EFSA (9 avril 2013)

« Le rapport de l’ANSES confirme donc l’option réglementaire engagée par la France et invite à son extension à d’autres applications comme les tickets de caisse ou les bonbonnes d’eau en polycarbonate des bureaux et établissements publics. Sans pouvoir conclure sur les profils toxicologiques des autres substances de la famille des bisphénols, l’ANSES invite les industriels à se détourner de ces produits chimiques. De même, l’agence appelle l’industrie à tester plus systématiquement les produits de remplacement du point de vue de la perturbation endocrinienne, rappelant ainsi que cette responsabilité lui incombe. »

Site de l’EFSA, Autorité Européenne de Sécurité des Aliments qui donne des éléments législatifs Site du Sénat sur le projet de loi tendant à interdire le Bisphénol A dans les plastiques alimentaires Blog de danger-santé.org (blog indépendant sur la santé) avec plusieurs articles sur le sujet

De mon côté, j’aurais tendance à appliquer le principe de précaution et donc à choisir au maximum des produits ne contenant pas de BPA.

Ineris, maîtriser les risques pour un développement durable ; service national d’assistance substitution BPA (voir leur foire aux questions) Liste des biberons ne contenant pas de bisphénol A (pas facile d’en trouver « à jour ») : sur bébéours, sur monbudgetmaplanete

Quid de la réglementation ?

Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie

« Le Parlement français a définitivement voté, jeudi 13 décembre 2012, une proposition de loi interdisant le bisphénol A dans les contenants alimentaires, dès 2013 pour ceux destinés aux bébés et début 2015 pour les autres. […] La France avait déjà, en juillet 2010, suspendu la commercialisation des biberons au bisphénol. Cette mesure a ensuite été étendue à toute l’Union européenne en janvier 2011 par une directive européenne. »

Faut-il éviter le BPA ?

Par principe, j’évite de répondre oui à une question commençant par « il faut« . J’ai dit ci-dessus que j’aurais tendance à appliquer le principe de précaution et donc à choisir au maximum des produits ne contenant pas de BPA.

Mais ne vous inquiétez pas, mon enfant sera quand même confronté à de nombreux autres agents chimiques et pollutions diverses ! J’avais l’envie de me renseigner pour le BPA, j’ai pris le temps de le faire, tant mieux. Ce n’est pas pour autant que je suivrai TOUS les chemins de la « perfection écologique » (les guillemets sont importants !) pour tous les choix de nos enfants. Il dégustera les retardateurs de flamme des peluches, je lui mettrai des ondes électromagnétiques plein la tête en téléphonant près de lui, il respirera du white spirit et des métaux lourds des peintures des locaux dans lesquels on se baladera et plus tard il boira du bisphénol à travers les canettes de soda…

Zoom sur les différents plastiques

Le logo du plastique est un triangle composé de 3 flèches (pas vraiment de Möbius comme on peut le lire fréquemment mais je ne vais pas faire ma puriste). Au centre du triangle, un chiffre indique le type du plastique, parfois associé sous le triangle aux lettres initiales de son nom.

Wikipedia nous  indique les logos des polymères, leurs logos et s’ils sont recyclés/recyclables. Le blog BulleBio illustre le principe par quelques photos des produits de son placard.

Qu’est-ce qui est « bien » ? Ca dépend de ce qu’on recherche… de l’impact qu’on regarde… Hé oui, quand on parle environnement et santé, notre choix peut être différent selon les critères que l’on privilégie…

Le recyclage ? En France, à l’heure actuelle, seuls les plastiques de niveaux 1 et 2 (et 5 pour les bouchons) sont recyclables au niveau des particuliers. Les techniques de recyclage évoluent et on peut estimer que les centres de tri seront capables – dans l’avenir – de recycler les plastiques de niveaux 4 et 5.

Un plastique solide pour la congélation ? On ne choisira pas de polypropylène car il est fragile (cassant) à basse température (congélation).

Si on ne veut pas de BPA :

  • privilégiez les chiffres 1, 2, 4 ou 5

– Le PP polypropylène (5) n’en contient pas. De plus, ce polymère présente de nombreux avantages : il est bon marché, alimentaire (inodore et non toxique), indéchirable, chimiquement inerte, stérilisable et recyclable. C’est souvent la composition des biberons. – Le PE Polyéthylène (emballage plastique) : translucide, inerte, facile à manier et résistant au froid, isolant électrique, mais il ne résiste pas aux températures supérieures à 80°C. – Souvent les fabricants indiquent des mentions « sans bisphénol A » ou « sans BPA ». – Les plastiques avec le chiffre 1, notamment les bouteilles d’eau, ne doivent être utilisées qu’une fois.

  • évitez les chiffres  7 (autres plastiques) et dans une moindre mesure, le 3 (polychlorure de vinyle) et le 6 (polystyrène).

– Le 7 est à éviter surtout s’il est suivi de la mention PC polycarbonate. – Attention : les chiffres à éviter ne contiennent pas forcément du Bisphenol A. Ils correspondent simplement à des plastiques plus susceptibles d’en contenir. – En l’absence de code, selon moi, vous pouvez renoncer à acheter les produits, surtout pour les enfants et les femmes enceintes… – Lors de la préparation de vos repas : évitez de réchauffer vos aliments dans un récipient en plastique dont vous ne connaissez pas la composition. En effet, une température élevée, la chauffe du contenant ou encore l’acidité ou le gras des aliments active sensiblement la migration du bisphénol vers les aliments et augmente les risques d’exposition…

 

Petit aparté sur les alternatives aux biberons avec BPA

Les biberons en polypropylène (PP) : bon marché, pas tout à fait transparents.
Les biberons polyéther sulfone (PES) : transparents (touché proche de celui du verre), plus cher.
Les biberons en verre : ne contiennent aucune substance chimique, lourds et cassent.
Les biberons en silicone : légers et incassables comme le plastique, passent au lave-vaisselle ou au micro-ondes.

Alors comment savoir si notre BabyCook en plastique contient du BPA ?

Un extrait de leur FAQ :

« Y a-t-il du Bisphénol A dans le bol du Babycook® ? Depuis septembre 2009, BÉABA a substitué de toutes productions les plastiques contenant du Bisphénol A. »

Comment savoir de quand date un Babycook sans preuve d’achat ?

J’ai recherché les coordonnées de BÉABA sur Internet : 121 Voie Romaine CS 97002 Groissiat 01117 OYONNAX Cedex – Tél. : + 33 (0) 4 74 12 09 10 – Fax :+ 33 (0) 4 74 12 09 11 Mail : contact@beaba.com

Le numéro en 04 vous renvoie vers le service client  08 10 88 62 32***. La dame qui m’a répondu m’a donné des explications très claires, c’était appréciable.

1. Regarder sous le babycook. A côté du « trou » côté bol/panier, vous avez 4 chiffres suivi d’une lettre. Par exemple chez moi : 1809C ce qui signifie une date de fabrication la 18° semaine de l’année 2009.

Pour information, vous pouvez également regarder chaque partie de votre Babycook séparément :
– le panier de cuisson (sorte de passoire), indication au-niveau de la colerette Chez moi : PP TB –> Polypropylène de catégorie 5

– bol de mixage (avec la poignée), indication sous le bol Chez moi : PSU –> PSU = Polysulfone (Wikipedia ou Technique de l’ingénieur) – couleur caractéristique un peu ambrée

– partie plastique sous le couteau de mixage Chez moi : PA 3 –> Polyamide (sans bisphénol selon Bébéa) Nota : le couteau est en acier inoxydable.

2. Leur procédé de fabrication a changé le troisième trimestre 2009 (soit entre semaine 27 et 39 – septembre = S36 à S39). Avant : PSU : Polysulfone Aujourd’hui : PP (la dame de Bébéa m’a indiqué PPSE mais a priori ça n’existe pas)

Ex : la 18° semaine de l’année 2009 est antérieure à ce changement. Effectivement mon bol contient du PSU et n’est pas en PP. –> Mon Babycook est susceptible de libérer du bisphénol A (voir la 2° possibilité ci-dessous)

Concernant le Babycook, la fin de cet article suisse nous confie les secrets du changement de stratégie chez Bébéa avec une interview de Bruno Salamone, responsable industriel et développement :

« Notre direction nous a fixé comme objectif de supprimer en moins d’un an tout le polycarbonate de notre gamme. […] l’on peut se passer entièrement de polycarbonate et de bisphénol. Par contre, dans certaines industries, ce sera sans doute plus délicat que pour nous, pour des raisons économiques. »

3. Quatre possibilités :

je rachète un Babycook « nouvelle composition » car « j’aime consommer » et le nouveau colori ressort mieux dans notre cuisine… Pas vraiment mon style. Je peux aussi en profiter pour changer de marque et choisir par exemple le robot Saveurs d’Avent ou Bébé Station de Badabulle (avec quelques recherches identiques sur la présence ou l’absence de BPA)
Prix : une centaine d’euros (un peu moins si on décide de l’acheter d’occasion sur le bon coin maintenant que vous savez distinguer ceux qui contiennent du PSU ou non)

je garde mon Babycook
Pour Bébéa, le PSU un matériau polymère qui libère du bisphénol A à partir de 180°. Leurs tests ont montré que comme la chaleur se diffuse progressivement et le Baby Cook ne monte pas à plus de 100°, ce matériau n’en dispersait pas sur les aliments à cette température.
Prix : 0€

Je rajouterai :
– pour le PC (polycarbonate) des biberons, la T°C de migration des BPA serait de 60°C (le PSU est plus solide, plus cher et plus « résistant »)
– Concernant l’étude de Bébéa, le laboratoire n’a détecté aucune migration de bisphénol A avec le Babycook. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas, mais simplement que les outils de mesure ne sont pas capables de les détecter (limite de détection : 0,02µg/mL).

je décide de racheter un bol
Dans ce cas je dois également racheter le panier et le couteau car il n’est pas vendu seul****. Bébéa me conseille de l’acheter sur leur site en ligne (plus rapide et moins cher que dans les magasins*****). Attention, seuls les Babycook dont les points anti-dérapants sont noirs (et pas blancs) sont adaptables avec les nouveaux bols/paniers. Sur le site de Bébéa : boutique SAV : http://sav.beaba.com/flash/#/fr_FR/accueil/index Si vous ne savez pas quel Babycook vous possédez entre le Original / Duo / Solo : http://www.beaba.com/fr/liste-des-questions/17
Prix : 39€

je décide de me passer de Babycook en utilisant un cuit-vapeur et mon mixeur / blender que j’ai déjà pour d’autres utilisations…
Prix 0€.

Et chez vous :
– vous utilisez le Babycook, vous vous en passez ?
– vous vous étiez renseigné sur la présence de BPA ?

Mia pérégrine

 

* Exemples de perturbateurs endocriniens : bisphénol A (plastique polycarbonate et résine epoxy), phtalates (ex : DEHP, DBP, BBP, DiNP, DIDP, DNOP) (PVC souple, agents texturants, co-solvants ou fxateurs de fragrances dans les produits cosmétiques et les parfums), parabènes (conservateurs employés dans les produits de soin personnel ou comme additifs alimentaires), perfluorés (PFOA, PFOS) (ustensiles de cuisson (poêle traitée au téfon), les textiles et les produits traités anti-tâches, les emballages et les cosmétiques), perchloéthylène ( solvant chloré utilisé dans les pressings pour le nettoyage à sec), filtres UV (par exemple composés de benzophénone et dérivés de camphre dans les cosmétiques), BHA (antioxydant et conservateur couramment utilisé dans les aliments (ex : chewing-gums), les emballages alimentaires et les cosmétiques), retardateurs de flamme bromés (RFB) (agents ignifugeants des composants électroniques, des plastiques et des textiles synthétiques), métaux lourds (mercure dans les soins dentaires), pesticides agricoles… Pour aller plus loin : Lien vers Cancer-environnement.fr

** D’où les précautions pour les nouveau-nés !

*** Manque de bol pour eux, le numéro ne mettait pas en attente mais demandait de rappeler ultérieurement ce que je ne supporte pas, préférant attendre avec une musique même pas terrible plutôt que de passer mon temps à recomposer le numéro… J’ai donc insisté sur le numéro en 04 qui m’a transféré vers le service client où j’ai été mise en attente. Parfait… Oui cette information est de la plus basse importance :-)

**** Le panier peut s’acheter seul, le couteau aussi… mais pas le bol, la seule partie qui a changé de composition. Bien joué le service marketing !

***** Pour info, leur liste de points de vente est loin d’être exhaustive, en tout cas pour la ville de Lyon. Seules 7 boutiques sont indiquées alors que j’en ai croisés ailleurs…